(3.4.2005)
Galates 3
De la loi à la foi. "C'est par la foi que vous êtes enfants de Dieu"
1 Jean 3 : 1-3 Galates 3 : 23-29
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Chères paroissiennes, chers paroissiens, chères familles qui avez fait baptiser vos enfants,
Nous sommes le peuple de Dieu, plus encore, nous sommes les enfants de Dieu. Autant l'apôtre Paul que Jean l'Ancien affirment que nous sommes enfants de Dieu. Que veulent-ils dire par cette nouvelle appellation ? Il y a là l'affirmation que la relation à Dieu — à travers Jésus-Christ — est totalement différente de ce qu'elle était dans le judaïsme d'alors et dans les religions mythologiques des grecs et des romains.
Paul en parle en opposant la loi et la foi. La loi représente tout ce que l'être humain — nous — devrait faire pour plaire à Dieu, pour être adéquat dans la relation à Dieu ou tout simplement pour avoir le sentiment d'exister, d'avoir de la valeur.
On peut retrouver cette exigence dans d'autres modèles de lois : pour être un bon citoyen, il faut remplir un certain nombre d'obligations, payer ses impôts à temps, aller voter, respecter toutes les lois, etc. Idem pour être un bon consommateur, un bon automobiliste, etc. Et puis il y a les obligations sociales, il faut être une bonne mère, un bon père; il faut être "tendance", "in", "fashion" ; il faut être jeune, beau et riche, etc.
Pas besoin de dieux grecs ou romains pour être assujettis à de multiples obligations, notre société se charge assez de nous dire ce qu'il faut faire pour être considérés, pour être à la mode, pour être aimés. Tout cela relève de la loi, des contraintes extérieures dont on nous fait croire qu'elles nous donnent accès au bonheur. En fait, ces exigences nous renvoient plutôt à nos échecs et à nos manques.
A nos échecs, parce que nous n'arrivons pas à être à la hauteur des modèles — retouchés — que nous balance la publicité; parce que nous n'arrivons pas au niveau de perfection qu'on nous fait miroiter comme source de bonheur. A nos manques, parce que nous avons nos limites, nos faiblesses, nos ras-le-bol. Ces modèles finissent par nous culpabiliser et nous paralyser. On n'ose plus rien faire de peur de faire faux.
L'apôtre Paul voyait ce système à l'œuvre dans la loi juive. Je l'ai transposé dans notre monde actuel. La façon d'en sortir existe autant pour Paul que pour nous : en changeant de système de référence.
Le système de la loi, c'est celui du patron d'entreprise où chaque employé doit servir les buts de l'entreprise. Le système de la foi que l'évangile propose c'est que chacun à pour "devoir" de devenir lui-même.
C'est pour expliquer cela que Paul et Jean utilisent la notion d'enfant de Dieu. Dieu n'est pas le patron d'une entreprise où chacun doit servir les buts de cette entreprise. Dieu est un père dont la seule volonté est que chacun de ses enfants avance à la découverte de sa propre personnalité et puisse accomplir les buts qu'il se fixe lui-même.
De même que notre rôle de parents est de conduire nos enfants à devenir eux-mêmes et non pas des images de nous-mêmes; de même, Dieu souhaite que nous apprenions à exister — non pas pour lui plaire — mais pour devenir des êtres vrais.
La loi ne conduit qu'à l'obéissance et à l'adaptation. La foi, la confiance, aide à grandir, à se développer, à devenir soi-même dans la liberté.
L'apôtre Paul nous invite donc à changer notre image de Dieu. Non, Dieu n'est pas un Dieu mesquin ou chicaneur qui nous attend au tournant avec une liste de nos fautes pour nous épingler. Non. Dieu nous fait confiance, il nous regarde avec amour et bienveillance, nous encourageant dans nos premiers pas comme dans les pas difficiles lorsque la route est semée d'embûches.
Dieu a pour nous un amour inconditionnel, nous n'avons pas besoin d'être parfaits pour être aimés, nous n'avons pas besoin d'être "tendance", "in", "à la mode" pour avoir accès au bonheur. De même nous n'avons pas besoin d'être des parents parfaits pour élever nos enfants, pour qu'ils nous aiment, pour les aimer et les aider à grandir.
C'est en sachant que nous sommes aimés inconditionnellement que nous serons capables d'aimer nos enfants (ou nos proches). C'est en leur parlant, en leur transmettant cette certitude que Dieu est amour que nous pourrons leur transmettre le goût de Dieu. C'est en étant sûrs d'être aimés que nous pourrons être vrais avec nous-mêmes, avec nos proches, avec Dieu et avec nos enfants.
Par le baptême que nous avons reçu, nous sommes unis à Jésus-Christ, celui qui nous montre que Dieu n'est pas un patron qui juge, mais un Père qui aime.
Par la confiance que nous plaçons en Dieu, nous pouvons être assurés que notre être — que la vérité de notre être — ne dépend pas des exigences du monde actuel, mais repose sur Dieu et sur Dieu seul.
Le baptême et le signe que notre nom — notre être — est inscrit dans le cœur de Dieu.
Amen
© Jean-Marie Thévoz, 2022