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Actes 15. L'apôtre Paul (II) Le Concile de Jérusalem

Actes 15

6.7.2003

L'apôtre Paul (II) Le Concile de Jérusalem

Ac 15 : 1-12    Ac 15 : 22-31

Chères paroissiennes, chers paroissiens, chers Amis,
Dimanche dernier, j'ai commencé à vous parler de la vie de l'apôtre Paul. Né à Tarse, il a reçu une formation de pharisien à Jérusalem. Son zèle pour la Loi l'a conduit à persécuter la jeune Eglise chrétienne. Son amour de la loi l'a conduit à la haine des hommes et à la violence.
Sur le chemin de Damas, il a une mystérieuse et foudroyante révélation, une voix du ciel lui demande : "Pourquoi me persécutes-tu ?" Cette question le projette dans un abîme de réflexion :
comment se fait-il qu'il persécute celui à qui il avait décider de vouer sa vie ?
Paul va se retirer pendant trois ans pour faire le point sur sa vie, pour recadrer sa relation avec Dieu. Trois ans pour intégrer dans sa pensée de pharisien l'irruption de cette nouvelle — a priori incroyable pour lui — le Messie est venu, c'était ce Jésus de Nazareth.
Au bout de ces trois ans, Paul fait un premier voyage à Jérusalem pour rencontrer Pierre, le chef de l'Eglise et Jacques le frère de Jésus. Paul est accepté et sa mission définie, il ira à Antioche et en Asie Mineure pour annoncer l'Evangile.
Pour évangéliser, Paul a sa méthode. Il commence par se rendre à la synagogue, le jour du sabbat, et profite du temps de parole qu'on donne aux visiteurs pour annoncer Jésus-Christ comme le Messie, un Messie mort sur la croix à Jérusalem et ressuscité par Dieu le troisième jour.
D'après le livre des Actes, le résultat est presque toujours le même, la communauté est divisée, certains suivent Paul, d'autres s'opposent à lui, en général plus nombreux, car Paul est chassé de la synagogue. Il part alors avec ceux qu'il a réussi à convaincre et — à partir de leurs maisons — il annonce la bonne nouvelle aux non-juifs, aux grecs, aux romains, aux populations locales. Ainsi naissent de nouvelles communautés.
Comme on le voit, ces communautés naissent sur un fond de crise et de conflits. Elles sont de composition hétéroclite et le mélange est parfois explosif. Les juifs devenus chrétiens voudraient que les non-juifs soient soumis à la Loi et notamment à la circoncision. Les non-juifs résistent et ne voient pas pourquoi en plus d'être chrétiens, ils devraient devenir juifs.
Paul a une ligne claire là au milieu. Il a une expérience personnelle qui lui a montré que la Loi juive, son application stricte, ne conduit pas à aimer Dieu correctement. La Loi est utile pour la vie de tous les jours, mais la Loi est incapable de conduire à Dieu. En aucun cas on ne peut plaire à Dieu, se montrer à la hauteur de ses exigences au travers de l'obéissance à la Loi de Moïse. Le salut ne vient que de la grâce de Dieu, de la bonté de Dieu, non par nos mérites ou notre obéissance.
Donc, Paul renonce à demander — plus même il combat  ceux qui veulent exiger des "païens" — la circoncision, symbole de la soumission à la Loi de Moïse.
Mais il vient un temps où cette question ne peut plus être résolue au cas par cas, avec des différences d'applications d'une Eglise locale à l'autre. Un dispute à ce sujet se développe à Antioche et il est décidé de convoquer une réunion sur cette question à Jérusalem. C'est le deuxième voyage de Paul à Jérusalem pour ce qui sera plus tard appelé le 1er Concile de Jérusalem.
Le récit de ce "Concile" dans Actes 15 est très important. Il nous montre que — environ 10 ans après la mort et la résurrection de Jésus — l'Eglise est toujours en formation. Il y existe différents mouvements, différentes tendances, comme des partis.

On nous montre Jacques, le frère de Jésus qui reste très attaché aux traditions juives, il tient à la conversion au judaïsme pour devenir chrétien. On nous présente Pierre. Lui a d'abord eu une position semblable à celle de Jacques. Mais le livre des Actes nous montre qu'à travers une vision (Ac 10) il a été amené à annoncer l'Evangile et à convertir des non-juifs. Il est donc plus ouvert, car il a vu des païens recevoir le baptême d'eau et d'Esprit. Enfin, il y a Paul qui milite pour une entrée sans condition dans la communauté chrétienne.
Ce Concile de Jérusalem va déboucher sur un compromis intéressant : les nouveaux venus devront respecter trois règles (ce qui est moins que les 613 commandements que les Pharisiens trouvent dans la loi mosaïque). 
1) Renoncer à l'idolâtrie (renoncer aux sacrifices dans les temples grecs ou romains).
2) Ne pas consommer de sang ou de viande contenant le sang de l'animal (pour les juifs, le sang contenait le principe de vie).
3) Se garder de l'immoralité sexuelle.
L'important n'est peut-être pas dans le contenu de ces trois règles, mais dans ce qui a été omis dans ces prescriptions !
Implicitement, arriver à ces trois règles signifie que le chrétien est libéré de la Loi, que la Loi est remplacée par une autre obéissance, qui n'a pas besoin de définir précisément — dans un code, une liste — les attitudes ou les actes autorisés ou interdits. L'obéissance à la Loi est remplacée par une exigence unique !

La Loi est remplacée par le commandement nouveau donné par Jésus : "Aimez-vous les uns les autres." (Jean 13:34)
Paul dira : "Tout est permis, mais tout n'est pas utile, ou tout n'est pas constructif." (1 Co 10:23-24)
Jean dira : "Dieu est amour." (1 Jn 4:16)
Saint Augustin dira : "Aime et fais ce que tu veux."
A ce Concile de Jérusalem est confirmé que le christianisme est une religion qui libère des fardeaux extérieurs, des devoirs qui pèsent, qui asservissent et qui peuvent n'être que des façades ! Le christianisme est une foi qui libère des gestes extérieurs, mais qui peut être plus exigeante par là-même, puisqu'elle réclame un engagement intérieur, une intériorisation du commandement d'amour. Et aucun aspect de la vie n'échappe à cette exigence !
Il n'y a plus de règles extérieures, il n'y a plus de prescriptions pratiques ! Pour vérifier, posez-vous la question : "qu'est-ce que mon christianisme m'oblige à faire qui me distingue des autres ?" Je ne trouve rien, mais en même temps, aimer son prochain est une tâche permanente.
De cette conférence à Jérusalem date probablement le schisme entre juifs et chrétiens et cette division restera toujours une préoccupation, une souffrance de l'apôtre Paul : "Quelles relations doivent avoir juifs et chrétiens dans le plan de Dieu ?" se demande l'apôtre Paul. Et c'est ce que nous examinerons dans 15 jours, lors de ma prochaine prédication.
(à suivre...)

© Jean-Marie Thévoz 2007

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