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  • Luc 2. Veillée de Noël

    Luc 2    2
    4.12.2014

    Veillée de Noël
    Esaïe 9 : 1-6    Luc 2 : 1-20    Jean 8 : 12

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    Partie 1 : Esaïe 9 : 1-6
    « Après la longue et sombre nuit, le ciel a rayonné » Oui, c’est dans la nuit que résonne le message de Noël, c’est dans notre monde réel qu’est annoncé une bonne nouvelle. Nous connaissons notre monde, monde de détresse, monde de violence et de haine, monde d’une barbarie qu’on croyait abolie.
    C’est pour ce monde-là que Dieu fait briller sa lumière. C’est dans ce monde-là que Dieu veut étendre sa paix. Oh paradoxe ! il le fait à rebours de ce qu’on pourrait attendre !
    On voudrait que Dieu étende sa puissance sur le monde. On voudrait que Dieu fasse preuve de force et anéantisse ses adversaires. Mais n’est-ce pas ce que nous reprochons à ceux qui étendent la guerre au nom de Dieu ? Aucune violence ne peut abattre la violence, Dieu l’a bien compris.
    La paix ne peut venir qu’avec une offre de paix. La paix ne peut venir qu’avec la possibilité du sacrifice. Dieu avance vers nous sous la forme d’un enfant inoffensif, pour apporter la paix avec lui, à tout homme de bonne volonté. Il s’offre à nous, dans ce dénuement et cette vulnérabilité comme une bougie dans la nuit. Que cette lumière nous guide dans la nuit de notre monde.


    Partie 2 : Luc 2 : 1-20
    C’est dans une famille humaine que Dieu choisit de s’incorporer. Jésus naît de Marie, avec Joseph à ses côtés. C’est dans la famille humaine que Dieu choisit de s’incorporer, avec les bergers et les mages à ses côtés, avec les marginaux, les délaissés, comme avec les savants et les marchands venus de loin.
    C’est dans une famille de déplacés, loin de chez elle, qui ne trouve pas sa place, rejetée dans une sombre étable que Dieu choisit de rejoindre l’humanité.
    C’est dans une famille de la descendance du roi David, appartenant au peuple qu’il a pris sous son aile depuis des générations que Dieu a choisi de rejoindre l’humanité. Dieu rassemble son peuple et l’ouvre à l’universalité. Le Messie est offert à ce petit peuple à peine sorti de l’ombre, mais pour devenir un personnage pour le monde entier, le sauveur du monde, le messager d’une bonne nouvelle pour le monde entier.
    Dieu n’appartient à personne. Dieu ouvre son cœur à toute l’humanité. L’amour est universel, il s’adresse à tous, il est le moteur et l’énergie de tout humain où qu’il habite sur la planète terre. Dieu est amour pour tous.

    Partie 3 : Jean 8 : 12
    Lumière ! Lumière du monde ! Pas tant un soleil qui illumine tous les coins de la planète. Plutôt un phare qui perce l’obscurité d’un rayon étroit qui traverse la nuit, régulièrement, inlassablement. C’est le phare qui guide le marin pour éviter l’écueil. C’est le phare qui mène à bon port, qui permet de se repérer dans l’obscurité du monde.
    C’est le faisceau des phares qui permet de rouler dans la nuit, éclairant les obstacles, illuminant les bas-côtés, permettant d’avancer et d’atteindre son but.
    C’est la lumière qui éclaire le monde de significations nouvelles, qui permet de comprendre ce qui anime les hommes et les sociétés. La lumière sculpte et dénonce les égos surdimensionnés de ceux qui ne pensent qu’à amasser richesses et pouvoirs. C’est cette lumière qui illumine les gestes de bonté anonymes sans lesquels le monde serait triste et froid.
    C’est la lampe qui permet de lire ce qui, sinon, resterait indéchiffrable : une mère qui sans cesse s’oublie pour que ses enfants aient une vie meilleures ; un patron qui préfère couper dans ses profits plutôt que de se séparer de son premier employé, devenu invalide ; une dame âgée qui accueille des réfugiés dans sa cuisine et à qui ceux-ci préparent quelques plats exotiques ; un enfant reconnaissant de la patience de son enseignante qui lui offre un dessin fait avec son cœur.
    Ce sont des gestes invisibles au monde, mais toujours illuminés par le regard de Dieu. Il est la lumière qui fait voir le monde sous un jour nouveau.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2014

  • Matthieu 1. Joseph

    Matthieu 1
    14.12.2014
    Joseph

    Luc 2 : 41-52       Matthieu 1 : 18 — 2 : 2

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    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Ma précédente prédication parlait de Marie. Je me dois aujourd’hui de vous parler de Joseph. Ce pauvre Joseph, tellement délaissé et rejeté au second plan. Regardez les peintures de la nativité : Joseph est dans l’ombre, on l’aperçoit tout juste en silhouette ou dans un manteau couleur muraille se confondant avec les parois de la grange ou de la grotte. L’âne et le bœuf sont bien plus visibles que lui !
    Pauvre Joseph ! Peut-on le réhabiliter un peu ? Que sait-on de Joseph ? Que nous disent les Evangiles ? L’Evangile le plus ancien, Marc, le passe entièrement sous silence, aucune mention de lui. Matthieu et Luc lui donnent une place dans les récits de la naissance de Jésus, au côté de Marie. Là il est important.
    Joseph est le lien de Jésus avec la dynastie davidique. C’est par Joseph que Jésus est un descendant de David, qu’il peut s’inscrire comme Messie issu du tronc de Jessé. Ça n’est pas rien.
    Que sait-on encore ? Joseph est fiancé à Marie et l’épouse. Il habite Nazareth. Il est charpentier ou artisan dans le bois et toujours considéré comme le père de Jésus, jusque dans l’Evangile selon Jean où Jésus est nommé à deux reprises comme le fils de Joseph.
    Joseph est présent à la naissance de Jésus et à la présentation au Temple. Il organise la fuite en Egypte et le retour à Nazareth « divinement averti en songe » (Mt 2:19). Et il est présent lors du pèlerinage à Jérusalem lorsque, à 12 ans, Jésus reste au Temple à l’insu de ses parents. Ce récit parle toujours des parents de Jésus et lorsque Marie gronde Jésus, elle lui dit : « Ton père et moi étions très inquiets en te cherchant » (Luc 2:48).
    Temporellement, c’est la dernière mention de Joseph. Il n’apparaît plus en tant que tel dans les récits, sinon pour des indications « patronymiques » notamment lors d’une controverse avec les autorités juives. Pour expliquer le sens de la multiplication des pains, Jésus dit qu’il est le « pain descendu du ciel » (Jean 6:41). Alors, ceux qui sont autour de lui disent : « N’est-ce pas Jésus, le fils de Joseph ? Nous connaissons son père et sa mère, comment peut-il dire maintenant qu’il est descendu du ciel ? » (v.42).
    Voilà pour les mentions de Joseph. C’est Matthieu qui lui donne la plus grande place en le dépeignant comme le récepteur, le dépositaire des révélations divines (en songe) ; ces révélations qui assurent la survie de Jésus déjà en butte à l’hostilité du monde qui préfigure déjà la croix. Joseph a donc là un rôle extrêmement important, même si ce rôle ne s’étend pas au temps du ministère de Jésus dont il est complétement absent.
    Pendant le temps de rédaction des Evangiles, on ne voit aucune raison de le faire disparaître des textes. Même la défense de la virginité de Marie ne réclame pas qu’il soit gommé, d’autant plus que personne n’a gommé (dans les Evangiles) les frères ou les sœurs de Jésus. Il est donc probable que Joseph soit mort avant le début du ministère de Jésus, ce qui est la façon la plus simple et logique d’expliquer qu’il n’est plus présent dans ces récits.
    Matthieu, donc, revalorise la place d’un Joseph plutôt absent dans la vie de Jésus. C’est un peu un paradoxe pour un évangéliste qui défend en même temps la virginité de Marie. En fait, Matthieu peut défendre les deux, la place de Joseph et la virginité de Marie, en se plaçant comme héritier spirituel de l’Ancien Testament.
    L’histoire des patriarches nous montre qu’on peut dépasser les hiérarchies naturelles (le droit d’aînesse par exemple) par des bénédictions (c’est tout le conflit entre Jacob et Esaü, ou la bénédiction croisée de Jacob envers les fils de Joseph). L’histoire du roi David (David contre Goliath) et le fait que Dieu choisit le petit dernier pour monter sur le trône d’Israël plutôt que les grands frères baraqués, en est aussi le signe. Ensuite vient l’appel à dépasser le clan pour s’ouvrir à l’humanité et à l’universalité.
    La Bible appelle à remplacer les liens du sang par des relations ouvertes et universelles. La Bible appelle à remplacer la force par la justice et l’agapè. Dans l’histoire de la naissance de Jésus, les Evangiles appellent à faire le même chemin : tisser des liens spirituels et c’est bien le chemin que doit parcourir Joseph. Joseph est le prototype de ces nouveaux liens que nous devons tous créer : nous ouvrir à une double filiation.
    Nous sommes les enfants de nos parents, selon la chair, mais nous avons à nous ouvrir à une relation avec « notre Père qui est dans les cieux ». C’est ce que fait Jésus à 12 ans dans le Temple, quand il laisse partir ses parents. Nous avons à apprendre à nous relier au Père céleste, ce qui n’empêche pas de retrouver ou d’être retrouvé par ses parents biologiques. Il n’y a pas d’exclusion, il y a une addition bénéfique.
    Et puis, il y a lieu aussi d’apprendre à laisser aller nos enfants. Comme Joseph, nous avons à nous effacer pour laisser une place à Dieu. Comme le dit le poète Khalil Gibran :
    « Vos enfants ne sont pas vos enfants.
    Ils sont les fils et les filles de l'appel de la Vie à elle-même,
    Ils viennent à travers vous mais non de vous.
    Et bien qu'ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas. (…)
    Vous êtes les arcs par qui vos enfants,
    comme des flèches vivantes, sont projetés.
    L'Archer voit le but sur le chemin de l'infini,
    et Il vous tend de Sa puissance
    pour que Ses flèches puissent voler vite et loin.
    Que votre tension par la main de l'Archer soit pour la joie;
    Car de même qu'Il aime la flèche qui vole, Il aime l'arc qui est stable. *»
    Ce n’est pas perdre sa place de parents, de père, que de laisser ses enfants découvrir et accéder à Dieu. C’est faire notre travail, c’est remplir notre rôle. Heureux celui qui donne la vie, mais plus heureux encore celui qui permet l’ouverture à la vraie vie. Ce rôle-là ne se fait pas par l’action, par la puissance, mais par le retrait, en laissant la place.
    Si nous occupons la place de Dieu, celui-ci ne peut la prendre. Comme Joseph, nous avons à laisser cette place libre pour que Dieu puisse venir l’habiter de sa présence et ainsi nous faisons, à nos enfants, le plus beau cadeau du monde : ils peuvent découvrir leur Père céleste.
    Amen
    * Khalil Gibran, Le prophète, Paris, Castermann, 1956. p.19.
    © Jean-Marie Thévoz, 2014

  • Luc 1. Marie

    30.11.2014

    Luc 1.
    Marie
    Jean 1 : 10-13     Luc 1 : 26-38 

    Télécharger la prédication : P-2015-11-30.pdf


    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Comme protestants, nous avons de la peine avec la figure de Marie. Nous la tenons à distance, nous la mentionnons le moins possible dans nos liturgie ou nos prédications. Nous pouvons prendre les disciples comme modèles, Pierre ou Thomas, même Zachée, mais pas Marie. Nous pouvons nous laisser inspirer par de grands personnages comme Martin Luther King, Mère Teresa, Mandela, l’abbé Pierre ou sœur Emmanuelle du Caire, mais pas Marie !
    Et bien, aujourd’hui, j’aimerais prendre Marie comme modèle ! La prendre comme modèle de foi, comme inspiration. Le moment de l’Annonciation, où Marie reçoit la visite de l’ange Gabriel, peut être une inspiration pour nous et notre foi.
    Ce moment, en tout cas, a été inspirant pour beaucoup de peintres de la Renaissance, ou après. On voit l’ange Gabriel haut placé d’un côté du tableau avec un rayon ou simplement son regard qui descend en diagonale vers Marie, dans une pose recueillie et accueillante.
    C’est une atmosphère qui exprime le don et la réception, l’annonce et l’acceptation. C’est l’atmosphère du temps de l’Avent, Dieu offre son fils au monde, comme cadeau vivant. Et cette offre merveilleuse trouve un cœur accueillant, troublé, impressionné, mais ouvert, réceptif. Si ce temps semble un peu passif, l’annonce de l’ange invite Marie à devenir active dans un triple mouvement : concevoir, enfanter, nommer.
    Concevoir, c’est accepter l’idée de ce projet de Dieu pour elle et le faire advenir dans son être intérieur. Ce sera nourrir et faire grandir en elle celui qui deviendra la Parole de Dieu.
    Enfanter, ce sera mettre au monde, donner au monde celui qui a grandi en elle, donc se séparer, laisser aller, lâcher prise, donner.
    Nommer, c’est dire le sens du projet : Jésus « Yoshua » signifie « Dieu sauve ». Dans cette nomination, il y a le témoignage et la confession que celui qui est donné au monde vient de Dieu avec le dessein merveilleux de sauver l’humanité.
    Voilà  le rôle, le travail, la mission de Marie. Mais le récit biblique n’est pas là que pour nous relater des événements du passé. Il est là pour nous pousser en avant et pour nous rejoindre dans notre présent.
    Le théologien médiéval Pierre de Blois (1135-1203) — à propos de l’annonciation — dit qu’il y a trois avènements du Christ. Le premier, à travers Marie, est son avènement historique, de la crèche à la croix, celui que je viens de décrire.  Le deuxième avènement est l’avènement du Christ en nous, « dans notre âme » dit Pierre de Blois. Le troisième avènement aura lieu à la fin des temps, lors du retour du Christ.
    J’aimerais développer ce deuxième avènement, en nous, du Christ. C’est là que Marie devient un modèle pour nous, une image spirituelle de ce qui se passe pour nous. Nous n’avons probablement pas vu l’ange Gabriel, mais la Parole de Dieu nous a été annoncée, elle a été proclamée et — si nous sommes là ce matin — c’est qu’elle nous a touchés.
    La Parole est semée sur tous les terrains, comme le dit la parabole du semeur, mais elle ne prend pas racine partout. Il faut une ouverture, une réception, un accueil pour que la Parole puisse germer en nous. Dieu souhaite habiter en nous et toujours à nouveau il couvre l’humanité de son ombre pour que la Parole puisse être conçue, puisse germer dans nos cœurs.
    L’évangéliste Jean rappelle que le Christ n’est pas accueilli partout les gras grands ouverts : « Le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu dans son propre pays, mais les siens ne l’ont pas accueilli. »  (Jn 1:10-11). L’accueil, l’ouverture, la réception ne va pas de soi.
    Ensuite, l’exemple de Marie nous montre qu’après avoir conçu, fait germé en soi la Parole, il faut l’enfanter, la mettre au monde, la donner au monde. Le Christ n’est pas un petit trésor personnel. Bien sûr, il nous fait du bien, il nous réchauffe de son amour, il nous apporte de la sérénité, de la paix, il nous aide à traverser les épreuves de la vie, mais il ne nous appartient pas. Nous avons à mettre cette Parole au monde, à la donner au monde.
    Enfin, nous avons à nommer Jésus, à confesser qu’il est le sauveur du monde. C’est ce que Noël nous annonce : « Un sauveur nous est né ! » (Lc 2:11). Le Christ est pour tous les humains, il est la lumière du monde, même si le monde ne veut pas la voir et la rejette.
    Ce monde a besoin de la lumière du Christ, celle qui apporte la paix pour le monde.
    Marie, en acceptant d’être la mère de Jésus, a porté le premier avènement du Christ. Elle devient le modèle, l’image spirituelle du deuxième avènement du Christ, son avènement en nous. Comme elle, nous pouvons être porteurs du Christ pour l’enfanter au monde et le nommer pour porter témoignage de son œuvre, de son amour pour tous les humains.
    Cette terre a besoin de voir naître toujours à nouveau le Christ et recevoir de lui lumière et paix.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2014