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  • Petite introduction à l’Apocalypse

    Apocalypse 1

    11.11.2018

    Petite introduction à l’Apocalypse

    Apocalypse 1 : 9-13+17-18        Apocalypse 6 : 9-17        Apocalypse 7 : 9-17

     

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    Chers frères et sœurs en Christ,

    S’il y a un livre difficile à lire dans la Bible, dans le Nouveau Testament, c’est bien le livre de l’Apocalypse. Ceux d’entre vous qui suivent les lectures de Pain de ce Jour l’on sûrement éprouvé ces derniers jours. Dans l’Apocalypse nous sommes bombardés d’images : trompettes, lampes, étoiles, anges, chevaux, livres, sceaux, robe blanche, Agneau etc. Le risque, c’est d’être noyé sous ces images et de perdre la vue d’ensemble, la visée générale de cette révélation (ce qui est le sens du mot apocalypse, révélation et non pas catastrophe).

    Cette révélation est reçue par Jean de Patmos, qui n’est pas Jean l’évangéliste. Jean a été persécuté et a dû s’exiler sur l’île de Patmos où il reçoit cette révélation. S’il faut une révélation pour comprendre ce qui ce passe, cela signifie que le monde n’est — à ce moment-là — pas directement compréhensible.

    En fait les Eglises sont persécutées par le pouvoir romain en raison de leurs croyances et de leurs pratiques. Aimer son prochain fait de vous une cible pour la violence de l’État. C’est donc le monde à l’envers. N’importe quoi peut vous tomber dessus. C’est dans cet univers violent et chaotique que Jean fait entendre sa révélation.

    Dans ce contexte de persécution, d’injustice, le message de Jean c’est que — sous une couverture d’absurde — les choses ont un sens. Sous le chaos, il y a une autre réalité, celle de Dieu. Il y a une espérance dans le désespoir actuel ; il y aura une réhabilitation après les traitements injustes ; il y aura un retour des valeurs de justice après la violence.

    Les valeurs chrétiennes ont toujours du sens, elles restent bonnes, même si elles sont cause de malheur dans le temps présent. Ce n’est pas parce que les tyrans, les méchants ont l’avantage — en ce moment— que le mal est bien. Ce n’est pas parce que les méchants réussissent, ont du succès, qu’il faut les imiter et abandonner les valeurs éthiques.

    Les valeurs chrétiennes — celles qui sont énoncées dans les Béatitudes — sont à première vue des valeurs « faibles », c’est-à-dire qu’elles n’ont aucun poids, aucune persuasion contre les gens violents. En surface elles paraissent faibles et nulles. Mais dans le fond, elles donnent tout son sens à la vie humaine et relationnelle.

    Le message de Jean dans l’Apocalypse vient dire que Dieu est toujours derrière ces valeurs — aussi faibles qu’elles puissent paraître dans un monde violent et destructeur. En fin de compte, ce sont ces valeurs des Béatitudes qui l’emportent. C’est la force faible de l’Agneau.

    L’Agneau est la figure centrale du livre de l’Apocalypse. L’Agneau représente le Christ, une figure paradoxale qui finira par régner sur univers. Le pouvoir de l’Agneau est encore caché dans ce monde. Mais l’Apocalypse lève le voile sur ce règne présent et futur. Règne caché dans le présent, révélé dans le futur. L’exemple de ce mouvement « caché–révélé », c’est la vie et la mort du Christ, l’Agneau de la Pâque « immolé pour nos péchés » selon les formules liturgiques.

    Au sein des persécutions, Jésus est présent aux côtés des persécutés puisqu’il a vécu le même calvaire. Il a enseigné, il a été rejeté, persécuté. Il a été mis à mort et Dieu l’a ressuscité. Nous le récitons ainsi dans le Symbole des Apôtres : «il est né de la vierge Marie, il a souffert sous Ponce Pilate, il a été crucifié, il est mort, le troisième jour il est ressuscité des morts, il est monté au ciel, il siège à la droite de Dieu. »

    C’est l’exemple de vie donné par Dieu et celle de l’Agneau, figure faible, mais qui manifeste le règne de Dieu : une image paradoxale ; un antidote à tout pouvoir tyrannique ; un exemple pour chaque être humain.

    Il n’est pas attendu de chaque être humain d’être un héros, surtout dans les persécutions. À l’image de l’Agneau il est possible d’accepter nos faiblesses, nos vulnérabilités, nos infirmités. Être faible comme un agneau, ce n’est pas négatif aux yeux de Dieu, c’est être à l’image du Christ.

    Dieu se méfie de ceux qui prétendent être des surhommes. Il a une attention toute particulière à tout ce qui est perdu, vulnérable, faible, dépendant. Pour ceux-là, Dieu promet une robe blanche, un avenir, une réhabilitation. Celui qui ne se sent pas assez fort pour s’en sortir par lui-même, c’est celui vers qui Dieu se penche et qu’il relève.

    Jean donne un message pour ses contemporains, persécutés comme lui : tenez ferme dans vos convictions, le Seigneur finira par les faire triompher, les tyrans seront vaincus.

    Ce qu’on peut traduire de différentes façons aujourd’hui :

    - Le droit, à long terme, a plus d’avenir que la violence déchaînée.

    - La démocratie, toute fragile quelle est face à la violence, est le moins mauvais système politique.

    - Dans le sport, celui qui arrive en trichant n’aura pas la même saveur de la victoire que celui qui y arrive avec fair-play.

    Jean nous dit, au fond, que le bonheur n’a rien à voir avec la réussite telle que la société la conçoit. Le bonheur est dans l’application des valeurs évangéliques celles que Jésus l’Agneau a mises en pratique, dans l’abaissement, le service et le don de soi. C’est cela que Dieu valorise toujours.

    Jean appelle ceux qui sont dans le malheur et victimes d’injustices à en appeler à Dieu, à attendre de Dieu le relèvement, la réhabilitation. Car derrière le chaos du monde et des malheurs, Dieu est toujours attentif à nous. Les valeurs des Béatitudes continuent à avoir du prix, même quand ces valeurs sont moquées et bafouées par une société du succès et de l’apparence.

    Jean nous appelle à ne pas désespérer, car le plan de Dieu est la réhabilitation de toutes les victimes, et l’établissement de la Jérusalem céleste où « Dieu effacera toutes larmes de leurs yeux.» (Apoc 7:17)

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2018