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  • Jean 13. Le lavement des pieds prépare les disciples au choc de la croix.

    Jean 13
    6.4.2014
    Le lavement des pieds prépare les disciples au choc de la croix.
    Jean 13 : 1-5       Jean 13 : 12-20
    Téléchargez ici la prédication : P-2014-04-06.pdf


    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    L’Evangile selon Jean est le seul des quatre évangiles à nous raconter cet épisode du lavement des pieds. Jean nous dit que cela se passe juste avant la Pâque, que Jésus soupe avec ses disciples et que Judas se prépare à trahir Jésus. Trois indices suffisants pour comprendre que cet épisode se passe lors du dernier souper que Jésus passe avec ses disciples, le jeudi soir. Ce souper pendant lequel Jésus partage le pain et le vin et donne un nouveau sens à ces gestes. Gestes que nous commémorons, que nous vivons dans la Sainte-Cène.
     Mais l’évangéliste Jean remplace ici l’institution de la Cène par le lavement des pieds comme récit d’entrée dans le temps de la Passion. Voyons ce que l’évangéliste veut nous dire, nous signifier par là. Qu’est-ce que Jésus fait ici ?
    Laver les pieds était un acte relativement courant à l’époque, mais dans des circonstances précises. Lorsqu’un maître de maison lançait une invitation et que ses invités avaient dû marcher quelques kilomètres pour venir dans sa maison, il était « classe » d’avoir un esclave qui lavait les pieds des invités à leur arrivée. C’est un moment de détente offert pour se sentir bien ensuite. Surtout c’était une tâche considérée comme subalterne, voire dégradante, confiée à l’esclave le plus bas de l’échelle.
    C’est cette place-là que Jésus prend en lavant les pieds de ses disciples. En faisant cela, il fait quelque chose de tout à fait inconvenant, inconcevable, de complétement déplacé. Comment Jésus « le Seigneur et le maître » peut-il s’abaisser à un tel geste ? Il va y perdre toute considération.
    Ainsi, Jean place ici — en ouverture du temps de la Passion de Jésus — un acte incongru, déplacé, incroyable.
    Pourtant, dans tout son Evangile, Jean montre Jésus comme celui qui a autorité, comme celui qui choisit ce qu’il fait et quand il le fait, comme celui qui sait ce qui se passe dans l’esprit des gens, qui connaît leurs projets. Ici même, il sait où il en est, il sait où il va : « Jésus savait que l’heure était venue pour lui de quitter ce monde » (v.1) ainsi commence ce récit. Jésus sait ce qui se passe dans le cœur de Judas.
    Donc Jean nous montre un Jésus qui maîtrise sa vie, qui domine les éléments de son destin et qui a autorité sur ses disciples. Et pourtant, il s’abaisse à leur laver les pieds, à prendre la place de l’esclave le plus bas sur l’échelle sociale. Ce récit nous montre que ce geste incroyable ne remet pas en cause l’autorité de Jésus, mais bien plus, qu’il en est l’accomplissement.
    C’est l’enseignement que Jésus donne après son geste. Ce n’est pas une erreur, ce n’est pas une humiliation. Ce geste est l’accomplissement de sa mission. Ce geste est l’accomplissement de la révélation qu’il est venu faire au monde. Dieu s’abaisse. Dieu s’abaisse sans perdre son autorité. Au contraire, cet abaissement affirme la vraie nature de Dieu et de la relation qu’il veut développer avec tous les humains. 
    Dieu est venu renverser les valeurs humaines qui valorisent la grandeur, la richesse, le pouvoir. Dieu renverse ces valeurs en montrant que l’autorité de l’un ne s’accomplit pas dans la subordination, dans l’asservissement ou l’aliénation de l’autre. Non, c’est le contraire : c’est dans le service des uns envers les autres que se réalise le vrai bonheur. C’est dans le service envers l’autre que se réalise le plus grand amour.  
    Ce geste incongru, cet acte incroyable, contraire à toute pensée humaine, ne remet pas en cause l’autorité, la valeur, la pertinence du message de Jésus. Et en cela, le lavement des pieds est — ici en ouverture de la Passion — comme une métaphore, une image de la croix, de la mort de Jésus qui va survenir.
    De même que le lavement des pieds ne détruit pas la vérité du message de Jésus, de même la croix, la mort de Jésus ne détruit pas la vérité du message de Jésus. De même que le lavement des pieds est l’accomplissement de l’amour de Jésus pour ses disciples, de même la croix sera l’accomplissement de l’amour de Jésus pour ses disciples.
    C’est un avertissement de Jésus. C’est un enseignement de Jésus pour que les disciples comprennent le sens de sa mort. Il doit passer par un abaissement total, par un sort qui va ressembler à un échec total pour accomplir, pour achever sa mission sur la terre. Ne soyez pas troublés, semble dire Jésus, cela doit arriver, vous comprendrez après coup.
    C’est pourquoi Jésus explique le sens de son geste à ses disciples. C’est pourquoi il leur dit, il nous dit, de l’imiter, d’imiter ce nouveau type de relation aux autres. C’est en imitant ce type de relation, de service, de respect, que nous serons heureux c’est dans ces attitudes que se trouve le bonheur, pas dans la domination et l’aliénation des autres. 
    Et Jésus va plus loin encore lorsqu’il dit : « Recevoir celui que j’enverrai, c’est me recevoir moi-même, et me recevoir, c’est aussi recevoir celui qui m’a envoyé. » (v.20) Ceux que Jésus envoie, ce sont ses disciples. Il les envoie dans le monde et il les envoie comme il a été envoyé par le Père. Souvenez-vous ce que je vous ai dit dimanche dernier sur le rôle d’envoyé, d’ambassadeur. L’ambassadeur est celui qui représente le chef d’Etat, il peut négocier et signer pour celui qui l’envoie, il a tout pouvoir. Et nous avons vu que Jésus a reçu ce pouvoir de son Père.
    Ici, Jésus est juste en train de dire que « comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie » (Jn 20:21). Ce qui signifie que Jésus nous transfert son pouvoir, son autorité, pour nous faire ses représentants, ses envoyés, ses ambassadeurs dans le monde.
    A nous d’être les dignes ambassadeurs de Jésus pour qui l’accomplissement d’une vie est dans le service. A nous — en tant que personne et en tant qu’Eglise — de montrer ce nouvel ordre de relation qui se vit dans le service, l’amour et le don de soi.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2014