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  • Le Christ donne à l'Eglise des personnes

    (26.1.2003) Ephésiens 4

    Le Christ donne à l'Eglise des personnes

    Matthieu 13 : 31-32.   Ephésiens 4:1-6.    Ephésiens 4: 7 et 11-16

    télécharger le texte : P-2003-01-26.pdf

     

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,

    Un des principes fondateurs du protestantisme est le recours à la Bible comme première et dernière instance pour dire le "vrai" en matière de "doctrine", de ce que nous avons à penser et à croire. L'Ecriture seule [sola scriptura] est la mesure, le tuteur, l'inspiration pour définir notre foi, notre vision de Dieu et ce que doit être notre service.

    Tout ce que nous avons construit et construisons encore — en tant qu'individu ou en tant qu'Eglise — doit être évalué, examiné, critiqué ou rénové [réformé] en fonction de ce que la Bible nous dit.

    Dans un temps où le travail de l'Eglise est de plus en plus souvent remis en cause — cela a été le cas du travail missionnaire, le travail de l'Eglise en dehors de nos frontières; c'est le cas depuis la mise en place d'EaV pour notre travail, ici, en interne — il est important de relire dans la Bible les textes qui nous parlent de l'Eglise comme celui d'Ephésiens 4.

    Avant d'aborder le contenu très riche de ce texte, j'aimerais rappeler cette phrase célèbre du théologien catholique Alfred Loisy : "Jésus annonçait le Royaume et c'est l'Eglise qui est venue." On entend souvent cette phrase dite sur un ton désabusé, comme si l'Eglise était un échec par rapport à l'annonce du Royaume. Ce n'est pas ce que voulait dire Alfred Loisy.

    Le décalage existe entre le Royaume et l'Eglise, mais l'important : c'est que nous en soyons conscients, pas que nous pleurions sur ce décalage. Le Royaume est encore devant nous, comme un but et une espérance. l'Eglise est présente, non comme un but, mais comme un moyen.

    Jésus proclamait la venue de son Règne, l'Eglise est la communauté de ceux qui l'espèrent et l'attendent (mais pas les bras croisés). Comme l'arbre de la parabole qui vient d'une graine insignifiante, l'Eglise est promise à la croissance à partir de nos personnes, même si nous nous considérons comme insignifiants — ce qui n'est pas le regard que Dieu a sur nous.

    Le texte d'Ephésiens 4 nous rappelle d'abord l'unicité de Dieu qui nous appelle à l'unité des croyants dans la communauté. Cette unité — un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême — est le fondement de la communauté.

    Cette unité ne se fait pas dans l'uniformité. L'unité est l'attachement à la même source qui est le Christ et au même but qui est la proclamation de la bonne nouvelle. Entre la source et le but se trouve la diversité des personnes et des chemins.

    "Le Christ a fait des dons particuliers, il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, évangélistes, pasteurs, catéchètes, etc..." (Eph 4:11).

    Le Christ donne à l'Eglise des personnes avec chacune des particularités et des compétences différentes pour faire croître l'ensemble. L'Apôtre parle là de "peuple de Dieu" puis de "corps." L'Eglise est avant tout une communauté, une communauté qui est invitée — d'abord dans le concret — à se soutenir, se supporter les uns les autres.

    L'Apôtre ne plane pas dans les nuages, il sait les difficultés à être ensemble. Mais il ne doute pas de la générosité de Dieu, il sait les dons du Christ. Ces personnes données à l'Eglise — dans l'énumération qui est faite — ont pour tâche la proclamation de la Parole.

    L'Apôtre n'a pas le souci de structurer l'Eglise. L'unité de l'Eglise ne repose pas sur son organisation, mais sur l'Evangile partagé dans la communauté. Les vocations des uns et des autres — et chacun trouve sa vocation particulière — ont pour buts le service chrétien et la progression dans la foi. Deux buts différents, mais indispensables l'un à l'autre : l'action et l'enrichissement de l'être. La progression de la foi nourrit le service et le service apporte à la foi la dimension de l'amour fraternel.

    Aujourd'hui, nous recevons deux personnes qui sont parties — au nom des Eglises de chez nous — au Cameroun. Je pourrais ici vanter leur vocation et leur service, leur travail et leur engagement. J'aurais peur de le faire — non pas parce qu'ils manqueraient de l'un ou de l'autre, mais parce que cela nous sert trop souvent d'alibi pour cacher ou dévaloriser notre vocation personnelle.

    Il n'y a pas besoin d'être missionnaire au loin ou occuper la chaire comme ministre pour pouvoir se dire qu'on a une vocation. La vocation n'est pas réservée à quelques-uns ! C'est l'ensemble du peuple de Dieu qui est appelé à grandir afin que chacun puisse parvenir à ce que l'Apôtre appelle : le stade d'adulte dans la foi.

    L'adulte dans la foi est celui qui a trouvé des repères suffisamment solides pour ne pas être ballotté au gré des différentes affirmations qu'il peut entendre autour de lui.

    Etre adulte dans la foi, c'est savoir ce qu'on a soi-même reçu du Christ et savoir trouver sa place dans la communauté — c'est-à-dire être conscient de sa vocation et du lieu de son service.

    Dans la communauté, où s'exerce un seul baptême, nous sommes tous des baptisés égaux dans l'amour reçu du Christ, et tous également porteur d'une vocation, pour des fonctions diverses.

    En ce dimanche missionnaire, où nous prions pour l'avancement du Règne de Dieu, où nous consacrons une partie de nos biens à soutenir le ministère de ceux qui partent à l'étranger, au travers du Département Missionnaire, n'oublions pas notre responsabilité personnelle d'agir ici, dans notre vie de tous les jours pour faire rayonner l'Evangile.

    "Ainsi — comme le dit l'Apôtre — lorsque chaque membre agit comme il le doit, le corps entier grandit et se développe par l'amour." (Eph 4:16)

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2021