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Réouverture du Temple de Bussigny

(21.12.2003)

Marc 10

Réouverture du Temple de Bussigny

Psaume 118 : 21-24.         Marc 10 : 13-16.       Luc 15 : 11-24

télécharger le texte : P-2003-12-21.pdf

 

Chers paroissiens, chers habitants de Bussigny,

Le village vient de s'offrir un beau cadeau pour Noël : une église toute rénovée que vous êtes venus admirer ce matin. En ce quatrième dimanche de l'Avent, la porte du calendrier avait une dimension exceptionnelle, la porte du Temple ! Et comme des enfants émerveillés, nous en découvrons le contenu.

Ce matin, mon souhait est de vous faire voir le message muet, les signes inscrits, illustrés de notre foi sur les murs et le mobilier de notre église.

Pour venir vous asseoir sur ces bancs, vous avez franchi deux portes, la première en bois, la seconde en verre, l'une opaque, l'autre transparente. J'y vois une image de la lecture de la Bible. Le premier abord, la première lecture est difficile, souvent on n'y comprend presque rien. Il faut passer le seuil, un seuil de foi, pour que l'Ecriture nous parle, pour voir à travers les lignes (la porte en verre) la présence, le lieu où Dieu se laisse trouver. La transparence est la plus grande lorsque la croix est prise comme clé d'interprétation de l'Ecriture.

En continuant d'avancer, on peut se rendre compte que l'on se déplace d'Est en Ouest. Notre Temple n'est pas orienté, il n'est pas tourné vers l'Est, vers Jérusalem lorsqu'on s'assoit sur les bancs ! Pour le moment, je suis le seul, en vous regardant à regarder vers l'Est, à être "orienté" (regarder vers l'Orient). Je vous laisse chercher s'il y a un sens symbolique à cela.

Etant entrés dans l'église, assis maintenant sur les bancs, nous pouvons lever les yeux vers Dieu. Si vous les levez maintenant, que voyez-vous là-haut ? Il y a trois lettres peintes : IHS. C'est du latin, les premières lettres de trois mots : Jesus Hominum Salvator (Jésus sauveur des hommes).

Cette inscription — dans notre Temple — est placée sur la voûte la plus visible, sur la clé de voûte même ! J'y vois une allusion au Psaume 118 : "la pierre que les bâtisseurs ne voulaient pas est devenue la principale, la pierre de l'angle." (Ps 118:22) Phrase qui est reprise par les apôtres à propos de Jésus, celui qui a été rejeté par les humains, mais dont Dieu a fait la pierre d'angle de son Eglise, la clé de voûte de son Eglise. Sans Jésus-Christ, pas d'Eglise chrétienne !

Les signes suivants sont les vitraux. Deux scènes bibliques. A votre gauche, une illustration de la parabole du fils perdu et retrouvé. Le père (qui représente Dieu) accueille et relève son fils de retour à la maison après que celui-ci a souffert la famine dans son exil. Est illustré ici l'accueil, l'accueil inconditionnel de tout malheureux, de tous ceux qui reconnaissent leur manque, leur soif d'amour.

En regard, à votre droite, le vitrail montre Jésus qui bénit les petits enfants que leurs mères ont amenés à Jésus. Nous savons que les disciples ne voyaient pas cela d'un bon oeil, mais Jésus les fait taire et bénit ces enfants. Nouvelle illustration de l'accueil sans limite de la part de Dieu. Il accueille les plus petits, les plus vulnérables.

Deux vitraux, deux témoignages de l'amour inconditionnel de Dieu pour tous, deux résumés en illustration de la prédication de l'évangile. Il est donc permis de se tourner vers l'un ou l'autre de ces vitraux, si le prédicateur en chaire annonçait quelque chose de contraire à cet accueil total de la part de Dieu !

Viennent maintenant deux éléments de notre mobilier d'église qui témoignent de notre foi. La foi de l'Eglise Réformée repose sur la Parole et les Sacrements, sacrements que sont le baptême et la sainte cène.

La table de communion est le lieu du rassemblement de la communauté pour donner et recevoir le baptême et pour partager le repas de notre Seigneur. Elle se doit de mettre en valeur l'eau du baptême ou la Bible ou le pain et le vin de la cène. La table se doit donc d'être modeste, presque invisible pour que toute l'attention se porte sur les paroles et les actes de partage. Elle est un élément sanctifié par son usage et non par une esthétique particulière.

Le protestantisme est connu pour sa rigueur et son dépouillement, plus attaché à l'esprit — et parfois à l'intellect — qu'au sentiment ou à l'émotion. D'où son attachement à la prédication de la Parole et à l'importance que prend la chaire dans notre Eglise. Nous avons la chance d'avoir dans notre Temple une chaire particulièrement belle et travaillée. Si vous avez eu la curiosité de vous approcher, vous y avez vu trois panneaux sculptés de motifs.

Sur le devant se trouve une croix huguenote avec la colombe qui rappelle le Saint-Esprit descendant sur Jésus à son baptême. Une croix devenue le symbole de l'Eglise Réformée.

Sur le côté gauche, sont illustrés la foi (un rameau), l'espérance (une ancre) et l'amour (un coeur), les trois "vertus théologales" comme on le dit dans notre jargon, c'est-à-dire les trois attitudes fondamentales du croyant. "Maintenant ces trois choses demeurent, nous rappelle l'apôtre Paul, la foi, l'espérance et l'amour, mais la plus grande des trois est l'amour" (1 Co 13:13).

Sur le côté droit, on trouve un livre, la Bible, une plume et un sceau, celui qui est fait de cire à cacheter. Ce panneau illustre l'attachement des protestants à la Bible, considérée comme Ecriture inspirée (la plume) et normative (le cachet), le sceau nous disant qu'on ne peut rien y ajouter, ni rien en retrancher.

Trois panneaux, deux vitraux, une clé de voûte et d'autres éléments encore qui disent notre foi, notre théologie et notre conviction que la vraie vie c'est d'avoir les yeux tournés vers le Christ, mort et ressuscité pour nous à Golgotha !

Alors, pourquoi vivons-nous nos cultes le dos tourné à Jérusalem ? Je reviens avec cette question. Mon hypothèse est la suivante : cette église est faite pour accueillir ceux qui sont désorientés par la vie, le monde et sa violence, et qui ont besoin d'un repère pour se réorienter. Le croyant qui vient ici prend une heure le dimanche pour se ressourcer et s'en retourner — lorsqu'il sort du Temple — avec le regard tourné vers Jérusalem, vers Jésus, pour les 167 autres heures de la semaine.

Le véritable service auquel Dieu nous appelle est le service envers notre prochain. C'est donc en sortant du Temple que nous devons prendre cette bonne orientation !

Amen

© Jean-Marie Thévoz, 2022

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