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  • Jean 1. L’Evangile selon Jean a pour but de nous ouvrir la porte d’accès à la Source de la vie

    Jean 1
    19.1.2014
    L’Evangile selon Jean a pour but de nous ouvrir la porte d’accès à la Source de la vie

    Jean 1 : 1-18     Jean 20 : 30-31

    Téléchargez ici le texte : P-2014-01-19.pdf

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Pour comprendre L’Evangile selon Jean, il faut commencer par la fin. En effet, l’évangéliste a marqué la fin de son Evangile par deux phrases de conclusion. L’une disant le travail de choix et de tri qu’il a fait dans les épisodes de la vie de Jésus. La seconde phrase pour indiquer dans quel but il a fait ces choix et cette rédaction : il l’a fait pour amener sa communauté à croire que Jésus le Christ est le Fils de Dieu et qu’en croyant cela, on accède à la vraie vie. Il y a donc deux mouvements qui se suivent : croire et accéder à la vraie vie.
    L’Evangile selon Jean est donc le moyen, le chemin pour accéder à la foi et à la vraie vie. Ce chemin, je vous propose de l’emprunter — pas à pas — dans les dimanches qui viennent et dans le parcours d’Exploration biblique paroissial qui s’étendra de février à avril.
    C’est dans cette perspective de croire pour vivre vraiment que Jean écrit son Evangile. Il fait ce travail de rédaction alors que d’autres Evangiles, Marc d’abord, puis Matthieu et Luc circulent déjà. On appelle ces trois Evangiles (Matthieu, Marc et Luc) les Evangiles synoptiques parce qu’ils se ressemblent beaucoup dans leurs structures et le choix des épisodes de la vie de Jésus. Ainsi peut-on les « regarder ensemble » sur trois colonnes, d’où leur nom de « synoptiques ».
    Sachant que les Evangiles synoptiques existent, Jean peut faire un pas de plus dans l’explication du message de Jésus. Il n’a plus besoin de donner des informations sur la vie de Jésus, par contre, sa communauté a besoin d’explications pour comprendre sa situation actuelle.
    C’est la deuxième, voire la troisième génération de chrétiens, qui forme l’auditoire de Jean. Et Jésus n’est par revenu établir son règne ! Alors, que signifie l’annonce de la venue du Royaume de Dieu dans les synoptiques ? Jean va répondre à cette question.
    La communauté johannique (johannique signifie rassemblée autour de Jean) a été chassée des synagogues, il y a rupture totale avec le judaïsme, il y a même animosité, qu’est-ce que cela signifie ? Jean va répondre à cela.
    Paul prêchait la résurrection pour tous, mais voilà que la première génération de chrétiens, et maintenant la deuxième s’en va. On meurt encore ! Que faut-il en penser ? Qu’est-ce que Jésus est venu apporter ? Jean va répondre à cela.
    L’Empire romain était très tolérant envers les juifs (ils étaient établis dans toutes les grandes villes tout autour de la Méditerranée), mais maintenant l’Empire persécute les chrétiens. La vie de chacun est en danger. La prospérité diminue au profit de la précarité. Tout cela à cause de Jésus et de la foi en son nom ! Jésus est-il vraiment le messager de Dieu ? Jean va répondre à cela.
    Jean le fait dans son Evangile, dans la construction du plan de son Evangile, dans la construction de chaque récit et dans les formules littéraires qu’il utilise, nous verrons cela au fil des dimanches.
    L’Evangile selon Jean est fait de deux parties. La première (1—12) expose la révélation de Jésus devant le monde. La seconde partie (13—20) expose la révélation de Jésus devant les siens. L’Evangile selon Jean est écrit pour des croyants, pour une communauté, pour une Eglise. La communauté connaît déjà le Jésus des synoptiques, mais elle a besoin de plus. Elle a besoin d’approfondir sa foi. Elle a besoin de vivre sa foi dans la réalité. Elle a besoin de recevoir cette vie, cette vie nouvelle dans sa réalité.
    Peut-être est-ce aussi ce dont nous avons besoin ?
    Comment le message de Jésus transforme-t-il nos vies ? Qu’est-ce que le message de Jésus nous apporte-t-il ? Comment améliore-t-il nos vies ? C’est à ça que Jean veut répondre et c’est ce que nous allons découvrir au fur et à mesure qu’il le dévoile dans son Evangile.
    Ce matin, nous avons entendu le Prologue, l’ouverture de l’Evangile selon Jean. C’est un texte compliqué. Nous allons débrouiller un peu cela.
    Les cinq premiers versets se passent dans les sphères célestes, loin de nous : « Au commencement était la Parole, (ou le Verbe)… » (Jn 1:1). L’évangéliste utilise le mot « logos » en grec, qu’on retrouve dans les mots « logique » ou « biologie » en français. Traduit pour nous aujourd’hui, le logos des grecs, c’est le langage de l’univers, ce qui permet de le comprendre, c’est l’équation unifiée que cherchent les mathématiciens et les physiciens, c’est la clé numérique qui permet de comprendre l’univers, le code-source du cosmos. Et Jean nous dit que cette clé était Dieu et que cette clé était à la source de l’univers. Là, on est dans les grandes spéculations physiques et métaphysiques !
    Ensuite, Jean fait un glissement du logos vers la lumière. Le logos est la lumière et là il ne faut pas voir une ampoule au plafonnier, mais plutôt une ampoule dans la bulle d’une bande dessinée, lorsque le chercheur s’écrie Euréka ! La lumière, c’est ce qui permet de voir et de comprendre, de saisir le sens. Le logos nous éclaire puisqu’il nous révèle le sens des choses.
    Ici, Jean glisse que cette lumière va rencontrer l’opposition de l’obscurité. Le drame est annoncé. Il va y avoir du brouillage sur la ligne, mais c’est dit juste en passant.
    Ce qui est important — inédit et inouï — c’est que ce logos, cette clé de compréhension de l’univers est descendue sur terre, s’est incarnée dans un homme pour nous communiquer le contenu de cette clé. Ceux qui croient en celui qui porte la clé (Jn 1:12) ceux-là ont un accès à la source du sens et ils reçoivent la vie qui a du sens (v.13). Ils ne la reçoivent pas « naturellement / biologiquement », mais dans un autre ordre (d’en haut dira Jésus à Nicodème, Jn 3).
    Comme le disait Erasme : « On ne naît pas homme, on le devient. » Jean nous dit que devenir un être humain c’est possible à travers celui qui a accès à la source et qui est venu nous la faire connaître. Et c’est le but de l’Evangile de Jean : « Personne n’a jamais vu Dieu, mais le Fils unique, qui est Dieu et demeure auprès du Père, lui seul l’a fait connaître. »  (Jn 1:18). L’Evangile selon Jean a pour but de nous faire connaître la porte d’accès à la Source de la vie ; cette porte a été ouverte par Jésus Christ ; et nous sommes appelés à passer cette porte pour avoir accès à la vraie vie.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2014

  • Matthieu 2. Les mages chez Hérode : un roman d’espionnage

    Matthieu 2
    5.1.2014
    Les mages chez Hérode : un roman d’espionnage
    Jean 7 : 28-32     Matthieu 2 : 1-13

    Téécharger ici la prédication : P-2014-01-05.pdf


    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Demain, 6 janvier, c’est la traditionnelle fête des Rois qui rappelle la venue des rois mages à la crèche pour adorer Jésus. Autour des rois mages s’est formée toute une tradition avec nombre de récits et de contes qui disent ensemble que le monde entier est venu se prosterner devant Jésus, qu’il a reçu mille cadeaux et que nous pouvons nous-mêmes nous joindre à ces adorants.
    J’ai moi-même aussi parlé dans ce sens, interprétant les trois cadeaux offert (24.12.2011) ou racontant divers contes (24.12.2009 - 13.12.2009 - 27.11.2011). Aujourd’hui, je vais vous emmener ailleurs, sans vouloir en rien déprécier les traditions autour des rois mages, vous me connaissez, vous savez combien j’aime généralement interpréter symboliquement les récits bibliques.
    Mais aujourd’hui, j’aimerais rester au plus près du récit biblique et de l’intention de Matthieu. Car Matthieu ne nous raconte pas un conte autour de la naissance de Jésus, loin de là ! Non, Matthieu commence ici un roman noir, un roman d’espionnage, qui va être parsemé de mensonges, de manipulations, de retournement d’espions et de cadavres. Oui, on est bien loin du folklore et du conte de Noël.
    Que nous dit Matthieu ? Il nous parle de mages (je vais continuer à les appeler de cette manière traditionnelle) qui sonnent à la porte du palais du roi pour demander s’il est au courant de la naissance de son futur légitime remplaçant, le Messie. (Le Messie est la personne qui est ointe de l’huile de la consécration à la royauté, comme Saül puis David l’ont été par le prophète Samuel. L’onction assure donc une légitimité divine à celui qui la reçoit).
    Inquiétude immédiate d’Hérode qui se sent menacé. Il met en route son enquête : où doit naître ce prétendant ?  Quand l’étoile qui l’annonce est-elle apparue ? Il mobilise les interprètes de la Bible pour avoir ces informations et il interroge les mages.
    Une fois qu’Hérode dispose de ces renseignements, il confie (sous le couvert du mensonge de vouloir lui aussi adorer le nouveau roi) il confie aux mages la mission de lui ramener la localisation exacte du Messie. Ainsi, sous un faux prétexte, Hérode transforme les mages en espions à son service, au service de ses funestes desseins comme on s’en doute.
    Toujours aussi naïfs et innocents, la tête dans les étoiles, les mages trouvent Jésus, l’adorent et lui donnent leurs cadeaux. Enfin, ils sont avertis de ne pas retourner voir Hérode. Toujours aussi peu à la page, mais obéissants, ils retournent chez eux par un autre chemin.
    Le plan d’Hérode est à moitié déjoué, en fait on a seulement gagné un peu de temps. Il faut maintenant fuir en Egypte. Joseph est averti, lui aussi en songe, de prendre l’enfant et Marie et de descendre se réfugier en Egypte en attendant que la menace s’estompe. Hérode, furieux, frappe à l’aveugle les nouveau-nés de Bethlehem, espérant ainsi anéantir le Messie.
    Dans ce récit, les mages ont finalement un rôle tout à fait secondaire, celui de relier Jésus et Hérode et de mettre en évidence leur confrontation inévitable. Ce qui est important, ce n’est pas le passage des mages, c’est l’inévitable confrontation entre le pouvoir séculier et le pouvoir spirituel, entre l’obscurité et la lumière (dira l’évangéliste Jean, Jn 1:5), entre la corruption et la vérité, entre le péché et la grâce.
    Les mages relient Hérode et le Messie et mettent au jour leur inévitable confrontation. Les mages passent et ne se rendent pas compte des vagues qu’ils soulèvent sur leur passage. Mais Matthieu veut attirer notre regard sur ces vagues, sur cette tempête, sur cet affrontement et ses conséquences.
    La venue de Jésus a ouvert un conflit. La naissance du Messie est vue comme une menace par le pouvoir en place, surtout lorsqu’il est assis sur la violence et la corruption. L’obscurité craint la lumière. le malfaiteur craint la transparence. Hérode craint le Messie et lui déclare la guerre. Il veut à tout prix le retrouver et le tuer. Tout ce qui menace le pouvoir d’Hérode doit disparaître. C’est une guerre qui est déclarée contre le Messie et une guerre qui va se jouer en plusieurs manches.
    Première manche : la localisation du Messie. Malgré la défection finale des mages, le point est à Hérode. La sainte famille est obligée de s’enfuir.
    Deuxième manche : elle est gagnée aux points par Jésus puisque Hérode meurt. Il peut rentrer à Nazareth.
    Troisième manche : elle se joue pendant le ministère de Jésus. Il a le soutien de la foule. Le point et pour Jésus.
    Quatrième manche : les adversaires de Jésus réussissent à le faire condamner par Ponce Pilate. Victoire des violents par K.O.
    Jésus est mort. Tout est-il fini ? Les ténèbres ont-elles eu raison de la lumière ?
    Eh bien, quelques personnes racontent avoir vu Jésus vivant, ressuscité, et répandent ce message ! Il aurait finalement vaincu ! Quelle est la valeur de cette victoire secrète ?
    Nous en sommes ici de ce combat, de cette confrontation dont Matthieu a donné les premiers moments. Quelle est la valeur de cette victoire secrète ? Que croyons-nous ? Nous ? Qui a gagné ? Est-ce Jésus ou les hérodes de notre temps ?
    Le monde ne nous envoie pas de signal clair. En fait, le monde parie plutôt sur la victoire de l’obscurité sur la lumière. Et nous, sur qui parions-nous ? De quel côté nous plaçons-nous ?
    C’est bien la question de la foi. Croyons-nous en la résurrection, en la victoire — encore secrète, mais déjà adjugée — de Jésus, de la justice et de la vérité sur l’obscurité ? De quel côté nous plaçons-nous ? Comment allons-nous le manifester, le faire savoir ? La balle est dans notre camp.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz 2014.