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Matthieu 26. La priorité du moment : être avec Jésus, être dans sa Présence

Matthieu 26

1.3.2009
La priorité du moment : être avec Jésus, être dans sa Présence
Ex 30 : 22-32        Mt 26 : 1-13

Chères paroissiennes, chers paroissiens,
Cette semaine, depuis mercredi dernier, nous sommes entrés dans le temps de la Passion, le temps du Carême, quarante jours depuis le mercredi des Cendres jusqu'au dimanche des Rameaux. En tant que chrétiens, nous essayons de faire de cette période un temps de réflexion et de recentrage de notre vie sur notre relation à Dieu.
Le calendrier Pain Pour le Prochain nous aide  dans cette voie en nous proposant des thèmes de méditations, des prières, des projets d'entraide. Nos paroisses organisent des soupes de Carême, pour nous réunir de manière conviviale, partager un repas léger et nous ouvrir au don, pour soutenir des projets d'entraide pour des populations moins favorisées que nous. Certaines associations nous invitent envore à renoncer à l'un de nos comportements habituels — renoncer temporairement au café, à la cigarette, au vin ou à la télé — pour nous rendre compte de la place ou de l'importance que nous accordons à cette habitude dans nos vies.
Consommer moins pour donner un peu plus à d'autres, voilà qui est bien, une bonne action qui ouvre notre esprit à nous-mêmes et aux autres ! Cela profite à tout le monde, aux pauvres, à la société, à l'Eglise et… à notre ligne. Mais n'est-ce pas un peu triste, un peu rabat-joie d'avoir à témoigner de notre attachement au Christ et à son message par la privation, le renoncement, le jeûne ?
N'est-ce pas tout cela que cette femme brise en versant un parfum de luxe sur la tête de Jésus ?
Le récit du geste extra-ordinaire de cette femme est placé exprès au commencement du temps de la Passion. Jésus vient d'annoncer la croix pour la troisième fois. Les autorités complotent pour arrêter Jésus sans faire de vagues. Jésus s'est retiré à Béthanie, comme en retraite, avant sa dernière Pâque à Jérusalem.
Et là une femme — anonyme dans le récit de Matthieu — oint la tête de Jésus d'une huile parfumée hors de prix. Cela nous rappelle le Ps 23 "Tu m'accueilles en versant sur ma tête un peu d'huile parfumée" (Ps 23:5). Un geste d'hommage de l'hôte à son invité.
Cette femme accueille la présence de Jésus, lui rend hommage, l'honore d'un geste et d'un cadeau sans prix, à la mesure de la grandeur de son invité. Mais cette démesure, cet excès choque les disciples. Les disciples ont bien enregistré les paroles de Jésus, tout son programme de partage et d'entraide. Les disciples sont de bons soldats zélés et obéissants, ils savent ce qui est utile et bon, ce qui leur est demandé : aider les autres, aider les pauvres.
Mais parmi cette assemblée, seule cette femme réalise ce qui se passe réellement, seule cette femme voit que ce programme ne tient qu'à la personne de Jésus.
En versant de l'huile parfumée sur la tête de Jésus, non seulement elle l'honore, mais elle le place à nouveau au centre de tous les regards, au centre des préoccupations de tous les disciples. Rien d'autre n'est important — en ce moment — que ce Jésus dont nous partageons les derniers instants.
Jésus va reformuler ce geste — pour détourner les disciples de leurs considérations éthiques, valables, mais déplacées — avec ces mots : "vous aurez toujours des pauvres avec vous, mais moi, vous ne m'aurez pas toujours avec vous" (Mt 26:11). Les disciples se trompent de priorité.
Le geste du parfum réoriente tout le monde sur la priorité du moment : être avec Jésus, être dans sa Présence.
Mais Jésus va encore plus loin, il voit encore plus loin que la femme ne pouvait voir. Au-delà de l'honneur que Jésus reçoit au travers de ce geste, il perçoit un hommage au don de sa vie qui va suivre. A ce geste excessif du parfum versé, va correspondre le don excessif de Jésus : il va verser son sang pour le salut de la multitude. A ce gaspillage du parfum va correspondre, pour les disciples, la perte de Jésus.
"Vous aurez toujours des pauvres avec vous, mais moi, vous ne m'aurez pas toujours avec vous." Vous allez me perdre — ce n'est pas le moment de discuter du prix de ce parfum. C'est le moment de parler du prix de la grâce ! C'est le moment de réaliser la grandeur du don que Jésus nous fait pour nous sauver.
Le temps du Carême, c'est le moment de réaliser la grandeur, l'étendue du don que Jésus nous fait. C'est le moment d'abandonner tous nos petits calculs, toutes nos pensées utilitaristes et comptables. C'est le moment de verser du parfum hors de prix sur la tête de Jésus.
Comment vivre le temps du Carême avec la joie débordante de cette femme qui veut honorer Jésus ? Comment restituer à nos proches, à nos voisins le débordement de grâce, l'immensité du don du Christ dans le temps de la Passion et de Pâques ?
Si le jeûne et les renoncements nous rendent tristes et nous montrent avec des visages défaits (Mt 6:16-18) pendant ce temps de Carême, alors nous sommes dans le contre témoignage ! Qui voudrait d'un Dieu content de nous voir tristes et la mine défaite ?
Marchons sur les pas de cette femme qui marque sa joie de rencontrer Jésus, qui montre qu'on peut se réjouir de l'immensité du don de Jésus pour chacun. Le temps du Carême, c'est aussi se réjouir du don immense que Dieu nous fait de son amour. Si nous recevons pleinement ce cadeau de Dieu, nous saurons toujours quoi faire avec les pauvres.
Amen
© Jean-Marie Thévoz, 2009

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