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conte de noël

  • Conte : Ce soir c’est Noël !

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    25.12.2013
    Conte : Ce soir c’est Noël !

    Jean 1 : 10-15    Phil 2 : 5-11
    Télécharger le texte ici : P-2013-12-25.pdf


    Il faisait froid, ce soir-là. Un fin grésil fouettait les troncs nus des platanes des avenues. Le vent glacé soulevait la neige à peine tombée. On ne voyait que des ombres traverser les lignes de lumières dessinées sur la chaussée par les fenêtres décorées.
    Les derniers passants pressaient le pas pour rentrer chez eux, des paquets à la main. Chacun n’avait qu’une envie, se retrouver vite chez soi, avec les siens, au chaud, si possible avec un feu crépitant dans la cheminée. Dans les maisons les tables étaient dressées, les bougies allumées. Un fumet délicieux sortait des cuisines et aiguisait l’appétit des convives. Tout était prêt pour le réveillon de Noël.
    Pendant ce temps, un homme marchait seul dans les rues. Le dos courbé, luttant contre le vent et le grésil aiguisé, il traversait la ville sans s’arrêter nulle part. Personne ne l’attendait : Riton —c’était son nom— n’avait ni famille, ni maison.
    Sans s’inquiéter des gens qui, çà et là, le regardaient passer de derrière leurs fenêtres illuminées, il poursuivait sa route dans la neige et le froid. Et tandis qu’il soufflait dans ses mains pour se réchauffer, les flocons qui tombaient se mêlaient à sa barbe. Mais le vieil homme n’était pas tout seul dans cette nuit glacée…
    Un petit chien le suivait dans ses traces. Ses pas étaient silencieux dans la neige. Si la neige n’avait pas été sale d’avoir été piétinée toute la soirée, on n’aurait même pas vu sa fourrure blanche s’y détacher. D’où venait-il ? Que faisait-il là ? Il semblait avoir fait un bien long voyage. Ce n’était pas un chien errant puisqu’il portait un collier, un beau collier même, avec une étoile qui brillait dans sa fourrure de neige. Riton se retourna en entendant un léger jappement. Et quand il aperçut le chien, son visage s’éclaira.
    — Tu t’es perdu, dit ? » Et Riton se baissa vers lui, lui prenant la tête entre les mains.
    — Salut toi, oui, bon chien, bon chien, toi. D’où tu viens ? Qu’est-ce que tu fais là tout seul par ce blizzard ? Oh, tu en as une belle étoile à ton collier ! Eh bien, viens avec moi, ne reste pas tout seul. » Le petit chien jappa tout en le regardant. Et il le suivit. Ensemble, ils reprirent leur marche dans le froid et le vent.
    Riton emmena le chien jusqu’à la cabane de planches et de tôles qui lui servait de refuge, en marge de la forêt sombre. Riton fit entrer le chien et ils s’installèrent, lui sur le tas de couvertures qui lui servait de lit, le chien par terre sur les morceaux de moquettes récupérées de droite et de gauche. Et là, Riton sortit de son sac de toile un morceau de pain et un bout de saucisson, il les partagea avec son nouveau compagnon.
    — Tiens ! dit-il. Voilà tout ce que j’ai pour notre réveillon ! Bon appétit quand même ! » Puis, comme c’était le soir de Noël, il raconta encore un conte d’autrefois, celui qu’il préférait quand il était petit.
    Le vent soufflait toujours, de plus en plus fort, de plus en plus froid. Des courants d’air froid passaient entre les planches.
    — Viens ! murmura Riton en remontant le col de son vieux manteau. Viens avec moi sur le lit, on se tiendra chaud. » Longtemps ils restèrent là, bien au chaud dans les couvertures.
    Mais soudain, une voix retentit :
    — N’aie pas peur, ne crains rien, écoute-moi… Je ne suis pas un chien, en fait. Je suis un magicien ! J’ai de grands pouvoirs. »
    — Toi ? Tu es magicien ? » s’étonna le vieil homme ? « Mais que fais-tu là, avec moi ce soir ? »
    — Je vais t’expliquer. J’ai pris ce soir l’apparence d’un chien pour offrir un merveilleux cadeau à celui qui m’accueillerait. Mais partout les portes étaient closes et les gens trop pressés. Toi seul t’es intéressé à moi, toi seul tu t’es montré bon avec moi. Toi seul tu as partagé ton repas de Noël avec moi. Alors, pour te remercier, je vais exaucer ton vœu le plus cher. Dis-moi ce que tu veux et je te le donnerai. »
    — Oh, j’ai la route devant moi, j’ai toute ma liberté, j’ai le ciel au-dessus de moi… je n’attends plus grand-chose d’autre. Je n’ai besoin de rien, répondit Riton.
    — Oh, ne me déçois pas, lui dit le magicien, il y a sûrement quelque chose que tu désires ?
    — Eh bien, vu que tu es là, eh bien… j’aimerais… j’aimerais bien avoir un chien comme toi. J’aimerais bien avoir un compagnon qui te ressemble. Si tu le peux, offre-moi un chien ! »
    Dehors, le vent se tut. Et dans le silence, Riton entendit la cloche de l’église, au loin, qui sonnait minuit. Il regardait le chien blanc, avec l’étoile de son collier qui scintillait. Il ne pouvait croire que ce chien était autre chose qu’un chien.
    De son côté le magicien avait la tête qui lui tournait. Allait-il accomplir le vœu de Riton ? Un chien pour compagnon… était-ce vraiment son désir le plus cher ? Il doit faire bon, sans doute, être l’ami de cet homme-là, pensa le magicien. Alors, tandis que résonnait le douzième coup de minuit, le magicien se décida. Il abandonna tous ses pouvoirs, à jamais.
    Et au lever du jour, le vieil homme repartit… et son chien blanc le suivait. Jamais l’étoile de son collier n’avait autant brillé, mais les yeux de Riton brillaient bien plus encore.
    - - - - - - -

    D’après le récit de la BD : Ce soir c’est Noël, Dominique Marchand et Albrecht Rissler - Editions Nord-Sud, 2000
    © Jean-Marie Thévoz, 2013

  • Conte : Adam réveille-toi !

    Esaïe 9
    22.12.2013
    Conte : Adam réveille-toi !
    Esaïe 9 : 1-2+5-6     Esaïe 7 : 10-14     Esaïe 60 : 1-5

    Télécharger le texte ici : P-2013-12-22.pdf

    Dans le pays de l’ombre, il fait tout noir ! Dans la shéol, c’est comme dans une caverne lorsque la dernière torche s’est éteinte. Tout est noir, tout est immobile. Pourtant il y a du monde dans ce séjour souterrain puisqu’il rassemble tous ceux qui ont quitté la surface de la terre. Mais tout le monde est immobile, parce que — dans le noir — si on bouge on se cogne et on se fait mal. Alors tout le monde dort, d’un sommeil qui ne respire pas, d’un sommeil qui ne bouge pas, d’un sommeil qui pèse des milliers de tonnes. Pourtant, là-bas, au bord de la frontière, une femme se met à bouger... elle lève la tête... elle se redresse... et bouscule le compagnon qui partage sa couche :
    -    Adam ! Réveille-toi ! Réveille-toi !
    -    Oh ! Laisse-moi tranquille ! Voilà des siècles que je dors ! Je ne vais quand même pas me réveiller maintenant !
    -    Si ! Adam ! Réveille-toi !
    -    Oh ! Eve ! Tu ne vas pas me refaire le coup de la pomme ! Laisse-moi tranquille !
    -    Adam ! Je t’en prie ! Regarde là-bas, la lumière ! Tu ne vois pas ? C’est comme au matin du sixième jour, quand je t’ai découvert dans le jardin, il y avait cette lumière-là au fond de tes yeux...
    -    Tu as raison... la lumière de Dieu est en train de revenir... elle illumine ton visage...

    Dans le pays de l’ombre, il y a une mer, une mer très sombre, une mer qui a l’air de vouloir engloutir tous ceux qui l’approchent. Au bord de l’eau, un homme est figé, avec sa femme et ses trois fils. Comment est-il possible de dormir au bord de ces eaux qui secouent en furie leurs tentacules de mort ?... Et soudain, les eaux s’apaisent, peu à peu... Le bruit du silence réveille la dormeuse... elle secoue son compagnon :
    -    Noé ! Ecoute !
    -    Tu es folle, ma femme ! Il n’y a aucun bruit ! Par contre, je vois...
    -    Que vois-tu ? Tu es fou, Noé ! Tu sais bien que dans cette obscurité, il n’y a rien à voir !
    -    Si, regarde, là-bas ! Du rouge... rouge comme le couple de colibris entré dans l’arche au dernier moment...
    -    Oh ! Je vois de l’orangé... orange comme la petite grenouille à trois doigts qui sautait partout... et du jaune comme les plumes des canaris...
    -    Regarde, le vert... vert comme les feuilles du rameau d’olivier rapporté par la colombe... et aussi le bleu... un bleu profond comme celui des ailes de la libellule...
    -    Et du violet... violet comme l’étrange papillon posé sur le rebord de la fenêtre de l’arche...
    -    La lumière de Dieu est en train de revenir... Regarde ce bel arc-en-ciel... l’alliance se renouvelle.

    MUSIQUE

    Dans le pays de l’ombre, il y a un ciel, un ciel très noir, un ciel déprimé et déprimant. Pourtant, tout à coup, on entend un rire, un rire de femme, un rire clair jaillissant comme une source :
    - rire de femme
    -    Sarah ! Tais-toi ! Qu’as-tu à rire pareillement ? Notre fils est grand  depuis longtemps... Tu n’es tout de même pas enceinte une nouvelle fois ?
    -    Non, Abraham ! Non ! Mais lève les yeux au ciel ! Une étoile est revenue !
    -    Une étoile ? C’est impossible, pas ici.
    -    Si, une étoile comme toutes celles que Dieu t’avait fait voir pour t’indiquer que tu serais le père d’un grand peuple.
    -    Oui ! Le père de tous les croyants... Oui, je suis le père de tous les croyants... Mais cette étoile elle est toute seule ! Mais c’est vrai qu’elle est bien plus brillante que toutes celles que j’ai vues autrefois. Tu crois que Dieu veut nous annoncer une bonne nouvelle ?
    -    Serait-ce encore une naissance ?
    -    Tu es folle, Sarah ! Rien ne naît au pays de l’ombre !
    -    Attention, Abraham, si tu doutes, tu vas perdre ton titre de « père des croyants » !

        On ne peut pas sortir du pays de l’ombre. C’est un endroit complètement clos, fermé par les portes de la mort. Jacob, lui, a trouvé un moyen : il s’évade par le haut ! Il dort, avec une échelle à côté de lui. Quand il était vivant, il avait dormi ainsi à Béthel et il avait eu un songe... le songe de sa vie : pensez donc, il avait vu Dieu !
    Une échelle était dressée sur la terre et le sommet de cette échelle atteignait le ciel... Des anges montaient et descendaient... et Dieu lui avait parlé ! Il n’est pas interdit de refaire le même rêve plusieurs fois. Alors, Jacob ne se lasse pas. Il rêve qu’il monte en gravissant les échelons de son échelle. Il monte vers le ciel, il monte dans ce royaume de lumière...
    Mais ce soir, c’est différent. Il n’a pas l’impression de dormir et pourtant il voit des anges, comme à Béthel ! Il voit des anges qui descendent vers la terre, ils se préparent à chanter pour des bergers.
    -    C’est sûr, dit-il en se redressant, si je vois des anges descendre vers la terre, c’est que Dieu va parler une nouvelle fois ! Et il entend les anges chanter : « Gloire à Dieu et Paix sur la terre. »

    MUSIQUE

    Dans le pays de l’ombre, il fait froid et il est impossible de faire du feu. Çippora, glacée comme la mort, dort à côté de Moïse... Soudain, elle se réveille... surprise par une chaleur douce qui vient lui lécher les pieds...
    -    Moïse ! Regarde ! Des bergers qui gardent leurs troupeaux ! Ils ont allumé un feu pour se réchauffer ! Regarde ! Ils ont même un petit mouton noir... comme toi quand tu faisais paître le bétail de mon père dans le pays de Madiân... Moïse, il y a si longtemps que nous n’avons pas vu un bon feu !
    -    Oh, Çippora ! Ce feu a quelque chose d’extraordinaire ! Sa chaleur est si enveloppante !... Tu sais, il me rappelle un autre feu, celui que j’avais vu sur la montagne de l’Horeb, tu sais le feu dans le buisson... Serait-ce « Je suis » qui revient ? Dieu... le Dieu de nos pères... le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob...
    -    Moïse ! Ce feu a été allumé par des bergers... pas par Dieu !
    -    Oui, ma douce ! Mais tu sais que Dieu a un petit faible pour les bergers : Il a aimé l’offrande d’Abel, il a parlé en songe à notre père Jacob, il a donné une mission importante à son fils Joseph... et à moi ! Si tu as été réveillée, ma belle, de ce sommeil glacé, c’est que Dieu va venir !

    Dans le pays de l’ombre, personne ne chante. Il n’y a pas d’oiseaux, pas de cascades, pas de brise légère pour charmer les oreilles. Il n’y a pas de musique. Pourtant, dans un coin, il y a une cithare. Un homme a posé sa main dessus et dort ainsi, profondément. Cet homme n’est pas n’importe qui : il a gardé sur la tête une couronne... qui ne lui sert pas plus que la cithare à laquelle il s’accroche. Cet homme a d’abord été le petit David musicien qui s’occupait des moutons de son père. Puis il est devenu roi d’Israël... un grand roi.
    David, tout à coup, sort de son sommeil et se met à chanter :
    « La ténèbre n’est pas ténèbre devant toi, la nuit comme le jour est lumière. » (Ps 139:12)
    Puis David se met à danser en tournoyant comme le jour où il s’est installé à Jérusalem :
    -    « Mon âme, bénis l'Éternel! Que tout ce qui est en moi bénisse son saint nom!  Mon âme, bénis l'Éternel, Et n'oublie aucun de ses bienfaits ! » (Ps 103:1-2).

    MUSIQUE

    Dans le pays de l’ombre, personne ne parle. Les mots ont été tués. Il est interdit de s’exprimer. Il n’y a aucune place pour la parole venant du cœur. Quand Esaïe est arrivé dans ce pays-là, il a eu beaucoup de mal à se taire. Même couché là, au milieu des autres, il parle encore. Car Esaïe est un prophète, c’est-à-dire celui qui parle devant, au nom de Dieu. Alors, Esaïe parle en dormant... c’est à peine si on l’entend... de toutes façons, entend-on les prophètes, même quand ils sont réveillés ? Soudain, Esaïe se dresse et crie :
    -    « Pour l'amour de Sion je ne me tairai point, Pour l'amour de Jérusalem je ne prendrai point de repos. Jusqu'à ce que son salut paraisse, comme l'aurore, Et sa délivrance, comme un flambeau qui s'allume. » (Es 62:1)
    Jérémie, qui dort non loin de là le fait taire :
    -    Chut ! Esaïe ! Tu sais bien que Jérusalem passe ses nuits à pleurer, que les larmes couvrent ses joues. Personne ne la console, tous ses amis l’ont trahie.
    -    Non, Jérémie, je ne me tairai pas ! Le Seigneur vient : « Le Seigneur lui-même vous donnera un signe, Voici, la jeune fille deviendra enceinte, elle enfantera un fils, Et elle lui donnera le nom d'Emmanuel. » (Es 7:14) 
Je vous le dit, à tous, à chaque habitant du pays de l’ombre : « Lève-toi, sois éclairé, car ta lumière arrive, Et la gloire de l'Éternel se lève sur toi. » (Es 60:1)

    Tandis que le prophète parlait « on entendit le bruit d’un grand remue-ménage » (Ez 37:7) et les habitant du pays de l’ombre « reprirent vie. Ils se dressèrent sur leurs pieds et ils formaient une foule nombreuse » (Ez 37:10) comme le dirait Ezéchiel.
    Et on vit Sarah et Abraham suivre une étoile, on vit Jacob écouter des anges, on vit Çippora et Moïse habillés en bergers s’avancer vers une pauvre étable avec leurs moutons.
    Et on vit Adam, Noé et David, habillés de riches vêtements et couronnés d’or apporter des cadeaux à un enfant couché dans une crèche.
    Et on entendait au loin Esaïe dire :
    - Viens Jérémie ! Je te l’ordonne ! Viens ! Tu ne vas quand même pas laisser passer la Lumière du monde sans te bouger !
    -    La Lumière du monde ?
    -    Oui ! Regarde ce bébé, là-bas, entre son père et sa mère ! Il est la Lumière du monde !
    -    Ce bébé ? Je ne comprends pas !
    -    Tu comprendras plus tard ! Viens ! Allons adorer l’enfant qui vient de naître !
    - - - - -
    d’après Marie-Françoise Chauveau, original sur : http://ursulines.union.romaine.catholique.fr/Adam-Reveille-toi
    © Jean-Marie Thévoz, 2013