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Galates 1. L'apôtre Paul (I) De la persécution à la conversion

Galates 1

29.6.2003
L'apôtre Paul (I) De la persécution à la conversion
Ac 22 : 1-11    Ga 1 : 11- 24

Chères paroissiennes, chers paroissiens, chers Amis,
Je commence aujourd'hui une série de quatre prédications sur la vie et la pensée de l'apôtre Paul. Plus du quart du Nouveau Testament nous vient des écrits de Paul, c'est dire son importance, son poids dans la formulation de la pensée chrétienne ! Comprendre mieux le personnage, son cheminement, son parcours, ses succès comme ses échecs ou ses erreurs nous permettrons de mieux comprendre sa pensée et donc nos origines et certainement aussi notre protestantisme !
Paul est né en l'an 8 de notre ère, dans la ville de Tarse en Cilicie, l'actuelle Tarsus en Turquie. Je vais essayer de vous situer cette ville. Si l'on considère que la Méditerranée — à cette extrémité — a une forme de rectangle, délimité en haut par la Turquie, sur le côté par la Syrie, le Liban et Israël et en bas par l'Egypte, alors Tarse se situe près de l'angle supérieur, sur la côte turque.
Il y a dans cette ville, comme dans la plupart des grandes villes du pourtour de la Méditerranée, une communauté juive. L'ensemble de ces communautés forment ce qu'on appelle la "diaspora," les juifs dispersés depuis l'Exil de 587 av. J.-C. Ces communautés, avec leur synagogue, répandues dans tout l'empire romain, joueront un grand rôle dans la vie de Paul.
A sa naissance, il reçoit le nom juif de Shaoul (comme le roi Saül), nom qui sera prononcé Saul, en grec. Le grec est la langue maternelle de Saul, c'est dans cette langue qu'il est scolarisé, c'est-à-dire qu'il commence à apprendre par coeur les textes de l'Ancien Testament. Saul devait manifester de bonnes capacités intellectuelles, car son père l'envoie à l'âge de 15 ans continuer ses études à Jérusalem sous la direction d'un maître réputé : Gamaliel. Il suit la formation des pharisiens, peut-être pour devenir rabbin. Il se familiarise donc avec l'hébreu pour lire l'Ancien Testament dans le texte et l'araméen qui est la langue parlée à Jérusalem.
Etre pharisien, c'est devenir un observateur scrupuleux de la loi divine, pour parvenir à la sainteté. Pour prétendre à la sainteté, il faut obéir à 613 commandements dans sa vie de tous les jours. Cela suppose une discipline extrêmement stricte, une surveillance de tous les instants, pour ne rien oublier et ne rien transgresser.
A cette époque, Saul était fier de ses accomplissements, dans la lettre aux Galates, il écrit :

"Je surpassais bien des compatriotes juifs de mon âge dans la pratique de la religion juive; j'étais beaucoup plus zélé qu'eux pour les traditions de nos ancêtres." (Ga 1:14).
Saul était tellement zélé que lorsqu'une secte commence à faire parler d'elle — notamment au travers d'un certain Etienne qui accuse les pharisiens d'avoir tué le Messie appelé Jésus — il se fait un devoir de chercher à la détruire. Ainsi, Saul approuve la lapidation d'Etienne (Ac 8:1) et se met à pourchasser les chrétiens et à les faire jeter en prison.
De zélateur de sa religion, il devient persécuteur des dissidents. D'adorateur de la loi divine, il devient un fanatique plein de haine contre ceux qui se montrent différents de lui. D'observateur des commandements, il devient un instrument de haine, au nom de Dieu et de sa Loi, prétend-il !
Que dire lorsque l'amour pour Dieu devient haine contre des humains ? Comment Saul peut-il justifier cette dérive ? Il ne le fera pas tant qu'il reste pharisien, mais il n'échappera pas à cette question !
Alors que Saul est en chemin vers Damas pour y persécuter les chrétiens installés là-bas, il vit une expérience qui va littéralement le retourner complètement. Saul est assailli par une question qui lui vient du ciel :
"Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? (Ac 9:4; 22:7; 26:14).
Lui qui a toujours voulu atteindre Dieu, atteindre la sainteté, accomplir la volonté totale de Dieu, lui se retrouve être désigné comme son adversaire, son persécuteur ! Comment en est-il arrivé-là ?
Chaque fois que Paul — dans ses lettres — parle de la Loi, de l'obéissance, il répète que la loi de Dieu est bonne. Le problème n'est pas dans la loi. Le problème est en nous : le péché utilise en nous la loi pour nous faire faire le contraire. Il y a en nous une puissance qui retourne nos efforts à faire le bien en force de destruction, c'est cela que Paul appelle le péché.
Le péché nous rend esclave — on dirait "dépendant" aujourd'hui. Et Saul était esclave / dépendant de la loi pour être heureux, ce qui lui a fait prendre en haine ceux qui n'avaient pas le même amour de la loi. La dépendance à la loi l'a fait haïr tout ce qui devenait un obstacle à son obéissance, et cette haine l'a propulsé directement au coeur de ce qu'il voulait éviter : être loin de Dieu. Pour exprimer ce paradoxe, il dira : "comme esclave du péché (...) je ne fais pas le bien que je veux et je fais le mal que je ne veux pas" (Rm 7:19). Cela ne nous arrive-t-il pas à nous aussi ?
Sur le chemin de Damas, Saul est retourné, il réalise qu'il doit abandonner la loi (extérieure) pour un guide (intérieur) : celui qu'il persécutait jusqu'alors, Jésus-Christ. Qui mieux que Jésus — le juste mis à mort injustement — peut libérer Saul de l'enfermement dans lequel il vit en persécutant celui qu'il voulait aimer ?
La vie de Saul devait être une vie, un modèle de sainteté, elle était devenue une vie de meurtre et de souffrances infligées. Une phrase venue du ciel lui révèle l'impasse dans laquelle il s'est fourvoyé. Il en est foudroyé, sonné, aveugle. Ses compagnons de voyage le prendront en charge pour le conduire à destination, ne comprenant pas ce qui vient de se passer.
Pendant trois jours, Saul reste prostré, sans boire ni manger, dans l'obscurité de son aveuglement. Trois jours comme Jonas, trois jours comme Jésus, avant de recommencer une nouvelle vie...
... mais ça c'est une autre histoire, pour dimanche prochain.
(à suivre...)

© Jean-Marie Thévoz 2007

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