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énigme

  • Dieu joue l'énigmatique pour nous inviter au détour qui permet la rencontre

    1 Co 1

    25.12.2017

    Dieu joue l'énigmatique pour nous inviter au détour qui permet la rencontre

    Exode 3 : 1-8      1 Corinth. 1 : 18-21      Luc 2 : 8-12

    télécharger le texte : P-2017-12-25.pdf

     

    Chers frères et soeurs en Christ,

    Imaginez, un instant, que vous êtes ... Dieu ! Il y a quelques millions d'années, vous avez donné un coup de pouce au développement de l'être humain et depuis lors vous le regardez évoluer. Pour l’être humain, la vie est difficile et précaire sur la terre. Vous voyez comment il a de la peine à vivre bien, à vivre pacifiquement ses relations avec ses proches ou ses voisins.

    Vous le voyez malheureux, misérable, oppressé et vous souhaitez lui donner un coup de main, le mettre sur la voie du bonheur, de la liberté, de l'amour.

    Mais voilà, vous êtes Dieu, avec des moyens illimités, une puissance sans borne et vous ne voulez pas le terroriser. L'être humain a déjà bien assez peur comme cela, il est superstitieux et craintif. Comment faire ? Comment se révéler ?

    La Bible nous relate, côté humain, les prises de contact de Dieu avec nous. Dieu s'est promis de ne pas recommencer avec la méthode par trop radicale du déluge. Alors, il opte pour une méthode plus légère : se faire connaître au sein d'une famille, celle d'Abraham, Isaac, Jacob. C'est un travail qui demande du doigté, qui est à reprendre à chaque génération, mais enfin, il fait peu à peu ses preuves.

    L'humanité, à travers Israël, découvre peu à peu un Dieu qui se montre sensible et proche, à l'écoute de la misère des humains. Et c'est ainsi, de génération en génération que la foi se transmet, de personnes à personnes, comme un témoin depuis des siècles. Dieu ponctue le temps de ses révélations, jusqu'à venir en personne, en Jésus, à Noël, pour visiter son peuple et accomplir, parachever, parfaire sa révélation.

    Mais que ce soit pour Moïse, pour les bergers à Noël ou pour les disciples à Pâques, la révélation n'est jamais fracassante, totalement claire et univoque. Dieu se révèle, mais toujours dans le mystère, comme pour laisser à l'incroyant une porte de sortie honorable. Dieu se révèle, mais ne s'impose pas comme irréfutable. La foi ne naît pas de la preuve. La foi naît du questionnement, de l'interrogation que pose l'énigmatique, l'improbable.

    Ainsi, Moïse est-il intrigué par ce buisson qui ne semble pas normal. "Il décida de faire un détour pour aller voir ce phénomène étonnant et découvrir pourquoi le buisson ne brûlait pas" (Ex 3:3). Face à un phénomène improbable, énigmatique, Moïse consent à faire un détour, à sortir de sa routine, de sa logique, de sa sagesse humaine. Et c'est au détour du chemin qu'il rencontre Dieu. Dieu joue l'improbable, l'énigmatique pour nous inviter au détour qui permet la rencontre.

    Les bergers de Noël sont aussi "victimes" d'un phénomène étrange, est-ce une vision, une illusion ou une révélation ? On leur annonce une naissance. N'est-ce pas un fait d'une banalité navrante ? Des naissances, cela arrive tous les jours ! Pourtant, ils sont intrigués, accrochés et ils se déplacent. Ils vont faire leur détour jusqu'à la crèche et y découvrir Dieu.

    De même, plus tard, les disciples, appelés les uns après les autres par Jésus, vont partir à sa suite sur les chemins, se détournant des métiers qu'ils avaient appris pour devenir pêcheurs d'hommes. Ils ont dû être intrigués par la personne de Jésus pour le suivre ! Pourtant d'autres ont passé à côté de ce Jésus sans rien voir !

    Peut-être les croyants sont-ils fous !? Ne voient-ils pas de l'extraordinaire dans des événements extrêmement banals ? Un buisson qui brûle dans le désert, un nouveau-né pauvre, un vagabond qui se prend pour un prêcheur itinérant.

    Voir Dieu dans un feu, dans une naissance, dans un condamné en croix, n'est-ce pas une folie ? n'est-ce pas contraire à toute logique ? Oui, selon la sagesse, la logique humaine du monde qui ne veut croire que ce qu'on voit, qu'on touche, qu'on peut calculer. C'est vrai : "le monde a été incapable, au moyen de la sagesse humaine, de reconnaître Dieu là où se manifestait la sagesse divine" (I Co 1:21) nous rappelle l’apôtre Paul.

    C'est pourquoi Dieu a choisi de parler à l'être humain par énigmes, par des événements improbables qu'il faut déchiffrer et interpréter.

    Tout ce qui nous arrive peut être appréhendé, compris "selon la sagesse humaine" — et la science prétend tout pouvoir expliquer, depuis notre origine jusqu'à nos maladies — ou bien tout peut être abordé avec les yeux de la foi et compris avec Dieu en arrière-fond... ou même avec Dieu sur le devant de la scène.

    La foi, c'est oser voir Dieu à l'oeuvre dans nos vies. La foi, c'est voir Dieu dans cet enfant de Noël. Noël, c'est voir Dieu dans ceux qui nous côtoient. Noël, c'est voir Dieu dans ce qui nous arrive et grandir en confiance. Alors ouvrons les yeux !

    Joyeux Noël !

    © Jean-Marie Thévoz, 2017

  • 1 Rois 10. Une rencontre qui transforme !

    1 Rois 10
    1.2.2015
    Une rencontre qui transforme !

    1 Rois 10 : 1-10+13        Luc 11 : 29-32

    Télécharger ici le texte : P-2015-02-01.pdf

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    En ce dimanche Terre Nouvelle, DM-Echange et Mission nous invite au voyage et à la rencontre. Il nous invite à suivre la rencontre de la reine de Saba avec Salomon et de découvrir tout ce qui se passe dans cette rencontre et ce que cela peut nous apprendre sur la mission, sur les voyages d’échange avec d’autres pays.
    Dans ce récit, on voit donc que la reine de Saba décide de se rendre à Jérusalem pour voir le grand roi Salomon. Les traditions divergent quant au pays ou à la région d’où elle provient ; sa réputation a fait que plusieurs pays se l’approprient, notamment le Yémen et l’Ethiopie. 
    L’important, c’est que c’est une grande reine et qu’elle est décidée à faire impression sur Salomon, autant sur le plan intellectuel — elle a préparé une épreuve et des énigmes — que sur le plan de la richesse — elle arrive avec une caravane chargée de cadeaux aussi précieux qu’onéreux. Mais cela ne se passe pas comme elle l’avait prévu. C’est elle qui tombe dans l’admiration. Elle est épatée, séduite par la sagesse de Salomon (certaines traditions voient plus large et plus intime, quand elles disent qu’elle mettra au monde un fils de Salomon au retour dans son pays).
    Ce qui est remarquable dans ce récit, c’est la transformation de la relation au fil du temps de la rencontre. Au départ, la reine de Saba se déplace pour lancer un défi au roi Salomon. Elle vient avec sa supériorité. Elle est persuadée que son savoir et son intelligence sont supérieurs à ceux de Salomon. Elle va le mettre au défi de répondre à ses questions, elle va le mettre à l’épreuve. Ensuite, elle lui apportera les solutions.
    Dans notre aide aux « pays en voie de développement » n’est-ce pas comme cela que nous faisons ? Ne sommes-nous pas persuadés — avant de partir — que nous pouvons leur apporter des solutions, avant même d’être arrivés et de les avoir entendus ? On part souvent avec l’idée d’être supérieurs et cela conduit à dominer l’autre.
    Autre écueil qui est emblématique des rencontres qu’on peut faire lorsqu’on voyage dans un pays étranger : on arrive avec ce qu’on a lu dans les livres, ce que des amis nous ont raconté, ou ce que nous pensions en préparant le voyage. Des ouï-dire, des récits, voir des préjugés C’est ce qui arrive à la reine de Saba : « Alors elle dit au roi : « Dans mon pays, j'avais entendu parler de toi et de ta sagesse, mais avant d'être venue voir de mes propres yeux, je ne croyais pas ce qu'on me disait. Or tout cela était bien vrai, et même on ne m'en avait pas raconté la moitié : ta sagesse et ta prospérité dépassent tout ce que j'avais entendu dire. » (1 R 10:6-7). La rencontre réelle transforme les choses, en tout cas si on est ouvert !
    Rencontrer l’autre tel qu’il est, l’écouter répondre, l’écouter parler de lui, de son pays, de sa situation, cela transforme la rencontre, parce qu’on se met à rencontrer une personne et plus la représentation abstraite d’une nation. C’est ainsi que la reine de Saba ouvre son cœur, dit le récit. Elle découvre Salomon, sa cour, son palais, sa réalité. Et elle se met à l’apprécier, peut-être à l’aimer. En tout cas, elle a réalisé la distance entre l’image qu’elle avait par ouï-dire et la personne réelle en face d’elle. Elle passe du fantasme à la connaissance, du préjugé à la réalité.
    Cela la conduit à dire à Salomon ce qu’elle apprécie, ce qu’elle aime. Elle lui tresse des louanges et lui adresse une bénédiction et une confession de foi (v.9). La vraie rencontre, lorsqu’on laisse tomber son propre savoir projeté, pour rencontrer vraiment l’autre, conduit au moins à la compréhension, souvent à l’admiration ou à l’émerveillement. Et cela conduit au plaisir d’être ensemble, de partager du temps, de la présence.
    Et cela ouvre sur le temps des cadeaux. On savait dès le début que la reine de Saba était venue avec une caravane chargée de riches cadeaux. Mais elle ne les a pas tout de suite offerts. Elle a attendu. Le risque des cadeaux offerts en préambule, avant que des liens ne se tissent, c’est qu’ils soient perçus comme une façon d’acheter l’amitié, de se rendre favorable. C’est ce qui se passe lorsque Jacob revient à la rencontre d’Esaü en se faisant précéder de cadeaux (Gn 33).
    Ici les cadeaux arrivent vraiment comme un acte de reconnaissance. C’est la joie de donner parce qu’on a déjà beaucoup reçu à un autre niveau. On rencontre cette même problématique en théologie lorsqu’on discute du salut par la foi ou par les œuvres. Quelle est la place des œuvres, parce que la foi n’est rien sans les œuvres dit Jacques (Jc 2:14-20) ? Le protestantisme a tranché en disant que les œuvres ne peuvent pas acheter le salut mais que les œuvres sont la réponse reconnaissante d’avoir reçu le salut par grâce. Les cadeaux arrivent ici comme signes de reconnaissance.
    On est frappé par l’énormité des cadeaux, 3,5 tonnes d’or, plus les parfums, les aromates, etc. C’est juste fou ! N’a-t-elle pas peur de s’appauvrir ? Et bien non ! Parce qu’elle est dans un autre registre que celui de l’économie d’épicerie. Dans l’économie d’épicerie, ce que je dépense, je ne l’ai plus, une fois que j’ai mangé ce que j’ai acheté. Chaque fois qu’une pièce sort de mon porte-monnaie, je m’appauvris.
    La reine de Saba est dans une autre économie, une économie relationnelle, où chaque sortie (dépense) est un enrichissement. S’il faut comparer cela avec une autre partie de l’économie financière de notre monde, on peut le comparer à une économie d’investissement. Ce qui sort du porte-monnaie est investi et produit de nouvelles richesses. Comme la personne qui achète un appartement pour le louer, elle va recevoir chaque mois un loyer.
    Ce récit, en nous parlant de cadeaux et de relations nous invite à entrer dans l’économie relationnelle où plus nous donnons, plus nous recevons en échange. Plus nous donnons de nous-mêmes dans les relations, plus les autres se rapprochent de nous et nous donnent en retour. Il n’y a pas de perdants (sauf ceux qui refusent d’entrer dans les échanges), il n’y a que des gagnants.
    C’est ce que Jésus nous répète lorsqu’il nous dit que Dieu nous aime. Il nous invite à entrer dans cette économie relationnelle qui est à l’opposé de notre économie mondiale fondée sur la pénurie et la peur de perdre. Dieu est amour, il a un amour infini, qui ne manque jamais. Ne laissons pas nos relations être formatées par le langage de pénurie du monde économique. Osons la rencontre, osons les échanges et le don.
    Amen

    L’impulsion de cette prédication m’a été donnée par le dossier de DM-Echange et Mission :
    Pistes de travail pour le culte du 25 janvier 2015 : Quand le voyage est prétexte à la rencontre de l'Autre.


    © Jean-Marie Thévoz, 2015