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  • Matthieu 26. Les chemins divergents de Judas et de Pierre.

    Matthieu 26

    8.3.2009
    Les chemins divergents de Judas et de Pierre.
    Mt 26 : 14-25    Mt 26 : 31-35

    Nous sommes entrés dans le temps de la Passion et nous lisons depuis dimanche passé les récits des Evangiles qui racontent les derniers jours de Jésus. Jésus vit une dernière fois la fête de la Pâque juive avec ses disciples. Le récit nous fait suivre deux histoires en parallèle : ce que Jésus vit avec ses disciples et ce qui se prépare en coulisse pour le piéger, l'arrêter et l'exécuter.
    Jésus a conscience de ce qui se prépare derrière son dos. Il est prêt à assumer son destin, sa mission, et il essaie de préparer ses disciples, ses compagnons, à cette tragédie qui s'annonce. Jésus n'hésite pas à leur dire que les nouvelles sont mauvaises ! Il le fait par deux annonces, scandaleuses pour les disciples :
    — l'un de vous me trahira (Mt 26:21) et
    — vous allez tous m'abandonner (Mt 26:31).
    La première annonce "l'un de vous me trahira" est doublement surprenante pour les disciples. D'abord, c'est qu'il y a à l'intérieur du groupe quelqu'un qui va trahir Jésus, c'est l'un de Douze, un de ces hommes que Jésus a appelé, choisi pour faire partie de son équipe. Ensuite, personne ne sait qui c'est et tous les disciples se demandent en leur for intérieur si c'est lui. Et chaque disciple, l'un après l'autre de demander à Jésus : "Ce n'est pas moi, dis ?" (Mt 26:22). Que de doute intérieur. Que de peur aussi ! Pourrais-je le trahir d'un geste, d'une parole déplacée, quasi à mon insu ? Le pays est quand même occupé par les Romains, il doit y avoir des espions.
    Mais cela ne nous arrive-t-il pas aussi dans notre vie de tous les jours ? Nos silences gênés quand quelqu'un critique Jésus, ou l'Eglise ou les croyants ?
    Judas finit par être désigné et il est plaint par Jésus. Le traître désigné, on pourrait penser que le groupe est ressoudé et que tout va bien aller.  Non ! Jésus enchaîne : "Vous allez tous m'abandonner."
    Alors là, c'en est trop pour Pierre, le bouillonnant disciple. Lui, ça jamais, jamais il n'abandonnera Jésus, plutôt mourir que l'abandonner ! Jésus ne blâme pas Pierre, ni pour sa fierté, sa bravoure affichée, ni pour son reniement futur. Jésus dit juste ce qui est, ce qui sera : personne ne pourra résister à la pression, à la peur. Une façon de dire à tous : Acceptez-vous tels que vous êtes, acceptez-vous avec vos faiblesses et vos défaillances. Acceptez-vous tels que je vous ai choisi, tels que je vous accepte, tels que vous êtes.
    L'important n'est pas tellement ce qui va vous arriver. L'important, c'est comment vous allez réagir après ce qui va vous arriver. Les événements surgissent, les accidents arrivent, les malheurs surviennent, on n'y peut rien. La première réaction, la première émotion monte en nous et nous envahit. Elle est là, elle arrive, elle nous arrive et nous devons la découvrir et la nommer : peur, ou colère, ou tristesse, ou honte. Ce qui nous appartient, c'est ce que nous allons faire de cette réaction, de cette émotion qui est là.
    Divers chemins s'ouvrent à nous et les Evangiles nous montrent que Judas, face à la honte, a choisi la fuite, la mort. Après son geste de trahison, il n'a plus pu regarder Jésus, il n'a pas voulu affronter le regard de Jésus sur lui, il a choisi la mort.
    Pour Pierre, il nous est dit plus loin qu'il a pleuré (Mt 26:75). Pleurs de rage, de colère de ne pas avoir pu tenir sa parole "je ne t'abandonnerai jamais." Pleurs de tristesse sur lui-même "alors, je ne suis pas plus courageux, plus fort que n'importe qui ?" Pleurs de repentance "ah, comme Jésus avait raison, comme il me connaît bien, mieux que moi-même !"
    Destins opposés que ceux de Judas et de Pierre, destins opposés par les regards qu'ils portent chacun sur eux-mêmes : Judas est impitoyable avec lui-même, "après ce que j'ai fait, je ne mérite pas de vivre." Pierre est triste, mais il garde espoir, en lui-même et surtout en Jésus "il me connaît et il m'aime." Regards opposés sur Dieu. Judas désespère et craint le jugement de Dieu. Pierre espère et demande le pardon de Dieu.
    Dans ce début du temps de la Pâque et de sa Passion, Jésus avait deux mauvaises nouvelles : "l'un de vous me trahira" et "vous m'abandonnerez tous", mais il leur donne une raison d'espérer, il ajoute : "quand je serai de nouveau vivant, j'irai vous attendre en Galilée" (Mt 26:32).
    C'est bizarre comme Jésus dit à la suite "vous m'abandonnerez" et "j'irai vous attendre en Galilée." C'est que Jésus fait confiance à ses disciples — par delà leurs défaillances. Jésus leur fixe un rendez-vous. Rendez-vous en Galilée, dans votre région, dans votre village, au bord de votre lac, dans votre vie de tous les jours, je vous attendrai.
    Au-delà de nos trahisons, de nos abandons, des périodes où nous oublions, où nous nous éloignons de Dieu, au-delà de nos faiblesses, de nos échecs et de nos fuites, Jésus nous donne rendez-vous. Jésus nous attends, ici à Bussigny, à Villars-Ste-Croix, dans nos vies, dans notre famille, dans notre école, dans notre vie professionnelle, dans notre paroisse.
    Jésus nous attend au bord de notre vie, il attend que nous fassions un pas vers lui, il attend que nous lui fassions confiance, il attend que nous lui ouvrions la porte pour entrer dans nos vies, avec son amour et son pardon.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2009

  • Matthieu 26. La priorité du moment : être avec Jésus, être dans sa Présence

    Matthieu 26

    1.3.2009
    La priorité du moment : être avec Jésus, être dans sa Présence
    Ex 30 : 22-32        Mt 26 : 1-13

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Cette semaine, depuis mercredi dernier, nous sommes entrés dans le temps de la Passion, le temps du Carême, quarante jours depuis le mercredi des Cendres jusqu'au dimanche des Rameaux. En tant que chrétiens, nous essayons de faire de cette période un temps de réflexion et de recentrage de notre vie sur notre relation à Dieu.
    Le calendrier Pain Pour le Prochain nous aide  dans cette voie en nous proposant des thèmes de méditations, des prières, des projets d'entraide. Nos paroisses organisent des soupes de Carême, pour nous réunir de manière conviviale, partager un repas léger et nous ouvrir au don, pour soutenir des projets d'entraide pour des populations moins favorisées que nous. Certaines associations nous invitent envore à renoncer à l'un de nos comportements habituels — renoncer temporairement au café, à la cigarette, au vin ou à la télé — pour nous rendre compte de la place ou de l'importance que nous accordons à cette habitude dans nos vies.
    Consommer moins pour donner un peu plus à d'autres, voilà qui est bien, une bonne action qui ouvre notre esprit à nous-mêmes et aux autres ! Cela profite à tout le monde, aux pauvres, à la société, à l'Eglise et… à notre ligne. Mais n'est-ce pas un peu triste, un peu rabat-joie d'avoir à témoigner de notre attachement au Christ et à son message par la privation, le renoncement, le jeûne ?
    N'est-ce pas tout cela que cette femme brise en versant un parfum de luxe sur la tête de Jésus ?
    Le récit du geste extra-ordinaire de cette femme est placé exprès au commencement du temps de la Passion. Jésus vient d'annoncer la croix pour la troisième fois. Les autorités complotent pour arrêter Jésus sans faire de vagues. Jésus s'est retiré à Béthanie, comme en retraite, avant sa dernière Pâque à Jérusalem.
    Et là une femme — anonyme dans le récit de Matthieu — oint la tête de Jésus d'une huile parfumée hors de prix. Cela nous rappelle le Ps 23 "Tu m'accueilles en versant sur ma tête un peu d'huile parfumée" (Ps 23:5). Un geste d'hommage de l'hôte à son invité.
    Cette femme accueille la présence de Jésus, lui rend hommage, l'honore d'un geste et d'un cadeau sans prix, à la mesure de la grandeur de son invité. Mais cette démesure, cet excès choque les disciples. Les disciples ont bien enregistré les paroles de Jésus, tout son programme de partage et d'entraide. Les disciples sont de bons soldats zélés et obéissants, ils savent ce qui est utile et bon, ce qui leur est demandé : aider les autres, aider les pauvres.
    Mais parmi cette assemblée, seule cette femme réalise ce qui se passe réellement, seule cette femme voit que ce programme ne tient qu'à la personne de Jésus.
    En versant de l'huile parfumée sur la tête de Jésus, non seulement elle l'honore, mais elle le place à nouveau au centre de tous les regards, au centre des préoccupations de tous les disciples. Rien d'autre n'est important — en ce moment — que ce Jésus dont nous partageons les derniers instants.
    Jésus va reformuler ce geste — pour détourner les disciples de leurs considérations éthiques, valables, mais déplacées — avec ces mots : "vous aurez toujours des pauvres avec vous, mais moi, vous ne m'aurez pas toujours avec vous" (Mt 26:11). Les disciples se trompent de priorité.
    Le geste du parfum réoriente tout le monde sur la priorité du moment : être avec Jésus, être dans sa Présence.
    Mais Jésus va encore plus loin, il voit encore plus loin que la femme ne pouvait voir. Au-delà de l'honneur que Jésus reçoit au travers de ce geste, il perçoit un hommage au don de sa vie qui va suivre. A ce geste excessif du parfum versé, va correspondre le don excessif de Jésus : il va verser son sang pour le salut de la multitude. A ce gaspillage du parfum va correspondre, pour les disciples, la perte de Jésus.
    "Vous aurez toujours des pauvres avec vous, mais moi, vous ne m'aurez pas toujours avec vous." Vous allez me perdre — ce n'est pas le moment de discuter du prix de ce parfum. C'est le moment de parler du prix de la grâce ! C'est le moment de réaliser la grandeur du don que Jésus nous fait pour nous sauver.
    Le temps du Carême, c'est le moment de réaliser la grandeur, l'étendue du don que Jésus nous fait. C'est le moment d'abandonner tous nos petits calculs, toutes nos pensées utilitaristes et comptables. C'est le moment de verser du parfum hors de prix sur la tête de Jésus.
    Comment vivre le temps du Carême avec la joie débordante de cette femme qui veut honorer Jésus ? Comment restituer à nos proches, à nos voisins le débordement de grâce, l'immensité du don du Christ dans le temps de la Passion et de Pâques ?
    Si le jeûne et les renoncements nous rendent tristes et nous montrent avec des visages défaits (Mt 6:16-18) pendant ce temps de Carême, alors nous sommes dans le contre témoignage ! Qui voudrait d'un Dieu content de nous voir tristes et la mine défaite ?
    Marchons sur les pas de cette femme qui marque sa joie de rencontrer Jésus, qui montre qu'on peut se réjouir de l'immensité du don de Jésus pour chacun. Le temps du Carême, c'est aussi se réjouir du don immense que Dieu nous fait de son amour. Si nous recevons pleinement ce cadeau de Dieu, nous saurons toujours quoi faire avec les pauvres.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2009