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  • 2 Rois 2. Rehausseur de saveur pour le monde.

     

    2 Rois 2

    11.10.2015

    Rehausseur de saveur pour le monde.

    2 Rois 2 : 19-22        Matthieu 5 : 13-14

    Télécharger le texte : P-2015-10-11.pdf

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,

    Jésus dit à ses disciples dans le Sermon sur la Montagne : « Vous êtes le sel de la terre » (Mt 5:13) dans le sens où les disciples apportent une saveur particulière au monde par leur présence.

    Dans la Bible, le sel a diverses valeurs selon l’usage qui en est fait. Il peut être signe de malédiction et de destruction comme lorsqu’Abimélec rase la ville de Sichem et qu’il sème du sel pour que rien n’y repousse, pour rendre la ville inhabitable. C’est aussi ce que les Romains ont fait après la prise de Carthage.

    Le sel rend aussi l’eau saumâtre et imbuvable; c’est ce qui arrive au peuple hébreu conduit dans le désert par Moïse. Celui-ci va rendre cette eau à nouveau douce et potable (Ex 15:23-24). C’est ce que nous voyons aussi avec le prophète Élisée (2 Rois 2:21). La vie est rendue impossible parce que la source d’eau est polluée. Mais ici le sel va être source de réhabilitation, de régénération, de revivification.

    Que se passe-t-il dans ce récit ? Les habitants de Jéricho se plaignent : la vie n’est plus possible, la situation est intenable, la vie est gâchée. Et les habitants formulent la demande de purification, de changement. Ils adressent leur demande au prophète Élisée pour qu’il demande à Dieu de les sauver de cette situation. Élisée entend leur demande et mobilise les habitants en leur demandant d’apporter du sel dans une assiette neuve. Le prophète se fait alors porteur d’une parole, d’un oracle qui vient de Dieu, en jetant le sel dans l’eau. Une nouvelle vie et une nouvelle fécondité est apportée alors aux habitants de Jéricho.

    Nous pouvons lire aujourd’hui ce récit comme une métaphore de nos existences. Lorsque nous sommes confrontés à des difficultés dans notre existence, parce que nos cœurs sont polluées par les rancœurs, par l’amertume, la tristesse ou les regrets, nous avons alors besoin d’un prophète et d’une assiette pleine de sel pour retrouver vie, douceur et fécondité.

    Comme dans le récit, cela peut passer par le temps de la plainte. Plainte qu’il faut transformer en demande, demande concrète, expression du besoin de changement. Cette demande doit être adressé à quelqu’un, comme au prophète, pour porter cette demande à Dieu dans la prière. Et viendra une demande de participation à la résolution — apporter l’assiette de sel — parce que Dieu ne réalise rien sans notre participation. Et viendra le moment de recevoir une parole qui vient de Dieu et qui dira les changements possibles, les changements nécessaires, les changements promis. Et ce sel demandé et apporté accomplira la transformation vers une nouvelle étape de vie, vers une énergie retrouvée.

    Quel est ce mystérieux sel utilisé par l’Élisée pour assainir cette source ? Ce sel aurait dû rendre cette eau encore plus saumâtre ! C’est à rebours du bon sens. Il est clair qu’il ne faut pas chercher une explication physique ou chimique. Ce sel ne se trouve pas dans le tableau périodique des éléments chimiques.

    On peut le comparer au sel des larmes que nous versons dans nos moments de tristesse. Ces larmes salées finissent par adoucir notre chagrin et notre peine, bien plus que si nous ne les avions pas versées.

    Et on peut se référer au sel dont parle Jésus dans le Sermon sur la montagne. Jésus désigne là du sel alimentaire, de celui qui donne de la saveur aux aliments, celui qui est indispensable, non seulement à la cuisine, mais à notre métabolisme en général.

    Pourtant, Jésus ne fait pas un cours de cuisine ! De nouveau il parle en parabole. Lorsque Jésus dit : « Vous êtes le sel de la terre, si ce sel perd sa saveur, il ne sert plus à rien, il est jeté dehors. » (Mt 5:13) Jésus utilise le sel comme l’image d’autre chose que le sel alimentaire. Jésus parle, en fait, de son message, de l’Évangile, donc indirectement de lui-même.

    C’est en tant que porteur du Christ, de son message, de l’Évangile, que nous sommes le sel de la terre, que nous apportons quelque chose de bien spécifique dans le concert des nations

    Si nous n’apportons rien, si nous ne donnons pas un goût particulier au monde, par notre présence, par notre discours, par nos gestes, alors nous sommes comme un sel qui aurait perdu sa saveur. Alors nous  sommes comme tous les autres.

    Le message de Jésus a du piquant, un goût qui se différencie de celui du monde, il a une saveur particulière qui rehausse le goût de toute la société. C’est la même image que le levain qui fait lever toute la pâte, malgré sa quantité infime proportionnellement à la farine.

    Y a-t-il de ce sel là dans vos vies ? Êtes-vous du sel assaisonnant dans la vie de votre entourage ? Si vous avez l’impression que ce sel perd de sa saveur, qu’il n’a pas — en vous — ce facteur de réhausseur de saveur, alors il est temps de revenir à la source de cette saveur, vers le Christ lui-même.

    Pour être le sel de la terre, il est nécessaire d’être au contact du Christ, à travers la lecture et la relecture des Évangiles ; à travers la prière et la méditation des paroles de Jésus ; à travers un travail personnel de façonnement de son être au contact des valeurs du Christ : la bienveillance, le non jugement, la compassion, les gestes d’accueil et d’amitié les uns pour les autres.

    C’est dans la réalisation concrète de ses valeurs, dans notre propre être d’abord, puis envers tous ceux qui nous entourent, que nous témoignons de la présence vivante et vivifiante du Christ dans le monde. Le monde d’aujourd’hui a vraiment besoin de cette bienveillance. C’est par cela que nous sommes le sel de la terre.

    Amen

     © Jean-Marie Thévoz, 2015