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  • Nourrir notre être spirituel auprès de Jésus

    Jean 6

    18.9.2016

    Nourrir notre être spirituel auprès de Jésus

    Deutéronome 8 : 1-6       Jean 6 : 47-51       Matthieu 6 : 16-18

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    Chers frères et sœurs en Christ,

    Je me demandais : qui a faim ce matin ? Avez-vous faim ou avez-vous mangé ce matin ? C’est vrai, la question se pose, puisque nous vivons le dimanche du Jeûne Fédéral. Un jour de Jeûne Fédéral conçu par les Confédérés d’autrefois et toujours proposé aujourd’hui. Le Conseil d’État vaudois nous le rappelle avec son message.

    Jeûner, c’est plutôt sorti de nos habitudes, encore plus de nos habitudes protestantes. Et puis la société de consommation et les besoins de l’économie sont aussi passés par là : jeûner, s’abstenir de consommer, c’est presque un crime économique.

    Pourtant le jeûne reviens, par le biais de la santé ou par le biais des Campagnes de Carême, pour débusquer nos dépendances : on ne renoncera peut-être pas à la nourriture, mais à nos appareils électroniques ou à notre consommation numérique. Jeûner pourrait être une bonne façon de nous impliquer dans une réflexion sur nos modes de vie, ne consommons-nous pas près de trois planètes par année en Suisse ? Ou une réflexion sur l’équilibre de nos vies, entre le corps, l’âme et l’esprit ? Ou simplement une réappropriation de notre corps ou de nos sensations, pour éprouver simplement ce que c’est que d’avoir faim, pour nous sentir plus proches de populations qui éprouvent régulièrement la faim.

    A la suite des paroles de Jésus dans le Sermon sur la Montagne (Mt 6), le jeûne n’est pas donné comme un moyen de pénitence, ni comme un artifice pour afficher sa pratique religieuse. Jésus déteste toute manifestation pour se faire valoir devant les autres. Jésus privilégie le regard et le chemin intérieurs. Nous savons ce que nous faisons et seul Dieu le voit et l’apprécie : « Ton Père qui est là, dans le secret, le saura ; et ton Père, qui voit ce que tu fais en secret, te récompensera » dit Jésus (Mt 6:18). Pour Jésus ce qui importe, c’est la vie intérieure, le dialogue que nous tissons avec Dieu au travers de nos gestes.

    Mais vers qui allons-nous pour être nourris ? Ce qui importe, c’est que nous nous nourrissions auprès de la bonne source. Dans l’Évangile selon Jean, Jésus revisite l’histoire pour nous orienter vers la bonne source de nourriture, vers ce qui nourrit vraiment. Jésus dit : « Vos ancêtres ont mangé la manne dans le désert, mais il sont morts. Mais le pain qui descend du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas » et il ajoute « Je suis le pain vivant descendu du ciel. » (Jn 6:49-51)

    On trouve la même séquence : « faim – pain – vie » à deux époques, au temps des ancêtres et maintenant. Mais il y a une évolution entre les deux époques. Les ancêtres (c’est donc le peuple hébreu conduit par Moïse hors d’Égypte, dans le désert, en route vers la terre promise) les ancêtres ont eu faim dans le désert et Dieu leur a envoyé la manne, une nourriture pour assurer leur survie pendant la traversée du désert. Cette manne assure la survie, mais pas la vraie vie.

    Avec Jésus les choses sont différentes. Il ne s’agit plus d’aliments pour la survie physique du corps, mais une nourriture qui donne une vie en plénitude. On quitte la séquence : « faim – manne – survie » pour une nouvelle séquence : « faim – pain – vie nouvelle, vie en plénitude ». Et ce pain n’est pas celui du boulanger (sinon on serait à nouveau dans la première séquence ) ce pain, c’est Jésus lui-même. « Je suis le pain de vie » (v.48) « Je suis le pain vivant descendu du ciel » (v.51) dit Jésus.

    Jésus est celui qui peut nourrir notre âme, notre vie spirituelle. Jésus est celui qui peut combler nos aspirations, l’être intérieur.

    Un petit mot sur le terme de « vie éternelle » utilisé dans le récit. Il se trouve que Jésus en parle toujours au présent : « Celui qui croit, il a la vie éternelle.» Lorsque Jésus parle de « vie éternelle » il parle d’abondance et de plénitude, pas de durée interminable… C’est pourquoi il en parle au présent : c’est une qualité de vie pour maintenant, bien plus qu’une perspective pour après la mort. Mais comme Jésus attache cette vie abondante, en plénitude, éternelle, à Dieu, cela est aussi valable après la mort, puisque la mort n’est pas une barrière à la communion avec Dieu. Mais la vie éternelle (en plénitude) commence maintenant !

    La faim que Jésus vient combler — en devenant pain de vie — c’est la faim spirituelle que nous éprouvons. La faim spirituelle peut se manifester par un besoin de compréhension intellectuelle, une recherche pour comprendre le monde, la vie. Mais je crois plus profondément que notre faim spirituelle est une faim de notre être à être rassurés : être assurés de notre valeur ; être assurés que nous sommes aimables et aimés; être assurés que la vie que nous menons n’est pas vaine.

    Notre faim s’exprime chaque fois que nous sommes inquiets sur nous-mêmes, chaque fois que nous ressentons que nous passons à côté de la plénitude, chaque fois que nous éprouvons du manque, de l’incomplétude. Notre monde ne nous donne que les moyens de satisfaire les besoins de notre corps. Que nous donne-t-il pour notre être intérieur ? Il ne nous donne que des leurres. Notre monde — il n’y a qu’à regarder les publicités — nous fait miroiter que des objets peuvent combler notre faim de sécurité, notre faim de sérénité, notre faim d’être aimés. Mais « l’homme ne vivra pas de pain (ou d’objets) seulement, mais des paroles que Dieu prononce » (Deut. 8:3)

    Nous avons besoin d’une nourriture spirituelle, c’est-à-dire de paroles qui nous disent notre valeur inaltérable, qui nous disent que nous sommes aimables et aimés, fondamentalement, inconditionnellement, quelles que soient les circonstances, quelques soient nos actions.

    Seul Dieu est assez grand pour nous prononcer ces paroles, nous les répéter, nous les dire lorsque nous en avons le plus besoin. Notre part, c’est de croire ses paroles, de les reconnaître comme nous étant adressées, comme étant vraies pour nous. La foi, c’est cette confiance que Dieu nous parle bien à nous. Il nous dit bien cela, à nous personnellement. Avoir foi dans ses paroles et nous en nourrir. Recevoir cette promesse de vie et d’amour dans les paroles du baptême. Recevoir cette promesse de vie, d’amour et de présence au travers du pain de la cène, c’est notre part.

    Jésus nous offre sa présence, sa vie — au travers du pain et du vin — pour nous assurer de son amour, amour qui nourrit notre valeur, qui fonde notre estime de nous-mêmes. Jésus est le pain de vie, celui qui vient vraiment nous nourrir d’une vie qu’il veut en abondance, en plénitude, afin que nous soyons débarrassés de nos inquiétudes, de nos angoisses, de nos manques, de nos insécurités. « Je suis le pain vivant descendu du ciel, dit Jésus, si quelqu’un mange de ce pain-là, il vivra dans la plénitude».

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2016