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Clamans - Page 47

  • Luc 2. Dieu vient habiter dans nos existences et y placer des signes.

    Luc 2
    24.12.2005
    Dieu vient habiter dans nos existences et y placer des signes.

    Lecture de Habacuc 1:12—2:3

    Voilà, c'est Noël ! C'est le temps de la joie, des cadeaux, des lumières. C'est un temps de fête, de réunions de famille, de réjouissances… Mais, il me semble qu'on gomme artificiellement une partie de la réalité, si on ne prend pas en compte la fatigue — par exemple de ceux qui ont travaillé dans les magasins jusqu'à 17h aujourd'hui. Ou bien la lassitude de ceux pour qui Noël, cette année, sera moins lumineux qu'auparavant.
    Je ne veux pas jeter un voile de tristesse sur la joie de Noël, mais qui peut dire qu'il n'a pas aussi un sentiment mitigé, partagé. Nous voudrions bien être complètement dans la joie, mais nous n'y arrivons pas. Il reste en nous-mêmes un lieu qui n'est pas comblé, une part toujours en attente du bonheur. Comment pourrions-nous être totalement joyeux alors qu'une grande partie du monde souffre ?
    C'est dans ce monde réel que le prophète Habacuc en appelle à Dieu ! Non, le monde n'est pas satisfaisant, notre vie ne nous comble pas, nous ne sommes pas totalement heureux. Toujours, nous avons cette impression qu'il nous manque quelque chose pour être heureux, parfois peu, parfois beaucoup.
    Noël ne vient pas gommer l'obscurité, effacer nos manques. C'est au cœur de cette réalité-là que Dieu vient faire retentir sa promesse : "Je viens habiter ce monde !" Tout ce que nous vivons, la routine conjugale, les conflits avec les enfants, ou les parents, la pénibilité du travail, la solitude de l'âge, tout cela, Dieu vient l'habiter de sa présence. La lumière vient briller dans les ténèbres.
    « Après la longue et sombre nuit, le ciel va rayonner » Cantique 263.
    * * *
    Lecture de Luc 1 : 46-55

    Jésus habite et grandit dans le ventre de Marie. Dieu vient habiter et grandir dans nos existences. Dieu se fait une place dans la vie réelle des humains. Le Vivant, la Vie, nous rejoint.
    Le cantique de Marie exprime la joie de recevoir ce cadeau de Dieu. Rendez-vous compte, Il s'abaisse jusqu'à notre petite personne pour y déposer la Vie, venir y habiter et grandir en nous.
    Nous aurions tellement voulu nous élever jusqu'à Dieu, trouver le moyen de lui plaire pour qu'il nous aime — n'est-ce pas ce que nous faisons constamment face aux autres dans notre vie ? — pour être aimés. Mais non, c'est lui qui — le premier — pose un regard sur nous.
    Il pose un regard sur nos vies, sur le concret de nos vies ! Sur nos relations à nos enfants ou à nos parents; sur notre travail ou notre mariage; sur notre solitude ou nos engagements. Il pose un regard, il vient y habiter et il les transfigure, il les transforme.
    Comme vous l'avez entendu, Dieu vient bouleverser nos hiérarchies, renverser nos situations :

    "Il renverse les rois de leurs trônes,
    il donne un place élevée aux humbles.
    Il accorde des biens en abondance à ceux qui ont faim,
    il renvoie les riches les mains vides." (Luc 1:52-53).
    En posant un regard sur nos vies, Dieu rétablit les valeurs, il remet l'essentiel à la première place, il nous confronte à nos blocages, à nos entraves, à nos inachèvements pour nous élever. En ce Noël, Dieu vient habiter chacun de nous. Dans notre vie, dans notre existence concrète, il vient mettre sa Vie pour qu'une partie oubliée, négligée ou morte de nous-mêmes revienne à la vie.
    Je vous invite à méditer — pendant le silence qui suit — quelle partie de vous Dieu peut faire revenir à la vie, peut féconder.
    Silence, puis cantique 261, « L'enfant qui naît à Bethléem »
    * * *
    Lecture de Luc 2 : 1-19

    Croyez-vous qu'il a été facile pour les bergers de croire le message transmis par les anges ?
    Croyez-vous qu'il a été facile pour Marie et Joseph de comprendre que leur nuit dans l'étable était un grand miracle et une bénédiction pour l'humanité ?
    Nous sommes tellement habitués à ce récit que nous ne voyons plus la réalité tellement les signes sont devenus envahissants. Les signes du mystère sont devenus plus grands que l'événement. On voit davantage les lumières et les paillettes que l'épaisseur du réel : le froid de la nuit, le risque d'un accouchement et la démangeaison de la paille !
    N'est-ce pas l'inverse dans nos vies ? Osons-nous seulement penser que nos vies sont parsemées de signes qui marquent le passage de Dieu ? Saurons-nous faire de nos vies des récits de Noël, c'est-à-dire oser faire la lecture des signes que Dieu y sème ?
    Noël, c'est l'affirmation que les signes de Dieu ne restent pas dans le ciel, dans les étoiles, mais qu'ils sont inscrits dans la réalité terrestre de nos vies, et de nos vies toutes simples, toutes humbles ou souffrantes.
    Dans une paroisse de Lausanne, le pasteur a proposé aux catéchumènes d'être — pendant un trimestre — l'ange d'un autre catéchumène. Mais cela devait se faire dans le secret, dans la discrétion. L'ange ne devait pas se révéler comme tel, mais laisser quelques signes à reconnaître. A chacun de trouver ces signes et peut-être de reconnaître son ange gardien.
    On peut imaginer à quel point l'atmosphère du groupe s'en est trouvée transformée ! Comment cela serait-il à l'échelle de la paroisse, du village, du canton, du pays, du monde ?
    Quelle joie de recevoir un signe, même anonyme ! Quelle joie dans le déploiement d'ingéniosité pour placer un signe sans être découvert !
    Dieu a placé un signe dans la crèche et bien d'autres encore dans chacune de nos vies. Alors, partons joyeusement à leur découverte !
    * * *
    Prions
    Nous avons besoin, Seigneur, de signes quotidiens qui relèvent notre tête vers la lumière.
    Comment pourrions-nous avancer dans la vie sans personne qui nous encourage à progresser ?
    Comment pourrions-nous aimer, sans recevoir, au milieu de nos jours, des gestes de tendresse et d'offrande ?
    Comment pourrions-nous croire, Seigneur, sans rencontrer au long du chemin une communauté qui révèle ta présence ?
    Comment pourrions-nous espérer sans la passion de ceux qui — malgré les échecs et les doutes — réveillent en nous l'enthousiasme des rêves à réaliser ?
    Seigneur, fais-nous prendre conscience des signes disposés dans notre vie et qui nous appellent à mener notre existence humaine à la clarté de l'évangile de Jésus de Nazareth, Lui, le signe de Dieu venu parmi les hommes.
    Amen

    © 2005, Jean-Marie Thévoz, Suisse, Bussigny.

  • Matthieu 1. Trois naissances marquées par la main de Dieu.

    Matthieu 1
    4.12.2005
    Trois naissances marquées par la main de Dieu.
    Ex 2 : 1-10 Jg 13 : 1-5+24-25 Mt 1 : 18-25


    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    La Bible nous rapporte plusieurs récits de naissances au fil de ses pages, plusieurs témoignages de personnages qui confessent que Dieu les a choisis dès le sein de leur mère, dès leur naissance, comme Jérémie (Jr 1:5) ou l'apôtre Paul (Ga 1:15).
    C'est une démarche fréquente — lorsque quelqu'un devient célèbre — de chercher dans sa vie, dans son enfance, ou même dès sa naissance, des signes annonciateurs de son "génie." Ainsi on a été rechercher les carnets scolaires d'Albert Einstein, ou les dessins d'enfant de Picasso ou de Paul Klee; peut-être va-t-on rechercher les premières dictées que Bernard Pivot a écrites à l'école ?
    Après coup, on remonte le temps pour chercher l'origine du caractère particulier de la personne. On pense, en effet, qu'un personnage extra-ordinaire doit avoir eu une naissance ou une enfance extra-ordinaire.
    Dans la Bible, dans les récits de naissances, on trouve trois sortes de "marques," de "types" de naissances extraordinaires.
    A. En premier lieu, il y a les annonces de naissance. Un messager de Dieu, un ange, vient prévenir les parents. C'est le cas pour Samson — l'homme qui tirait la force de ses cheveux — dont la naissance est annoncée par "l'ange du Seigneur" à sa mère. C'est aussi le cas pour la naissance d'Ismaël, d'Isaac et de Jean-Baptiste.
    B. En deuxième lieu, il y a les naissances impossibles. Souvent, elles ont été accompagnées d'une annonce. Ce sont des naissances que j'appelle "impossibles" parce que les parents sont stériles ou trop âgés. elles sont impossibles aux yeux des humains, mais réalisables par Dieu. On retrouve Isaac et Jean-Baptiste, auxquels on peut ajouter Samuel. Certaines femmes passent par des stérilités temporaires comme Rébecca ou Rachel.
    C. Enfin, en troisième lieu, il y a les naissances d'enfants qui échappent à un décret de mort. C'est le cas de Moïse "sauvé des eaux", mais surtout sauvé du décret du pharaon qui voulait que tous les nouveaux-nés mâles du peuple hébreu soient tués à la naissance.
    Maintenant, lorsqu'on lit — dans les Evangiles de Matthieu et de Luc — les récits autour de la naissance de Jésus, on s'aperçoit que les trois types de récits de naissance ont été appliqués à celle de Jésus.
    A. Joseph, chez Matthieu, Marie, chez Luc, reçoivent d'un ange l'annonce de la naissance de leur enfant.
    B. La naissance de Jésus est une naissance "impossible" puisque Marie est vierge et que Marie et Joseph ne se sont point encore connus, selon la terminologie biblique (Mt 1:25, Luc 1:34).
    C. Enfin, dans l'Evangile de Matthieu, Jésus échappe au Massacre des Innocents commandé par Hérode. Ici le parallèle avec Moïse est frappant.
    Chacun de ces types de signes — déjà séparément — montre que la main de Dieu est posée sur ces enfants. Ensemble, ces signes accumulés sur Jésus indiquent que Jésus a un statut particulier dans le cœur de Dieu, ce qu'on a traduit dans notre langage en disant : Jésus est le fils de Dieu.
    Oui, la main de Dieu repose spécialement sur Jésus. La résurrection après la croix a été le début de la révélation de ce lien particulier entre Dieu et Jésus. A la lumière de la résurrection, il a été possible de voir la Passion du Christ sous une lumière nouvelle, puis de comprendre les signes parsemés tout au long de son ministère, depuis son baptême par Jean-Baptiste.
    Et quelques-uns des évangélistes ont voulu montrer que Dieu avait un lien intime et particulier avec Jésus depuis son origine. Matthieu et Luc font remonter ce début à l'annonce de la naissance, voir plus haut, puisque chacun d'eux donne une généalogie de Jésus. Matthieu remonte jusqu'à Abraham, Luc jusqu'à Adam. L'évangéliste Jean place même ce lien avant la création lorsqu'il dit : "Au commencement était la Parole (=Jésus) et la Parole était auprès de Dieu" (Jn 1:1).
    Ces récits sont donc des réflexions sur la question : d'où vient vraiment Jésus ? d'où et de qui lui vient qu'il nous montre si bien qui est Dieu ? Et la réponse, ou plutôt les réponses, ne peuvent pas mieux faire que de pointer Dieu lui-même. Jésus vient de Dieu, il révèle Dieu lui-même.
    Ces questions sur les origines de Jésus nous pouvons aussi nous les poser à propos de nous-mêmes. Que s'est-il passé "au début" pour que je sois maintenant qui je suis ? D'où me vient ma personnalité ? Il y a beaucoup de pistes à suivre dans cette quête :
    - l'arbre généalogique : qu'ai-je reçu de mes parents et de mes ancêtres ?
    - mes parrains et marraines, au sens large des personnes qui ont veillé sur moi et m’ont marquées,
    - mon milieu (histoire et géographie),
    - mes décisions personnes, et si l'on pousse assez loin l'introspection on va s'apercevoir que certaines décisions remontent tôt dans l'enfance, (par exemple pour certains choix professionnels),
    - et puis les événements, les circonstances qui ont bouleversés nos vies,
    - enfin, dernier sur ma liste, mais pas le moins important, quelle trace puis-je découvrir dans ma vie de la main de Dieu ? de l'ange du Seigneur ?
    Toute vie compte aux yeux de Dieu, toute vie est dans le creux de sa main. Que puis-je voir de sa présence ?
    Dans ce temps de l'Avent, de l'attente impatiente de la venue de Jésus à Noël, voulons-nous accueillir davantage "la main de Dieu", "l'ange du Seigneur" ? L'accueillir par la reconnaissance de la place qu'il a dans notre vie ? L'accueillir pour lui laisser une place de guide, de conseiller dans notre vie — au travers de la prière ?
    Se préparer à Noël, à la venue de Jésus, ce n'est pas seulement attendre qu'il fasse quelque chose dans le monde, c'est l'accueillir dans sa vie personnelle, pour qu'il soit un compagnon sur notre route, pour qu'il soit un guide dans notre vie et dans celle de nos enfants dès leur naissance, dès leur enfance, pour qu'ils puissent voir dans leurs vies les traces de sa présence. Dans ce temps de l'Avent, laissons-nous saisir par la main de Dieu.
    Amen

    © 2005, Jean-Marie Thévoz, Suisse, Bussigny.