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feu

  • Exode 3. De la routine, rien que de la routine, jusqu'à la mort ?


    Exode 3
    24.6.2012

    De la routine, rien que de la routine, jusqu'à la mort ?

    Exode 3 : 1-4

    Téléchargez la prédication ici : P-2012-0624.pdf


    Culte paroissial avec la participation de l'Abbaye des Laboureurs de Bussigny


    Vendredi matin, En Ligne Directe, sur la RTS 1, demandait sur les réseaux sociaux : "Pourquoi la religion ne vous séduit plus ?" (sic). L'une des réponses donnée par un internaute était que la Bible, et donc les Eglises, sont déconnectées du présent.
    Comment pouvons-nous avoir encore recours à des textes vieux de centaines, ou de milliers d'années, avec la prétention de dire quelque chose de valable, pour nous, aujourd'hui ? Comment le texte qui parle de Moïse et qui vous a été lu pourrait nous dire quelque chose à nous qui sommes-là ce matin ?
    C'est vrai, comme texte historique, ce texte est vieux de 2'500 à 3'000 ans et il ne peut rien refléter pour nous. Par contre, si l'on reçoit ce texte comme un miroir, un miroir de notre vie actuelle, de nos personnes, de nos relations et de nos aspirations, alors — dans ce miroir — nous allons nous voir nous-mêmes et le texte va rejoindre notre présent !
    Je vais essayer de vous présenter ce miroir en espérant que nous allons nous y reconnaître. Mais encore un préalable avant de nous plonger dans le récit. Toute histoire, tout texte est la réponse à une question, question qui n'est pas prononcée dans le récit, mais que nous pouvons rechercher et trouver. Ici, le récit de la rencontre entre Moïse et le buisson ardent me semble être la réponse à la question : Comment entrons-nous en relation, en connexion, en lien avec le divin, avec ce qui nous dépasse, avec le mystère ? Et qui est-il ? N'allons pas tout de suite aux réponses traditionnelles et toutes faites, laissons les choses ouvertes pour le moment.
    Prenons maintenant le récit comme un miroir. Considérons que Moïse n'est pas un prince élevé à la cour du Pharaon. Moïse, c'est nous aujourd'hui, c'est moi, c'est vous. Cette personne est occupée par son travail journalier, son emploi, son gagne-pain. Cette personne garde les troupeaux de son beau-père, il les mène d'un pâturage à l'autre.
    Mais cela pourrait tout autant être un voyageur de commerce pris dans les bouchons de l'autoroute entre Morges et Ecublens, un employé sur un chantier ou un patron dans son bureau. Cet homme est dans la pratique quotidienne de son métier, dans sa routine et cela peut continuer comme cela jusqu'à la retraite ou jusqu'à la mort.
    Une petite vie tranquille, métro - boulot - dodo. Pas de vagues, mais pas d'excitation non plus. Une vie simple. Mais est-ce vraiment la vie, notre aspiration à la vie — nos rêves de jeunesse — que de rester dans cette routine ?
    Dans son ennui, Moïse regarde à droite, à gauche. Un jour son regard est attiré par quelque chose, de côté. Un feu. Ce feu est spécial, il ne consume pas, il ne dévore pas le bois sur lequel il brûle.
    Notre regard n'est-il pas attiré aussi, de temps en temps, vers quelque chose qui nous intrigue ? Quelqu'un qui a une lueur particulière dans le regard, ou une idée qui nous fait vibrer de manière inattendue, ou une coïncidence étrange ? Que faisons-nous à partir de là ?
    Moïse, lui, décide de faire un détour pour étudier le phénomène étrange. Il quitte sa routine. Il se laisse interpeller, dérouter, il ne veut pas laisser passer cela ! Et c'est là que la vie commence, c'est là que l'aventure démarre !
    Moïse se permet de se demander "Pourquoi ?" Pourquoi est-ce comme cela ? Pourquoi ce buissons brûle-t-il sans se consumer ? Pourquoi cette personne rayonne-t-elle pareillement ? Pourquoi cette idée me fait-elle vibrer ? Pourquoi ces coïncidences me parlent-elles ?
    Vous aurez remarqué que, c'est à partir du moment — nous dit le texte — où Moïse s'est dérouter et se demande "Pourquoi?" que Dieu s'intéresse à lui. C'est là qu'il l'appelle "Moïse, Moïse !"
    Quand notre curiosité est éveillée, quand nous nous laissons dérouter, sortir des ornières de nos routines, nous nous ouvrons à un appel extérieur. Quand notre curiosité est éveillée, nous pouvons entendre que la vie nous appelle, que ce qu'il y a de vivant autour de nous rejoint en nous ce qui attend d'être réveillé, relevé, ramené à la vie. Le buisson, la lueur dans le regard, la coïncidence nous appellent — le texte disait d'emblée "l'ange du Seigneur était dans la flamme" (Ex 3:2).
    Il y a tout le long de notre chemin des buissons, des curiosités, des gens qui cherchent à mettre notre côté vivant en éveil ! Chaque jour, quelque chose ou quelqu'un attire notre attention pour nous éveiller à la vie, à la vraie vie. La question est de savoir si nous regardons de côté, à côté des routines qui nous arrangent, à côté des routines qui nous reposent, à côté des routines qui sont sans risque pour nous ?
    Allons-nous nous laisser dérouter, ou bien préférons-nous continuer notre petite vie tranquille jusqu'à la retraite ou à la mort ?
    Moïse laisse sa curiosité être allumée. Il sort de son chemin ordinaire, il se laisse appeler, appeler par son nom et il répond à l'appel de la Vie, du Vivant : "Je suis là !" (Ex 3:4) Il dit oui à la vie qui l'appelle, à cette vie nouvelle, à cette vivacité, cette énergie qui va le faire quitter son désert et ses troupeaux pour une autre existence où il fera sortir le peuple hébreu d'Egypte.
    Devant nous s'étale la vie jusqu'à notre mort… Allons-nous suivre notre routine habituelle ou bien ouvrir les yeux aux interpellations de la vie ? Allons-nous changer de chemin pour avoir une vie plus vivante ?
    Cela vous donne envie, mais vous ne savez pas comment vous y prendre ? Il y a ici une communauté qui se réunit chaque dimanche pour apprendre à saisir la vie, pour apprendre à voir ce qui se passe en dehors de la routine quotidienne, pour apprendre à entendre l'interpellation du Vivant à vivre pleinement. A chacun de voir si cela vaut le détour !
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2012