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  • 2 Rois 24. L'Exil au centre de l'histoire d'Israël et de la rédaction de l'Ancien Testament

    (20.6.2004)

    2 Rois 24

    L'Exil au centre de l'histoire d'Israël et de la rédaction de l'Ancien Testament

    2 Rois 25 : 8-12.        1 Corinthiens 3 : 9b-16.      Jean 4 : 19-24.   

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  • 2 Rois 2. Rehausseur de saveur pour le monde.

     

    2 Rois 2

    11.10.2015

    Rehausseur de saveur pour le monde.

    2 Rois 2 : 19-22        Matthieu 5 : 13-14

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    Chères paroissiennes, chers paroissiens,

    Jésus dit à ses disciples dans le Sermon sur la Montagne : « Vous êtes le sel de la terre » (Mt 5:13) dans le sens où les disciples apportent une saveur particulière au monde par leur présence.

    Dans la Bible, le sel a diverses valeurs selon l’usage qui en est fait. Il peut être signe de malédiction et de destruction comme lorsqu’Abimélec rase la ville de Sichem et qu’il sème du sel pour que rien n’y repousse, pour rendre la ville inhabitable. C’est aussi ce que les Romains ont fait après la prise de Carthage.

    Le sel rend aussi l’eau saumâtre et imbuvable; c’est ce qui arrive au peuple hébreu conduit dans le désert par Moïse. Celui-ci va rendre cette eau à nouveau douce et potable (Ex 15:23-24). C’est ce que nous voyons aussi avec le prophète Élisée (2 Rois 2:21). La vie est rendue impossible parce que la source d’eau est polluée. Mais ici le sel va être source de réhabilitation, de régénération, de revivification.

    Que se passe-t-il dans ce récit ? Les habitants de Jéricho se plaignent : la vie n’est plus possible, la situation est intenable, la vie est gâchée. Et les habitants formulent la demande de purification, de changement. Ils adressent leur demande au prophète Élisée pour qu’il demande à Dieu de les sauver de cette situation. Élisée entend leur demande et mobilise les habitants en leur demandant d’apporter du sel dans une assiette neuve. Le prophète se fait alors porteur d’une parole, d’un oracle qui vient de Dieu, en jetant le sel dans l’eau. Une nouvelle vie et une nouvelle fécondité est apportée alors aux habitants de Jéricho.

    Nous pouvons lire aujourd’hui ce récit comme une métaphore de nos existences. Lorsque nous sommes confrontés à des difficultés dans notre existence, parce que nos cœurs sont polluées par les rancœurs, par l’amertume, la tristesse ou les regrets, nous avons alors besoin d’un prophète et d’une assiette pleine de sel pour retrouver vie, douceur et fécondité.

    Comme dans le récit, cela peut passer par le temps de la plainte. Plainte qu’il faut transformer en demande, demande concrète, expression du besoin de changement. Cette demande doit être adressé à quelqu’un, comme au prophète, pour porter cette demande à Dieu dans la prière. Et viendra une demande de participation à la résolution — apporter l’assiette de sel — parce que Dieu ne réalise rien sans notre participation. Et viendra le moment de recevoir une parole qui vient de Dieu et qui dira les changements possibles, les changements nécessaires, les changements promis. Et ce sel demandé et apporté accomplira la transformation vers une nouvelle étape de vie, vers une énergie retrouvée.

    Quel est ce mystérieux sel utilisé par l’Élisée pour assainir cette source ? Ce sel aurait dû rendre cette eau encore plus saumâtre ! C’est à rebours du bon sens. Il est clair qu’il ne faut pas chercher une explication physique ou chimique. Ce sel ne se trouve pas dans le tableau périodique des éléments chimiques.

    On peut le comparer au sel des larmes que nous versons dans nos moments de tristesse. Ces larmes salées finissent par adoucir notre chagrin et notre peine, bien plus que si nous ne les avions pas versées.

    Et on peut se référer au sel dont parle Jésus dans le Sermon sur la montagne. Jésus désigne là du sel alimentaire, de celui qui donne de la saveur aux aliments, celui qui est indispensable, non seulement à la cuisine, mais à notre métabolisme en général.

    Pourtant, Jésus ne fait pas un cours de cuisine ! De nouveau il parle en parabole. Lorsque Jésus dit : « Vous êtes le sel de la terre, si ce sel perd sa saveur, il ne sert plus à rien, il est jeté dehors. » (Mt 5:13) Jésus utilise le sel comme l’image d’autre chose que le sel alimentaire. Jésus parle, en fait, de son message, de l’Évangile, donc indirectement de lui-même.

    C’est en tant que porteur du Christ, de son message, de l’Évangile, que nous sommes le sel de la terre, que nous apportons quelque chose de bien spécifique dans le concert des nations

    Si nous n’apportons rien, si nous ne donnons pas un goût particulier au monde, par notre présence, par notre discours, par nos gestes, alors nous sommes comme un sel qui aurait perdu sa saveur. Alors nous  sommes comme tous les autres.

    Le message de Jésus a du piquant, un goût qui se différencie de celui du monde, il a une saveur particulière qui rehausse le goût de toute la société. C’est la même image que le levain qui fait lever toute la pâte, malgré sa quantité infime proportionnellement à la farine.

    Y a-t-il de ce sel là dans vos vies ? Êtes-vous du sel assaisonnant dans la vie de votre entourage ? Si vous avez l’impression que ce sel perd de sa saveur, qu’il n’a pas — en vous — ce facteur de réhausseur de saveur, alors il est temps de revenir à la source de cette saveur, vers le Christ lui-même.

    Pour être le sel de la terre, il est nécessaire d’être au contact du Christ, à travers la lecture et la relecture des Évangiles ; à travers la prière et la méditation des paroles de Jésus ; à travers un travail personnel de façonnement de son être au contact des valeurs du Christ : la bienveillance, le non jugement, la compassion, les gestes d’accueil et d’amitié les uns pour les autres.

    C’est dans la réalisation concrète de ses valeurs, dans notre propre être d’abord, puis envers tous ceux qui nous entourent, que nous témoignons de la présence vivante et vivifiante du Christ dans le monde. Le monde d’aujourd’hui a vraiment besoin de cette bienveillance. C’est par cela que nous sommes le sel de la terre.

    Amen

     © Jean-Marie Thévoz, 2015

     

  • 2 Rois 5. Femmes de la Bible (V) : la « jeune fille » de Naaman

    2 Rois 5
    2.8.2015
    Femmes de la Bible (V) : la « jeune fille » de Naaman

    2 Rois 5 : 1-17      Marc 4 : 30-32

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    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Dans notre série sur les femmes peu connues de la Bible, nous nous penchons ce matin sur une bien modeste personne, une petite jeune fille. Celui qui nous raconte cette histoire où elle intervient ne lui donne même pas de nom, comme si elle n’avait pas d’importance. Et pourtant, sans elle, il n’y aurait rien à raconter. Elle est à l’origine de tout ce qui se passe dans ce récit.
    Il s’agit de la petite jeune fille qui est au service de la femme du général syrien Naaman. Reprendre dans toutes mes phrases ce descriptif serait fastidieux, aussi ai-je décidé de lui donner un nom. Nous allons l’appeler Amielle.
    Amielle est une israélienne qui vit dans la famille du général syrien Naaman. Le récit nous dit qu’elle a été faite prisonnière en Israël par une bande armée et ramenée en Syrie chez le général. Il est difficile de savoir quel âge elle a. Le texte utilise deux mots « fille» et « petite ». Mais le mot fille désigne aussi Ruth (revenue avec sa belle-mère Naomi) lorsqu’elle va glaner dans les champs de Booz. Ce mot de « fille » peut donc désigner n’importe quelle femme jusqu’à son mariage. Cependant, la mention de « petite » laisse penser que c’est une jeune adolescente ou une pré-adolescente. Elle a donc vécu en Israël et elle a été arrachée à sa famille, à sa culture, tout en en gardant un souvenir aigu et précis. Elle se souvient de son culte au Dieu d’Israël et du prophète Elisée qui siège dans le royaume du Nord, en Samarie.
    On voit que la situation politique et militaire entre la Syrie et Israël du Nord est tendue. Il y a des escarmouches et des razzia. Il y a une méfiance dans les relations politiques entre les deux Etats, cela se voit à la réaction du roi d’Israël lorsqu’il reçoit la lettre du roi de Syrie. Il se demande tout de suite où est le piège, où est le traquenard dans cette demande de guérison.
    Mais revenons à Amielle. Elle vit dans cette famille, soit comme une fille adoptée, soit comme une aide, comme une servante. Aucun vocabulaire ne fait référence à de l’esclavage. Amielle est « devant» la maîtresse de maison, comme Naaman est « devant » le roi et sera plus tard « devant » le prophète. On voit là un rapport de respect, rapport hiérarchique certainement, mais pas un rapport de soumission humiliante. C’est pourquoi Amielle peut librement parler à la maîtresse de maison. Amielle est touchée par la souffrance du général, par le contraste marqué dans le texte entre ses états de service — un vrai héros — et sa maladie.
    Alors que — comme jeune fille enlevée à ses proches — elle pourrait s’enfermer dans la rancune, dans la haine et dans la « schadenfreude » (se réjouir de la souffrance d’autrui), Amielle est attentionnée, compatissante, bienveillante. Elle offre son aide, à partir des ressources qu’elle a: elle se souvient du prophète Elisée qui porte la Parole de Dieu et peut soulager les souffrances. Elle en parle à sa maîtresse, qui en parle à son mari, qui en parle au roi.
    À partir de la parole timide d’une adolescente, c’est tout une machine qui se met en marche. Les rouages de l’administration et de la diplomatie produisent une lettre d’introduction et de demande. On frôle même l’incident diplomatique quand le roi d’Israël craint un piège. Heureusement le prophète Elisée est mis au courant et il remet les choses en ordre, il va s’occuper lui-même du cas.
    Il rédige l’ordonnance et la fait porter au général. Celui-ci est vexé ! Quoi ! il n’a pas droit à une consultation ? (voir la prédication) Il trouve ridicule la prescription que lui fait le prophète. Il est décidé à tout laisser tomber et à rentrer chez lui. On est à un cheveu de l’échec complet. Ce sont ses serviteurs qui le raisonnent : « N’auriez-vous pas suivi l’ordonnance si on vous avait demandé quelque chose de très compliqué ? Ne soyez pas rebuté par la simplicité. Essayer au moins ! »
    Ce retour à la simplicité est intéressant, parce qu’il nous renvoie — comme si c’était le thème de ce récit — aux mots tout simples d’Amielle. Quelques mots tout simples, même dit en passant, un geste d’amitié spontané, un signe donné au bon moment peut illuminer une journée, changer l’obscurité en lumière. Une parole de quelqu’un qui me semblait tellement peu important, auquel on ne prête d’habitude même pas l’oreille, peut être la parole qui nous faut entendre, les mots les plus importants de la journée.
    Et en effet, le sort de Naaman, le général syrien est totalement bouleversé, changé, à la suite des quelques mots qu’Amielle a glissé à sa maîtresse. Elle ne se doutait probablement pas de ce qu’elle allait mettre en marche. Mais elle l’a fait. Elle a prononcé ces mots, elle a transmis le message qui lui tenait à cœur. Elle a cherché dans ses racines, dans ses souvenirs, elle a puisé dans ses ressources, dans sa culture, elle s’est souvenue du Dieu d’Israël et elle en a témoigné, elle a dit ce qu’on pouvait en attendre.
    Ce témoignage a conduit Naaman à reconnaître la grandeur du Dieu d’Israël. C’est pourquoi il demande d’emporter de la terre d’Israël sur deux mulets, pour créer chez lui — à son retour — une petite enclave qui lui rappellera Israël, où il pourra rendre son culte au Dieu d’Israël, peut-être guidé dans ses paroles liturgiques et dans ses gestes par Amielle.
    Tout geste compte, toute parole compte et produit des effets inattendus, sans commune mesure, comme la plus petite graine peut produire un arbre dans lequel les oiseaux viennent nicher.
    Amen


    © Jean-Marie Thévoz, 2015

  • 2 Rois 4. A partir de nos indigences, Dieu crée de l'abondance

    2 Rois 4
    22.11.98
    A partir de nos indigences, Dieu crée de l'abondance
    2 Rois 4 : 1-7 Marc 6 : 34-44

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    L'Evangile de Jean nous rapporte cette parole de Jésus : (Jean 10:10)
    "Moi, je suis venu pour que les humains aient la vie et l'aient en abondance"
    Pour moi, cette phrase est une clé de lecture extrêmement importante pour comprendre nombre de récits bibliques et surtout l'intention fondamentale de Dieu à notre égard. Vous avez entendu deux récits qui manifestent cette abondance. Le récit de la veuve secourue par Elisée et celui de la multiplication des pains. On pourrait en mentionner plusieurs autres : le don de la manne ou des cailles au désert, du temps de Moïse; la veuve de Sarepta secourue par Elie; la pêche miraculeuse ou encore les noces de Cana.
    Autant de miracles où de la nourriture est offerte au-delà de toute espérance. Une situation de désespoir, de misère, de mort, de pénurie est transformée en un nouveau départ. Il y a restauration, dans tous les sens du terme. La vie menacée est rétablie, restaurée et peut reprendre sur de nouvelles bases.
    N'est-ce pas aussi ce qui se passe lorsque le deuil frappe ? L'unité d'un couple ou d'une famille, des liens sont brisés et une sentiment de perte, de lassitude, de peine et de malheur s'installent. Face au manque, tout semble vain, dénué de sens. C'est ce que vit cette femme au temps du prophète Elisée. Elle a perdu son mari. Elle reste avec ses deux enfants, mais une menace pèse sur cette famille : un créancier réclame le remboursement d'une vieille dette et menace de prendre les deux enfants pour les faire travailler à son service jusqu'au remboursement de cette dette.
    Après son mari, cette femme pourrait perdre ses enfants, elle pourrait perdre toutes ses ressources à cause du passé. C'est alors qu'elle va chercher de l'aide auprès d'Elisée.
    J'admire la réaction d'Elisée. Il dit :

    "Que pourrais-je faire pour toi? Dis-moi ce que tu possèdes ! (2 R 4:2)
    En deux phrases, il donne l'occasion à cette femme, d'abord d'identifier ses besoins véritables, ensuite de faire l'inventaire de ce qu'elle a, de ses possibilités, de ses atouts, de ses forces. Elle-même pense ne rien avoir du tout, d'être au bout du rouleau, dans une situation sans issue, désespérée. Ce qu'elle a — un peu d'huile au fond d'un flacon, juste de quoi se parfumer, donc de mouiller ses doigts — lui semble être négligeable, insuffisant, rien, du néant. Elle voit sa situation avec les lunettes du manque, avec une vision de pénurie. Elle se sent sans force, seule, épuisée, dans tous les sens du terme. C'est le vide autour d'elle, c'est le vide en elle...
    Elisée va retourner cette situation. Il va partir du "peu" de ressource qu'elle à en elle. Il exhume ce petit peu de force, de richesse qui est en elle. Et il rameute les voisins à son aide en envoyant cette femme et ses fils chercher tous les récipients vides qu'ils peuvent trouver. Par ce mouvement, il se crée une petite communauté qui travaille au rétablissement de la situation de cette femme. Chacun peut apporter son aide, mais avec des récipients vides — donc une aide, mais pas un substitut aux ressources de la femme.
    La femme reste l'acteur principal de son rétablissement. C'est à partir de sa force intérieure — son peu de force — mais la sienne propre que peu à peu elle va réussir l'incroyable, ce qu'elle-même ne pouvait croire : remplir tous les vases et se sortir de sa situation désespérée.
    C'est à partir de ses propres ressources que l'abondance se met à couler. C'est à partir des 5 pains et 2 poissons que la foule avait dans ses sacs que l'abondance va surgir et les nourrir tous. C'est à partir de ce qui nous semble être nos pénuries intérieures que l'abondance et la vie véritable vont se mettre à couler.
    Là où nous avons un regard qui voit le manque, l'absence, la pénurie, Dieu est capable de nous donner un regard qui voit ce qui est là, la présence, l'abondance.

    "L'homme ne vivra pas de pain seulement..." (Mat. 4:4)
    Si nous ne savons pas multiplier les pains ou l'huile, alors faisons-le, là où cela est possible, dans nos relations les uns avec les autres ! L'abondance de vie que Dieu veut dans nos existences n'est certainement pas une abondance de biens de consommation, mais une abondance dans nos relations. Y recevoir ce dont nous avons besoin. Y donner ce dont nos proches ont besoin, de sorte que ni nous, ni nos proches ne vivent dans une pénurie d'intimité et de tendresse, un manque de proximité et d'amour.
    C'est vrai, ce n'est pas toujours facile à faire, mais c'est le miracle que Dieu souhaite introduire dans nos vies, vivre dans l'abondance de moments vrais, une abondance dont chacun peut être rassasié aussi longtemps que nécessaire, parce que l'amour ne tarit pas.
    Oui, le miracle que Dieu souhaite réaliser dans la vie de chacun, Jésus nous l'a dit :

    "Moi, je suis venu pour que les humains aient la vie et l'aient en abondance"
    (Jean 10:10)
    Amen

    © 2006, Jean-Marie Thévoz

  • 2 Rois 5. L'histoire de Naaman, parabole du baptême

    2 Rois 5
    11.10.98
    L'histoire de Naaman, parabole du baptême
    2 Rois 5 : 1-17 Luc 17 : 11-19



    Ah ! ... Les réactions des gens en matière de religion sont vraiment imprévisibles !
    Vous avez entendu l'histoire de cet homme : Naaman. C'est un personnage haut placé — le général en chef du roi de Syrie. Il a donné la victoire à son pays — contre Israël d'ailleurs. C'est un héros national — pourtant, il est malheureux, il souffre, il est lépreux.
    Sur les conseils d'une fillette, avec une lettre de recommandation de son roi, il part chercher la guérison de sa maladie, le soulagement de ses maux au coeur du pays ennemi. Il doit être bien désespéré (ou alors est-il naïf ?) pour se laisser conseiller par une fillette et entreprendre un tel voyage. Et on l'imagine, descendre de Damas en Syrie, arriver en Galilée, près du lac, puis traverser la Samarie en direction de la capitale.
    Tiens, c'est exactement le même chemin qu'est en train d'emprunter Jésus, des siècles plus tard, lorsqu'il rencontre ce groupe de lépreux !
    Naaman arrive chez le roi, avec sa demande et sa lettre d'introduction. Mais le roi est paniqué, il croit que Naaman arrive pour lui tendre un piège. Heureusement, le prophète Elisée, le successeur d'Elie prend les choses en mains — à distance. Il convoque le général syrien chez lui.
    Mais lorsque Naaman est à la porte de la maison d'Elisée, il ne voit pas Elisée en personne, il reçoit seulement un message par l'entremise d'un serviteur. Un message très simple :
    "Va te plonger sept fois dans l'eau du Jourdain. Alors tu seras guéri et purifié" (2 R 5:10).
    Oh la la ! Naaman n'apprécie pas ! Il est furieux. Lui, le général en chef, le héros, il n'a même pas droit à une visite, un entretien, une prière, une imposition des mains ? On lui donne une simple ordonnance et sans consultation, sans auscultation ! Et qu'est-ce qu'il y a sur cette ordonnance ? "Prendre un bain chaque jour pendant sept jours."
    Naaman a fait près de 300 km. Est-ce pour ça ? De qui se moque-t-on ? Il est prêt à faire demi-tour, à rentrer au pays, quitte à rester désespéré. Pourtant, il va rester et exécuter l'ordonnance. Qu'est-ce qui le retient, qu'est-ce qui le fait changer d'avis ? Une parole pleine de bon sens de son serviteur :

    "Maître, si le prophète t'avait ordonné quelque chose de difficile, de compliqué, ne l'aurais-tu pas fait ? (2 R 5:13)
    L'être humain est imprévisible en matière de religion : plus c'est compliqué, plus c'est dur, plus c'est culpabilisant, plus il trouve que c'est sérieux, valable et véridique. Mais voilà, Dieu propose le contraire. Dieu n'a probablement pas son MBA. Il a fait les choses simplement : il offre tout, tout de suite, il s'offre lui-même, tout simplement, et il attend. Il attend notre réponse.
    Cette histoire de Naaman a souvent été lue comme une parabole du baptême. Dieu offre la vraie vie à ceux qui acceptent le baptême. La guérison spirituelle est offerte à tous, comme aux dix lépreux que Jésus rencontre. Il n'y a pas de conditions, c'est facile, c'est gratuit. Naaman en tant qu'il est à la fois un héros et un lépreux est le reflet de toute l'ambiguïté de la condition humaine. Tous nous sommes des héros et des lépreux, tous nous avons en nous la possibilité du bonheur et du malheur. Et Dieu nous offre, à travers un geste tout simple, à travers l'eau du baptême de nous tourner vers lui et de lui répondre.
    La réponse de Naaman va être de reconnaître qu'Elisée est le prophète du vrai Dieu :

    "Maintenant, je sais que sur toute la terre, il n'y a pas d'autre Dieu que celui d'Israël" (2 R 5:15).
    Voilà sa façon de confesser sa foi. Il ajoutera un autre geste : il chargera ses mulets de terre d'Israël pour y faire son lieu de culte, pour marquer son appartenance au peuple d'Israël.
    Parmi les dix lépreux guéris par Jésus, un homme confesse aussi sa foi en louant Dieu à haute voix et en faisant demi-tour pour revenir vers Jésus. Celui-ci a pris sa guérison au sérieux et saisi l'offre complète de Dieu. Tous ont été guéris, mais c'est à lui seul que Jésus peut confirmer : "Ta foi t'a sauvé" (Luc 17:19).
    L'offre de Dieu est généreuse, elle est abondante, elle est sans condition. Mais... la réaction des êtres humains face à ce cadeau de Dieu est imprévisible ! Recevoir paraît trop facile — ne serait-ce pas un piège comme le pense le roi d'Israël lorsqu'il reçoit la lettre de recommandation de Naaman? Recevoir paraît trop facile et pourtant, il n'y a qu'à dire MERCI.
    Qu'allez-vous faire de ce cadeau (le baptême) que vous avez demandé pour votre enfant ?
    Qu'allez-vous faire / qu'avez-vous fait de ce cadeau que vous avez reçu lors de votre propre baptême ?

    Amen

    © 2006, Jean-Marie Thévoz