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Luc 2. Au cœur des nuits de notre monde, vient une lumière.

Luc 2
25.12.2006
Au cœur des nuits de notre monde, vient une lumière.
Es 9 : 1-6 Luc 2 : 1-20

Chères paroissiennes, chers paroissiens, chers Amis,
En entrée de ce culte, nous avons chanté un cantique (PCT 263) qui commence par cette phrase : "Après la longue et sombre nuit, le ciel a rayonné…" Noël est une fête joyeuse, une occasion de se réjouir pour tout ce que Dieu a fait pour nous, pour nous avoir donné son fils Jésus. C'est une fête joyeuse, justement en contraste avec la nuit qui recouvre le monde, avec le mal, l'injustice, l'adversité, le deuil que chacun rencontre dans la vie.
Cette lumière de Noël est une bonne nouvelle, justement parce qu'elle vient briller dans l'obscurité. Esaïe parlait de la situation politique de son époque : une Jérusalem assiégée par les Assyriens, avec l'aspiration qu'un chef politique de la lignée de David vienne les délivrer, militairement.
Luc, dans sa présentation de la naissance de Jésus indique aussi le contexte politique. Il cite César Auguste, l'empereur de Rome et Quirinius, gouverneur de Syrie, donc un pays d'Israël occupé par les romains. Il présente Joseph soumis aux contraintes de cet occupant qui veut recenser les habitants pour fixer l'impôt, le tribut à payer à César. Voilà la nuit, l'adversité dans laquelle vit le peuple d'Israël au temps de Jésus. Une adversité qui se marque aussi dans le fait que Jésus naît dans une étable et qu'il est déposé dans une crèche.
Lorsqu'il nous est dit que les bergers passaient la nuit dans les champs, l'Evangéliste joue sur le double sens de la nuit. Il y a la réalité de devoir veiller sur les troupeaux, mais il y a aussi le sens symbolique d'un peuple qui vit dans l'obscurité, loin de Dieu. C'est à ces bergers que Dieu vient révéler — en premier, en primeur — son action.
"Un ange du Seigneur leur apparut et la gloire du Seigneur brilla autour d'eux." Cette gloire du Seigneur qui brille rappelle la nuée qui guidait le peuple hébreu dans le désert, nuée sombre le jour et brillante la nuit, dans laquelle Dieu se voile pour protéger son peuple, parce qu'on ne peut pas voir Dieu. C'est pourquoi les bergers ont peur, d'abord, et que l'ange doit les rassurer. Les bergers reçoivent le message de l'ange et se mettent en mouvement, en route vers Bethléem. Ce déplacement, ce voyage est un des points communs dans les récits de Noël de Luc et de Matthieu qui raconte le voyage des mages. A part cela, et la lumière, ils n'ont rien en commun.
Oui, l'action de Dieu met les humains en route. Déjà Marie et Joseph avaient dû se mettre en route de Nazareth vers Bethléem, puis les mages en suivant l'étoile, pour un long voyage, maintenant les bergers, parce qu'ils sont animés de curiosité et de confiance dans le message de l'ange. Chacun se met en route donc.
Dieu vient, il prend chair en Jésus, il s'approche des humains, c'est le chemin que Dieu fait dans notre direction. Ensuite, c'est à nous de nous mettre en marche et de le rejoindre à Bethléem. Dieu ne nous traite pas comme des incapables ou des assistés, il attend que nous fassions une partie du chemin. C'est sa façon de ne pas nous contraindre, c'est sa façon de nous laisser notre liberté, notre capacité d'initiative. Il glisse son invitation dans notre cœur, à nous d'y répondre.
Les bergers ont cru et se sont mis en route pour découvrir ce qui leur était promis. "Il faut que nous voyions ce qui est arrivé." Quelle est cette lumière dans la nuit ? Qu'est-ce que Dieu apporte pour notre salut et pour le salut du monde ?
"Ils trouvèrent Marie, Joseph et le bébé couché dans la crèche." C'est toujours émouvant de voir un nouveau-né, dans un berceau à la maternité, dans une poussette. Chacun se penche et s'émerveille : "comme il est petit ! Je ne me souvenais pas qu'un nouveau-né était si petit, ils grandissent tellement vite !" Un nouveau-né, c'est une espérance, c'est une promesse de vie, de nouveauté.
Chaque naissance apporte un espoir, une promesse, un accomplissement. Voilà un être nouveau qui va assumer son destin, qui va apporter sa touche de nouveauté, de beauté dans le monde. Il va être quelqu'un de spécial et unique pour le monde.
Mais que doivent penser les bergers en voyant ce nouveau-né ? N'est-ce pas un nouveau-né comme tous les autres ? Qu'a-t-il de spécial pour mériter le déplacement des anges du ciel ?
Oui, on peut repartir de la crèche avec des sentiments contrastés selon ce qu'on attendait de cette visite. On peut repartir de la crèche avec de la déception, comme beaucoup de nos contemporains. Etre déçu de tout ce qu'on n'y a pas vu, pas trouvé. Déçu de ne pas y trouver le Dieu dont on rêve, celui qui devrait résoudre tous nos problèmes, arrêter tous nos conflits, combler tous nos besoins.
Ou bien l'on peut repartir avec la joie de ce qu'on y a vu, de ce qu'on y a trouvé : un Dieu qui préserve notre liberté, un Dieu qui nous invite à agir et nous en donne la force. On peut repartir avec des yeux neufs qui voient au-delà du tangible la promesse des situations et la promesse des êtres.
Il y a dans chaque être que nous côtoyons la même humanité que celle que Jésus est venue habiter. Il y a dans chaque être la même promesse que celle qui habite le nouveau-né dans sa crèche.
A nous de voir cette humanité avec des yeux neufs, à nous de lui faire un espace pour qu'elle passe de l'état de promesse à celui de réalité, à nous de participer à cette germination.
Au cœur des nuits de notre monde, vient une lumière, une chaleur, une tendresse qui peut tout transfigurer. Joyeux Noël.
Amen
Bible,Christianisme,Prédication,Spiritualité,Vie Quotidienne,Education,Protestant,
© 2007, Jean-Marie Thévoz

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