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injustice

  • Matthieu 6. Recentrons-nous sur l'essentiel

    (9.1.2005)

    Matthieu 6

    Recentrons-nous sur l'essentiel

    Luc 13 : 1-5.        Jean 13 : 33-35.      Matthieu 6 : 19-21. 

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  • Ezéchiel 34. Le bon berger

    Pour le dimanche 19 avril

    Ezéchiel 34

    Le bon berger

    Ezéchiel 34:15-24.        Jean 10:7-14a.      1 Pierre 5 : 1-5

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    Chers frères et soeurs en Christ,

    Avez-vous entendu ce qui se passe au sein du peuple d'Israël du temps d'Ezéchiel ?

    "Pourquoi certains d'entre vous ne se contentent-ils pas de paître dans le meilleur des pâturages ? (...) Pourquoi troublez-vous ce que vous n'avez pas bu ? Le reste de mon troupeau est obligé de manger l'herbe que vous avez piétinée et de boire l'eau que vous avez troublée. C'est pourquoi moi, le Seigneur Dieu, je vous déclare ceci : Je vais être juge entre les bêtes maigres et les bêtes grasses de mon troupeau. Vous avez bousculé de l'épaule et du flanc les bêtes affaiblies, vous les avez repoussées à coups de corne jusqu'à ce que vous les ayez chassées du troupeau. Je viens donc à leur secours..." (Ez 34 18-22).

    Ezéchiel dénonce ce qu'on appelle aujourd'hui une société à deux vitesses, où certains dominent et exploitent les ressources ne laissant aux autres que des miettes, où certains marchent sur les têtes des autres pour s'engraisser, s'enrichir. Aujourd'hui, une société où les pays du nord exploitent les peuples à faibles revenus, pillent les ressources de la planète et détruisent l'environnement et la biodiversité.

    Une telle division du peuple d'Israël — entre bêtes grasses et bêtes maigres, les premières exploitant les secondes — ne peut laisser Dieu indifférent.

    Dieu avertit qu'il va revêtir sa robe de juge pour mettre de l'ordre dans tout cela. Son intention est de prendre soin de son troupeau, de son troupeau tout entier, en allant rechercher la brebis qui s'est perdue ou qui a été écartée du troupeau et en demandant des comptes à ceux qui l'ont chassée du troupeau.

    Dieu met sa robe de juge pour les uns, mais surtout il prend sa houlette de berger, car rassembler est plus important, pour lui, que juger. Et Ezéchiel nous parle d'une promesse messianique : Dieu va susciter un nouveau berger de la famille de David pour secourir son peuple.

    Dans la situation d'alors du peuple d'Israël, Dieu veut planter un repère solide qui dit où est le droit et où est l'inadmissible, où est la justice et où est l'exploitation, où est la vie et où est la mort. Ce repère essentiel, c'est le Messie, l'envoyé de Dieu, celui qui est plus grand que tout prophète.

    Lorsque Jésus dit : "Je suis le bon berger" (Jn 10:11), il endosse, il assume le rôle décrit par Ezéchiel, il est celui qui va faire le travail de juge, de tri dans le troupeau, celui qui va prendre le troupeau en main pour l'appeler à faire la volonté de son Père.

    Le bon berger n'est pas un personnage mièvre et auréolé de carte postale jaunie. C'est un homme costaud, courageux, qui prend la défense du plus faible contre l'attaque du loup, contre les dents des requins dirions-nous aujourd'hui.C'est le militant qui interpelle la multinationale. Le bon berger, c'est celui qui est tellement attaché à ses brebis qu'il est prêt à risquer sa vie pour elles. Ce n'est pas un mercenaire, un salarié, un membre de conseil d'administration prêt à quitter le navire au moindre écueil.

    Le bon berger est celui qui s'est mis au service du bien et de la prospérité du troupeau. Et Jésus mérite bien ce titre-là puisqu'il n'a pas hésité à aller jusqu'à la mort, la mort sur la croix, pour sauver son troupeau de la violence des loups. Jésus est le bon berger, attaché à donner le meilleur à son troupeau, à lui donner une vie abondante, même au prix de sa propre vie.

    Les autres, tous les autres qui sont venus promettre le bonheur, la prospérité, un avenir radieux, ne sont que des voleurs, des escrocs, des arnaqueurs. Il suffit de lever les yeux sur les affiches qui tapissent nos rues. On nous promet le bonheur à l'achat des produits exposés. Mais qui peut croire que notre vie sera remplie si notre caddie est plein ? La seule chose qui se remplit, ce sont les tiroirs-caisses des marchands et les poches des actionnaires.

    La publicité nous promet ce qu'elle ne peut nous offrir, Dieu nous offre ce qu'il nous promet : une vie riche et pleine.

    "Je suis la porte de l'enclos", ajoute Jésus. C'est par lui qu'il faut passer pour avoir accès à cette vie pleine et riche, parce que c'est par un contact, une relation profondément humaine qu'on accède à ce qui fait la richesse de la vie. «C'est seulement dans la rencontre d'un être humain, grâce auquel nous trouvons notre nature profonde, que nous avons accès à Dieu.»* Jésus, en tant qu'homme, en tant qu'être humain, nous ouvre la voie vers Dieu, autrement inaccessible.

    Cette tâche de berger, de conducteur vers Dieu, Jésus l'a confiée à ses disciples, pour l'assumer après lui. Souvenez-vous de ce dialogue entre le Christ ressuscité et Pierre : (Jean 21:15-19)

    — Pierre m'aimes-tu ?

    — Tu sais bien que je t'aime.

    — Alors prends soin de mes brebis.

    Et c'est dans l'épître de Pierre que cette recommandation est donnée aux Anciens :

     

    Prenez soin, comme des bergers, du troupeau que Dieu vous a confié (...) Ne cherchez pas à dominer ceux qui ont été confiés à votre garde, mais soyez des modèles pour le troupeau" (1 P 5:2-3).

    C'est à nous tous, membres de l'Eglise de Jésus-Christ, qu'il est demandé de ne pas chercher à dominer, c'est-à-dire dans les paroles d'Ezéchiel de ne pas soutenir le développement d'une société à deux vitesses et de laisser exploiter ceux qui sont sans défense. C'est contraire à la volonté de Dieu.

    Le berger va au secours de la brebis la plus faible et la réintègre dans le troupeau. C'est la tâche qui nous est confiée. A notre tour, nous avons ce rôle à jouer, auprès des personnes que nous côtoyons. Souvenons-nous de notre maître, le bon berger, et avançons dans ses traces.

    Amen

    * Eugen Drewermann, Sermons pour le temps pascal, Paris, Albin Michel, 1994, p. 323.11

    © Jean-Marie Thévoz, 2020

     

  • Amos 1. Prophètes (I) : Un appel à la justice

    7.8.2016
    Prophètes (I) : Un appel à la justice
    Amos 1 : 1-2     Amos 2 : 6-16    Amos 5 : 4-7 + 10-14

    Télécharger le texte : P-2016-08-07.pdf

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Pendant ce mois d’août je me propose de vous faire découvrir quelques-uns des petits prophètes de l’Ancien Testament. Je peux présumer, sans prendre trop de risques de me tromper, que les petits prophètes ne sont pas vos pages préférées de la Bible. En effet, ces paroles sont souvent rudes et difficiles à recevoir. Mais en même temps cette rudesse, cette violence verbale, en font aussi tout l’intérêt.
    Dans l’Ancien Testament, on trouve trois grands livres de prophète : Esaïe, Jérémie, Ezéchiel et douze petits prophètes, des écrits moins longs, mais tout aussi percutants. Le plus ancien : Amos, s’est exprimé vers 780 av. J.-C. et le plus récent, Malachie vers 480 av. J.-C. Ainsi, les 15 prophètes qui ont leur livre dans la Bible (on en mentionne d’autres dans les livres de Samuel et des Rois) ces 15 couvrent la période de prospérité de Juda et d’Israël, leurs invasions successives par l’Assyrie et Babylone, puis la période de l’Exil enfin le retour de l’Exil : trois siècles d’histoire mouvementée, trois siècles pendant lesquelles Dieu s’adresse à son peuple, paroles que les prophètes relaient, souvent au péril de leur vie.
    Amos est le premier de ces prophètes dont les paroles ont été recueillies dans un livre qui porte son nom. C’est un éleveur-propriétaire dans le territoire de la Judée qui est appelé par Dieu à aller porter sa parole dans le territoire d’Israël, les deux Royaumes étant alors séparés.
    C’est une période de prospérité, puisque les deux grands voisins, l’Égypte au sud et la Mésopotamie au nord, ne sont pas en guerre. Il faut voir que le territoire d’Israël et celui de Juda forment un corridor emprunté par ces deux empires chaque fois qu’ils se font la guerre. Ainsi, chaque fois, les armées traversent et piétinent Israël et Juda lorsque ces empires prennent les armes l’un contre l’autre. Ce n’est pas le cas à cette période, c’est la paix, ainsi chacun peut cultiver ses champs, faire du commerce. En temps de paix c’est une route commerciale entre les deux empires et Israël et la Judée en profitent.
    Mais, du temps d’Amos, cette prospérité générale attise la cupidité et l’avidité. Les riches et les puissants deviennent plus riches et se sentent les coudées franches pour élargir leurs champs et exploiter davantage leurs employés, leurs ouvriers, pour biaiser le droit et corrompre les juges et les autorités.
    C’est dans ce contexte (on dirait aujourd’hui d’un capitalisme débridé) que Dieu envoie Amos comme prophète. Il est envoyé avec un message qu’on pourrait résumer en trois expressions « C’est trop, ça suffit, ça doit changer ». Le message de Dieu porté par Amos contient un constat, une menace et un remède.
    1. Le constat, c’est que l’injustice règne en Israël. « Je leur reproche en particulier ceci : ils vendent l’innocent comme esclave pour récupérer leur argent, ils vendent le malheureux pour une paire de sandales.» (Am 2:6) Il s’agit de spoliation et de corruption de la justice, pour s’enrichir et cela se passe jusque dans les lieux de culte ou sont offerts les produits volés aux pauvres (v.8).
    2. Face à ces comportements corrompus, le prophète annonce la venue de la destruction de la région. Ces oracles de destruction étaient courants dans les religions avoisinantes. On en retrouve aussi en Égypte. Mais ses oracles étaient toujours adressés aux peuples ou aux territoires ennemis. Ce qui est donc surprenant chez Amos, puis chez les autres prophètes de la Bible, c’est qu’à coté d’oracles contre les ennemis, se trouvent des oracles contre soi-même ! Contre son propre peuple ! C’est une spécificité biblique, du Dieu de la Bible. Il n’y a pas d’un côté les nôtres qui sont parfaits et les autres qu’on peut ou qu’il faut fustiger. La fracture n’est pas entre nous et les autres. La fracture est entre ce qui est aimable ou non, entre ce qui est détestable ou non. La fracture passe par l’attitude éthique, par la façon d’appliquer le droit et la justice, même à l’intérieur de sa propre communauté !
    Ce qui importe à Dieu, ce n’est pas un territoire, ce n’est pas un groupe de gens ou un peuple particulier, c’est une façon d’être les uns avec les autres. Et la bonne façon d’être repose sur l’application du droit.
    3. C’est particulièrement visible dans la troisième lecture que vous avez entendue et qui dresse le remède à la menace de destruction. La menace est suspendue à un changement de comportement. Cette suspension est liée à une injonction, un impératif qui est répété trois fois : « Cherchez ! » (v4, 6, 14)  « Cherchez moi et vous vivrez ! » (v4).  « Cherchez le Seigneur et vous vivrez ! » (v6). « Cherchez le bien est non le mal afin que vous viviez ! » (v14)
    Il y a deux liens primordiaux qui sont exprimés ici, le lien entre Dieu et notre vie ; et le lien entre Dieu et le bien. Le bien étant obtenu par l’application de la justice au travers du respect du droit.
    Le droit est enraciné en Dieu, qui en est le garant — c’est pourquoi il envoie des prophètes pour dénoncer la corruption des juges et des tribunaux et appeler en retour à la justice et à la protection des faibles. La relation correcte à Dieu se réalise dans des comportements éthiques à l’égard d’autrui. C’est pourquoi Amos fustige aussi bien le faste des cérémonies dans les divers lieux de culte (5:21-24), que la proclamation liturgique : « le Seigneur, Dieu de l’univers, est avec nous » (5:14) qui est prononcée dans les temples.
    Dieu n’a rien à faire de nos formules liturgiques si elles sont contredites par des comportements injustes. C’est ce qu’Amos proclame en rapportant cette parole : « Cherchez à faire ce qui est bien et non ce qui est mal. Ainsi vous vivrez et le Seigneur Dieu, Dieu de l’univers, sera vraiment avec vous, comme vous le dites.» (5:14)
    Cette position d’Amos, qui place la justice, la juste relation à l’autre, avant le culte rendu à Dieu — ou comme forme juste du culte à rendre à Dieu — ressemble fort à l’injonction de Jésus dans le Sermon sur la Montagne : «si ton frère a quelque chose contre toi au moment de déposer ton offrande, va te réconcilier avec lui, puis reviens et présente ton offrande à Dieu.» (Mt 5:23-24)
    Sous des abords souvent rocailleux, les prophètes disent bien des paroles qui viennent de Dieu et qui nous rappellent que c’est bien dans nos relations aux autres que se joue notre relation à Dieu. Les commandements d’aimer Dieu et notre prochain sont indissolublement liés, déjà dans l’Ancien Testament. Le message des prophètes est toujours actuel. Notre monde a encore besoin de l’entendre s’il ne veut pas courir à la destruction, à l’autodestruction. « Cherchez le Seigneur et vous vivrez ! »
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2016