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Esaïe 58. Le jeûne que Dieu préfère, c'est la libération des captifs

Esaïe 58
21.9.1997
Le jeûne que Dieu préfère, c'est la libération des captifs
Es 58:6-11 Gal 5:13-14 Lc 6:6-11

(Cette prédication fait suite à celle sur Luc 4 du 7.9.1997)

Chères paroissiennes, chers paroissiens,
Aujourd'hui, je continue la ligne commencée il y a 15 jours. Lors de sa première prédication à Nazareth, Jésus avait lu ce passage du livre d'Esaïe :
"L'Esprit du Seigneur est sur moi,
il m'a choisi pour apporter la Bonne Nouvelle aux pauvres.
Il m'a envoyé pour proclamer la délivrance aux prisonniers
et le don de la vue aux aveugles,
pour libérer les opprimés,
pour annoncer l'année où le Seigneur manifestera sa faveur." Luc 4:18-19.
et il avait ajouté: Aujourd'hui ces paroles sont accomplies !
Aujourd'hui j'aimerais développer cette parole d'Esaïe que cite Jésus :
"Il m'a envoyé pour proclamer la délivrance aux captifs."
Comme nous vivons aujourd'hui le Jeûne fédéral, j'ai rappelé un autre texte d'Esaïe qui lie directement le jeûne et la libération des captifs :
"Le jeûne tel que je l'aime, dit le Seigneur, le voici, vous le savez bien : c'est libérer les homme injustement enchaînés, c'est les débarrasser du joug qui pèse sur eux, c'est rendre la liberté à ceux qui sont opprimés, bref, c'est supprimer tout ce qui les tient esclaves." Esaïe 58:6
Le jeûne, au temps d'Esaïe comme au temps de Jésus et plus tard était au coeur de la pratique religieuse.
Jeûner c'est aborder différemment la faim et ce qui nous alimente, la nécessité et ce dont nous dépendons. Jeûner, c'est casser (pour un temps) le lien de dépendance (à la nourriture et pourquoi pas à la TV ou à la fumée, etc.), c'est prendre conscience de nos automatismes et de nos vrais besoins, du manque qui se creuse (au ventre) et du manque de l'autre qui ne jeûne pas forcément volontairement.
Le jeûne n'est pas qu'affaire d'alimentation. On peut transposer cela dans nos relations. Nous avons tous faim de statut, d'image ("Je suis devenue transparente pour lui, il ne me voit plus"), de reconnaissance, d'affection, de tendresse, d'amour.
Nous avons tous un appétit (légitime) pour cela, car c'est indispensable à la vie !
Pour satisfaire cette faim, nous avons nos petites stratégies. Certaines sont innocentes, d'autres sont exaspérantes pour ceux qui les subissent.
On connaît tous quelqu'un qui ne cesse de se plaindre, de montrer comme il est une victime impuissante. Cette façon d'être avec les autres est une stratégie pour obtenir de l'attention, de la commisération, de la reconnaissance.
D'autres stratégies passent par diverses formes de prises de pouvoir et autres manipulations.
Ces stratégies sont d'autant plus manipulatrices qu'elles ont été acquises tôt dans un environnement affectivement frustrant.
Dès la naissance, tout enfant a un appétit relationnel. Si ses demandes directes sont généralement satisfaites, il continuera de dire ses besoins clairement et directement.
Mais si ses demandes directes ne reçoivent pas de réponses, l'enfant va penser qu'il fait "faux" et cherchera d'autres voies plus détournées, voire franchement manipulatrices. Il va se battre par tous les moyens pour survivre affectivement.
Nous sommes tous liés par cette faim affective parfois exacerbée par des carences vécues. Nous grandissons liés à ces stratégies. Ces stratégies satisfont un temps notre faim, mais elles ne nous rassasient pas. Devenus adultes, nous sommes limités par ces stratégies mises en place dans la petite enfance. Elles nous limitent, elles nous enferment, parfois nous oppriment. Souvent elles nous empêchent d'aimer et d'être aimés. Nous en sommes devenus captifs.
Lorsque Jésus annonce la libération des captifs (pour aujourd'hui), il ne parle pas de vider les prisons. Mais il parle de cette libération intérieure des chaînes qui nous retiennent d'être aimés et d'aimer.
Jésus veut nous rendre notre liberté, la même liberté dont il usait lorsque les pharisiens cherchaient à l'entraîner dans un conflit ou un piège.
On voit dans le récit de la guérison de l'homme à la main paralysée (Luc 6:6-11) comment Jésus ne se laisse pas enfermer dans une situation programmée par d'autres. Il ne se met pas sur la défensive, il n'a pas besoin de devenir agressif pour s'imposer, simplement il suit sa ligne, il guérit.
Etre rendu libre, c'est possible. C'est un chemin ouvert à tous, qui passe par plusieurs étapes.
D'abord reconnaître que l'amour que l'on recherche, dont on a faim, existe et qu'il est disponible. Il n'est pas nécessaire d'écraser les autres pour l'obtenir.
Ensuite, reconnaître que nos stratégies viennent des détresses que nous avons subies. (Ce sont ces liens provenant de la méchanceté ou de l'injustice dont parle le prophète Esaïe.) Nous ne faisons que répéter ce qui nous a fait tant souffrir.
Enfin, pour savoir ce que nous avons subi, il faut faire un retour en soi-même, vers son passé, et y découvrir nos manques, nos carences.
Si nous avons beaucoup souffert dans notre existence, ce chemin ne peut peut-être pas être suivi en solitaire, il nécessite une écoute attentive et compassionnelle.
Esaïe disait : le jeûne tel que Dieu l'aime, c'est libérer les captifs.
On peut dire aujourd'hui :
La pratique religieuses que Dieu aime :
- c'est créer, dans l'Église, un environnement relationnel où chacun puisse se sentir écouté et aimé,
- c'est créer, à la maison, un climat où les enfants puissent recevoir l'affection dont ils ont besoin pour grandir,
- c'est apprendre à recevoir l'Amour qui vient du Père pour se sentir assez riche et suffisamment libre pour le répandre autour de soi.
Amen.

Fait partie de la suite Prédication de Jésus à Nazareth : Luc 4 / Esaïe 58 / Luc 10 / Luc 7.

© 2006, Jean-Marie Thévoz

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