(29.9.2002)
Matthieu 7
Ouverture du catéchisme 1ère année : Prendre la peine de construire sa personnalité
Psaume 127 : 1-5. 1 Pierre 2 : 4-7. Matthieu 7 : 24-27
télécharger le texte : P-2002-09-29.pdf
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(29.9.2002)
Matthieu 7
Ouverture du catéchisme 1ère année : Prendre la peine de construire sa personnalité
Psaume 127 : 1-5. 1 Pierre 2 : 4-7. Matthieu 7 : 24-27
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Matthieu 21
5.10.2014
Plus personne ne donne l’ordre à son fils d’aller travailler dans la vigne !
Matthieu 7 : 15-23 Matthieu 21 : 28-32
Télécharger la prédication : P-2014-10-05.pdf
Chères paroissiennes, chers paroissiens,
Jésus raconte une parabole : un homme avait deux fils, mais ce n’est pas la parabole du fils prodigue. Jésus se trouve à Jérusalem, il est dans le Temple et il enseigne. Des prêtres et des anciens viennent alors lui demander ce qu’il fait là, de quelle autorité il se permet d’enseigner dans le Temple.
C’est donc dans une atmosphère de conflit d’affrontement que Jésus leur raconte cette parabole. Ce n’est d’ailleurs qu’un début dans la polémique. Juste après cette parabole, Jésus raconte la parabole des méchants vignerons, puis des invités qui refusent de venir au banquet du royaume. Et cette partie se terminera par l’annonce de la destruction du Temple ! Nous avons donc là une parabole polémique, adressée aux autorités du Temple.
Jésus engage donc le dialogue en leur demandant leur avis sur une situation : Un père donne le même ordre à ses deux enfants. Le premier dit non, mais fait le travail. Le second dit ou, mais ne fait pas ce qui lui est demandé. Qui a donc agit selon la volonté du père ? Les responsables du Temple sont d’accord que c’est celui qui a agit, même s’il a commencé par renâcler.
Et c’est là que Jésus prononce son jugement sur ceux qui l’entourent. Le premier fils — qui dit non, mais qui fait le travail — ce sont les foules, les gens du peuple méprisés qui ont suivi Jean Baptiste et qui suivent maintenant Jésus. Le deuxième fils — celui qui dit qu’il va faire, mais ne fait rien — ce sont ceux qui tiennent des discours religieux, mais qui n’ont suivi ni Jean Baptiste, ni Jésus.
[Une remarque sur la transmission de ce récit dans les manuscrits. Après la scission entre la synagogue et les judéo-chrétiens, cette parabole a été lue comme étant l’image du peuple juif qui a refusé Jésus et des païens qui l’ont accepté, au point que dans certains manuscrits, la parabole a été réécrite dans « l’ordre chronologique » : le premier fils étant celui qui dit oui et n’y va pas, le second fils étant celui qui dit non et qui y va. La bonne réponse donnée est alors le deuxième fils. Entre ces deux versions, celle du premier fils qui dit non et y va quand même a plus de chance d’être celle que Jésus a prononcée.]
Restons sur la formule de Jésus. Il est question de paroles et d’actes. Et il est clair — Jésus l’a déjà dit dans le Sermon sur la Montagne — c’est l’action qui est déterminante. « Ce ne sont pas ceux qui disent Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le Royaume de Dieu, mais seulement ceux qui font la volonté de mon Père » (Mt 7:21) ou encore : « un bon arbre ne peut pas produire de mauvais fruits » (Mt 7:18).
On pourrait croire qu’on est dans une théologie des œuvres où le salut dépendrait de ses bonnes actions. Je crois plutôt qu’on est là face à la cohérence d’une vie. Les actes sont révélateurs de la vie intérieure. Tenir un discours et agir de manière inverse, c’est de l’incohérence ou de l’hypocrisie. C’est pourquoi Jésus s’attaque aux responsables religieux et qu’il met en garde son troupeau contre les faux prophètes qui sont des loups déguisés en agneaux. Jésus dit « vous les reconnaîtrez à leurs actions » (Mt 7:16).
C’est ce que nous voyons souvent dans le fanatisme religieux : de grands discours sur la pureté — pureté du mouvement à l’interne et méchanceté de tous les autres — grands discours qui débouchent sur des appels, au minimum à la séparation, au pire à la violence.
C’est malheureusement ce qu’on voit aujourd’hui avec le pseudo-état islamique en Irak et au Levant. De grands discours et l’imprécation du nom d’Allah et des violences innommables qui révèlent la vraie nature de ce mouvement.
On pourrait se dire : mais en quoi cela nous concerne-t-il ? Ce n’est pas ici, ce n’est pas notre religion. Le problème, c’est qu’il y a des gens de chez nous qui s’en vont là-bas, se battre et endosser cette idéologie. Ça c’est notre problème ! Qu’avons-nous manqué, en tant que société, pour que des jeunes de chez nous soient séduits par de tels prophètes ?
Que voyons-nous chez nous ? (1) Sur le plan religieux, il y a peu de discours, peu d’actes, peu d’actions. Tout ce que notre société propose aux jeunes, c’est d’entrer dans la consommation et le divertissement. Les parents ont peur d’imposer quoi que ce soit à leurs enfants. Le parent propose, l’enfant dispose ! Il doit constamment choisir par lui-même, sans savoir la préférence de ses parents.
Cela conduit à un deuxième constat. (2) Notre société a renoncé a toute prescription. Il n’y a plus de père qui donne l’ordre à son fils d’aller travailler dans la vigne. Il n’y a plus d’ordre, il n’y a plus de mission, il n’y a plus de désignation d’une tâche à faire pour que le monde tourne. Tout est optionnel, donc il semble que tout est égal, que tout est de même valeur.
Il n’y a plus d’instance qui dise : il y a ce travail, cette tâche qui vaut la peine d’être réalisée. Plus personne ne dit qu’il y a des valeurs pour lesquelles il vaut la peine de se battre, ou bien des maux contre lesquels il vaut la peine de se battre. Alors des jeunes vont se battre là où on leur donne une raison, même mauvaise. Sommes-nous à ce point désillusionnés que nous ne pouvons plus nous mobiliser et appeler les jeunes à se mobiliser avec nous pour se battre, pacifiquement.
En faveur de quoi pourrait-on se mobiliser aujourd’hui ? Essayez d’y réfléchir quelques secondes. L’absence de réponse qui saute aux yeux est bien révélatrice du problème.
Voilà quelques causes pour lesquelles se mobiliser, se battre. Pour plus de justice, plus d’équité, plus de tolérance. Moins de discrimination, moins de machisme. Plus de respect, plus de transparence économique. Moins d’exploitation, moins de mépris ou de xénophobie, etc.
Il y en a des objectifs pour lesquels se battre utilement. Mais qui les nomme ? Qui appelle à aller travailler dans la vigne ? Notre société n’est même plus dans les cas de figure qu’énonce Jésus ! Dire quelque chose et ne pas le faire ou ne rien confesser mais le faire.
Aujourd’hui, c’est inquiétant, il y a comme un consensus à ne plus rien dire et à ne plus rien faire, on reste vautré devant son écran.
Nous avons le droit, nous avons le devoir de dire nos valeurs, d’être prescripteur (prophètes) pour la justice, le droit, le respect, l’entraide… Ensuite chacun aura le choix d’y aller ou pas. Mais l’Eglise manque à sa tâche, à son but si elle ne dit plus rien, si ses fidèles ne disent plus où est l’Evangile.
Nous avons à dire qu’il y a du travail dans la vigne. Si nous renonçons à ce rôle de prescripteur, de prophète, alors ce seront d’autres qui seront là, à notre place, avec d’autres valeurs et souvent comme des loups déguisés en agneaux. A nous d’agir.
Amen
© Jean-Marie Thévoz, 2014
Dans le même sens, cet éditorial paru le JE 9.10.2014 dans Le Temps :
Leur djihad, notre vide Par Par Sylvain Besson