23.6.2013
Hébreux 11
Nous avons besoin d’un horizon, d’un avenir ouvert…
Jérémie 29 : 10-14 Hébreux 11 :1-2+8-12
téléchargez ici la prédication :P-2013-06-23.pdf
Chères paroissiennes, chers paroissiens,
Dans les lectures que vous venez d’entendre, il est question de foi : « La foi, c’est être sûr de ce qu’on espère, c’est être convaincu de la réalité de ce qu’on ne voit pas » (Hb 11 :1).
De nos jours, on entend plutôt dire : « Je ne crois que ce que je peux voir ou toucher. » La foi, c’est plutôt le contraire : croire malgré l’incertitude, croire en dépit du risque, faire confiance malgré le risque d’être déçu. Dans ce sens-là, la foi est plutôt déraisonnable, incertaine, risquée.
Mais alors, qu’en est-il de l’absence de foi ou de confiance ? Peut-on vivre dans la méfiance, dans la défiance ? N’est-ce pas plus désespérant, que de prendre le risque — de temps en temps — d’avoir fait confiance une fois de trop ?
La défiance continuelle ferme l’avenir, c’est renoncer à penser qu’il y a une promesse qui nous tire en avant, qui nous ouvre un avenir. Or nous avons besoin d’un horizon, d’un avenir ouvert pour continuer à vivre et pour vivre heureux.
Quel est notre moteur ? Quelle est la promesse que nous avons reçue et qui nous tire en avant ? Au fond de nous, nous avons tous reçu une promesse, transmise par nos parents, notre entourage, nos ancêtres. Une promesse qu’ils ont relayée, mais qui est ancrée dans l’infini, qui est ancrée en Dieu, dans le Dieu de la vie et des vivants. Une promesse qui dit que la vie a un sens, une direction, qu’elle ouvre sur un avenir, sur une vie possible, malgré les épreuves, les difficultés, les deuils.
La lettre aux Hébreux fait une liste de personnages bibliques qui ont fait confiance en cette promesse de vie, qui ont été animés par cette foi en l’avenir. Dans cette liste de personnages, vous avez entendu ce qui a été dit d’Abraham et de sa femme Sarah.
Abraham a entendu un appel à quitter le pays de ses ancêtres pour marcher vers une terre promise (Gn 12). Et Abraham s’est mis en marche vers cet inconnu, fort de cette promesse, fort de la confiance dans cet appel. A cette promesse de pays était aussi ajoutée la promesse d’une descendance avec Sarah sa femme. Et Sarah s’est accrochée à cette promesse, malgré le temps qui passe, malgré l’étiquette de stérilité qui lui a été accolée. Elle ne s’est pas résignée, elle a mis sa confiance dans cette promesse et elle a fini par enfanter leur fils Isaac.
Et le texte dit d’Abraham et de Sarah : « Ils ont eu la foi que Dieu tiendrait sa promesse » (Hb 11 :11). Abraham et Sarah sont deux exemples d’attitudes de foi, mais des attitudes personnalisées, peut-on dire, deux expressions personnelles, différentes de la foi.
La foi d’Abraham est une foi d’ouverture vers l’inconnu. Il a une foi qui le rend capable d’aller à la découverte, d’entreprendre, d’innover, de partir. C’est une foi qui va de l’avant, qui s’ouvre à l’inconnu.
La foi de Sarah est plutôt dans la persévérance, la continuité : elle va mettre toutes ses forces, toute son énergie pour faire en sorte que se réalise ce qu’elle attend. Elle est dans la patience, mais jamais dans la résignation.
Avec les autres personnages bibliques peuvent se découvrir encore d’autres modèles de foi.
D’Abraham et Sarah, on nous dit encore qu’ils vivent sous une tente, mais qu’ils aspirent à une cité dont Dieu soit l’architecte et le fondateur. Il y a toujours une tension entre le présent et l’avenir, entre le présent et la promesse.
Le présent — alimenté par la promesse — est toujours précaire et provisoire (c’est ce que nous dit l’image de la tente). C’est vrai que nous sommes rarement satisfait de ce que nous avons, nous attendons plus de la vie ! Justement parce que nous avons dans la tête cette promesse d’une vie qui comble, d’une vie faite de plénitude, alors que nous vivons dans le manque et dans l’inquiétude. C’est notre tension entre la tente et la cité promise.
Interrogeons-nous sur notre insatisfaction ! Parce que cette insatisfaction révèle justement l’écart entre notre présent et la promesse dont nous attendons la réalisation, entre notre présent et notre horizon. Quelle est donc la promesse dont nous attendons la réalisation ? D’où, de qui vient cette promesse ? Cette promesse est-elle assez solide pour que nous en fassions notre horizon de vie ? Cette promesse va-t-elle nous donner le courage d’affronter l’inconnu, la nouveauté ? Cette promesse est-elle assez solide pour que nous persévérions à la poursuivre malgré tous les obstacles ? Cette promesse est-elle suffisamment belle pour que nous voulions la transmettre à nos enfants ou nos petits-enfants ?
En un mot, avons-nous la foi dans ce que nous poursuivons, dans ce que nous recherchons ?
« La foi, c’est être sûr de ce qu’on espère, c’est être convaincu de la réalité de ce qu’on ne voit pas » (Hb 11 :1).
Cela vaut la peine de réaliser après quoi l’on court dans notre vie, pour nous orienter vers quelque chose qui en vaut vraiment la peine, qui vaut la peine d’y passer sa vie, d’y consacrer sa vie.
Abraham et Sarah avaient la foi, la certitude que Dieu tiendrait sa promesse. Dieu nous fait aussi la promesse d’ouvrir devant nous un avenir. Par la bouche du prophète Jérémie, Dieu dit : « Je veux vous donner un avenir à espérer. » (Jr 29 :11). A chacun de trouver comment déployer sa foi en l’avenir.
Amen
© Jean-Marie Thévoz, 2013