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  • Le pouvoir du pardon donné aux humains

    Pour le dimanche 26.4.2020

    Jean 20

    Le pouvoir du pardon donné aux humains

    Colossiens 3 : 12-15.       Matthieu 9 : 1-8.       Jean 20 : 19-23.

    télécharger le texte : P-2020-04-26.pdf

     

    Chers frères et soeurs en Christ,

    Lorsqu'on lit l'Evangile à la suite, en entier, on constate tout de suite que l'enseignement que Jésus a donné est concentré dans la première partie, lors de son ministère sur les chemins de Galilée, de Samarie et de Judée. Ensuite vient le récit de la Passion. Puis pour terminer, une partie très courte rapportant la période après la résurrection.

    Aussi, les paroles de Jésus après sa résurrection, sont-elles très rares. On peut penser qu'elles sont d'autant plus importantes. Elles sont comme le testament, un ultime rappel, qui renvoie — en le mettant en évidence — à l'enseignement qui a été donné précédemment.

    Dans cette apparition de Jésus que nous dépeint Jean — le soir du jour de la résurrection — Jésus prononce peu de paroles. Il dit : "La paix soit avec vous" (deux fois) et prononce trois phrases :

     

    "Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie" et "Recevez le Saint-Esprit. Ceux à qui vous pardonnerez leurs péchés obtiendront le pardon; ceux à qui vous refuserez le pardon ne l'obtiendront pas." (Jn 20:21-22).

    "Moi aussi, je vous envoie..." c'est le transfert des pouvoirs, de Jésus à ses disciples, de Jésus aux êtres humains, de Jésus à nous qui formons son Eglise ! Ce transfert se fait à travers le don de l'Esprit Saint, et le pouvoir qui est donné, c'est celui du pardon.

    Vous avez entendu dans le récit de la guérison de l'homme paralysé, la polémique qu'a eu Jésus avec les maîtres de la loi sur qui ? a le pouvoir de pardonner. Pour les théologiens de l'époque de Jésus, "Dieu seul peut pardonner les péchés" (Mc 2:7). Mais, c'est une affirmation que Jésus conteste. Jésus conteste cela en affirmant que les péchés de l'homme paralysé sont pardonnées — et cela provoque la colère des théologiens — il "prouve", en quelque sorte, que Dieu est d'accord en guérissant cet homme.

    Après ce pardon et cette guérison, ce rétablissement, ce relèvement, la foule souligne — comme un choeur le ferait dans une tragédie grecque — l'importante transformation opérée par Jésus : "la foule loua Dieu d'avoir donné un tel pouvoir aux humains" (Mt 23:8). Oui, c'est aux humains, donc à nous que Jésus donne — avant et après la résurrection — le pouvoir de pardonner, de pardonner les péchés.

    Il est important de bien comprendre le sens de ces deux termes, car avec le temps, ils se sont un peu déformés. Le péché. Un mot qui ne nous parle plus tellement aujourd'hui, il n'a plus vraiment la cote. Un mot qu'on n'aime pas rencontrer sur son chemin parce qu'il fait penser à la faute, à la culpabilité, à être coupable.

    En fait, le mot "péché" désigne tout ce qui fait obstacle à une vie harmonieuse, en paix, avec soi-même, avec Dieu et avec les autres. Ce mot ne désigne donc pas en premier lieu les fautes, les petites fautes qu'on commet, mais tous les poids, tous les fardeaux, les malheurs ou les rancunes, les blessures ou les ressentiments qui empoisonnent notre vie, sans que forcément nous-mêmes ou quelqu'un d'autre n'ait commis de faute. La vie est compliquée et souvent injuste, cela suffit souvent à rendre les choses difficiles. Nous portons donc tous quelques malheurs, quelques souffrances qui nous paralysent et qui nous pèsent.

    Jésus nous offre le pouvoir de nous en débarrasser. Oui, le terme de pardon signifie en premier lieu dans la bouche de Jésus le fait de délier, de libérer une attache, libérer un animal attaché. Cela signifie défaire les cordes, les liens qui nous attachent au malheur, au mal qu'on a subi. Le pardon des péchés que Jésus nous offre est plus que son pardon — comme si nous avions commis tant de fautes envers lui — c'est un outil efficace, un pouvoir, pour être libérés de ce qui nous retient du côté du malheur.

    Le pardon, c'est accepter de laisser aller sa rancune contre le destin, pour aller vers une réconciliation intérieure de son être, pour retrouver sa paix intérieure, l'intégrité de sa personne.

     

    Ce pardon offert, c'est plus qu'une philosophie, c'est un vrai style de vie ! Il permet d'accueillir la vie telle qu'elle se présente à nous, non pas avec résignation, mais avec confiance. Il s'agit d'un pouvoir, de quelque chose qui nous rend capable d'affronter la réalité et de la transformer.

    Jésus insiste sur cette notion de pouvoir et de choix puisqu'il dit non seulement que ceux à qui on pardonne obtiennent le pardon, mais aussi que si l'on refuse le pardon, ce pardon ne surgira pas miraculeusement d'ailleurs. Le refus du pardon est aussi décisif que le don du pardon. Il est donc nécessaire d'y prendre garde.

    A partir de ce pouvoir de se libérer du poids du mal subi, la porte est ouverte à la transformation de sa propre vie. Plus besoin de se laisser enfermer dans un rôle — rôle de victime ou rôle de dominateur. Ce pardon est une liberté, liberté de choisir comment on reçoit son destin et comment on dirige sa vie, en paix avec soi-même, avec Dieu ou avec les autres.

    En nous donnant ce pouvoir de pardonner, Jésus nous donne le pouvoir de choisir notre style de vie, et donc le pouvoir de devenir heureux ou de rester malheureux. Nous n'avons pas de pouvoir sur bien des événements "qui nous arrivent", "qui nous tombent dessus", mais il nous appartient de décider comment recevoir et vivre cela : avec amertumes et rancoeurs contre un destin qui ne nous épargne pas ou avec la sagesse du pardon, pour être délié des fardeaux de la colère et du ressentiment.

    Jésus nous fait ce cadeau, apprenons à le recevoir et à en faire bon usage dans notre vie.

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2020