(6.4.2003)
Esaïe 43
Notre Dieu est en premier lieu un Dieu qui donne
Esaïe 43 : 16-21 Jean 4 : 5-15
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Chers amis,
Entrer dans un église, venir assister ou participer à un culte, réveille en nous les images, les idées que nous nous faisons de Dieu. Demander à Dieu le baptême pour son enfant, c'est vouloir l'intervention de ce Dieu dans sa vie, espérer sa bénédiction ou sa protection.
Ainsi, chacun d'ente nous, ce matin, est venu avec quelques idées — certainement très diverses — sur qui est Dieu, sur ce qu'Il attend de nous, sur ce que nous pouvons attendre ou espérer de Lui.
D'après ce que j'entends dans mes entretiens et mes visites : "vous ne me voyez pas souvent à l'église", "je ne vais pas tous les dimanches à l'église", je ne suis pas (très) pratiquant, mais je suis croyant", d'après ces excuses ou ces justifications — qui me sont spontanément offertes — je peux me faire une petite idée de ce que beaucoup pensent que Dieu*, l'Eglise*, le pasteur* (* choisissez l'auteur approprié !) réclame de chacun.
Dieu (ou l'Eglise en son nom) serait celui qui réclame un certain nombre de pratiques astreignantes comme se rendre au culte / à la messe, prier, lire sa Bible, comme si Dieu avait besoin de ces pratiques, de nos pratiques pour vivre et être heureux.
Il y a peut-être des religions où le dieu n'est satisfait, puis favorable à l'être humain seulement lorsqu'on a satisfait ses besoins par des prières ou des offrandes. Le Dieu de la Bible n'est pas comme cela. Notre Dieu n'est pas centré sur ses propres besoins qui devraient être satisfaits, remplis par les humains.
Le christianisme — et je crois aussi le judaïsme d'après ce que je lis dans l'Ancien Testament — nous montre un Dieu centré sur l'être humain, tourné vers l'être humain et ses besoins. Dieu cherche à donner du bonheur à l'être humain, il cherche à l'aider sur les chemins difficiles de l'existence terrestre, il cherche à nous apprendre à affronter les difficultés et à nous réjouir des bons moments, plus encore à enrichir le présent de bonheur.
Il n'y a aucun doute que Dieu prend acte et nous donne quittance que l'existence n'est pas toute rose, qu'elle est parsemée d'obstacles, de défaites et apparemment d'impasses. L'existence est souvent comparée à un désert dans la Bible. Mais Dieu ne souhaite pas que nous en restions à cette image, il travaille à transfigurer cette réalité, à la transformer pour que nous y trouvions des trésors et des qualités.
Ainsi parle-t-il à travers le prophète Esaïe :
"Ne vous préoccupez plus de ce qui est derrière vous. Je vais faire du nouveau. (...) Je vais ouvrir un chemin. (...) Je vais faire couler des fleuves. (...) Je veux donner à boire au peuple que j'ai choisi." (Es 43: 18, 19, 20)
Notre Dieu n'est pas un Dieu qui demande, qui exige. C'est un Dieu qui donne, qui agit en notre faveur. C'est un Dieu qui est centré sur nous, centré sur notre bonheur, tourné vers notre bien-être. C'est lui qui ouvre des chemins lorsque tous les horizons nous semblent fermés, c'est lui qui fait couler des fleuves qui irriguent nos déserts lorsque nous nous sentons vides et stériles dans nos relations ou dans notre métier. C'est lui qui vient pour combler notre soif, notre soif de sens et de réponses.
Depuis des siècles, des millénaires, il a dressé une échelle de valeur, où il a placé l'être humain — et particulièrement celui qui est vulnérable — au sommet. Il a donné sa loi pour protéger le faible et poser des limites aux puissants.
A Pâques, il a montré que lui-même s'abaissait à la hauteur du plus petit d'entre nous. Avec Jésus, il est venu nous parler, comme il a parlé à cette femme samaritaine, et nous rappeler que Dieu nous aime et que Dieu nous donne l'eau vive.
Ceux qui ont compris qui est ce Dieu que nous annonce la Bible viennent lui demander cette eau vive. Dieu ne vient pas nous demander une pratique, des rites, des corvées... Il vient nous offrir sa vie, sa richesse relationnelle.
C'est pourquoi Jésus peut dire à cette femme :
"Si tu connaissais ce que Dieu donne... c'est toi qui lui aurait demandé de l'eau et il t'aurait donné de l'eau vive !" (Jn 4:10)
En recevant le baptême ce matin, vos enfants ont reçu un peu de cette eau vive, de cette vie qui vient de Dieu, de cet amour qui se donne. S'ils entendent à travers vos paroles — parents, parrains et marraines — combien Dieu veut continuer à leur donner de l'amour, de la joie et de la paix, alors vos enfants auront envie d'être en relation avec cette source d'eau vive, de sens et de bonheur.
En recevant le baptême nous-mêmes — il y a peut-être de nombreuses années — nous avons reçu un peu de cette eau vive, de cette vie qui vient de Dieu, de cet amour qu'il donne. Aujourd'hui, nous pouvons aussi nous rappeler que cet amour, cette eau vive nous sont donnés, renouvelés pour remettre du sens, de la profondeur, du bonheur dans nos existences.
"Je veux donner à boire au peuple que j'ai choisi" (Es 43:20) nous dit Dieu, allons ensemble nous y abreuver.
Amen
© Jean-Marie Thévoz, 2024