Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Luc 1. Double nature du Christ : Dieu devenu vrai homme en Jésus

Luc 1
22.12.2002
Double nature du Christ : Dieu devenu vrai homme en Jésus
Es 42 : 1-9 Luc 1 : 26-33

Chères paroissiennes, chers paroissiens,
Dimanche dernier, souvenez-vous, nous avons constaté que les quatre évangiles nous présentaient des récits extrêmement différents de la naissance de Jésus. Il est impossible de faire concorder ces récits, sauf sur un point où ils sont absolument unanimes : tous présentent, à leur manière, Jésus comme le Fils de Dieu.
Nous avons vu également que cette confession de foi « Jésus est le Fils de Dieu » en même temps que l'affirmation « Jésus est pleinement humain » est au coeur de la foi chrétienne. En tant que chrétiens, nous confessons Jésus comme vrai homme et comme vrai Dieu, ce qu'on appelle, dans notre jargon de pasteur : la double nature (divine et humaine) du Christ.
Dans les premiers temps de l'Eglise — avec le témoignage des apôtres qui ont côtoyé Jésus — il n'y avait pas de difficultés à accepter que Jésus ait été un homme. Le plus difficile était de convaincre les auditeurs que Jésus était plus qu'un bon prophète. Il fallait convaincre les juifs que Jésus était le Messie qu'ils attendaient. Il fallait convaincre les non-juifs que Jésus était de nature divine et qu'il réalisait vraiment les promesses de Dieu, plutôt qu'il ne répétait des promesses anciennes qui se réaliseraient plus tard.
Les évangiles de l'enfance de Jésus, le début des évangiles de Matthieu et de Luc sont écrits pour nous persuader de cette filiation avec Dieu, du caractère divin du Christ. Mais il ne suffisait pas d'établir ce lien divin avec Jésus, pour asseoir, dans l'esprit des auditeurs, cette nature divine. Il faut encore persuader les auditeurs que Dieu peut prendre forme humaine, que Dieu peut s'abaisser à devenir humain. Ainsi, ce n'est pas la nature humaine de Jésus de Nazareth qui fait problème, mais le fait que Dieu puisse devenir humain, prendre forme humaine, s'incarner.
L'affirmation de la double nature du Christ va alors rencontrer deux fronts d'opposition qui tous deux contestent l'incarnation de Dieu.
A. Le premier se développe au sein du judaïsme, avec la contestation que ce Jésus soit le Fils de Dieu, mais sans contester qu'un jour le Messie viendra. Le judaïsme ne conteste pas la possibilité que Dieu se révèle au travers d'un homme, puisqu'il attend le Messie, mais il conteste que ce Jésus-là soit le Messie attendu. Les juifs attendent toujours le Messie, ce Jésus-là n'est pas le Fils de Dieu.
B. Un second front s'ouvre avec l'islam. L'islam conteste l'idée même que Dieu puisse prendre lui-même une forme humaine pour rencontrer les humains face à face. La question n'est donc pas que cela soit Jésus ou un autre. Le fait même que cela arrive est impossible à leurs yeux. « Dieu est grand », il ne peut pas s'abaisser à prendre forme humaine, c'est incompatible avec sa grandeur, sa majesté. Il n'y a pas de messianisme en islam, pas de retour du Prophète, pas d'attente d'une venue.
De cette impossibilité à penser que Dieu puisse s'abaisser et souffrir en devenant humain est née (bien avant l'islam) une autre opposition à la double nature, une opposition qui s'attaque à la nature humaine du Christ. On donne à ce mouvement le nom de docétisme (du latin : docet = il paraît). Dans cette pensée, Dieu est bien venu visiter les humains sur la terre, mais sans prendre de risques, notamment le risque de souffrir et de mourir. Dieu n'aurait pris que l'apparence (docet), que l'habit de l'homme, un peu comme les cyborg dans la science-fiction (6PO avec une peau humaine).
Le docétisme a été combattu comme une hérésie grave. Nier la nature humaine du Christ, c'est rejeter l'incarnation de Dieu, abolir sa proximité, c'est renoncer à Noël et à Pâques qui deviennent des mascarades trompeuses.
La foi chrétienne, c'est bien tenir ensemble la nature humaine et la nature divine du Christ, malgré les difficultés à les penser les deux ensemble.
Si Jésus n'est pas de nature divine, les promesses de Dieu ne sont pas réalisées, Jésus ne peut pas être notre sauveur, la vie n'a pas été transformée et la mort n'a pas été vaincue.
Si Jésus n'est pas Dieu devenu pleinement humain, alors Dieu ne s'est pas approché des humains, de nous.
A Noël, comme chrétiens, nous confessons que Dieu, le majestueux, le Tout-puissant, a laissé au ciel les attributs de sa puissance, pour vivre la difficile vie des êtres humains.
Dieu a pris le risque inouï — pour un Dieu — de vivre neuf mois dans le ventre d'une femme, de naître dans une situation précaire, de grandir et de devenir un homme, pleinement.
Dieu a pris ce risque inouï de ne pas s'entourer des précautions de la richesse et du luxe pour naître dans un palais et vivre à la cour.
Dieu a pris le risque inouï de dire la vérité de son amour, suscitant des réactions de haine, jusqu'à sa mort sur la croix.
Dieu a pris le risque inouï de vouloir vivre, éprouver, ressentir, aimer, être déçu ou enthousiasmé, comme tout être humain dans la vie.
Ainsi, il est proche de chacun d'entre nous, plein de compassion et de compréhension, il est véritablement Emmanuel, Dieu avec nous !
Amen

© 2006, Jean-Marie Thévoz

Les commentaires sont fermés.