Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Matthieu 4. A la suite de Jean Baptiste, Jésus appelle à un changement intérieur

(24.4.2005)

Matthieu 4

A la suite de Jean Baptiste, Jésus appelle à un changement intérieur

Esaïe 8 : 23b—9 : 3.      Colossiens 3 : 12-17.        Matthieu 4 : 12-17

télécharger le texte : P-2005-04-24.pdf

Chères paroissiennes, chers paroissiens, chères familles,

Nous trouvons aujourd'hui Jésus au tout début de son ministère en Galilée. Jésus n'est pas encore un personnage public, il n'a pas encore appelé de disciples, on le voit à l'instant charnière où il commence son ministère de prédicateur. Matthieu nous présente ce début dans ces mots :

"Dès ce moment, Jésus se mit à prêcher : « Changez de comportement, car le Royaume des cieux s'est approché. »" (Mt 4:17).

J'aimerais d'abord m'arrêter sur ce qui a poussé Jésus a prendre la parole, avant de voir ce qu'il dit. Matthieu dit : "Dès ce moment…" Il y a eu un événement qui a poussé Jésus à se lancer, à intervenir, à se mettre à parler. Cet événement, quel est-il ? Il s'agit de l'emprisonnement de Jean Baptiste. On sait que Jésus a rencontré Jean Baptiste — c'est Jean qui a baptisé Jésus — et les deux personnages ont dû avoir de longs échanges. Jésus a même probablement d'abord été un disciple de Jean Baptiste.

[ Les Evangiles mettent une certaine énergie à dire que Jean Baptiste est celui qui annonce la venue du Messie et qu'il ne doit pas être pris lui-même pour le Messie. Il a dû y avoir une époque où Jean Baptiste risquait de faire de l'ombre à Jésus. ]

Jésus ressent très fortement l'emprisonnement de Jean Baptiste, il pressent probablement une issue funeste. Les Evangiles nous racontent en effet plus loin la fameuse exécution de Jean Baptiste, avec sa tête posée sur un plateau d'argent (Mat 14:1-12).

Cette arrestation, Matthieu nous la présente comme le déclencheur du ministère de Jésus. Il y a une succession à assurer, il y a un message à continuer de proclamer ! Et de fait, Jésus reprend exactement les mêmes mots — pour commencer sa prédication — que ceux que prononçait Jean Baptiste : « Changez de comportement, car le Royaume des cieux s'est approché. » (Mt 3:2 pour Jean; 4:17 pour Jésus).

Pour Jésus, l'arrestation, puis l'exécution de Jean Baptiste, n'est pas seulement un malheur personnel (de perdre un proche), c'est le signe d'un mal-fonctionnement de la société, c'est le signe de la présence du mal dans le monde : les paroles de liberté sont étouffées; les appels à la justice sont bafoués, écrasés; c'est le règne de l'obscurantisme, du totalitarisme, de la violence; c'est le règne des ténèbres, du malheur et de la misère du peuple.

Et Jésus se lève pour dissiper cette obscurité en apportant la lumière, l'espoir. C'est la signification de la citation d'Esaïe dans le récit de Matthieu :

"Le peuple qui vit dans la nuit verra une grande lumière." (Es 9:1; Mt 4:16).

A la suite de Jean Baptiste, Jésus se lève pour dire : "Ça suffit, il faut que cela change." Jésus va mettre toute son énergie, durant tout son ministère, pour que cela change, pour montrer aux humains qu'il y a un chemin pour que cela change et que ce chemin passe à l'intérieur de chacun.

Jésus proclame et crie : « Changez de comportement, car le Royaume des cieux s'est approché. » "Changez de comportement !" a aussi été traduit par "Convertissez-vous !" ou "Repentez-vous !" Qu'est-ce que Jésus veut dire par là — au delà des images pieuses et rébarbatives que nous en avons ?

Ma première rencontre avec la conversion, ça a été une gymnastique qu'on fait à ski pour changer de direction à 180º lorsqu'on est dans une impasse ! Cela signifie changer radicalement de direction. Le repentir, ce n'est pas d'abord se sentir plein de remords. Pour moi, c'est son usage en peinture qui fait sens : un repentir, c'est un nouveau départ sur une ancienne toile abandonnée. L'ancien reste, mais il est recouvert par du neuf.

Le mouvement général, c'est donc changer, abandonner un passé sans issue pour repartir à neuf. Cet appel de Jésus au changement, c'est — lorsqu'on est plongé dans l'obscurité — se tourner vers la lumière. Ne pas rester les yeux fixés sur le malheur, sur ses fautes, ses erreurs, mais regarder vers les changements possibles.

Aujourd'hui, notre société — par rapport à celle des générations antérieures — n'a jamais été aussi libre et développée. N'a-t-on pas des possibilités techniques jamais espérées il y a un ou deux siècles ? On peut se déplacer aux quatre coins du monde en quelques heures; communiquer instantanément avec quiconque; recevoir des images du monde entier. Mais sommes-nous plus heureux, plus satisfaits, plus en paix que nos arrière-grands-parents ?

Notre société nous pousse à chercher le bonheur à l'extérieur de nous, par des artifices, dans la consommation, les objets. Jésus nous dit : Changez cette vision des choses. Le Royaume des cieux est proche de vous, tellement proche ! Il n'est pas à l'extérieur, il est à l'intérieur de vous !

Faites retour en vous-mêmes ! Quand vous saurez qui vous êtes — et la richesse qui est en vous — il n'y aura plus de barrières, d'obstacles à vos relations avec les autres. Jésus nous invite à ne plus nous arrêter sur l'accessoire, mais à nous concentrer sur l'essentiel.

Comme on le dit souvent : On ne connaît la valeur de quelque chose que lorsqu'on en est privé. Observez ce qui se passe lorsque la maladie ou le deuil frappe. Tout est bouleversé. On se met à trouver du temps. On renforce les relations, on commence à se dire des choses vraies, profondes, on se livre, on se confie et on découvre que cela fait du bien, que c'est là l'essentiel. Ces épreuves nous rappellent l'urgence de soigner les relations, de les vivre pleinement. Mais pourquoi attendre que le malheur frappe ?

Sans être alarmiste et annoncer la fin du monde, il y a de l'urgence dans l'appel de Jésus. N'attendez pas pour changer, pour vous attacher à l'essentiel, on ne sait pas ce que nous réserve demain ! Le bonheur est à saisir tout de suite. Pourquoi ne pas être heureux dès maintenant, en nous attachant à ce qui est essentiel ?

C'est au moment où Jésus sent qu'il va perdre son ami Jean Baptiste qu'il décide de lancer son appel. Un appel lumineux, plein d'espoir, au cœur de vies semées d'embûches et d'épreuves.

Recherchez l'essentiel, il est tout près de vous, il n'est pas loin, il n'est pas dehors, le secret du bonheur est en vous !

Amen

© Jean-Marie Thévoz, 2024 

Écrire un commentaire

Optionnel