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  • Ascension. Jésus passe le relais, nous sommes ses témoins.

    pour le jeudi de l'Ascension, 21 mai

    Actes 1

    Ascension. Jésus passe le relais, nous sommes ses témoins.

    Luc 24 : 41b-53.          Actes 1 : 1-4

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    Chers frères et soeurs en Christ,

    Nous avons lu le récit de l'Ascension tel que nous le raconte l'Evangéliste Luc, à la fin de son Evangile et au début du livre des Actes. Luc a fait de l'Ascension l'élément charnière entre ses deux livres, le récit de la vie de Jésus et le récit de la vie de l'Eglise commençante.

    Luc est un écrivain doué qui sait mettre en scène les personnages et les événements pour faire ressortir le sens et les perspectives théologiques. Dans le récit de l'Ascension, Luc reprend des affirmations de foi des apôtres et témoins du Christ : le Christ a été élevé au-dessus de tout (Ph 2:9), il a été glorifié (Jn 12:23) et il est maintenant assis à la droite de Dieu (Luc 22:69) et il les met en récit visuel, devant les yeux des disciples.

    Il nous montre en quelque sorte Jésus rejoindre le monde de Dieu, représenté par le ciel et la nuée. Il nous rend visible, compréhensible, une vérité théologique. Mais plus important que de voir cela, c'est de comprendre le sens de cet événement. En plaçant l'Ascension à la charnière de l'Evangile et des Actes, Luc nous transmet plusieurs messages.

    Dans l'Evangile, l'épisode entourant l'Ascension est raconté comme une scène d'adieu. Jésus se sépare de ses disciples, il les enseigne une dernière fois, il leur ouvre l'intelligence pour qu'ils comprennent les Ecritures; il leur promet l'Esprit saint; il les bénit et s'en va. Jésus est actif et les disciples sont passifs, ils reçoivent l'enseignement, la promesse et la bénédiction. Et si l'on devait mettre en film la dernière image des disciples louant Dieu dans le Temple, on pourrait en faire une vue aérienne, comme si Jésus regardait ses disciples depuis le ciel.

    Dans le livre des Actes, Luc change la perspective (je vous avais dit que Luc était un écrivain doué). Luc commence par faire un petit résumé qui reprend — avec d'autres mots — les événements qui terminent l'Evangile, rappelant le temps entre la Résurrection et l'Ascension.

    Luc expose que le temps de Jésus était celui du baptême d'eau et que vient le temps du baptême de l'Esprit qui viendra "dans peu de jours" (à la Pentecôte) (Ac 1:5). Ensuite, les disciples questionnent Jésus sur l'établissement du Royaume d'Israël, qu'ils confondent encore avec le Royaume de Dieu dont parle Jésus. Alors Jésus les investit de leur mission : être témoin à Jérusalem, en Judée, en Samarie et jusqu'aux extrémités de la terre (Ac 1:8). Après cela, Jésus est élevé et caché aux yeux des disciples. En cinéma, ce serait une vue du sol vers le ciel.

    Dans cette scène on a vu des disciples actifs à questionner Jésus et investis d'une mission et un départ vu du point de vue de ceux qui restent.

    Voilà, Jésus est parti ! Qu'en penser et que faire ?

    Ce départ, cette ascension est bien différente du départ que les disciples ont déjà vécus lors de la mort de Jésus sur la croix. Ce départ n'est pas un abandon, une séparation douloureuse. Ce départ est préparé, les disciples ont reçu des instructions. Ce départ est préparé, les disciples ont reçu une mission. Ce départ est préparé, les disciples ont reçu une promesse.

    Les disciples vont recevoir l'Esprit saint, qui est la nouvelle forme de présence de Jésus, de Dieu en nous. Les disciples ont reçu une mission : ce sont eux, c'est nous qui sommes à présent les relais de la présence de Jésus. Nous sommes les témoins du message de Jésus. L'absence de Jésus "comme avant" est remplacée par une nouvelle forme de présence, par l'Esprit saint et par la communauté.

    « En s'effaçant du monde, le Ressuscité ouvre un espace dans lequel la communauté des croyants concrétisera la présence cachée du Christ »* Jésus passe le relais. Nous sommes ses témoins. Et ce message est destiné à la terre entière ! Comme un caillou qu'on jette dans l'eau fait des vagues concentriques qui s'étendent à toute la surface de l'eau, le message de Jésus est destiné à la terre entière et nous en sommes les messagers aujourd'hui.

    Les disciples ont apporté le message de Jésus dans tout l'empire romain, à travers le réseau de synagogues qui s'étendait dans tout l'empire. Le message a traversé les siècles, deux millénaires, jusqu'à nous. Une chaîne ininterrompue de témoins va des premiers disciples jusqu'à nous.

    Nous avons la responsabilité d'être à notre tour les témoins de Jésus auprès des humains de notre temps. Nous avons reçu le Christ et nous recevons aussi cette mission de témoigner du Christ et de sa vie.

    Les disciples se réunissaient pour prier dans une maison de Jérusalem, pour se ressourcer et prendre des forces pour se préparer à évangéliser la terre. Ils étaient onze disciples avec quelques autres personnes, des hommes et des femmes, peu de personnes pour une grande tâche, mais accompagnés de la force de l'Esprit.

    Nous avons des occasions de nous ressourcer pour que la Parole et l'Esprit de Jésus nous habitent et que nous puissions témoigner de cette vie en nous. Nous avons besoin de la prière et du soutien de toute la communauté de l'Eglise pour que l'Evangile — la bonne nouvelle — de Jésus continue d'être annoncée et vécue dans notre paroisse, dans notre pays et dans le monde.

    Le départ de Jésus à l'Ascension n'est pas un abandon, n'est pas un affaiblissement, il est le transfert de la responsabilité de la mission à tous les croyants. Assumons avec joie cette responsabilité, Jésus nous en promet la force par son Esprit.

    Amen

    * Daniel Marguerat, Les Actes des Apôtres (1—12), Commentaires du Nouveau Testament, Labor et Fides, Genève, 2007, p. 51

    © Jean-Marie Thévoz, 2020.

  • Jésus part, mais ne nous abandonne pas.

    Jean 14

    25.5.2017

    Jésus part, mais ne nous abandonne pas.

    Jean 14 : 1-12      Jean 16 : 5-7 + 13-15

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    Chers frères et sœur en Christ,

    Nous commémorons aujourd’hui l’ascension de Jésus. Selon le calendrier propre à l’Évangile de Luc l’Ascension a lieu 40 jours après Pâques et 10 jours avant la Pentecôte, le don de l’Esprit Saint. Ainsi l’évangéliste Luc a donné une durée déterminée et symbolique (40 jours) au temps des apparitions de Jésus à ses disciples après la résurrection. Et l’Eglise à adopté ce timing dans son calendrier des fêtes.

    L’évangéliste Jean ne définit pas de calendrier, mais il développe longuement — dans les discours d’adieu de Jésus (Jn 13—17) — le sens du départ de Jésus. Car ce départ pose problème ! Ce départ après les apparitions aux disciples ne marque-t-il pas la fin du contact avec Jésus ? N’est-ce pas une deuxième séparation, une deuxième mort ? Puisque Jésus va être définitivement absent.

    Les disciples ne le reverront plus à leur table. Les disciples ne marcheront plus avec lui dans les campagnes. Les disciples ne l’entendront plus enseigner. Allons-nous entrer dans l’époque du souvenir et de la commémoration ; un temps... puis retourner aux affaires courantes et n’en plus parler dans deux ou trois générations ? Est-ce que le souvenir, encore vif, ne va pas se dégrader pour finir par disparaître, comme le souvenir de nos aïeux de la quatrième et cinquième génération, ceux qu’on n’a jamais vu ? Pourquoi en irait-il différemment avec Jésus ?

    Les discours d’adieu que rapporte l’évangéliste Jean servent à préparer les disciples à cette transition. Jean revisite les paroles de Jésus et compose une théologie du départ pour assurer la pérennité de la présence de Jésus dans son absence, malgré son absence.

    Ce qu’on voit d’abord dans les dialogues entre Jésus et les disciples, c’est que les disciples ne comprennent pas les paroles de Jésus. Thomas dit: « Nous ne savons pas où tu vas ! » (Jn 14:5) Philippe dit : « Montre nous le Père ! » (Jn 14:8) Et chaque fois Jésus doit les corriger et leur expliquer ce qui se passe.

    Par ces successions d’incompréhensions des disciples, Jean souligne que la situation des disciples aux côtés de Jésus n’est pas plus facile que la situation des croyants après le départ de Jésus. Même — entre les lignes — Jean laisse penser que grâce à son Évangile, pour ses lecteurs, les choses sont plus claires. Notamment parce que — comme lecteurs — nous connaissons l’histoire de Jésus jusqu’au bout. Il y a un paradoxe temporel dans ces discours d’adieu : les disciples ne savent encore rien de la fin de Jésus, de sa Passion, alors que l’évangéliste et les lecteurs ont plus de connaissances que les disciples. Le lecteur peut penser : les disciples sauront bientôt ce que Jésus voulais dire !

    Nous comprenons donc que la fin de l’histoire — le temps de la Passion — est indispensable pour comprendre la mission de Jésus et découvrir le vrai visage de Dieu. Le départ de Jésus fait partie intégrante de l’histoire, c’en est même la clé de voûte, la partie la plus significative.

    La croix révèle la vraie position divine. Non pas un Dieu tout-puissant qui domine et asservit, mais un Dieu qui se défait de sa toute-puissance pour rentrer dans une démarche d’offre aimante, dans la même faiblesse que tous les humains.

    C’est pourquoi Jésus insiste auprès de Philippe en disant : « celui qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14:9). Ce qui est exactement exprimé sur la représentation de Dieu sur la fresque qui est devant vous : Dieu a le même visage que Jésus sur la croix (voir la fresque et son explication). L’Ascension — dans l’Évangile de Jean — a lieu sur la croix même.

    Fresque Rivier Saint-Jean.jpg

    Le départ de Jésus n’est pas l’arrêt de tout ce qui a été vécu entre Jésus et les disciples. Au contraire, c’est un commencement. Un commencement qui n’est pas marqué par une absence, mais pas une substitution. Jésus s’en va — en tant que personne physique —mais il est remplacé par le Consolateur, le Paraclet (Jn 14:16,26, 15:26, 16:7,13), par l’Esprit Saint, qui n’est pas dépendant de l’espace et du temps. Cet Esprit qui vient remplacer Jésus a deux tâches, deux rôles, celui de rappeler les paroles de Jésus et celui de faire comprendre, expliquer, ce que Jésus a voulu dire.

    Et on peut dire, rétrospectivement, que les évangiles sont le fruit de cet Esprit qui a rappelé les gestes et les enseignements de Jésus. Et l’Évangile selon Jean les explique, les développe particulièrement, comme les lettres du Nouveau Testament le font aussi d’une autre façon.

    Ce rôle de rappel, de mémoire des actions et des paroles de Jésus — en Galilée et à Jérusalem — est important, parce qu’il rappelle que c’est dans cette personne, dans ce Jésus de Nazareth que la parole de Dieu a pris chair, a pris corps.

    Les évangiles insistent sur le parcours terrestre de Jésus bien plus que sur ses apparitions, dans lesquelles d’ailleurs l’enseignement est absent. Tout ce qui est décisif s’est passé avant et pendant la croix. C’est dans cette vie incarnée et brusquement arrêtée sur la croix que se révèle véritablement le nouveau visage de Dieu.

    C’est pourquoi la relecture et la compréhension de l’évangile et si nécessaire aux croyants. C’est pourquoi Jésus dit qu’il est le chemin qui mène au Père (Jn 14:6). Si Jésus est l’accès au visage du Père, les évangiles sont l’accès à la personne de Jésus. Le Christ qui vient, qui revient est le Jésus qu’on découvre toujours à nouveau dans les évangiles. Jésus revient à nous dans notre lecture de l’évangile, dans la prédication et l’explication de l’évangile et dans la mise en pratique de son enseignement qui culmine dans l’amour, de Dieu et du prochain.

    L’Ascension n’est pas la fin du chemin, mais le commencement d’un chemin nouveau où Jésus promet de nous accompagner par l’Esprit Saint. Un chemin qui mène au Père, à travers la connaissance de Jésus qui a parcouru les routes de Galilée, de Samarie et de Jérusalem.

    Un chemin qu’on redécouvre dans son évangile et un chemin qui mène à des œuvres pareilles à celle du Christ, et même à de plus grandes (Jn 14:12). Il n’y a pas de perte pour les disciples à laisser partir Jésus. Il reste présent à chacun sous une forme nouvelle. Il nous donne l’énergie de marcher dans ses pas. Il nous le donne de l’énergie d’aimer pleinement à notre tour.

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2017

  • Jean 16. L’Ascension : un départ créatif

    Jean 16
    29.5.2014
    L’Ascension : un départ créatif
    Actes 1 : 1-11      Jean 16 : 4-15

    Téléchargez le texte : P-2014-05-29.pdf


    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Nous vivons le jour de l’Ascension, une fête chrétienne suffisamment importante pour qu’elle soit un jour de congé pour tout le monde. Mais en fait, est-ce une fête joyeuse ou un moment triste ? Noël et Pâques sont des fêtes joyeuses, Vendredi-saint est un jour triste, mais l’Ascension ?
    Comment vivons-nous ce jour ? Est-ce jour de séparation et de deuil ou bien est-ce un jour productif, créateur pour notre foi, un jour dont on peut se réjouir ?
    Dans le passage de l’Evangile selon Jean que nous avons entendu, les disciples sont tristes. Ce passage se trouve dans les discours d’adieu que Jésus prononce pour préparer ses disciples à son départ, son Ascension.
    Il faut réaliser ici qu’il y a une grande différence entre les évangiles synoptiques et l’Evangile selon Jean, à propos de l’Ascension. Nous vivons selon le calendrier mis en place par l’Evangile selon Luc. Il définit des temps entre les fêtes. Entre Pâques et l’Ascension, 40 jours pendant lesquels Jésus apparaît à ses disciples et continue à les enseigner. Puis il disparaît en « montant au ciel ». Et encore 10 jours jusqu’à la Pentecôte où les disciples reçoivent l’Esprit saint. Ce calendrier est propre à Luc et aux Actes des Apôtres.
    Dans l’Evangile selon Jean, l’Ascension, le départ de Jésus est simultané avec son élévation sur la croix. Il y a bien des apparitions aux disciples, à commencer par l’apparition à Marie-Madeleine, mais ce ne sont que de brèves incursions du Ressuscité dans la vie des disciples, ce n’est pas un séjour de Jésus parmi les siens.
    Ainsi, les discours d’adieu de Jésus à ses disciples dans l’Evangile selon Jean peuvent-ils être lus comme parlant en même temps du temps de la croix et du temps de l’Ascension. Je pense que cette chronologie est plus vraisemblable que celle de Luc. En effet, où peut-on lire — dans les évangiles — les enseignements de Jésus pendant les 40 jours qu’il passe avec les Onze ? Il est impossible que ces 40 jours n’aient pas laissé de traces dans les évangiles ! Donc Jean est plus proche de la réalité. Les discours d’adieu de Jésus nous donnent donc une meilleure compréhension de l’Ascension, du départ de Jésus.
    Que nous disent-ils ? D’abord que les disciples sont tristes. Ils n’arrivent pas à envisager de perdre Jésus, ni qu’ils puissent vivre sans lui. C’est pourquoi Jésus les enseigne et leur annonce la venue de ce que Jean appelle le Paraclet, qui est le saint Esprit. Jésus doit transformer la vision de son départ ; aussi leur dit-il : « Il est préférable, avantageux pour vous que je parte. Je vous enverrai le saint Esprit. » (Jn 16:7).
    L’absence de Jésus ne sera pas un abandon, mais la transformation du mode de sa présence. C’est le saint Esprit qui assurera la présence de Jésus auprès de ses disciples. Jean définit deux rôles du saint Esprit, un rôle face au monde et un rôle face à la communauté de l’Eglise.
    A. Le rôle face au monde est de le convaincre que le monde s’est trompé, trompé de cible. Les évangiles nous montrent le procès contre Jésus. Là, c’est le monde qui tient le rôle de l’accusateur et c’est Jésus qui est en procès. A ce niveau, c’est le monde qui l’emporte : Jésus est un pécheur condamné, justice est faite, le monde a condamné Jésus, ce jugement est la victoire du monde.
    Mais ce que Jésus annonce, c’est que le saint Esprit va rétablir, retourner les choses dans l’esprit des disciples. D’accusateur, le monde devient l’accusé. Et le verdict est : « Ce n’est pas Jésus qui est pécheur, mais le monde ; ce n’est pas Jésus qui est injuste [devant Dieu], mais le monde ; finalement ce n’est pas Jésus qui est condamné, mais le monde devenu esclave de la puissance du mal. »*
    L’Esprit saint, le Paraclet, vient rétablir la juste position du monde face à Jésus, il vient rétablir la justice, à la façon des prophètes de l’Ancien Testament, pensez à Nathan face à David à propos de Bethsabée (2 Samuel 12).
    B. Le deuxième rôle de l’Esprit saint est interne à la communauté, à l’Eglise. Le saint Esprit a pour rôle de communiquer les paroles de Jésus aux disciples. Le passage scande les termes : il vous le communiquera ou annoncera. Le saint Esprit est un transmetteur, ou dans un autre passage, celui qui fait se souvenir, se rappeler les paroles de Jésus (Jn 14:26). C’est lui qui nous relie à la source, à l’émetteur. Avec lui nous avons accès à la parole de Jésus.
    Mais il est encore dit qu’il sera notre guide (Jn 16:13). L’Esprit saint ne donne pas de nouveaux contenus, de nouvelles paroles, de nouveaux enseignements. Non, il est là pour permettre la juste compréhension de la parole de Jésus. Pour permettre l’approfondissement de cette compréhension.
    L’Esprit saint enseigne Jésus et seulement Jésus-Christ. Il dévoile l’absent, il le rend présent, aujourd’hui. Il y a une continuité entre l’Esprit saint et Jésus, comme une cascade : Dieu envoie Jésus comme Ambassadeur et maintenant, Jésus envoie l’Esprit saint comme nouvel Ambassadeur, pour porter cette même parole qui vient du Père.
    L’unité du Père avec Jésus est soulignée. Il y a unité de message, mais changement de transmetteur en fonction du temps vécu. La présence de Jésus était temporaire, en tant que Parole incarnée, vivant sur terre, dans un temps précis, dans un lieu précis. Vient maintenant le temps universel et l’ubiquité. Cette Parole de Jésus doit être entendue partout et dans tous les temps. « Le lecteur est invité à un renversement du regard : aborder le temps qui s’ouvre devant lui comme un temps habité par le Christ, par sa parole, par sa promesse. »** Et c’est l’œuvre du saint Esprit après le départ de Jésus.
    Le départ de Jésus n’est pas une fin, ni une impasse. Au contraire, c’est un commencement, c’est une ouverture. Et l’histoire l’a montré, l’évangile s’est répandu à une vitesse inimaginable dans tout l’Empire romain et au-delà.
    C’est pourquoi on peut parler de l’Ascension comme d’un départ créatif et donc d’une journée joyeuse. Il y a un gain qualitatif pourrait-on dire avec le départ du Jésus terrestre qui passe le relais à l’Esprit saint.
    Il n’est plus nécessaire d’être dans un lieu précis, à un moment de rendez-vous donné pour trouver Jésus. Il est maintenant accessible partout et en tout temps. C’est une nouvelle forme de présence que personne ne peut nous retirer, de laquelle personne ne peut nous éloigner. Jésus est parti, il est maintenant présent partout, il est là, auprès de nous, maintenant.
    Amen

    * Jean Zumstein, L’Evangile selon saint Jean (13—21), Commentaire du Nouveau Testament, Genève, Labor et Fides, 2007, p, 133
    ** idem p. 141
    © Jean-Marie Thévoz, 2014