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  • Actes 11. Dieu fait tomber les barrières

    Actes 11

    14.10.2018

    Dieu fait tomber les barrières

    Actes 11 : 1-12        Actes 11 : 13-18

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  • Jésus pratique la contamination positive.

    Marc 5

    21.1.2018

    Jésus pratique la contamination positive.

    Ex 15 : 1-21     Marc 5 : 21-43

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    Chers frères et sœurs en Christ,

    La thématique pour cette semaine de l’Unité des Chrétiens et pour cette célébration œcuménique a été préparée par un groupe d’Eglises des Caraïbes. L’accent de ces Eglises est mis sur la libération, notamment par rapport à leur passé d’esclavage. Le récit de l’Exode et du passage de la mer, qui met une fin définitive à l’esclavage, trouve là-bas un grand écho. C’est un peu moins direct pour nous ici.

    Le livret de la semaine met en avant le verset suivant : « Ta main droite, Seigneur, est éclatante de puissance. » (Ex 15:6). Cette puissance de Dieu, qui réduit à néant les armées de Pharaon dans la mer, qu’a-t-elle à voir avec le message de Jésus, avec l’Evangile ?

    Jésus n’est-il pas mort sur la croix, sans armée d’anges pour le sauver, sans puissance pour le descendre de la croix ? Jésus n’a-t-il pas accepté cette impuissance ? N’est-ce pas même la force de son ministère et de son message : ne pas entrer dans le jeu des puissances et des autorités ?

    Jésus a accepté l’impuissance publique, politique et religieuse. Jésus recadre le lieu de la puissance en la plaçant dans les relations interpersonnelles et c’est ce que nous voyons dans le double récit de guérison de l’Evangile selon Marc que nous avons entendu.

    En toutes lettres, il est dit qu’une force (dunamis en grec) sort de Jésus au moment où la femme touche son vêtement. Et la femme perçoit tout de suite qu’elle est guérie, que cette force — qu’elle cherchait auprès de Jésus — a été efficace, plus efficace que celle de tous les médecins qu’elle avait consultés pendant douze ans.

    Dans le dialogue qu’il entretient avec cette femme, au milieu de la foule qui le presse, Jésus confirme la guérison, il valide le geste de cette femme en lui disant : « Ta foi t’a sauvée ! » (Mc 5:34) Qu’est-ce que cette foi et de quoi cette femme est-elle sauvée ?

    A. La foi de cette femme est d’avoir osé transgresser tous les tabous de son époque pour s’approcher de Jésus. Il faut se remettre dans le contexte des lois de pureté du Lévitique auxquels les pharisiens demandaient de se plier. Une femme est impure pendant tout le temps de ses règles et les sept jours qui suivent. Et quiconque la touche est impur jusqu’au soir (Lév. 15:19).

    Cela signifie que cette femme était considérée comme impure 365 jours par an et que personne ne pouvait avoir un contact physique avec elle — ne serait-ce une poignée de main ou recevoir d’elle le plat qui passe à table — sans être impur à son tour.

    Cette femme-là espère en Jésus, elle croit, elle est sûre du pouvoir guérisseur de Jésus. Elle s’octroie la permission de traverser une foule compacte jusqu’à Jésus et de le toucher au risque de le rendre impur. Cette incroyable impudence, ce toupet — après coup nous disons ce courage — Jésus le valide comme étant de la foi. Oui, c’est de la confiance dans le pouvoir libérateur de Jésus.

    Mais c’est plus que cela. C’est une véritable, une authentique adhésion au mode de pensée de Jésus lui-même. N’est-ce pas Jésus qui guérit un lépreu précédemment dans l’Evangile selon Marc (Mc 1:40-42) ? Dans ce récit, le lépreux formule ainsi sa demande : « Si tu le veux, tu peux me rendre pur. » (Mc 1:40).

    C’est exactement ce que pense cette femme. Elle est persuadée que Jésus peut la rendre pure, que ce n’est pas elle qui va contaminer Jésus, mais lui qui va la rendre pure. La foi de cette femme, c’est que Jésus a le pouvoir de renverser le processus de contamination.

    Le livre du Lévitique, et les pharisiens à sa suite, pensent que l’impur pollue le pur. Jésus affirme constamment le contraire dans sa façon d’être et de guérir. Jésus approche malades, handicaps, lépreux et possédés, tout l’arrière-ban de la société, tous les exclus qu’on ne veut pas approcher de peur d’être contaminé. Et bien, Jésus va vers eux et ôte leur pseudo-impureté.

    Jésus pratique la contamination positive. Jésus n’a pas été rendu impur par cette femme, c’est une force sortie de lui qui a transformé cette femme. Jésus est venu renverser les courants, les flux. A l’image des flux sanguins de ces deux récits, flux qui se sont renversés pour qu’il ne coule plus chez la femme et qu’il se remette à couler dans les veines de la fillette.

    Jésus remet de la vie là où la vie ne circulait plus. Jésus renverse les idéologies qui étiquettent les gens, les rendant impurs, aujourd’hui on dirait infréquentables.

    B. La foi qui sauve cette femme, c’est le renversement de la croyance sur le sens de la contamination. Jésus croit à la contamination positive et il nous invite à la foi, à le croire avec lui. Avec cette croyance — que la femme a commencé avant sa rencontre physique avec Jésus — la femme est sauvée de son isolement social. En ayant ce dialogue d’aveu public, Jésus la remet au milieu de son groupe social, au milieu de son village avec sa bénédiction. Plus personne ne pourra l’exclure sans se couper lui-même de Dieu.

    Jésus n’est pas venu imposer une puissance divine à la société. Il vient changer nos mentalités et nos relations les uns avec les autres pour qu’elles ne soient plus fondées sur la peur, la peur de l’autre, mais sur la confiance.

    Confiance dans la force positive du bien, dans la force de la contamination positive, dans la contagion de l’amour. A partir de ce regard de Jésus, nous pouvons nous regarder différemment les uns les autres. Avec cette femme, avec Jésus, osons abandonner la peur et opter pour la confiance.

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2018

  • Matthieu 8. Le Sermon sur la Montagne (III) Contamination positive

    Matthieu 8
    12.6.2016
    Contamination positive.
    Matthieu 5 : 21-24    Matthieu 7 : 28-29 + 8 : 1-4

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    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Dans notre recherche pour mieux connaître Jésus à travers le Sermon sur la Montagne, nous avons déjà vu comment il se place en surplomb lorsqu’il parle, il se place au-dessus de la Loi pour la commenter et la modifier (P-2016-05-22). Ensuite nous avons vu la radicalité des propos de Jésus, combien il exagère, proposant des conduites impossibles à tenir pour provoquer le changement (P-2016-05-29).
    Aujourd’hui nous voulons voir comment Jésus se démarque de l’enseignement des pharisiens et des maîtres de la Loi. Jésus ne renie pas le judaïsme. Il s’inscrit dans cette tradition, il l’assume, il l’aime. Il fait référence à la Torah, à la volonté de Dieu, il se compte comme un fils d’Abraham ; il se voit dans la lignée des prophètes d’Israël. On voit même, dans la fin du récit de guérison du lépreux, qu’il l’envoie vers le prêtre et lui demande d’accomplir le sacrifice prescrit par Moïse.
    Oui, Jésus s’inscrit bien dans la ligne du judaïsme. Mais en même temps, Jésus vient pour redire la volonté de Dieu pour son peuple et c’est là qu’il y a un hiatus. Il y a une distance entre le judaïsme des pharisiens et la juste relation que Dieu veut instaurer entre les êtres humains. Cette distance, c’est Jésus qui l’a fait remarquer, ce ne sont pas les chrétiens — ultérieurement— qui l’ont définie.
    Jésus se démarque vraiment des pharisiens, il propose vraiment une relation différente à Dieu et aux êtres humains. Cette distance, cette nouveauté, c’est ce qui va créer l’insupportable et conduire à la mort de Jésus sur la croix.
    L’enseignement de Jésus se démarque sur le point de vue moral, on le voit dans le Sermon sur la Montagne, dans les reformulations : « Il vous a été dit… mais moi je vous dis…». Mais des désaccords moraux, on peut vivre avec. Ce n’est pas là-dessus que la démarcation est assez forte pour conduire à la mort de Jésus.
    La démarcation porte sur la vision globale du monde ; celle des pharisiens et celle de Jésus diffèrent complètement. Et l’ensemble des récits des Évangiles expriment cette distance, cette différence. Voyons ces différences. J’en relèverai trois.
    1.  Les pharisiens pensent qu’une bonne relation à Dieu, la relation qui peut leur assurer le salut, passe par une observance stricte de tous les détails de la Loi. Cette obéissance les différencie des païens qui n’ont aucun accès à Dieu. Cette vision des choses domine dans l’observance du sabbat, c’est là qu’on voit la différence entre les bons juifs et les autres.  Jésus remet tout cela en cause par les guérisons qu’il opère le jour du sabbat, surtout lorsqu’il demande aux pharisiens : « Est-il permis de faire du bien de jour du sabbat ?» (Mt 12:12) Question combien embarrassante.
    Jésus remet complètement en cause la vision du monde et de Dieu des pharisiens lorsqu’il pose le principe selon lequel le sabbat est fait pour l’homme, non pas l’homme pour le sabbat. Premier pas, Jésus place l’être humain au-dessus de l’obéissance.
    2. Vous avez entendu dans les lectures que Jésus demande à celui qui se rend compte — au Temple — qu’il est toujours brouillé avec son frère, de laisser là son offrande et d’aller se réconcilier avec lui.
    Deuxième pas : Jésus place les bonnes relations — la réconciliation — au-dessus du culte à rendre à Dieu. C’est incroyable ! C’est un renversement insensé pour tous les responsables religieux. Faire passer l’être humain avant Dieu! Faire passer la relation avant le rituel. C’est pourtant bien là l’avancée novatrice du Christianisme. Ce qui l’a rendu attractif et pertinent : être ensemble dans de bonnes relations, dans la joie et la bonne humeur, c’est cela rendre un culte agréable à Dieu.
    3. Le troisième bouleversement concerne la vision de la pureté des pharisiens. Ils ont l’impression de vivre dans un monde et un environnement impur contre lequel il faut constamment se protéger et toujours à nouveau se purifier. Tout est occasion de perdre sa pureté. Oublier un commandement, mais aussi marcher sur une tombe ou un ossement, être frôlé par le vêtement d’un païen ou d’une femme, manger un aliment impropre ou mal préparé, se trouver dans le même espace qu’un étranger ou croiser un lépreux. Tout est occasion d’être contaminé de l’extérieur.
    Et voilà que Jésus vient et renverse tout. Vous vous souvenez (P-2016-05-01), il dit aux pharisiens : avec vos rituels vous ne lavez que l’extérieur des plats (Luc 11:39). Ce n’est pas ce qui rentre en l’homme, mais ce qui sort de lui qui le rend impur. De la pureté défensive des pharisiens, Jésus passe à une pureté offensive ou contagieuse. Pour Jésus c’est l’attitude intérieure qui est contagieuse, c’est la pureté qui va se répandre et changer les conditions autour de soi. Ainsi Jésus peut-il se laisser toucher et aborder par quiconque, c’est toujours lui le vainqueur de l’impureté, c’est l’autre qui devient pur à son contact !
    C’est exactement ce qui se passe à la suite du récit du Sermon sur la Montagne. Le Sermon sur la Montagne se conclut par la parabole des deux maisons et le rappel que Jésus enseigne avec autorité. Et le premier acte de Jésus en descendant de la montagne, c’est sa rencontre avec le lépreux qui exprime la vérité qui vient d’être illustrée dans le Sermon sur la Montagne : «Si tu le veux, tu peux me rendre pur » proclame  le lépreux (Mt 8:2). Le lépreux fait appel à cette pureté contaminante, qui est bien plus forte que la lèpre. Voilà le retournement qui est insupportable pour les pharisiens, pour les religieux, mais qui va faire le succès du Christianisme. Toute relation est bonne et ne comporte pas de risque religieux. La relation, c’est ce que Dieu veut favoriser. La relation est possible avec tous. La relation est souhaitable avec tous ! La relation, le partage des repas, la célébration tous ensemble, voilà le souhait de Dieu pour l’humanité.
    Personne n’est impur, par nature par accident. Jésus remporte toujours la victoire du pur sur l’impur déclaré par la société. Il n’y a plus d’intouchables. Donc il n’y a plus besoin de mur de protection, il n’y a plus besoin d’exclusion, de mise à l’écart. Ce qui l’emporte, c’est le principe du rayonnement, c’est le principe de la contamination positive. C’est pourquoi le discours du Sermon sur la Montagne commence avec l’image du sel la terre et de la lumière. Deux images de contamination positive, le sel qui donne du goût et la lumière qui répand sa clarté dans l’obscurité.
    Il n’y a rien d’impur dans le monde, il n’y a que des réalités qui attendent d’être illuminées, d’être sanctifiées. Notre rôle de chrétien — à la suite de Jésus — c’est de continuer cette contamination positive que les théologiens appelle la sanctification.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2016