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  • Matthieu 22. Que rendez-vous à Dieu ?

    Matthieu 22
    12.10.2014
    Que rendez-vous à Dieu ?


    Jean 2 : 23-25       Matthieu 22 : 15-22        Matthieu 22 : 34-40

    Télécharger la prédication : P-2014-10-12.pdf
    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    « Est-il permis de payer l’impôt à César ? » (Mt 22:17) Voilà ce qu’on demande à Jésus. Mais cette question n’est pas posée pour recevoir une réponse. Elle est posée pour tendre un piège à Jésus. Alors il nous faut voir ce qu’il y a autour pour comprendre et le sens de la question et la portée de la réponse de Jésus.
    Voici la situation. Jésus attire les foules par son franc-parler, par des paroles neuves, des paroles et des gestes qui vivifient, qui donnent du sens et de l’espoir aux petites gens. Cela inquiète les autorités, d’autant plus que, maintenant, Jésus s’autorise à venir prêcher dans le Temple de Jérusalem.
    Nous avons vu dimanche dernier que Jésus ose dire que le peuple est plus près de Dieu que les autorités religieuses ! Alors ces autorités décident de coincer Jésus. Elles veulent pouvoir l’accuser d’être un adversaire, un ennemi, soit des romains, soit des juifs. D’où cette question sur l’impôt.
    Si Jésus répond qu’il ne faut pas payer l’impôt, il va pouvoir être livré aux romains comme un zélote, un résistant, un opposant au régime ou un terroriste. Si Jésus répond qu’on peut payer l’impôt, il aura à dos tous les pharisiens à la recherche de la pureté de la Loi. Les adversaires de Jésus sont sûrs de leur coup.
    Mais le récit nous dit trois choses. La première, c’est que Jésus est clairvoyant. Comme le souligne fréquemment l’évangéliste Jean (Jn 2:25), Jésus connaît le cœur humain. Il voit ce qui se passe en chacun, il voit derrière les paroles l’intention du cœur. Aussi, Jésus déjoue-t-il le premier coup : il affirme tout de go que cette question est posée dans l’intention de le piéger.
    Ensuite, il déjoue ce piège en leur demandant de lui présenter une pièce de monnaie. Quelqu’un en sort une de sa poche et la lui montre. Le piège est déjà retourné. On entre dans la deuxième partie. Par ce geste et cet échange, Jésus montre à ses adversaires qu’il est déjà trop tard pour se poser la question de l’impôt.
    Si refuser de payer l’impôt est une façon de garder les mains propres et le cœur pur face à Dieu en refusant le contact avec les romains païens, et bien c’est peine perdue si on a des pièces romaines dans son porte-monnaie. Ils sont déjà impliqués, ils sont déjà mouillés, ils ont déjà les mains sales, si c’est sale de faire du commerce avec les romains. La question de l’impôt est secondaire, subsidiaire.
    Aussi, Jésus peut-il dire de rendre à César ce qui est à César, ce qui veut dire qu’il est indifférent — aux yeux de Dieu et de la Loi de Moïse — de payer l’impôt, mais cela veut aussi dire que les romains ne leur prennent que ce qu’ils ont apporté, donné. Les juifs peuvent le leur rendre. Les juifs peuvent leur rendre leur monnaie, s’ils pensent que posséder ces pièces leur salit les mains ! C’est très ironique vis-à-vis de ceux qui pensaient garder les mains propres en refusant de débourses ces pièces.
    Jésus désamorce ainsi la possible accusation d’être contre les romains, mais aussi l’idée des pharisiens que payer l’impôt est une atteinte à la pureté de leur foi, puisque Jésus leur dit, en quelque sorte : si vous voulez être purs, débarrassez-vous de ces pièces en payant l’impôt.
    Mais le plus important vient dans la troisième partie.

    Jésus fait remarquer que les pièces romaines portaient une image, celle de César, et que cela indiquait quel était le propriétaire de la pièce. Et Jésus a complété sa phrase « Rendez à César ce qui est à César » par « et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mt 22:21). C’est ce bout de phrase qui est le plus important. Comme s’il disait à ses interlocuteurs : Maintenant, regardez-vous. Regardez-vous les uns les autres et que voyez-vous ? La même question que lorsqu’on lui présente la pièce : « Ce visage et ce nom gravé, de qui sont-ils ? » (v.20) A qui appartiennent vos visages ? A la ressemblance de qui ont-ils été façonnés ?
    Avec ce « Rendez à Dieu ce qui est à Dieu » Jésus renvoie ceux qui l’écoutent à l’Ecriture, à la parole de leur créateur, au souvenir de ces paroles du premier récit de la Genèse : « Dieu dit : Faisons l’être humain ; qu’il soit comme une image de nous, à notre ressemblance. » (Gn 1:26).
    Alors que les pharisiens et les hérodiens réunis essaient de piéger Jésus avec une question sans importance, Jésus les recentre sur la question essentielle : quelle est votre relation à Dieu ?
    Jésus renvoie à Dieu ceux qui se perdent dans les questions annexes de comment bien faire ? Quelle attitude adopter dans la société ? Puis-je faire cela ou est-ce contre la Loi ? Dois-je plutôt manger ceci ou cela ? Contre cette façon de couper les cheveux en quatre, Jésus renvoie ceux qui l’écoutent à la question primordiale, essentielle : Que rendez-vous à Dieu ? Que faites-vous de votre vie ? A quoi la consacrez-vous ?
    « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » Par cette injonction, Jésus invite ses interlocuteurs à se décentrer, à quitter les questions secondaires pour aller à l’essentiel, pour se replacer devant Dieu. Jésus nous invite à nous déplacer pour nous recentrer. A passer d’un légalisme à une relation avec Dieu. A passer de l’obéissance à la confiance. A passer de la peur de faire faux à l’amour confiant. A passer du secondaire à l’essentiel.
    Et cet essentiel, Jésus va en parler un peu plus loin (Mt 22:34-40) en citant les deux commandements les plus grands : Aimer Dieu de toutes ses forces et aimer son prochain comme soi-même.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2014