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avion

  • Marc 13. Ascension : voler de ses propres ailes

    Marc 13
    9.5.2013
    Ascension : voler de ses propres ailes
    Actes 1 : 32-37      Marc 13 : 32-37

    téléchargez la prédication ici : P-2013-05-09.pdf


    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    En ce jeudi de l’Ascension , nous nous rappelons le moment où Jésus a quitté définitivement cette terre pour monter au ciel. Cette élévation, cette ascension est un passage obligé pour marquer la fin des apparitions du ressuscité aux disciples.
    Il doit y avoir une séparation, mais elle ne peut pas être marquée par la mort, puisque Jésus est ressuscité et qu’il est le Vivant, pour toujours avec nous. Il n’y a pas d’explication à chercher ou à fournir sur le comment de l’ascension. Ce qui est important, c’est la rupture et la séparation, et ce qu’elle instaure dans notre relation à Dieu.
    L’Ascension est séparation. Les disciples ne verront plus Jésus, ils ne mangeront plus ensemble, ils ne le verront plus agir et faire des miracles. Mais il y a séparation et séparation.
    Il y a les séparations qui font mal, qui sont blessantes, mutilantes, déchirantes. On pense ici à la mort qui nous sépare d’êtres chers, au divorce, aux abandons, à l’exil, à toutes les pertes. C’est ce qu’ont vécu les disciples à Vendredi-saint. Ils ont perdu leur maître, leur ami, leur guide et l’épreuve a été déchirante.
    Et puis, il y a les séparations qui font grandir, qui donnent de l’autonomie, qui font grandir la liberté, qui augmentent les responsabilités ; ou qui augurent de retrouvailles joyeuses. Dans cette catégorie, regardez l’enfant qui demande au parent de lui lâcher la main pour qu’il puisse marcher tout seul sur le muret, ou l’apprenti qui peut effectuer seul une tâche pour la première fois.
    L’autre jour, sur Arte, je suis tombé sur un documentaire qui suivait le parcours d’un jeune qui apprenait à piloter un petit avion (de type Pilatus ou Cessna). Il y avait d’abord une phase d’enseignement au sol pour connaître le rôle de chaque instrument de bord. Puis une phase d’apprentissage en double commande, puis seul au commande avec l’instructeur assis à ses côtés.
    Enfin le moment où l’élève pilote va faire son premier vol seul. L’instructeur reste au sol, il n’y a plus que les liaisons radio avec la tour de contrôle. L’instructeur se sépare de son élève parce que celui-ci est devenu autonome, il a appris à voler de ses propres ailes, il a assimilé, intériorisé les instructions, les check-listes, les manœuvres.
    Voilà ce qu’est l’Ascension. Jésus a instruit ses disciples, il leur a laissé le manuel de vol et il leur laisse le contact avec la tour de contrôle. Jésus s’en va, il se retire en nous laissant les commandes. Il nous laisse la responsabilité de la maison (Mc 13:34). Il a formé ses disciples et il leur fait confiance : ils peuvent voler de leurs propres ailes.
    Les disciples nous ont transmis le manuel de pilotage : la Bible. Nous pouvons échanger avec la tour de contrôle, recevoir quelques consignes, vérifier quelques paramètres, mais c’est nous qui sommes aux commandes. C’est nous qui sommes aux manœuvres, même si nous pouvons nous adresser à la tour de contrôle.
    Notre situation est un peu différente de celle des disciples, en ceci que nous pouvons être à différents stades de notre apprentissage selon notre âge ou notre parcours. Ceux qui découvrent Jésus et l’Evangile ne peuvent pas être laissés immédiatement sans instructeur. Ils ont besoin de temps pour apprendre et éprouver ce qu’ils ont appris.
    Même quelqu’un avec plusieurs heures de vol derrière lui a besoin de formation continue, d’exercice et de perfectionnement. Sans exercice et pratique régulière, les choses s’oublient, les routines se perdent, les réflexes s’émoussent. Ce n’est peut-être pas grave pour des petits trajets par beau temps, mais que se passera-t-il s’il faut affronter une tempête ? Ou que se passera-t-il si l’on traverse une zone où l’on n’a plus de liaison avec la tour de contrôle ?
    Nous avons une responsabilité, nous avons un travail à faire pour rester à niveau et pouvoir faire face aux situations imprévues de l’existence. A l’Ascension, Jésus nous quitte parce qu’il nous a transmis tout ce dont nous avions besoin et parce qu’il nous fait confiance. Il nous a confié la maison comme à des serviteurs fidèles. Il ne souhaite pas entretenir notre dépendance à lui ; il est comme un parent qui laisse aller un jour ses enfants parce qu’ils sont adultes.
    Mais il ne nous quitte pas pour que nous lui tournions le dos et le laissions tomber. Le laisser tomber, c’est nous laisser tomber, ce serait renoncer à notre équipement face à la vie et aux épreuves de la vie. « Restez éveillés » dit Jésus à ses disciples (Mc 13:35,37). Il nous appelle à la vigilance, à ne pas relâcher notre attention, parce que la vie peut à tout moment nous confronter à un écueil, à une tempête, à une épreuve.
    Jésus nous a enseigné, nous a préparé, maintenant c’est à nous de conserver, d’entretenir ce savoir et de le transmettre à ceux qui nous entourent pour qu’ils profitent aussi des outils et des savoir-faire qui nous permettent de traverser la vie avec confiance.
    Ne perdons pas nos facultés de vol et notre liaison avec la tour de contrôle, maintenant que l’instructeur nous laisse voler de nos propres ailes.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2013