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carême

  • Luc 17. Le Royaume de Dieu ne s'observe pas, il se vit

    Luc 17
    17.3.2013
    Le Royaume de Dieu ne s'observe pas, il se vit

    Matthieu 6 : 16-18    Luc 17 : 20-30
    téléchargez ici la prédication : P-2013-0317.pdf


    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Nous vivons le dernier dimanche du temps de la Passion, dimanche prochain nous vivrons les Rameaux, l'entrée de Jésus à Jérusalem, puis le procès de Jésus, son exécution à vendredi-saint et sa résurrection à Pâques.
    Les évangiles mentionnent que Jésus annonce par trois fois sa Passion pour préparer ses disciples à ce qui va arriver à Jérusalem, pour les préparer à comprendre et survivre à la perte de leur maître. Dans le texte de Luc que nous avons entendu, Jésus annonce pour la deuxième fois sa Passion. Il le fait à la suite d'une demande de quelques pharisiens.
    Ces pharisiens lui demandent : "Quand est-ce que viendra le Royaume de Dieu ?" (Lc 17:20) Luc ne parle pas de piège, ici, il est possible que la demande soit sincère. Ces pharisiens attendent vraiment le Royaume de Dieu, que Dieu se révèle à tous et établisse son règne de justice et de paix. Nous aspirons aussi à ce que la justice et la paix règnent et nous nous demandons aussi quand cela viendra.
    Mais Jésus va les décevoir — peut-être nous décevoir aussi. Jésus répond en deux temps. D'abord, il dit que le Royaume de Dieu ne vient pas ! En tout cas pas de manière observable, pas de manière constatable, objectivable.
    On ne peut pas se mettre en mode "observation" et attendre de voir ! Ce n'est pas par l'observation, par la surveillance — de signes, d'augures ou des astres — qu'on peut voir le Royaume de Dieu. Le Royaume de Dieu est inaccessible pour l'observateur extérieur, le Royaume de Dieu ne s'observe pas, il se vit !
    C'est ce que Jésus dit dans un deuxième temps : "Inutile de dire : il est là ou il est ici, en fait le Royaume de Dieu est au milieu de vous." (Lc 17:21) Jésus nous dit : le Royaume de Dieu est au milieu de vous. Ce "au milieu de vous" peut se traduire soit par "à l'intérieur" de chacun, si le vous est considéré comme une série d'individus, soit par "au milieu de vous" ou "parmi vous" si l'on considère le vous comme une communauté, un groupe. Dans les deux cas, l'accent porte sur l'intérieur, sur l'intériorité.
    Jésus dit aux pharisiens : Cessez de chercher à l'extérieur ce qui se trouve à l'intérieur. Cessez d'observer, impliquez-vous, mouillez-vous ! Le Royaume de Dieu n'est pas quelque chose à observer, c'est quelque chose à vivre de tout son être.
    On ne connaît pas la réaction de ces pharisiens à cet enseignement. Le récit continue avec un enseignement qui est destiné aux disciples, à ceux qui s'impliquent. Jésus les met en garde, il les averti que les temps à venir vont être difficile. C'est un texte difficile que je vais paraphraser pour vous communiquer ce que j'en comprends. :
    « Vous allez être privés de ma personne et votre plus grand désir sera de retrouver — ne serait-ce qu'un jour — ce que vous vivez maintenant. Ce désir vous rendra fragiles vis-à-vis de ceux qui ont des réponses et des solutions à tout. On vous dira : Il est ici, il est là ! Ne les suivez pas, ne vous précipitez pas vers ces promesses illusoires. Quand je reviendrai ce sera évident, vous me reconnaîtrez du premier coup (comme un éclair se voit dans le ciel d'orage).
    Mais d'abord, je dois traverser ma Passion. En ce qui concerne mon retour — la Parousie — ce sera comme le Déluge ou Sodome et Gomorrhe, cela surprendra ceux qui n'ont pas changé de vie. Vous mes disciples, je vous prépare à ce changement de vie. Acceptez que je doive souffrir. » Voilà ma traduction libre de ce passage difficile.
    Nous sommes dans le temps de la Passion, nous ne sommes pas encore dans le temps du retour glorieux du Christ. Nous avons à vivre dans ce temps intermédiaire, dans ce temps du monde où le Christ continue de souffrir tant que des êtres humains souffrent.
    Le Royaume de Dieu n'est pas encore advenu et établi sur cette terre, mais nous vivons de la promesse que Jésus a établi ce Royaume de Dieu en nous et parmi nous, ses disciples.
    Ici et maintenant, nous avons deux tâches qu'il nous appartient de réaliser et une tâche qui ne nous appartient pas. La tâche qui n'est pas la nôtre, c'est de faire advenir le Royaume de Dieu sur terre, c'est la tâche de Dieu et de Dieu seul. Tous les humains qui ont voulu faire le bonheur de tous n'ont réussi qu'à établir des dictatures et un surcroît de malheurs.
    Nos deux tâches sont celles-ci : 1) consolider en nous le Royaume de Dieu, c'est-à-dire la présence du Christ en nous. C'est une tâche intérieure, de développement spirituel, d'approfondissement. Creuser en nous le désir de Dieu. Ce chemin se fait personnellement, dans le tête-à-tête avec Dieu, comme l'enseigne Jésus dans le sermon sur la montagne (Mt 5—7). Il ne faut pas chercher le paraître devant les humains, mais la récompense que Dieu donne pour ce qui est fait dans le secret de son cœur.
    2) La deuxième tâche est éthique et altruiste, elle est tournée vers l'extérieur, vers les autres. Si nous n'avons pas la tâche d'établir le Royaume de Dieu sur la terre, nous avons par contre la tâche que chacun de nos actes soit compatible avec la justice de ce Royaume. Nous avons une responsabilité vis-à-vis du monde et des autres, sur cette terre : que nos actes soient imprégnés de l'amour de Dieu.
    Ces actions responsables et éthiques sont inspirées et nourries de notre face à face avec Dieu. Ainsi, répondre à notre première tâche, cultiver notre vie spirituelle intérieure, devient le terreau de l'accomplissement de notre deuxième tâche : agir humainement envers tous.
    Le temps de la Passion est notre temps d'apprentissage. Le don du Christ à vendredi-saint et à Pâques nourrit et inspire aussi bien notre vie intérieure que notre action vers l'extérieur.
    Les pharisiens voulaient voir et observer la venue du Royaume de Dieu. Jésus nous dit que nous avons d'abord à le vivre de l'intérieur, dans sa Présence pour qu'il devienne visible dans nos actes.
    Que toutes nos actions soient remplies de l'amour que le Christ a pour chacun de nous, pour rendre visible ce Royaume de Dieu que nous attendons.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2013.

  • Matthieu 26. Le reniement de Pierre

    Matthieu 26
    14.3.1999
    Le reniement de Pierre
    Matthieu 26 : 31-35    Matthieu 26 : 69-75


    Téléchargez la prédication ici : P-1999-03-14.pdf

    Ce matin, j'étais juste réveillé de ce week end de cauchemar, quand deux des femmes de notre groupe, Marie de Magdala et l'autre Marie, ont brusquement fait irruption chez moi. Elles étaient dans un de ces états d'excitation, vous ne pouvez pas savoir. Elle ne cessaient de répéter :
    "Pierre, Pierre, Le tombeau est vide... le tombeau est vide..."
    Mais peut-on croire ces femmes. Elles étaient visiblement en état de choc. Elles sont noyées de chagrin. Ne se sont-elles pas trompées de tombe ? Il y a sûrement une explication logique à cela. Elles doivent être victimes d'une illusion due à leur peine. Nous sommes tous sous le coup de ce qui est arrivé il y a trois jours.

    Mais tout cela a commencé bien plus tôt.

    Vous vous souvenez, la dernière fois que je vous ai parlé, je me demandais si j'allais continuer à suivre Jésus ou retourner à mon bateau de pêche. Eh bien, il s'en est passé des choses depuis ce temps-là. Oui, j'ai continué à suivre Jésus...

    Encore deux fois, dans les mois qui ont suivi, il nous a dit que le Fils de l'homme devait souffrir, être rejeté et mourir. Je me demande comment Jésus pouvait vivre avec cette idée. Moi je n'arrivais pas à m'y faire. J'étais prêt à tout pour le protéger, pour le sauver.

    Enfin, ce qui est sûr, c'est que Jésus avait son plan. C'est ainsi qu'il y a quelques jours, il s'est dirigé vers Jérusalem. Il voulait être à Jérusalem pour le repas de la Pâque.

    Une fois arrivé à Jérusalem, je ne sais pas ce qui l'a pris. Je ne l'avais jamais vu comme cela. Vous savez, en Galilée, il accueillait tout le monde, on le voyait écouter tous ceux qui venaient vers lui, compatir aux misères de chacun, en guérir plusieurs. Là, à Jérusalem, il semblait avoir complétement changé. La dernière guérison qu'il ait faite, c'était un aveugle à la sortie de Jéricho. Dès qu'il est entré à Jérusalem, il est devenu agressif, violent même.

    Lorsque nous sommes monté au Temple pour la première fois de notre séjour, eh bien il s'est emparé de quelques cordages qui trainaient vers les marchands de bétail, il en a fait un fouet et il s'est mis à le faire tournoyer autour de lui. Quelle pagaie cela a mis ! Les agneaux et les chèvres couraient appeurés dans tous les sens. Le fouet brisait les cages des pigeons et des tourterelles, renversait les barrières des enclos. Vous auriez dû voir ça. Ensuite, il est allé vers les tables où des banquiers faisaient du change, il a renversé leurs tables avec toute la monnaie. La foule s'est précipitée pour ramasser ce qu'elle pouvait. Je n'ai jamais vu Jésus aussi en colère, c'était terrible. Il traitait tout le monde de voleurs et de profiteur. Si j'ai bien compris, il trouvait que les autorités avaient laissé ce Temple devenir une caverne de voleurs, alors que Dieu voulait que ce soit une maison de prière.

    Mais les jours suivants Jésus est quand même retourné au Temple. Chaque fois, devant la foule, il condamnait l'hypocrisie des chefs et des maîtres de la loi qui exigent des choses inaccessibles des gens. Il a été jusqu'à annoncer que ce Temple bâtit de main d'homme serait détruit ! Vous ne pouvez pas imaginer la fureur des gardiens du Temple.

    Ce tombeau vide, il doit bien y avoir une explication logique. Peut-être les gardiens du Temple sont-ils venu reprendre le cadavre pour le montrer à la populace. Pour bien montrer au peuple ce qui arrive à ceux qui menacent l'ordre établi.

    Ce tombeau vide, on dirait l'image de ce que nous sommes tous, aujourd'hui. Vidés, lessivés, fatigués par ce qui s'est passé ces trois derniers jours.

    Imaginez. Jeudi soir, nous avons tous soupé avec Jésus. Bon l'atmosphère était tendue. Nous étions de nouveau à Jérusalem et nous savions que toutes les autorités voulaient s'emparer de Jésus. Ils avaient peur d'une rébellion.
    Après avoir soupé, Jésus a pris du pain, il a remercié Dieu, il l'a rompu et nous l'a distribué en disant "prenez en tous, ceci est mon corps, donné pour vous". Après cela il a pris un coupe de vin, et après avoir remercié Dieu il nous l'a passée en disant : " Ceci est ma vie, donnée pour vous, buvez-en tous. Je ne boirai plus de vin, jusqu'à ce que je le boive nouveau avec vous dans le Royaume de Dieu". Nous avons mangé de ce pain, bu de cette coupe et nous nous sommes sentis tellement unis à lui. Nous faisions corps. Nous pensions que nous ne serions plus jamais séparés les uns des autres et surtout de Lui.

    Pourtant, c'est cette nuit-là, que Judas a trahit. Jésus l'avait d'ailleurs prévu. A la fin de ce repas il a dit : "L'un de vous me trahira !"  C'est à ce moment que Judas est parti brusquement. Alors moi je me suis levé et je me suis mis critiquer le comportement de Judas, et j'ai déclaré à Jésus que je ne l'abandonnerai jamais. Mais Jésus m'a alors dit : "Avant que le coq ne chante, tu me renieras trois fois.

    Juste après ce repas, Jésus nous a emmené pour prier avec lui au jardin de Gethsémané. Eh bien, je me suis endormi, une première fois. Jésus m'a réveillé et m'a dit : Pierre, tu ne peux pas prier une heure avec moi ? J'ai essayé, mais je me suis rendormi. Ce que je m'en veux. Mes prières n'auraient-elles pas pu modifier le cours des choses ?

    Ensuite, toute une troupe de soldat, avec Judas en tête, est venue arrêter Jésus. J'ai sorti mon épée, je voulais me rattraper, me racheter. J'étais prêt à mourir au combat pour Jésus. Mais Jésus m'a regardé, de son regard si chaleureux. Il m'a regardé comme s'il était touché de mes efforts pour le défendre, mais il m'a dit : "Rentre ton épée, car tous ceux qui prennent les armes mourront par les armes". J'ai obéis, mais bien à contre coeur. Quand est-ce que je pourrai enfin montrer que je suis au côté de Jésus, que je ne l'abandonnerai jamais ?

    J'ai suivi — de loin — la troupe qui emmenait Jésus. Ils ont emmené Jésus à la maison de Caïphe, le grand-prêtre. Je suis entré dans la cour pour voir ce qu'il se passerait. Là, il y avait des gardes et des serviteurs qui se tenaient prêt d'un feu. Je me suis mêlé à eux. Je les entendaient parler entre eux. Ils calomniaient Jésus, ils disaient que ces révolutionnaires il fallait les éliminer du pays et toute leur bande avec. Tout à coup, l'un de ces soldats m'a demandé si je n'avais pas des sympathies pour ce Jésus puisque j'étais Galiléen. Alors j'ai eu peur et j'ai dit que je ne le connaissait pas. Je me suis éloigné d'eux. Mais une servante qui était-là m'a encore demandé, par deux fois, si je ne faisait pas partie de la bande de Jésus. J'ai encore dit non. J'ai même juré que je ne le connaissais pas. Moi, Pierre, moi qui me croyait le meilleur des disciples, j'ai fait comme si je ne le connaissais pas. A ce moment-là un coq a chanté et je me suis souvenu que Jésus m'avait dit : "Avant que le coq ne chante tu m'aura renié trois fois". Là, je me suis écroulé, abattu par ma lâcheté, ma trahison. J'ai pleuré.

    Lorsqu'ils ont emmené Jésus sur le lieu de son exécution, j'ai suivi de loin, en me cachant. Ils l'ont cloué sur une croix — c'est la façon ordinaire d'appliquer la peine de mort pour les Romains. Je suis resté-là, à voir mes espoirs de vie meilleure mourir. Il y avait là quelques personnes et des soldats romains qui gardaient le lieu. Tout était fini.

    Pourtant, avant de mourir Jésus a prononcé une parole qui me revient. Il a dit :
    "Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font".
    Ce pardon, n'est-il pas aussi pour moi ? Mon abandon n'est-il pas moins grave que le geste de ses bourreaux ? Oui, Jésus est capable de me pardonner à moi aussi.

    Un homme qui est capable de pardonner à ses bourreaux peut-il être abandonné de Dieu ?
    Comment Dieu peut-il rester indifférent à cette injustice ? Dieu ne pourrait-il pas décider de l'arracher à son tombeau ? Le tombeau vide ! Les femmes n'ont rien inventé ! Comment n'ai-je pas compris plus tôt. Excusez ! Je vous laisse ! Je veux aller voir de mes propres yeux ce qu'il en est de ce tombeau!

    (sortir en courant) - Jeu d'orgue.
    © Jean-Marie Thévoz, 2013