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jésus-christ - Page 27

  • Esaïe 11. Dans l'attente d'un changement pour notre monde.

    Esaïe 11

    5.12.2010
    Dans l'attente d'un changement pour notre monde.
    Es 11 : 1-10,   Mt 3 : 1-6
    Téléchargez la prédication : P-2010-12-05.pdf

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    En ce deuxième dimanche de l'Avent, nous sommes dans l'attente, dans l'impatience, dans l'espérance d'un changement pour notre monde. Cette attente d'une transformation du monde, d'un changement de vie est déjà présente dans l'Ancien Testament et particulièrement chez le prophète Esaïe. Cette attente est exprimée par la promesse d'un rejeton.
    Il faut imaginer la souche d'un arbre qui est restée en terre. L'arbre a été abattu, enlevé. Et il ne reste que la souche et les racines. Il n'y a là que souche morte, triste reste d'un arbre qui avait déployé sa ramure, mais n'est plus.
    Mais là où l'on pensait qu'il n'y avait plus rien à attendre, à espérer, surgit une pousse, un rameau, un nouvel arbre ! De ce qui était mort — cru mort — surgit la vie. "Du vieux tronc d'Isaï, un frais rameau jaillit" dit le cantique. Isaï ou Jessé, c'est le père de David. De la souche du grand roi d'Israël va surgir un nouveau Messie, qui transformera le monde.
    La transformation du monde nous est présentée sous forme d'images. Images de paires d'animaux que tout oppose : le loup et l'agneau, la panthère et le chevreau, le veau et le lionceau, la vache et l'ourse, le lion et le bœuf, le nouveau-né et la vipère, le petit garçon et l'aspic.
    Ces images nous disent que l'incompatible va coexister en paix, ensemble. Le carnivore avec l'herbivore, le prédateur avec la proie, l'innocent avec le tueur. Le changement annoncé est un bouleversement complet de l'ordre naturel, un renouveau complet, total des relations établies.
    Ces images sont des métaphores prises dans la nature pour nous parler de nos relations humaines. C'est une dénonciation de nos rapports humains quand ils s'expriment comme des rapports fondés sur la loi de la jungle, la loi du plus fort. Le bouleversement annoncé, c'est que les paires incompatibles vont pouvoir vivre ensemble. C'est l'abolition des rapports de force, de domination. C'est l'abolition de la peur, de la crainte, de la terreur.
    Qui va pouvoir vivre ensemble ? Transposons les images animales en rapports humains. Vont vivre ensemble : locataires et propriétaires, automobilistes et piétons, employés et patrons, jeunes et vieux dans les bus ou les trains, amateurs de musique bruyante et amateurs de silence, promoteurs et écolos, et pourquoi pas, allons jusque-là, Suisses et étrangers.
    Voilà qui est bien utopique. Mais le texte biblique est d'accord sur cela ! C'est utopique, c'est au-delà des forces humaines. Pour réaliser cela, il faut un nouveau Messie, il faut une intervention divine, un envoyé de Dieu.
    Le texte est réaliste. On part d'une souche qui a tout l'air d'être morte, desséchée, incapable de produire de la vie. Et pourtant, c'est le point de départ de Dieu. Dieu prend l'impossible comme point de départ, parce que c'est la situation réelle et qu'il est inutile de penser commencer ailleurs, il n'y a pas d'ailleurs. Il n'y a pas d'ailleurs que notre monde, notre société, notre nature humaine.
    C'est la souche, c'est la pâte de départ et c'est à partir de là que Dieu agit. C'est à partir de nous — hommes pécheurs — que Dieu agit. C'est nous qu'il vient transformer, mais pas sans nous ou contre nous.
    Voulons-nous que le monde change ? Commençons par nous-mêmes, commençons par accepter de nous voir tels que nous sommes : tantôt prédateurs, tantôt proies, tantôt vipères, tantôt vulnérables comme un nouveau-né. Acceptons que ce changement vient de Dieu et pas de nous-mêmes, de nos propres forces.
    Dieu envoie son Messie, le porteur de son Esprit, pour nous transformer, pour que nous le suivions, pour être inspirés. Ce Messie est le porteur de l'Esprit de Dieu, de l'Esprit de sagesse.
    Nous sommes dans le temps de l'Avent, de l'attente pour recevoir le porteur de cet Esprit, pour prendre modèle sur lui, pour apprendre la sagesse et le discernement, pour voir plus large, voir de plus haut, ne plus nous laisser pièger par les rapports de force, pour nous ouvrir à l'esprit messianique qui ne juge pas selon les apparences — Jésus dira même de ne pas juger du tout.
    Prenons du temps pendant ce mois de décembre pour voir ce que Dieu peut transformer en nous, quelle souche Dieu peut revivifier, ce qu'il peut faire renaître en nous : pour que nous soyons transformés, pour que notre vie soit changée et que le monde en soit rendu plus habitable.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2010

  • Ephésiens 3. Soyez enracinés dans l'amour.

    Ephésiens 3
    14.11.2010
    Soyez enracinés dans l'amour.
    Jean 15 : 9-13,  Ephésiens 3 : 14-19

    Téléchargez la prédication : P-2010-11-14.pdf


    Chères paroissiennes, chers paroissiens, chère famille,
    Nous avons vécu le baptême de NN, un bébé de 6 mois. Il est venu au monde, fragile comme tous les nouveaux-nés, et sa vie dépend des soins que vous lui prodiguez. La vie humaine, comme toute vie sur notre planète, est fragile et vulnérable. Et nous faisons tout ce que nous pouvons pour la protéger, pour que les enfants grandissent sainement, en bonne santé. Mais comme tous les parents, nous avons nos inquiétudes et nous faisons le vœu que tout aille bien. Fragilité physique du début de la vie et de l'enfance.
    On se dit qu'arrivés à l'âge adulte, c'est bon. Pourtant, si nous regardons nos vies, notre vie personnelle, nous n'avons pas perdu nos vulnérabilités. Elles se sont simplement déplacées. Comme adultes, surtout comme jeunes adultes comme vous, on ne se soucie pas trop de sa santé, la fragilité est plus intérieure : vais-je réussir dans mes entreprises, dans mon travail, dans ma vie de couple, dans ma vie familiale, dans l'éducation de mes enfants ? C'est la difficulté d'être reconnu, apprécié, aimé tel qu'on est.
    Cette quête de l'amour nous agite, nous préoccupe. Et puis avec l'âge, les soucis de santé reviennent, l'angoisse de vieillir, d'arrêter de travailler ou de devoir peut-être quitter son chez soi pour l'EMS. Sommes-nous condamnés à être toujours en souci, à être toujours vulnérables et malheureux ? N'y a-t-il donc rien à faire ? Ne peut-on vivre en paix ?
    C'est aussi ce que vivent les gens à qui l'apôtre Paul écrit à Ephèse. Et Paul prie pour eux, pour qu'ils puissent cesser de vivre dans l'angoisse de leur vulnérabilité. Pour qu'ils puissent être comblés de plénitude. Dans sa prière, Paul rappelle d'abord le lien fondamental qui nous relie à Dieu. Dieu est Père, et par là, l'origine de toute famille. La filiation, le lien qui unit les générations, est en même temps l'image et le modèle de l'amour. L'amour humain est l'image de l'amour que Dieu a pour nous. L'amour divin est le modèle de l'amour que nous pouvons avoir les uns pour les autres.
    Après avoir posé cette équivalence, ce rapport, Paul développe ce qu'il demande à Dieu pour nous. Il demande d'abord que Dieu fortifie notre être intérieur. Il y a deux manières d'être fort : soit avoir une armure autour de nous, une armure qui nous empêche d'être blessé par l'extérieur, soit renforcer notre intérieur pour que les coups du destin ne détruisent pas quelque chose de vital en nous.
    L'armure a cet inconvénient que — si elle nous protège — elle nous empêche aussi d'être touchés, elle nous prive des caresses de la vie. Aussi est-il préférable de renforcer son être intérieur pour supporter les chocs et continuer à être sensibles, capables d'être touchés, de ressentir et de partager.
    Ce renforcement intérieur, Paul le voit comme possible en laissant le Christ habiter en nous, en se laissant insprier par le vie du Christ. Et Paul explique ce que cela veut dire en disant — ce qui me semble être le centre de son message — "soyez enracinés dans l'amour." (Eph 3:17)
    Le mot "enraciné" qui est utilisé ici par Paul, c'est le mot qui a donné "rhizome" en français. Les iris ont des rhizomes, les bambous aussi. Le pasteur qui a habité la Cure avant moi avait planté un bambou dans le jardin. Maintenant, il y a un bosquet et les rhizomes font des repousses trois mètres plus loin. Quand j'essaie d'ôter ces rhizomes, je dois prendre la bêche et la hache. Je peux vous dire que ces bambous sont enracinés !
    Et bien, Paul nous dit "soyez enracinés dans l'amour" aussi fortement que les bambous. Si vous êtes enracinés dans l'amour, c'est pour que vous soyez comblés de toute la plénitude de Dieu. Paul ne demande pas cela pour que Dieu soit content ! Non, c'est pour que nous soyons comblés, pour que nous soyons heureux, pour que nous soyons délivrés de l'angoisse, des soucis que nous envoient constamment nos fragilités et nos vulnérabilités.
    Et Paul dit quelque chose de cet amour dans lequel nous enraciner. Il aimerait nous en faire connaître toutes les dimensions : la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur. Ce sont les quatre dimensions de l'espace.
    La largeur, c'est ce qu'il y a à notre droite et à notre gauche, ce qu'il y a à nos côtés. De chaque côté, pour nous entourer, il y a de l'amour, de l'amour qui vient de Dieu.
    La longueur, c'est ce qu'il y a devant et derrière nous. C'est la longueur du chemin parcouru. C'est l'amour que vous avez reçu de vos parents. C'est la longueur du chemin qui s'étend devant vous, c'est tout l'amour que vous allez donner à vos enfants, à vos petits-enfants ou arrière-petits-enfants.
    La hauteur, c'est tout ce qu'il y a au-dessus de nous, un espace qui nous surplombe, mais aussi un espace vers lequel nous élever.
    La profondeur, ce sont tous les abîmes qui se trouvent sous nos pieds. Ce n'est pas un vide vertigineux, puisque là aussi Dieu y met de l'amour pour que nous ne sombrions pas. Il fait un pont d'amour au-dessus du vide pour que nous puissions traverser, avancer, progresser.
    Oui, chers amis, il y a de l'amour tout autour de nous, à côté, devant et derrière, au-dessus et au-dessous de nous. Pourquoi ne pas ouvrir les yeux et nous en rassasier ?
    Paul prie pour que nous y ayons accès, pour que nous acceptions de nous relier à cette source d'amour que le Christ nous a montrée, par ses paroles, par ses gestes, par sa vie. Il a consacré sa vie à nous monter que cette source est accessible, disponible, infinie.
    Allons-nous passer à côté et garder nos angoisses, ou bien allons-nous découvrir toutes les dimensions de cet amour pour accéder à la plénitude que Dieu veut nous offrir ?
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2010