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Actes 2. La Bible nous parle d'un Dieu qui chemine avec nous.

Actes 2
12.6.2011
La Bible nous parle d'un Dieu qui chemine avec nous.
Jér. 31 : 33-34    Actes 2 : 1-4 + 12-18

Téléchargez la prédication : P-2011-6-12.pdf

Chères paroissiennes, chers paroissiens, chère famille,
Nous vivons aujourd'hui la Fête de la Pentecôte. Cette fête chrétienne — qui a lieu 50 jours après Pâques — est venue remplacer et donner un nouveau sens à la fête juive qui avait lieu à ce moment-là. Les premiers chrétiens, issus du judaïsme, ont voulu donner une nouvelle signification à cette fête, en lien avec Jésus.
La fête juive célébrait le don des Tables de la Loi à Moïse au Sinaï. Rappelez-vous que Moïse avait fait sortir le peuple hébreu d'Egypte et l'avait conduit à la montagne sainte de Dieu. Là, Moïse était monté sur la montagne où Dieu était caché dans le feu et la fumée. Moïse y reçoit les 10 commandements et les communique au peuple hébreu, comme la Loi à laquelle il faut obéir.
Dans son récit des Actes, Luc raconte comment les disciples sont rassemblés dans une chambre, en haut d'une maison et reçoivent l'Esprit de Dieu, qu'il compare à des langues de feu. Le parallèle est clair. Les disciples sont chacun comme Moïse recevant la Loi, mais ils reçoivent autre chose. Comme avec Jésus, Dieu se présente ici autrement qu'à Moïse.
Luc, dans son récit, essaie de montrer que les choses ont changé. Certes, il y a une continuité, puisque ce sont les promesses de Dieu qui se réalisent, celles annoncées par les prophètes, la promesse de Joël que Pierre rappelle, ou la promesse de Jérémie que vous avez entendue. Dieu se présente autrement à travers Moïse ou à travers Jésus.  Les prophètes annonçaient déjà que les tables de pierre allaient être remplacées par une inscription dans le cœur. Oui, on passe du "tu dois" de Moïse au "tu peux" de Jésus. On passe du Dieu inaccessible de Moïse au Dieu proche de Jésus.
Le Dieu de Moïse est loin sur la montagne, comme dans le fracas d'un volcan, avec le feu, la fumée et le bruit. Il nous est présenté comme un Dieu qui se met en colère et qui n'hésite pas à punir. Il me semble qu'il ressemble beaucoup au dieu de nos désirs ou du désir des autres !
Le dieu de nos désirs, c'est celui qui doit remplir nos aspirations : "mon dieu est plus fort que le tien", un dieu qui devrait faire régner l'ordre et le bien, le dieu qui devrait éviter que du mal nous arrive ou qu'il arrive à nos enfants et à nos proches. C'est notre rêve de toute-puissance et d'invulnérabilité.
Et puis, il y a le dieu du désir des autres, celui qui nous est "envoyé" par les autres pour nous reprendre, pour nous juger ou même pour nous punir. Combien d'enfants n'ont-ils pas entendu leurs parents leur dire : "si tu agis mal, le bon dieu viendra te punir !" Ces dieux n'ont aucune parenté avec celui que Jésus annonce.
Le Dieu de Jésus n'a rien à voir avec la puissance, encore moins avec la toute-puissance, sinon il aurait descendu Jésus de la croix. La Bible nous parle d'un autre Dieu, celui qui chemine avec nous, à nos côtés; celui qui encourage dans les difficultés de l'existence; celui qui nous remet debout; celui qui nous dit : "Va…"
A la femme qui était malade depuis 14 ans, il dit : "Va, ta foi t'a guérie !"
A l'homme à qui Jésus raconte la parabole du bon samaritain, il dit : "Va, et fais de même !"
A la femme  adultère qui devait être lapidée, il dit ; "Va, je ne te condamne pas !"
C'est cet Esprit-là que les disciples reçoivent à la Pentecôte, celui de la compréhension, de l'empathie, du pardon. C'est un esprit qui permet d'accepter les faiblesses, les manquements, les vulnérabilités. Accepter celles des autres, mais aussi — et c'est souvent le plus difficile — accepter les siennes propres.
S'accepter soi-même, n'est-ce pas le plus difficile ? "Consentir à ses fragilités, à ses propres limites" (Frère Roger, Taizé) voilà la plus grande difficulté de la vie ! Nous voudrions tellement que Dieu ôte nos fragilités et balaye nos limites. Mais ça, c'est le dieu de nos désirs.
Nous voudrions tellement que la vie ne dépende que de nous, que nous puissions la façonner nous-mêmes, dans tous ses contours, dans tous ses aspects. Et voilà que nous découvrons que tant de choses nous arrivent, qui ne dépendent pas de nous.
Sur ce chemin où nous avançons tant bien que mal — où nous décidons parfois de la direction à prendre, mais où les circonstances, souvent, nous obligent à prendre des routes que nous n'avons pas choisies — sur ces chemins et ces routes, nous recevons une parole, nous recevons l'Esprit de Dieu qui nous dit "Va !" qui nous dit "Tu peux !" car je suis avec toi. Tu peux, parce qu'il y a autour de toi des frères et des sœurs qui partagent la même fragilité.
Jésus fait chemin avec nous, il nous accompagne, il nous donne son esprit pour vivre la vie telle qu'elle se présente, avec ses fragilités et ses beautés. Allons, ensemble, avec nos fragilités, sur nos chemins, sachant que l'Esprit de Dieu nous accompagne. Il est venu habiter nos cœurs.
Amen

© Jean-Marie Thévoz, 2011

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