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  • Luc 24. La vie : comme un jeu vidéo.

    Luc 24
    14.5.2015
    La vie : comme un jeu vidéo.
    Phil 2 : 5-11       Matthieu 16 : 24-27        Luc 24 : 50-53

    Télécharger le texte : P-2015-05-14.pdf


    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    En ce jeudi de l’Ascension, nous rappelons que Jésus est monté au ciel. Monter au ciel ? Peut-on encore dire cela au XXIe siècle ? Peut-on encore croire cela au XXIe siècle ? Si dans cet épisode de l'Ascension nous voulons nous raccrocher à une élévation physique de Jésus, à une ascension au travers des nuages, de la stratosphère, nous avons un problème et il n'est pas étonnant que nos contemporains se détournent des Eglises. Ne confondons pas Jésus avec Superman ou avec Yves Rossi le jetman suisse !
    Les évangiles ne nous révèlent pas une une anecdote bizarre à travers l’Ascension de Jésus, mais un élément très sérieux quand on en saisit la portée symbolique, théologique.
    L’Ascension est une image qui s’inscrit dans la vision du monde de l’époque de Jésus. Le monde est vu comme constitué de trois étages, de trois niveaux, « le ciel, la terre et les enfers » comme le dit le cantique 34–32 (strophe 2) que nous venons de chanter. Le ciel (qui n’est pas celui de la météo !) est la dimension divine. C’est l’espace que Dieu habite, qu’il remplit, c’est le lieu (ou le temps) de la communion avec Dieu.
    Les « enfers », ou la Shéol dans l’Ancien Testament, c’est le séjour des morts, qu’il ne faut pas se représenter comme l’enfer des peintures de la Rennaissance, c’est simplement le lieu de la mort, lieu marqué par l’absence de Dieu, un lieu ou un temps d’immobilisme, de léthargie, de non-vie. Dans cette vision des choses, la vie sur terre est le temps décisif où se joue soit la montée au ciel, soit la descente dans la Shéol.
    Je vais prendre une comparaison actuelle. Essayons de penser que la vie est un jeu vidéo ! Pour ceux qui ne sont pas familiers avec les jeux vidéo, essayez de penser à un rallye semé d’embûches et d’énigmes et d’indices permettant d’aller à l’étape suivante. Dans un jeu vidéo, le personnage qu’on incarne ce meut dans un univers qui se trouve derrière l’écran. Il est confronté à trouver son chemin, à trouver des objets qu’il doit prendre ou laisser sans savoir lesquels seront utiles dans la suite. Il peut par exemple se trouver face à une porte pour laquelle il aura besoin d’une clé, ou face à un mur pour lequel il aurait besoin d’une barre à mine, mais qui veut s’encombrer d’une barre à mine ? etc. Il va faire des rencontres, les unes bénéfiques, les autres maléfiques, il aura donc besoin de cadeaux ou d’armes etc. pour arriver en vainqueur au niveau le plus haut, au paradis. Dans certains jeux on peut se procurer des indices supplémentaires pour éviter des pièges ou des détours. Voilà les ressorts des jeux vidéo.
    Si nous imaginons que le monde est un gigantesque jeu vidéo, notre rôle sur terre est de trouver une notre voie, faire notre chemin pour monter vers le niveau « ciel» et éviter de tomber dans la shéol, de mourir, d’être « game over ».
    L’épisode de l’Ascension de Jésus montre qu’il a réussi à passer au niveau supérieur, il a gagné le jeu. Il a donc une connaissance de toutes les astuces et des justes comportements pour gagner le ″jeu de la vie″. Plus encore, avant son Ascension — c’est ce que son Ascension nous révèle — il nous a enseigné comment on peut à notre tour gagner le ″jeu de la vie″ et accéder au ciel ! Il a pu le faire parce qu’il est le fils du concepteur du ″jeu de la vie″. Il a toutes les astuces et toutes les réponses aux énigmes, il a le mode d’emploi et il est venu pour nous le communiquer. Quel est son enseignement pour que nous puissions réussir au ″jeu de la vie″ et gagner le ciel ? Il nous donne trois enseignements fondamentaux.
    1. La première chose : c’est de le croire. Croire qu’il est bien le messager, le révélateur de celui qui a conçu, créé le ″jeu de la vie″. Pour faire notre chemin dans le jeu, nous devons choisir qui croire, lui ou les autres ? En qui allons nous faire confiance ? Dans son enseignement ou dans ce que le monde nous dit de faire ?
    2. Ensuite, Jésus nous dit de ne pas suivre le monde. Le monde — et ses conseils ordinaires — court à sa perte. Le monde est basé sur de fausses valeurs qui ne peuvent que nous faire perdre le ″jeu de la vie″. Vous connaissez les valeurs du monde : consommer, paraître, devenir célèbre, être mieux que les autres quitte à les piétiner, réussir, posséder, etc. Tous ces conseils ne mènent qu’à des impasses. Tous ces objets qu’on nous conseille d’acheter nous alourdissent, nous empêchent de monter au ciel.
    3. L’enseignement positif que Jésus nous donne consiste en un retournement des valeurs du monde. Ce sont les valeurs des béatitudes, ce sont les valeurs que Jésus a transmises à travers le lavement des pieds, ce sont les valeurs que Jésus a vécues en se dépouillant de tout pouvoir, de toute grandeur, pour servir, comme le rappelle la lettre aux Philippiens (Ph 2:5-11). C’est le don de soi, le don de sa vie qui conduit à la grandeur et à l’élévation. Dans le ″jeu de la vie″ : « celui qui voudra sauver sa vie la perdra et celui qui acceptera de la donner la sauvera » (Mt 16:25).
    C’est quelque chose qui est totalement caché au monde, mais que Jésus nous a révélé, à ses disciples et à nous. Nous avons le mode d’emploi du ″jeu de la vie″, nous avons les clés pour accéder au niveau du ciel.
    À nous de croire et faire confiance en Jésus. À nous de le suivre, de suivre ses enseignements. À nous d’emprunter ce chemin paradoxal, où celui qui perd en fait gagne.
    Découvrir que c’est ce chemin même — que le monde voit comme perdant, comme un abaissement, comme déraisonnable — c’est ce chemin qui se révèle être celui qui a du sens et apporte la vraie satisfaction, qui apporte des relations de plénitude avec les autres, qui apporte une communion d’amour avec Dieu, un rendez-vous avec le ciel.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2015