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l) Marc

  • Des sujets d'inquiétudes qui doivent nous mobiliser

    (28.8.2005)

    Marc 13

    Des sujets d'inquiétudes qui doivent nous mobiliser

    Ezéchiel 33:1-9.       Marc 13:28-37

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  • A personnage énigmatique, langage énigmatique

    (31.8.2003)

    Marc 4

    A personnage énigmatique, langage énigmatique

    Marc 4 : 1-12.       Marc 4 : 30-34

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  • L'aveuglement des disciples lorsque Jésus annonce sa Passion

    (14.9.2003)

    Marc 9

    L'aveuglement des disciples lorsque Jésus annonce sa Passion

    Esaïe 53 : 1-5.        Marc 9 : 30-37

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  • Réouverture du Temple de Bussigny

    (21.12.2003)

    Marc 10

    Réouverture du Temple de Bussigny

    Psaume 118 : 21-24.         Marc 10 : 13-16.       Luc 15 : 11-24

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  • D'un homme sourd à l'Eglise balbutiante

    (17.11.2002)

    Marc 7

    D'un homme sourd à l'Eglise balbutiante

    Esaïe 35 : 1-10.            Marc 7 : 31-37

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  • Etre chrétien, c'est ... ?

    (12.8.2001)

    Marc 2

    Être chrétien, c'est ... ?

    Esaïe 1:10-17

    Matthieu 5:17-19

    Marc 1:14-22

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    Chères paroissiennes, chers paroissiens,

    Il existe des moments où l'on ne peut éviter de revenir à des questions fondamentales et ce matin j'aimerais reprendre une question toute simple, mais combien centrale pour l'Eglise : « Etre chrétien, c'est quoi ? »

    Cette question se pose et se repose dans différents contextes : a) le catéchisme par exemple. Son but est fondamentalement de conduire les catéchumènes à devenir des chrétiens; b) dans le dialogue interreligieux : qu'est-ce qui nous différencie des juifs ou des musulmans ? c) dans le dialogue avec nos voisins qui sont souvent assez déchristianisés et qui nous disent en même temps : "de toute façons, les chrétiens ne sont pas meilleurs que les autres" et "vous savez, j'ai mes croyances !".

    Que dire si l'on veut répondre « Etre chrétien, c'est ...» ou si quelqu'un demande : « Que dois-je faire pour être chrétien ? ». Etre chrétien, c'est quoi ?

    Je vous laisse deux minutes pour y réfléchir et ensuite notre conseillère de paroisse va passer dans les bancs avec le micro pour récolter quelques réponses.

    Réponses de l'assemblée, que je regroupe sous 4 catégories

     

    Ethique

    apprendre à bien faire

    vivre honnêtement, de manière intègre

    appliquer les lois de Dieu

     

    Action, solidarité

    être tolérant

    m'engager dans la communauté

    chercher de nouveaux membres

     

    Inspiration

    se tourner vers Dieu

    être en devenir, en recherche

    placer sa journée devant Dieu

    être éclairé par sa grâce

    accepter Dieu et vivre dans l'espérance de la résurrection

    croire que Jésus a existé

    accepter d'être accepté

    Rituels

     

    ---

     

    On voit dans ces réponses que vous avez bien intégré le plaidoyer d'Esaïe contre une religion faite seulement de rituels. Les réponses se partagent entre un agir moral (l'éthique protestante ?) et une inspiration par Dieu de la vie de tous les jours. Le fait d'"être chrétien" ne peut pas se résumer dans le "faire" et cela est déjà présent chez les prophètes de l'Ancien Testament comme nous l'avons entendu très fort chez Esaïe. Le Dieu biblique ne peut pas se contenter d'une pratique rituelle qui ne soit pas accompagnée d'une pratique éthique et d'une adhésion du coeur à l'alliance avec Dieu.

    S'il est sûr qu'il y a une pratique chrétienne — peut-être faudrait-il le dire plutôt en termes négatifs : les chrétiens ne peuvent pas faire certaines choses et se prétendre chrétiens en même temps — la pratique n'a pas de sens si elle n'est pas habitée par une attitude de sincérité, d'authenticité et d'attachement à Dieu et à Jésus.

    C'est pourquoi les chrétiens n'ont pas une loi, un catalogue de prescriptions à suivre, ce qui rend parfois difficile la visibilité des chrétiens, d'ailleurs. Nous ne suivons pas un catalogue de lois, mais nous suivons la personne de Jésus. Les actes chrétiens en découlent.

    Jésus — avant d'appeler à suivre les commandements donnés par son père — est celui qui appelle des disciples à le suivre. La priorité des chrétiens, c'est de suivre Jésus. Ses disciples abandonnent leurs filets et suivent physiquement Jésus. Aujourd'hui, nous sommes appelé à lâcher certaines choses (mais la liste n'est pas définie) pour suivre Jésus, c'est-à-dire nous mettre en marche selon son exemple. Cela signifie que le chrétien est en mouvement (il n'est pas figé sur un certain nombres de tâches à accomplir) et qu'il privilégie l'être plutôt que le faire.

    Jésus est une personne vivante, et même si les textes qui nous parlent de lui sont déjà écrits, ils sont suffisamment riches et ouverts pour être une inspiration chaque jour renouvelée. Les comportements chrétiens sont donc à inventer constamment. Les récits bibliques nous donnent des exemples à interpréter, qui peuvent nous inspirer, mais non nous limiter.

    La loi limite ! Mais Jésus, dans le Sermon sur la montagne (Mt 5—7) ouvre la loi pour que nous en trouvions l'esprit, à l'exemple de Jésus face aux pharisiens. A l'exemple de Jésus, nous sommes appelés — parce que nous voulons le suivre — à pardonner, à servir, à aimer jusqu'à l'extrême.

    A celui qui demande "que faire pour être chrétien ?" on ne peut que l'encourager à découvrir Jésus, à approfondir sa connaissance de Jésus au travers des Evangiles, puis de la Bible toute entière et au travers de la communauté de l'Eglise.

    Suivre Jésus, marcher après lui, c'est marcher vers ce Royaume dont Jésus annonce qu'il s'est approché et que c'est là une bonne nouvelle ! Oui, être chrétien, c'est vivre une bonne nouvelle et non pas être chargé d'un lourd fardeau. En effet, serions-nous plus heureux à haïr qu'à aimer, à garder rancune qu'à pardonner, à donner des ordres qu'à rendre service ?

    Le Christ est venu annoncer la bonne nouvelle du Royaume, de la proximité de Dieu et non pas pour nous charger du fardeau d'une loi irréalisable. Réjouissons-nous de cette grâce et de cette bonne nouvelle !

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2022

     

  • "Ce sont les malades qui ont besoin d'un médecin, pas les bien-portants"

    (12.8.2001)

    Marc 2

    "Ce sont les malades qui ont besoin d'un médecin, pas les bien-portants"

    Marc 2 : 13-17.       2 Corinthiens 4 : 6-7.        Matthieu 5 : 1-2 + 13-16

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    Chers amis,

    J'ai entendu plus d'une fois des gens — des adultes, des jeunes ou des enfants — me dire qu'il aurait quand même été plus facile de croire en Jésus si nous avions pu le voir à l'oeuvre de nos propres yeux. Oui, on pense souvent que les contemporains de Jésus, les gens de son époque, avaient de la chance, en tout cas plus que nous.

    Et bien moi je ne le crois pas du tout. Je crois que c'est nous qui avons de la chance. Je crois que nous avons tout — aujourd'hui — pour croire; plus facilement que pour les gens de l'époque de Jésus. Même si des foules suivaient Jésus pour l'entendre, bien peu finalement le suivaient et s'attachaient à mettre en pratique ce qu'il demandait. Ce n'était pas une époque en or comparée à la nôtre.

    Il semble que Jésus attirait plus souvent le scandale que l'admiration. En fait, Jésus intriguait, soulevait la curiosité, mais il bouleversait, il troublait trop les habitudes, l'ordre social de son temps pour être vraiment apprécié.

    Dans le récit que nous avons entendu (Mc 2), Jésus est accompagné d'une grande foule qui vient l'écouter. Mais il semble que de cette multitude, un seul homme soit devenu et surtout resté son disciple. La présence de cet homme, Lévi — aussi appelé Matthieu — va être cause de scandale pour ceux qui observent Jésus.

    Lévi est un agent du fisc romain, donc un collabo à la solde de l'occupant. On peut aussi penser (à la manière d'aujourd'hui) qu'il faisait partie de la mafia locale. Il a du pouvoir, un pouvoir illégal, assis sur le racket, et un pouvoir légal venant de l'occupant. Et voilà que Jésus va manger chez lui avec ses disciples et que Jésus en fait un compagnon permanent. Jésus fréquente des gens infréquentables !

    Aujourd'hui, on a de la peine à voir le scandale que c'était d'aller manger chez certaines personnes. Jusqu'à il y a peu, le mélange qu'on vit aujourd'hui était inconcevable. Et bien cela ne gène pas Jésus. Et cela n'a pas gêné non plus la nouvelle Eglise de raconter que Jésus se permettait d'aller partout où il trouvait utile de se rendre, partout où il trouvait nécessaire d'aller enseigner.

    Jésus n'a pas hésité à rencontrer cette mafia de péagers, mais aussi des bourgeois comme Marthe, Marie et Lazare, ou des exclus comme les lépreux, les mendiants ou les aveugles. Il a également osé parler à des femmes de toutes conditions, tout comme aussi à des étrangers, qu'ils soient romains ou samaritains.

    Pourquoi Jésus faisait-il cela ? Avait-il le goût de la provocation et du scandale ? Je ne le crois pas. Je crois simplement que Jésus avait une vision toute particulière de l'être humain, une façon de considérer l'être humain qui est simplement celle de Dieu : regarder l'être profond de chacun, au-delà des apparences. Jésus voyait au fond de chaque être, traversant toutes les couches de souffrances, toutes les armures, les carapaces et les boucliers que chacun a forgé autour de lui pour se protéger, pour moins souffrir, ou pour camoufler ses manques.

    Jésus voit en nous-mêmes au-delà de toutes ces protections, au-dedans de toutes ces murailles qui nous empêchent d'être simplement nous-mêmes, de sentir et de ressentir toutes les émotions liées à la vie. Il regarde au dedans de nous sans aucun jugement, sans critique ni dénigrement, sans s'arrêter aux défauts superficiels.

    C'est pourquoi Jésus va remettre à leur place les personnes scandalisées, ses accusateurs, en leur disant :

     

    "Les personnes en bonne santé n'ont pas besoin de médecin, ce sont les malades qui en ont besoin". (Mc 2:17).

    Jésus voit les souffrances intérieures, nos souffrances intérieures ! Il sait que nous ne sommes que "des vases d'argile" (2 Co 4:7) comme l'a dit l'apôtre Paul, lorsqu'on nous regarde de l'extérieur, avec un oeil superficiel, avec un jugement rapide et critique. Mais Jésus ne s'arrête pas à ce vase d'argile, il ne veut voir que ce qui s'y cache, ce que le vase contient, à l'intérieur, ce que Paul appelle le "trésor spirituel"(id.). C'est ce que Jésus veut nous faire comprendre lorsqu'il dit aux hommes et aux femmes des foules qui l'écoutent :

    "Vous êtes le sel de la terre, (...) Vous êtes la lumière du monde" (Mat 5:13,14). Jésus ne dit pas : Vous devez vous efforcer de devenir le sel de la terre et la lumière du monde. Il dit "Vous êtes..."

    C'est avec ce nouveau regard que Jésus a appelé chacun de ses disciples, c'est de ce nouveau regard qu'est née l'Eglise, rassemblement de gens de toutes sortes, sans distinction de classes, de provenances, de nationalités.

    Ce regard qui accepte l'être tout entier — sans réserve, sans jugement — pour ne voir que le trésor, la richesse intérieure qui habite chacun, c'est le regard que Dieu porte maintenant sur chacun d'entre vous, sur toute personne présente ici ce matin, sur chaque personne dans le monde. Ce regard nous dit : Toi, suis-moi, pour découvrir que tu es le sel de la terre, que tu es la lumière qui éclaire le monde. Et si tu ne me crois pas encore, si tu n'arrives pas encore à y croire, si tu ne te sens pas à la hauteur de mon appel, si tu ne te sens pas assez digne, si tu ne pense pas avoir un trésor merveilleux à l'intérieur de toi, alors je te le répète :

     

    "Les personnes en bonne santé n'ont pas besoin de médecin, ce sont les malades qui en ont besoin. Je ne suis pas venu appeler des personnes respectables, mais des gens de mauvaise réputation". (Mc 2:17).

    Nous avons la chance, aujourd'hui — contrairement aux contemporains de Jésus — d'entendre ce message en entier, de connaître la vie de Jésus avec son dénouement, sa mort et sa résurrection. Oui, nous avons cette chance de pouvoir être touchés maintenant par cet appel de Jésus et par cette acceptation sans condition de notre être, par cet accueil inconditionnel.

    Qu'allons-nous faire de cette chance ?

    Mettons cette chance à profit, pour avancer sur le chemin de notre vie — sous le regard de Dieu — et pour faire grandir notre être intérieur, notre trésor spirituel !

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2022

     

  • Christ - visage humain - visage divin

    (12.11.2003)

    Marc 9

    Christ - visage humain - visage divin

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    Chères paroissiennes, chers paroissiens,

    Qu'est-ce qui est au coeur, au centre de la foi chrétienne ?

    De nos jours, il est de bon ton de ne pas faire ressortir les différences entre les religions, d'affirmer que nous partageons tous le même Dieu, qu'il y a simplement une puissance au-dessus de nous et de taire nos différences de peur d'ouvrir de nouveaux conflits. Cette volonté de paix, d'apaisement — de renoncement à toute provocation — est une bonne chose, mais qui ne doit tout de même pas nous retenir d'approfondir notre foi et d'élargir notre compréhension de notre propre croyance.

    Qu'est-ce qui est donc au coeur de la foi chrétienne ? Je commencerai par dire que c'est une certaine vision de la relation entre Dieu et l'être humain. Une relation tout à fait particulière, propre au judaïsme et au christianisme.

    Dans l'ensemble des religions, il existe une barrière entre l'homme et Dieu. Dieu inspire le respect, la vénération et la crainte. La façon dans les religions présentent leurs dieux tend à accentuer l'écart entre la majesté divine et la petitesse de l'être humain. Les temples se font de plus en plus grand, les statues gigantesques (pensez aux statues égyptiennes d'Abou Simbel). Le christianisme n'a pas totalement échappé à cette tendance non plus, regardez nos cathédrales ou la richesse des décorations de certaines églises baroques.

    Le Dieu de la Bible a plutôt tendance à se passer de temples. C'est un Dieu qui s'approche des humains et qui les accompagne sur leur chemin. Un Dieu qui se révèle à des individus et qui dit — comme à Moïse (Ex 3) — "J'ai entendu les cris de mon peuple opprimé, je viens le délivrer." Un Dieu qui se révèle dans la personne de Jésus de Nazareth. Un Dieu qui crée l'être humain à son image.

    Pour illustrer cette idée, je vais vous demander votre participation. Je vais vous distribuer un petit morceau de carton sur lequel vous trouverez quelques figures.

     

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    Que voit-on sur ces morceaux de carton ?

     

    C'est l'humanité réunie en tableau. Si l'on fait le puzzle que constituent toutes ces pièces, on verrait ceci : le poster du puzzle est dévoilé (voir l'image en fin de document)

     

     

     

    Vous êtes assez loin pour ne plus voir le détail de chaque visage qui ensemble créent une mosaïque révélant un autre visage, le visage de l'humanité. On reconnaît un visage de Christ avec sa couronne d'épine. Cette image est à deux niveaux, les visages humains et le visage du Christ. Selon notre place, selon notre vision de près ou de loin, on voit des petits visages (ceux que vous avez dans la main) ou le visage du Christ, visage de l'humanité ou visage de Dieu, comme le confesse le centurion romain. Il voit Jésus sur la croix et dit : "Celui-ci est vraiment le Fils de Dieu." (Mc 15:39)

    Deux niveaux qui font découvrir deux réalités. C'est une parabole de notre lecture de la Bible. Lecture à raz le texte, souvent trop humain. Lecture en perspective (plusieurs textes se parlent et se répondent), mise en relief qui donne du sens et une possible interprétation. Mettons cela en pratique lorsque nous lisons la Bible.

    La Bible nous présente un Dieu à visage humain et un humain à visage divin. Déjà dans la Genèse, Dieu dit : "Faisons l'humain à notre image, selon notre ressemblance." (Gn 1:26) Et plus tard, Jésus prend un enfant au milieu de ses disciples et leur dit : "Celui qui reçoit un de ces enfants, me reçoit moi-même." (Mc 9:37). Visage de Dieu et visages humains se recoupent, se superposent. C'est ce que voit le centurion au pied de la croix !

    Si vous cherchez le visage de Dieu, l'évangile nous dit : cherchez Jésus, cherchez le Christ. Et Jésus nous dit : Si vous voulez me rencontrer, rencontrez votre prochain. Si vous voulez me voir, regardez votre voisin, regardez votre prochain, faites-lui du bien et c'est à moi que vous ferez du bien ! Dieu prend visage humain et tout être humain porte en lui le visage de Dieu. Non pas dans ses qualités et ses perfections, dans sa jeunesse ou sa beauté, comme essaient de nous le faire croire les publicités, mais dans son humanité souffrante, imparfaite et vulnérable. visage,personne,dignité,ressemblance,prédication,evangile,spiritualité,protestant,vie spirituelle,bible,nouveau testament,ancien testament,éducation,foi,amour,dieu,jésus,jésus-christ,réformé,eglise

    Le visage humain est aussi le signal, le rappel de l'éthique. Respect et protection sont dus à tout humain parce que chacun porte en lui l'empreinte de Dieu, l'empreinte du Christ. Voir le visage humain, voir le visage d'un enfant, devrait désarmer en nous toute impulsion de violence et d'agression, parce qu'au coeur de tout visage humain, il y a le visage du Christ crucifié. En lui Dieu s'est approché de nous, au plus intime de notre vie, au plus près qu'il est possible.

    Dans le christianisme, il n'y a plus de barrière entre Dieu et humain, parce que Dieu l'a voulu ainsi, ce que l'évangéliste Marc fait remarquer subtilement lorsqu'il indique — au moment de la mort de Jésus — que le voile du Temple s'est déchiré.

    Dieu s'est approché de nous, en Jésus il nous a dévoilé son vrai visage, un visage d'humanité.

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2021

     

  • Un semeur insensé

    (17.9.2000)

    Marc 4

    Un semeur insensé

    Deutéronome 6 : 1-9.     Marc 4:1-9

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    Chers amis,

    De nos jours de puissants tracteurs tirant des remorques perfectionnées s'occupent à semer en lignes bien droites nos champs de blé, de maïs, de tournesols ou de soja. Arrivé au bout de son champ, l'agriculteur bloque l'épandage de la semeuse avant de faire son demi-tour et repartir. Qui a l'idée de perdre du grain sur le chemin, dans les cailloux ou dans les ronces ?

    Cette attitude ne date cependant pas d'aujourd'hui et de nos puissantes machines, ou de notre désir d'efficacité. Il faut imaginer le petit paysan du temps de Jésus. Il n'a pas acheté son blé à une multinationale. Il tient son grain de la part qu'il a mise de côté dès la dernière moisson, sur sa dernière récolte. Ce grain est le fruit de ses efforts, il ne va pas le gaspiller sur le chemin, dans les cailloux ou les ronces.

    Pire encore, si la récolte de l'année a été mauvaise, il doit — avec toute sa famille — se restreindre et surtout ne pas toucher à cette partie mise à part, de peur de compromettre toute récolte future ! Qu'il est précieux le grain à semer !

    Il n'y a qu'un insensé qui peut se comporter comme le semeur dont parle Jésus ! Un insensé ou quelqu'un qui possède des ressources inépuisables. Le semeur dont Jésus parle est un mélange des deux. Il fait le pari fou que le miracle de la germination peut se produire partout, qu'il vaut la peine de semer à tout vent, qu'on ne peut pas préjuger de ce qui va se passer.

    On ne peut pas préjuger que cette personne-là sera réceptive et celle-ci non. On ne peut pas préjuger que cet individu sera touché et que celui-là ne peut pas l'être. On ne peut pas le préjuger avant d'avoir semé.

    Et Dieu se refuse à préjuger, il est assez fou et généreux pour s'adresser à chacun, à celui dont le coeur a tant été piétiné qu'il est devenu dur comme de la terre battue; autant à celui dont la vie est si remplie de malheurs qu'il ne semble pas y avoir de place pour autre chose, qu'à celui qui se sent envahi par le chagrin ou les scrupules, par la culpabilité ou les soucis.

    Aucun n'est finalement inatteignable, impénétrable à l'amour de Dieu. Dieu s'abaisse et s'approche de chacun d'eux, de nous, pour les relever et leur offrir la possibilité du bonheur.

    Ce mouvement d'approche de Dieu vers nous est léger comme un grain qui tombe sur le sol. Ce n'est pas la foudre qui frappe, ce n'est pas un tremblement de terre qui creuse une faille, ce n'est pas un vent qui déracine les arbres (allusion à 1 Rois 19: 11-13), c'est juste un grain qui tombe par terre.

    [Je lâche quelques grains de blé du haut de la chaire pour faire entendre le bruit que cela fait]

    Vous avez entendu ? Presque rien ou même rien du tout ! Ce n'est pas pour rien que Jésus commence sa parabole en disant "Ecoutez !" (Mc 4:3) et qu'il la termine par ces mots : "Que celui qui a des oreilles pour entendre, qu'il entende, qu'il s'en serve !" (Mc 4:9)

    Dieu ne s'impose pas à l'être humain, il est discret comme un grain qui tombe par terre, mais ce grain est lourd d'une multitude de potentialités pour celui qui l'accueille et le laisse se développer.

    Lors du baptême, la graine de l'amour de Dieu est semée, un geste, quelques gouttes d'eau, une promesse de présence et d'amour et la possibilité d'une croissance merveilleuse.

    Comme l'enfant que Dieu confie à ses parents, le grain nous est confié. A partir de là, nous sommes investis d'une responsabilité envers nous-mêmes, envers nos proches, envers la terre entière. Cet amour reçu, allons-nous le laisser s'envoler, s'assécher, s'asphyxier ? Ou allons-nous le développer, lui faire porter du fruit, le transmettre, le faire rayonner afin que le monde en soit enrichi et élevé ?

    Que celui qui veut entendre, ouvre ses oreilles et son esprit.

    Amen

     

    © Jean-Marie Thévoz, 2021

     

  • Comment peut-on savoir que Dieu existe ?

    (11.2.2001)  Marc 8

    Comment peut-on savoir que Dieu existe ?

    Esaïe 42 : 14-16.       Marc 8 : 22-30.        Jean 9 : 39-41

    télécharger le texte : P-2001-02-11.pdf

    Chers amis,

    Les trois textes que vous venez d'entendre parlent de la façon qu'a Dieu de nous ouvrir les yeux, de redonner la vue à celui qui ne voit pas.

    Vous avez sûrement, une fois ou l'autre, été dans la situation suivante : vous êtes sur une montagne et remarquez quelque chose que vous voulez montrer à celui qui vous accompagne. "Regarde, là, tu vois... etc." et il ne voit rien. Vous voyez et il ne voit rien et pourtant c'est là.

    Cela rejoint une de mes préoccupations, faire découvrir Dieu à mes catéchumènes. J'ai quelque chose à leur montrer, mais ils me disent qu'ils ne voient pas. Cela se présente souvent sous la forme d'une question : "Comment peut-on savoir que Dieu existe ?" Il faut bien commencer par là pour croire ensuite ce que la Bible nous dit. Il vous est probablement aussi arrivé d'entendre cette question dans la bouche d'un de vos enfants, d'un ou une filleule, d'un de vos petits-enfants.

    "Comment peut-on savoir que Dieu existe puisqu'on ne le voit pas ?"

    Question intelligente ! Question redoutable aussi ! Question qu'on ne peut pas laisser sans réponse sans faillir à notre rôle de témoin, notre rôle de croyant. Mais il n'y a pas de réponse toute faite, et ce que je vais vous dire n'est pas une recette qu'il suffirait d'apprendre par coeur pour se tirer de cette situation. J'aimerais d'abord écarter un écueil, c'est de penser qu'il est possible de trouver une réponse absolument convainquante, infaillible.

    "Comment peut-on savoir que Dieu existe ?"

    On ne peut pas le savoir, comme on sait le résultat d'un calcul (2+2=4) ou comme on sait que l'eau bout à 100° (l'expérience répétée le montre...). On ne peut pas le savoir, il n'y a pas de preuves ou de démonstrations. L'existence de Dieu ne peut pas être prouvée... son inexistence non plus !

    Alors il ne reste qu'une chose à faite : chacun doit décider pour lui-même s'il croit que Dieu existe ou qu'il n'existe pas. C'est une décision, c'est un pari (Pascal), on appelle cela le saut de la foi.

    Mais est-il raisonnable de croire sans voir ? Franchement, qu'est-ce qui peut inviter un jeune à croire sans voir ? Qu'est-ce qui nous a amené à croire ? Je pense que chacun a son chemin de foi personnel — qu'il n'est pas toujours facile de retrouver dans l'écheveau de sa vie ! — mais à un moment donné, il a fallu faire confiance. "Ce qu'on me dit, je peux, je veux le tenir pour vrai — même si je ne le vois pas — parce que j'ai confiance que c'est vrai ou parce que j'ai confiance dans cette personne qui me le dit."

    La confiance, pour accepter comme vrai ce que l'on vous dit.

    Pendant une année, j'ai travaillé comme pasteur dans la paroisse de La Sallaz à Lausanne. Il y avait là un foyer pour aveugles où l'on allait régulièrement faire des cultes. Les premières fois, j'évitais d'utiliser des images lorsque je parlais, je trouvais que je ne pouvais pas leur parler des arbres en fleurs ou des couleurs du ciel. Mais je me suis vite aperçu qu'ils utilisaient autant que nous, les verbes regarder et voir. L'un d'eux m'a même dit un jour : "Je vous laisse, maintenant, je veux aller regarder mon feuilleton à la télé."

    Ces aveugles qui n'avaient jamais "vu" de leurs yeux notre monde, ils le "voyaient" dans leur tête. Ils pouvaient dire "le ciel est bleu, l'herbe est verte." Parce qu'ils avaient entendu et cru ceux qui leur parlaient du monde visible.

    Un aveugle peut découvrir toutes sortes de réalités en écoutant les bruits ou en touchant les choses, sauf les couleurs. Les couleurs font partie de leur monde invisible, comme Dieu fait partie de notre monde invisible. Pour un aveugle, les couleurs n'existent pas puisqu'il ne les voit pas. Et pourtant ... Pour un aveugle, les couleurs n'existent pas tant qu'il n'arrive pas à croire ceux qui les voient. S'il fait confiance à ceux qui lui décrivent le monde qu'il ne voit pas, l'aveugle peut découvrir et accepter le monde des couleurs, sans le voir.

    Nous sommes tous aveugles au monde de Dieu. Nos sens ne nous permettent pas de le voir, ni de le connaître directement. Toute notre connaissance de Dieu passe par le témoignage d'autres gens qui ont cru et dont les yeux se sont ouverts à ce monde invisible de Dieu.

    Il y a les témoignages rassemblés dans la Bible, et il y a les témoignages de ceux qui nous entourent, de la communauté des croyants, votre témoignage pour les enfants qui vous entourent.

    La foi naît lorsqu'on décide d'ouvrir les yeux, le coeur, sur le monde invisible de Dieu. Ce monde est invisible tant qu'on reste à l'extérieur, il devient visible — je dirai lisible — seulement lorsqu'on y est entré, lorsqu'on voit les coïncidences et qu'on ne les prend plus pour du hasard; lorsqu'on fait des liens entre les événements qui nous arrivent et qu'une ligne directrice, un fil rouge se dessine; lorsqu'on comprend pourquoi c'est arrivé, à quoi cela nous a mené, ce qu'on en a appris.

    Le monde de Dieu est fait de signes qu'il faut lire au coeur de la réalité. C'est pourquoi les évangiles nous montrent Jésus en train de guérir des aveugles à des moments cruciaux de son existence, dans l'évangile de Marc juste avant la confession de Pierre (Mc 8:22-30), parce qu'il faut avoir les yeux ouverts à la lecture des signes pour reconnaître en Jésus le Messie. Dans l'évangile de Luc (Lc 18—19), Jésus guérit Bartimée à Jéricho juste après l'annonce de sa passion et au moment où il prend le chemin de Jérusalem pour y mourir, parce qu'il faudra des yeux ouverts sur les signes de Dieu pour lire dans ce procès et cette mort le destin divin de Jésus.

    On ne voit pas Dieu, mais on peut voir des signes parsemés sur la terre, de la même manière qu'on ne voit pas, sous la croûte terrestre le magma de lave qui constitue le noyau de notre planète, sauf là où un volcan s'ouvre. Comme les volcans sont les signes de l'activité souterraine, les églises parsemées dans notre pays et dans le monde avec leurs rassemblements de croyants sont les signes de l'activité de Dieu.

    "Comment peut-on savoir que Dieu existe ?" Nous n'avons pas fait le tour de la question, mais des signes sont semés sur notre route pour ceux qui veulent bien ouvrir les yeux ! Vous faites partie de ces signes pour votre entourage. Que Dieu vous encourage et vous remplisse de son Esprit, pour resplendir comme des signes visibles de sa présence.

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2021

     

  • Jésus pratique la contamination positive.

    Marc 5

    21.1.2018

    Jésus pratique la contamination positive.

    Ex 15 : 1-21     Marc 5 : 21-43

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    Chers frères et sœurs en Christ,

    La thématique pour cette semaine de l’Unité des Chrétiens et pour cette célébration œcuménique a été préparée par un groupe d’Eglises des Caraïbes. L’accent de ces Eglises est mis sur la libération, notamment par rapport à leur passé d’esclavage. Le récit de l’Exode et du passage de la mer, qui met une fin définitive à l’esclavage, trouve là-bas un grand écho. C’est un peu moins direct pour nous ici.

    Le livret de la semaine met en avant le verset suivant : « Ta main droite, Seigneur, est éclatante de puissance. » (Ex 15:6). Cette puissance de Dieu, qui réduit à néant les armées de Pharaon dans la mer, qu’a-t-elle à voir avec le message de Jésus, avec l’Evangile ?

    Jésus n’est-il pas mort sur la croix, sans armée d’anges pour le sauver, sans puissance pour le descendre de la croix ? Jésus n’a-t-il pas accepté cette impuissance ? N’est-ce pas même la force de son ministère et de son message : ne pas entrer dans le jeu des puissances et des autorités ?

    Jésus a accepté l’impuissance publique, politique et religieuse. Jésus recadre le lieu de la puissance en la plaçant dans les relations interpersonnelles et c’est ce que nous voyons dans le double récit de guérison de l’Evangile selon Marc que nous avons entendu.

    En toutes lettres, il est dit qu’une force (dunamis en grec) sort de Jésus au moment où la femme touche son vêtement. Et la femme perçoit tout de suite qu’elle est guérie, que cette force — qu’elle cherchait auprès de Jésus — a été efficace, plus efficace que celle de tous les médecins qu’elle avait consultés pendant douze ans.

    Dans le dialogue qu’il entretient avec cette femme, au milieu de la foule qui le presse, Jésus confirme la guérison, il valide le geste de cette femme en lui disant : « Ta foi t’a sauvée ! » (Mc 5:34) Qu’est-ce que cette foi et de quoi cette femme est-elle sauvée ?

    A. La foi de cette femme est d’avoir osé transgresser tous les tabous de son époque pour s’approcher de Jésus. Il faut se remettre dans le contexte des lois de pureté du Lévitique auxquels les pharisiens demandaient de se plier. Une femme est impure pendant tout le temps de ses règles et les sept jours qui suivent. Et quiconque la touche est impur jusqu’au soir (Lév. 15:19).

    Cela signifie que cette femme était considérée comme impure 365 jours par an et que personne ne pouvait avoir un contact physique avec elle — ne serait-ce une poignée de main ou recevoir d’elle le plat qui passe à table — sans être impur à son tour.

    Cette femme-là espère en Jésus, elle croit, elle est sûre du pouvoir guérisseur de Jésus. Elle s’octroie la permission de traverser une foule compacte jusqu’à Jésus et de le toucher au risque de le rendre impur. Cette incroyable impudence, ce toupet — après coup nous disons ce courage — Jésus le valide comme étant de la foi. Oui, c’est de la confiance dans le pouvoir libérateur de Jésus.

    Mais c’est plus que cela. C’est une véritable, une authentique adhésion au mode de pensée de Jésus lui-même. N’est-ce pas Jésus qui guérit un lépreu précédemment dans l’Evangile selon Marc (Mc 1:40-42) ? Dans ce récit, le lépreux formule ainsi sa demande : « Si tu le veux, tu peux me rendre pur. » (Mc 1:40).

    C’est exactement ce que pense cette femme. Elle est persuadée que Jésus peut la rendre pure, que ce n’est pas elle qui va contaminer Jésus, mais lui qui va la rendre pure. La foi de cette femme, c’est que Jésus a le pouvoir de renverser le processus de contamination.

    Le livre du Lévitique, et les pharisiens à sa suite, pensent que l’impur pollue le pur. Jésus affirme constamment le contraire dans sa façon d’être et de guérir. Jésus approche malades, handicaps, lépreux et possédés, tout l’arrière-ban de la société, tous les exclus qu’on ne veut pas approcher de peur d’être contaminé. Et bien, Jésus va vers eux et ôte leur pseudo-impureté.

    Jésus pratique la contamination positive. Jésus n’a pas été rendu impur par cette femme, c’est une force sortie de lui qui a transformé cette femme. Jésus est venu renverser les courants, les flux. A l’image des flux sanguins de ces deux récits, flux qui se sont renversés pour qu’il ne coule plus chez la femme et qu’il se remette à couler dans les veines de la fillette.

    Jésus remet de la vie là où la vie ne circulait plus. Jésus renverse les idéologies qui étiquettent les gens, les rendant impurs, aujourd’hui on dirait infréquentables.

    B. La foi qui sauve cette femme, c’est le renversement de la croyance sur le sens de la contamination. Jésus croit à la contamination positive et il nous invite à la foi, à le croire avec lui. Avec cette croyance — que la femme a commencé avant sa rencontre physique avec Jésus — la femme est sauvée de son isolement social. En ayant ce dialogue d’aveu public, Jésus la remet au milieu de son groupe social, au milieu de son village avec sa bénédiction. Plus personne ne pourra l’exclure sans se couper lui-même de Dieu.

    Jésus n’est pas venu imposer une puissance divine à la société. Il vient changer nos mentalités et nos relations les uns avec les autres pour qu’elles ne soient plus fondées sur la peur, la peur de l’autre, mais sur la confiance.

    Confiance dans la force positive du bien, dans la force de la contamination positive, dans la contagion de l’amour. A partir de ce regard de Jésus, nous pouvons nous regarder différemment les uns les autres. Avec cette femme, avec Jésus, osons abandonner la peur et opter pour la confiance.

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2018

  • Paraboles relationnelles

    Marc 4

    20.8.2017

    Paraboles relationnelles

    Marc 4 :1-9      Marc 4 : 26-29

    télécharger le texte : P-2017-08-20.pdf

    Chers frères et soeurs en Christ,

    Voilà deux paraboles de Jésus qui mettent en scène un semeur. « Un semeur sortit pour semer ». On est dans la normalité, dans la banalité : un travailleur va travailler, va juste accomplir ce qu’il est habitué à faire, et donc tout va se passer normalement. Eh bien non, comme il y a une histoire, pour quelle ait de l’intérêt, il faut ce qu’on appelle une « complication ». Il faut quelque chose qui dévie de la normalité pour qu’il y aie quelque chose à raconter.

    Dans la première parabole, il y a quatre événements qui sont racontés. Premièrement une part du grain tombe sur le chemin ; deuxièmement une part sur un terrain rocailleux ; troisièmement une part du grain tombe dans les broussailles ; enfin une part tombe dans la bonne terre du champ.

    Sur le chemin les graines n’ont pas le temps de germer, les oiseaux les picorent. Sur la rocaille, les graines germent, mais ne peuvent prendre racine et se dessèchent. Dans les ronces, ça pousse, mais c’est étouffé. C’est seulement dans la bonne terre que le grain devient épi et produit en abondance, un est multiplié par 30, par 60, par 100.

    On ne mesure pas l’abondance que cela représente ! Pas 30 ou 60 ou 100 pour cent, mais 30 ou 60 ou 100 pour UN ! On est loin de nos carnets d’épargne. On est là dans un registre d’abondance, on est là dans un registre de générosité.

    On observe une progression entre les quatre terrains. Sur le premier il ne pousse rien. Sur le deuxième il y a juste germination, sur le troisième la plante pousse mais n’arrive pas à ma maturité. Ce n’est que sur le quatrième terrain que la plante produit des grains. Et quelle récolte ! Mais si vous observez des épis dans les champs, avec les quatre rangées de grains, 60 ou 100 grains, c’est une production normale, il n’y a pas de miracle sous-entendu. Cette abondance est généreusement offerte dans la vie.

    Si je reviens à la construction du récit, de la parabole, ce qui est étrange, c’est qu’après la présentation de l’action « le semeur sortit pour semer » et les quatre complications et bien il n’y a plus rien ! Il n’y a pas de dénouement, seulement une invitation à entendre. Entendre ce qui n’est pas dit ? A nous les travail d’interprétation. C’est le propre des paraboles par rapport aux anecdotes ou aux romans. L’interprétation est ouverte, donc il y a plusieurs interprétations possibles.

    Par exemple on peut lire cette parabole comme exprimant la générosité fondamentale de Dieu. Il sème partout, il n’a pas peur de gaspiller le grain. Le don de Dieu n’est pas réservé à quelques-uns, qui seraient bien préparés ou plus purs que les autres. Non Dieu donne — à commencer par la vie — à tous.

    Ensuite il y a l’interprétation que Jésus donne lui-même un peu plus loin dans ce même chapitre 4 (vv. 13-20). Le grain c’est la Parole. Certains ne la reçoivent pas du tout. D’autres sont enthousiastes au début, mais ne persévèrent pas. D’autres se laissent envahir par les soucis qui les submergent. Enfin certains mettent en pratique cette parole — l’enseignement de Jésus — et ils portent du fruit.

    On peut encore considérer que le Royaume de Dieu qu’illustrent toutes ces paraboles est une image du monde relationnel (voir ma prédication du 27.9.2009). Chaque terrain serait une image de notre relation aux autres. Le chemin : un cœur trop souvent piétiné, dur et fermé sur lequel rien accroche, rien ne se développe. Le terrain rocailleux : un cœur ou un esprit qui s’émeut et s’enflamme pour une cause, puis une autre, mais ne sait pas mettre de l’énergie dans un engagement si bien que cela ne débouche sur rien. On peut voir les ronces comme l’image d’un esprit compliqué qui ne voit que les obstacles et les difficultés si bien que le découragement fait abandonner les projets ou les relations à mi-course.

    Enfin il y a des personnes qui savent soigner leurs amitiés et se retrouvent généreusement entourées et savent rassembler et créer de la vie autour d’eux.

    Quelle que soit l’interprétation qu’on choisit, cette parabole est une invitation à progresser vers la bonne terre. Pour soi et pour les autres.

    On peut y voir une invitation pour les éducateurs, les enseignants, les parents, les grands-parents, à conduire ceux qui sont sous leur responsabilité d’une position de retrait ou de fermeture vers l’ouverture, vers des relations abondantes, des relations de plénitude. C’est une parabole qui nous invite à la responsabilité, à l’effort, au travail. Allez, il faut labourer le chemin, dépierrer la rocaille, débroussailler les ronces !

    Mais beaucoup de responsabilités et de tâches conduit souvent à la culpabilité : en ai-je fait assez ? Et si ce n’est pas parfait : est-ce de ma faute ?

    C’est pourquoi Jésus ajoute une deuxième parabole qui met en scène un semeur. Une parabole qui prend le contre-pied de la première. Si nous avons une tâche quant au terrain, cette deuxième parabole nous rappelle que la croissance de la plante n’est pas entre nos mains, quelle est hors de notre maîtrise. Il est inutile de tirer sur les pousses pour les faire croître. Il y a un mystérieux travail qui se passe sans nous et qui ne dépend pas de nous.

    Il y a une invitation à faire tout ce qui est entre nos mains, et ensuite à faire confiance, à laisser aller, à lâcher prise.

    Tout ne dépend pas de nous. Il y a une force ailleurs qui agit et fait croître. Chaque être a une force en lui-même, qui lui ai donnée et qui est à l’œuvre. Tout ne repose pas sur les parents, les éducateurs, les enseignants, le voisinage. Il y a une force intérieure qui vient d’ailleurs — la parabole pointe le doigt vers Dieu.

    Nous avons une tâche, mais elle n’est pas infinie, elle est limitée. Encore plus limitée quand il s’agit des autres. Notre tâche c’est nous-mêmes, notre jardin intérieur. C’est en soignant notre jardin intérieur que nous atteignons, influençons les autres, sans les forcer ou les manipuler.

    Je vais reprendre une image dans le domaine des plantes : si mon jardin et plein d’herbes folles, voire de mauvaises herbes, le vent va disperser les graines indésirables dans les jardins voisins. Mais si je soigne mon jardin et choisis ce que j’y fait pousser, alors ce qui débordera de mon jardin sera également bon pour ceux qui m’entourent.

    La première parabole nous invite à réaliser comment est notre cœur ou nos relations et à travailler vers l’ouverture et le partage pour entretenir des relations riches. La deuxième parabole nous invite à faire confiance dans la force de germination et de croissance qui réside en chacun.

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2017