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oint

  • Luc 4. Jésus est consacré dans Les trois fonctions de roi, de prêtre et de prophète

    Luc 4

    6.12.2009

    Jésus est consacré dans Les trois fonctions de roi, de prêtre et de prophète

    Es 61 : 1-9, Luc 4 : 16-19

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,

    Comme chrétiens, nous reconnaissons que Jésus est le Christ, le Messie que les juifs attendaient. Dans le temps de l'Avent, nous préparons et attendons la naissance du Messie et, comme chrétiens, nous affirmons et confessons que le Messie est ce Jésus, né dans une pauvre étable et mort sur une croix.

    Jésus était tellement le Messie que nous l'appelons Jésus-Christ. Un peu de vocabulaire pour que tout soit clair. Christ (XPISTOS) est la traduction grecque du terme hébreu Messie (MeChYaH) qui veut dire "celui qui est oint d'huile." Les mots "Messie" "Christ" et"oint" veulent donc dire la même chose, celui qui est consacré par une onction d'huile.

    Dans l'Ancien Testament, il y a trois catégories de personnes qui sont consacrées dans leurs fonctions par une onction d'huile : les rois, les prêtres et les prophètes.

    Samuel oint le roi Saül (1 S 10:1); les anciens d'Israël oignent David (2 S 5:2); Nathan oint Salomon (1 R 1:45) etc.

    Aaron et les lévites sont oints pour devenir prêtres (Ex 29:7; Lv 8:12).

    Le prophète Jérémie est dit oint par Dieu déjà dans le ventre de sa mère (Jér. 1:5). Cette dernière onction — toute spirituelle — est aussi celle qui s'applique à Jésus, puisque nous n'avons aucun récit qui nous dit qu'il a été oint par quelqu'un d'autre.

    En fait, ce qui est intéressant avec Jésus, c'est que les Evangiles lui attribuent la triple onction. Jésus est consacré dans ces trois fonctions de roi, de prêtre et de prophète. Cette onction n'a été donnée par personne, c'est-à-dire par aucun humain, elle est dès le début d'origine divine, comme le confesse Jésus lui-même en reprenant les paroles d'Esaïe : "L'Esprit du Seigneur est sur moi, il m'a consacré / choisi, (littéralement oint) pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres." (Luc 4:18)

    Les Evangiles — par touches successives et variées — nous montrent comment Jésus est investi de ces trois onctions royale, sacerdotale et prophétique. Nous pouvons déjà — puisque nous approchons Noël — les voir dans les trois cadeaux des mages : l'or, l'encens et la myrrhe.

    L'or est symbole du pouvoir et de la richesse du roi. L'encens est le parfum répandu dans le Temple lors des sacrifices. La myrrhe est une résine aromatique qui entre dans la composition de l'huile d'onction que les prophètes utilisent pour oindre les rois et les prêtres. La myrrhe est également utilisée dans la toilette mortuaire et nous rappelle le rôle dangereux des prophètes et annonce par avance que le ministère prophétique de Jésus sera tragique.

    A. Revenons à l'onction royale. Le roi est celui qui exerce le pouvoir et qui rend la justice. Les Evangiles reflètent ce pouvoir étendu de Jésus dans le récit de la tempête apaisée. C'est même plus que le pouvoir du roi, c'est le pouvoir du Créateur lui-même. Le pouvoir qu'exerce Jésus est manifeste, mais ne s'exerce pas par la force ou la contrainte. C'est le pouvoir du pardon : "Est-il plus facile de dire « Tes péchés sont pardonnés » ou « Lève-toi et marche ! » ?" (Mt 9:5). C'est le pouvoir de rendre une justice pleine d'humanité : "Que celui qui n'a jamais péché, lui jette la première pierre." (Jn 8:7). Et c'est l'autorité du guide, du berger : "Je suis le bon berger" (Jn 10:11). Et bien sûr, il y a "le roi qui vient de naître" que cherchent les mages (Mt 2:2) et "le roi des juifs" que Ponce Pilate condamne à la croix (Mt 27:37).

    La royauté de Jésus s'inscrit dans le service et l'abaissement. C'est un pouvoir qui n'écrase pas l'être humain, au contraire, c'est le pouvoir de Dieu qui veut nous libérer de nos soucis, de nos angoisses, de nos tourments. C'est l'autorité divine qui veut nous guider, nous accompagner sur nos chemins humains. Un autorité qui nous offre le pardon et la réhabilitation.

    B. Jésus est aussi présenté dans le Nouveau Testament comme le prêtre par excellence. Très fort dans la lettre aux Hébreux qui l'appelle le Sacrificateur ou le grand-prêtre, plus discrètement dans les Evangiles, puisque le terme de prêtre n'est jamais attribué à Jésus. Le rôle de prêtre, c'est de donner accès à Dieu, c'est d'être la porte ou le chemin vers Dieu. C'est Jean l'Evangéliste qui affirme le plus fort ce rôle d'accès et donc de prêtrise. "Celui qui m'a vu a vu le Père" (Jn 14:9) "Nul n'a vu le Père si ce n'est celui qui vient du Père (Jn 6:46) "Je suis le chemin, la vérité et la vie" (Jn 14:6) "Je suis la porte" (Jn 10:7).

    Jésus est bien, pour nous, celui qui nous met en relation avec Dieu, au point que — dans le protestantisme — nous refusons que quiconque reprenne le rôle de prêtre. Il n'y a plus de prêtre attitré, parce que nous sommes tous prêtres. Jésus est celui qui nous ouvre le chemin, celui qui nous rapproche de Dieu, celui qui abolit tout ce qui peut nous séparer de Dieu, c'est pourquoi le rideau du Temple se déchire lorsqu'il meurt sur la croix (Mc 15:38). La mort de Jésus nous donne pleinement accès à Dieu, sans intermédiaire, sans Temple de Jérusalem, sans prêtres. Plus encore, affirmera l'apôtre Paul, "votre corps est le temple du Saint-Esprit" (1 Co 6:19). Dieu ne vient pas seulement habiter parmi les êtres humains, il vient habiter en chacun d'entre nous.

    C. Et puis, Jésus est également prophète, même si — nous l'avons vu — il est aussi plus que prophète. Il est celui qui parle au nom de Dieu, qui annonce la bonne nouvelle. Il est celui qui enseigne le peuple (Jn 7:14) et il est celui qui guérit, comme Elisée guérit Naaman le Syrien (2 R 5). Il est celui qui pose des gestes prophétiques scandaleux : il chasse les marchands du Temple (Jn 2:15) ou ne respecte pas le sabbat.

    Jésus est donc celui qui nous annonce la bonne nouvelle, celui qui nous enseigne jour après jour, celui qui guérit nos blessures intérieures, celui qui chasse ce qui nous encombre et nous sépare de Dieu.

    Voilà le Christ, le Messie, l'oint du Seigneur que nous attendons à Noël. Il vient dans la pauvreté, dans l'humilité et n'exerce son pouvoir que sur ceux qui veulent le recevoir et l'accepter pour maître. Il ouvre les portes des cieux à ceux qui manifestent le désir d'y entrer. Il guérit les blessures intérieures de ceux qui le laissent habiter dans leur cœur. Il vient… creusons en nous un espace pour l'accueillir.

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2009