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Actes 8. Même imparfaite, l'Eglise reçoit le don du Saint-Esprit.

Actes 8.

8.8.2010

Même imparfaite, l'Eglise reçoit le don du Saint-Esprit.

Actes 8 : 4-25

Télécharger la prédication : P-2010-8-8.pdf

Chères paroissiennes, chers paroissiens,

Nous poursuivons notre parcours en suivant l'apôtre Pierre dans le livre des Actes des Apôtres. Dans ce chapitre 8, nous voyons Pierre venir en Samarie pour confirmer le travail de Philippe. Pour comprendre ce voyage de Pierre, il faut revenir un peu en arrière.

Les Douze apôtres ont reçu, comme première mission, d'annoncer le Christ à Jérusalem. Comme nous l'avons vu dimanche passé, ils ont rapidement été mis en difficulté par les autorités : ils se sont vu interdire de parole au Temple et à Jérusalem. Malgré cela, ils prêchent et la situation s'envenime jusqu'à la lapidation d'Etienne (Ac 7). Une persécution sévère s'en suit qui force les croyants à fuir Jérusalem. Ils se dispersent dans les campagnes avoisinantes, en Judée et en Samarie.

Et là, ils ne purent s'empêcher de parler de leur foi… C'est là qu'on retrouve Philippe en Samarie. L'évangélisation de la Samarie n'a pas été une décision stratégique des Douze. C'est une conséquence imprévue des persécutions. L'auteur des Actes — Luc — nous montre ainsi que l'avance de l'Evangile dépend davantage de Dieu que des décisions des Apôtres. Il montre comment ce qui apparaît au premier regard comme un malheur et un échec peuvent devenir une opportunité et une chance.

Ainsi, Philippe arrive en Samarie et annonce la bonne nouvelle, par la parole et par des signes, qui sont semblables à ceux réalisés par Jésus pendant son ministère. Mais Philippe n'arrive pas sur un terrain en friche, il est déjà occupé par Simon le magicien, qui est aussi capable de faire des miracles. Les foules sont fascinées par les miracles de Simon. Elles voient en lui quelqu'un qui détient une puissance divine, une grande puissance.

Voilà deux homme qui font des miracles — face à face. Le Christianisme se voit confronté au sacré et au religieux. Qu'est-ce qui va faire la différence ? Qu'est-ce qui différencie les miracles de Philippe de ceux de Simon ? Le texte nous dit que Simon s'annonce lui-même, comme grand, alors que Philippe annonce le Royaume de Dieu et le Christ.

Il se passe alors que les gens de Samarie s'attachent au message de Philippe, ils croient et se font baptiser. Et Simon suit le mouvement. Il croit et se fait baptiser. Et le texte nous dit que Simon s'attache à Philippe et qu'il est à son tour fasciné par Philippe. Par ces mots, le texte ne dénigre pas la foi de Simon, mais révèle la fissure de sa personnalité. A quoi est-il vraiment attaché ? Au Christ et à sa Parole ou à Philippe et à ses prodiges ?

Les deux personnalités sont en concurrence, leurs portraits sont presque dessinés en miroir. Qui est du bon côté ? L'arrivée de Pierre et Jean — émissaires de Jérusalem — va clarifier les choses.

Pierre est détenteur de l'autorité de Douze et il intervient — en quelque sorte — pour valider après coup le travail d'évangélisation que les circonstances ont mises en route. Cependant, il ne faut pas survaloriser cette autorité de Pierre, ce n'est pas un pouvoir en propre, qui lui appartient. Il n'est que le vecteur, le médiateur, l'intermédiaire d'une force qui vient directement de Dieu. C'est ce qui ressort de sa confrontation avec Simon le magicien.

Lorsque Pierre et Jean arrivent en Samarie, ils voient les nouveaux croyants, les nouveaux baptisés. C'est alors qu'ils prient pour qu'ils reçoivent le Saint-Esprit. Ensuite seulement, Pierre et Jean leur imposent les mains et ils reçoivent l'Esprit saint. Ce temps de prière est important. C'est le temps de la reconnaissance que l'Esprit saint n'appartient qu'à Dieu et que Dieu seul décide quand, où, à qui et par qui il le donne. Les apôtres ne sont que des vecteurs, des médiateurs, des intermédiaires.

C'est ce que Simon le magicien n'a pas compris. Cette fissure en lui — le désir de posséder le pouvoir — se rouvre en lui. D'où sa demande à Pierre et le refus outré de celui-ci. Pierre rappelle alors à Simon et par là à toute l'Eglise, que l'Esprit saint est un don, il se reçoit et ne se possède pas.

C'est la liberté de Dieu de le répandre là où il veut. Ici le Saint-Esprit est donné après le baptême, mais dans l'épisode de Corneille (Actes 10) il est donné avant le baptême.

Ce récit est un rappel de l'entière liberté de Dieu, mais cette liberté de Dieu est entièrement tournée vers son Eglise et vers les croyants. C'est lui qui transforme les malheurs et les échecs pour en faire des occasions de témoignage et de conversion. C'est lui qui porte son Eglise et transforme le cœur des gens.

Mais le récit nous met également en garde contre l'illusion d'une Eglise pure, idyllique, sans faille. L'Eglise est composée d'hommes et de femmes avec chacun leurs fissures et leurs ombres. Mais c'est cette Eglise tout de même qui reçoit l'Esprit saint.

Dans un livre des Actes qui dépeint la naissance de l'Eglise d'une manière souvent idéale — des milliers de convertis, un groupe qui partage tous ses biens, une communauté de vie — Luc ne manque pas de relever que l'Eglise, toute bénie qu'elle soit, reste composée d'êtres humains faillibles et pécheurs. C'est cette Eglise défaillante que Dieu relève et que Jésus sauve.

L'Eglise n'a donc pas pour tâche de viser la pureté, mais elle a une tâche de vigilance pour rester un vecteur, un médiateur, un intermédiaire pour transmettre la grâce de Dieu et ne pas prétendre à la possession de cette grâce.

La différence significative entre les apôtres et Simon se trouve dans le fait que ce dernier se prêchait lui-même, alors que les apôtres annoncent l'Autre, le Tout-Autre, qui s'est fait connaître dans le Christ et qu'ils se mettent à son service.

Bien sûr, il reste toujours difficile — aujourd'hui encore — de se mettre au service du Christ, de choisir l'obéissance à l'Evangile. C'est là pourtant que se trouvent le salut et la joie!

Amen

© Jean-Marie Thévoz, 2010

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