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Matthieu 7. Dépasser quelques obstacles qui rendent la prière difficile.

Matthieu 7

12.2.2006
Dépasser quelques obstacles qui rendent la prière difficile.
Luc 18 : 1-8 Mt 7 : 7-11


Questions écrites par les catéchumènes à propos de la prière :

Nous nous sommes posés quelques questions pratiques sur la prière :

Pourquoi devons-nous assembler nos mains pour prier ?
Pourquoi doit-on fermer les yeux et joindre les mains pour la prière ?
Pourquoi doit-on dire « Amen » à la fin d’une prière ?
Pourquoi suivant les religions on prie différemment ?
Pourquoi des religions prient-elles en groupe ?

Et puis quelques questions sur les effets de la prière :

Quand on est plusieurs à prier, est-ce d’une plus grande valeur ?
Pourquoi Dieu ne me fait-il pas faire des bonnes notes ?
Est-ce que la prière peut faire revivre une personne disparue, morte ?
Est-ce qu’une prière peut faire changer l’esprit d’une personne sur une chose ?
Est-ce que la prière peut changer le cours de ma vie ?

Enfin, des questions sur la communication avec Dieu :

Est-ce que toutes les personnes peuvent entendre Dieu ?
Est-ce que Dieu peut me répondre ?
Est-ce que Dieu nous écoute tout le temps lorsqu’on prie ?

Chères paroissiennes, chers paroissiens,
Aborder la question de la prière avec des adolescents n'est pas facile. En fait, je ne suis pas sûr que prier soit beaucoup plus facile pour des adultes, même si certaines questions, notamment pratiques, sont résolues. Je n'ai pas de "recettes" concernant la prière; je ne pense pas non plus être le détenteur des "bonnes" réponses aux questions que vous avez entendues. Les catéchumènes en ont sûrement découvert eux-mêmes dans leurs groupes. J'aimerais plutôt relever quelques obstacles à la prière qui appartiennent à notre société et à notre temps. Je vais illustrer ces obstacles par quelques petites histoires.

Imaginez maintenant un alpiniste qui se prépare à escalader un sommet difficile dans les Alpes. C'est le soir, il vérifie son matériel dans la cabane qui va lui servir de point de départ. Il est concentré. Le gardien de la cabane vient vers lui et lui demande ce qu'il veut faire le lendemain. L'alpiniste lui nomme le sommet et lui dit en même temps ses craintes et son espoir d'y arriver. A ce moment, le gardien lui dit : " L'hélicoptère doit me livrer des marchandises demain. Si tu veux, il peut te déposer au sommet. Comme ça tu y seras et tu n'auras pas à avoir peur d'échouer !"

L'attitude du gardien est celle de toute notre société : le bonheur, c'est d'atteindre le but sans effort. Et souvent nos prières reflètent cet état d'esprit. Nous demandons à Dieu d'aplanir les difficultés, de réaliser nos souhaits sans notre participation, sans notre engagement. Une partie de nous souhaite cela. Mais une autre partie voit que cela n'a aucun sens.
Le projet de l'alpiniste n'est pas de poser le pied sur le sommet seulement. C'est le chemin qui est important. C'est la lutte, l'effort, le combat qui donne un sens à sa présence ensuite au sommet. Demander la réalisation de nos souhaits, c'est prendre Dieu pour le Père Noël. Prendre Dieu pour le Père Noël, c'est se priver du bonheur de faire le chemin soi-même, même si le chemin se révèle difficile. Le Père Noël donne le but sans le chemin, donc en fin de compte il nous prive de l'expérience de la vie. Ce serait comme recevoir un bébé sans vivre la rencontre amoureuse ! Ne nous laissons pas prendre dans l'illusion que le bonheur est dans le but. La vraie vie est dans le chemin.

Un homme arrive au paradis. Il est fâché. Il dit à Dieu : "Toute ma vie j'ai prié pour gagner à la loterie et jamais tu ne m'as exaucé !" Dieu lui répond : "Tu aurais pu m'aider en achetant au moins une fois un billet, non ?"
Qu'est-ce que je fais de mon côté pour que ma prière se réalise ?

La prière, ce n'est pas donner des ordres à Dieu, ni le faire plier à force de paroles. Bien sûr, la prière peut être un cri (voyez les Psaumes) dans une situation d'impuissance totale : "Je suis perdu, viens à mon secours !" Dans ce cas la prière permet de situer Dieu (au-dessus de moi) et de me situer moi-même et de faire le point.

Mais le plus souvent, la prière va nous révéler que là où nous nous sentons impuissants à faire quelque chose à l'extérieur, nous pouvons au moins commencer à le faire à l'intérieur de nous-mêmes ! Tout changement commence à l'intérieur de soi-même. Lorsque je demande que quelqu'un change, je peux me demander pourquoi ce qu'il fait me dérange tellement et voir en moi ce que je peux transformer pour faire bouger la situation. Puis-je demander à l'autre de pardonner (tolérer) mes défauts, si je ne pardonne (tolère) pas les siens ? Commençons par acheter ce fameux billet de loterie avant de nous plaindre de ne jamais gagner.

Un homme raconte à ses amis son voyage dans le Sahara.
— Et puis le 3e jour, je me suis perdu. Je ne retrouvais pas le campement. J'ai marché toute la journée, puis la nuit. Le jour suivant, j'étais désespéré, je n'avais ni eau ni vivres. J'étais sûr de mourir, alors je me suis mis à prier : « Seigneur, sauve-moi, sauve-moi ! » Un de ses amis l'interrompt et lui dit :
— Alors Dieu a répondu à ta prière puisque tu es là aujourd'hui !
Et lui de répondre :
— Non, il n'en a pas eu le temps ! A ce moment-même j'ai aperçu une caravane qui surgissait de derrière la dune.

La réponse à une prière restera toujours une question d'interprétation, une question de foi. On peut aussi bien évoquer l'intervention de Dieu que la coïncidence. Dieu ne s'impose jamais avec des preuves incontestables. C'est une question de confiance…
Lorsque Jésus parle de la prière, il met en jeu la confiance que nous mettons en Dieu, et en l'homme ! Il décrit des situations humaines — bonnes ou mauvaises — un juge qui fait la sourde oreille ou des parents biens disposés envers leurs enfants. Et Jésus montre qu'avec des gens ordinaires on arrive à obtenir ce qu'on demande. Ce n'est pas la question de tomber sur une personne bonne ou sur la bonne personne.
Alors, si l'on fait confiance dans la bienveillance fondamentale de Dieu à notre égard, nous pouvons nous risquer à demander, à prier ! Jésus nous appelle à faire confiance à Dieu, à sa bienveillance. Dieu n'est pas un obstacle, Dieu n'est pas un ennemi, il est là — dans sa grandeur — non pour faire les choses à notre place, mais pour être comme un entraîneur, un coach qui nous aide à aller au bout de nos possibilités.
Que demanderions-nous à notre entraîneur pour améliorer nos performances, sachant que ce n'est pas lui, mais nous qui allons nous battre pour la médaille olympique, pour vivre vraiment notre vie ?
Prions comme nous parlerions à notre entraîneur !
Amen

© 2006, Jean-Marie Thévoz, Suisse, Bussigny.

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