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Romains 8. La justification par la foi (II) : Nous sommes libérés du souci de nous-mêmes.

Romains 8

9.11.2003

La justification par la foi (II) : Nous sommes libérés du souci de nous-mêmes.

Rm 8 : 1-4    Eph 5 : 1-2 + 8-11


Chères paroissiennes, chers paroissiens,
Dimanche dernier, dimanche de commémoration de la Réforme, j'ai parlé de la signification de la justification par la foi du chrétien. Le terme "justification par la foi" signifie que notre valeur — aux yeux de Dieu et des humains — ne dépend pas de nos succès ou de nos échecs, de ce que nous faisons ou ne faisons pas, mais provient de Dieu lui-même, de son amour inconditionnel pour nous.
Nous ne sommes plus sous la pression de l'exigence inatteignable de la Loi ou des contraintes sociales, des impératifs de modes ou du regard des autres.
L'exigence de faire quelque chose pour être quelqu'un aux yeux de Dieu ayant disparu, se pose la question : cela ne conduit-il pas au laisser-aller, au désengagement, voire ouvre la porte à toute immoralité ?
Historiquement, le protestantisme ne s'est pas engagé dans cette voie-là — au contraire ! On a suffisamment reproché au protestantisme sa rigueur, son sérieux, son puritanisme, son sens des responsabilité, voire la culpabilisation de ses fidèles. Comme si l'exigence qui a été chassé par la porte était revenue par la fenêtre !
Comment a-t-on pu obtenir autant de rigueur, de responsabilisation et d'engagement, tout en ayant congédié l'exigence ?
Je vais passer par un exemple, un peu terre à terre, mais que tous connaissent, celui de la circulation routière. Se passer de la peur du gendarme et obtenir les mêmes résultats, c'est le rêve de la prévention routière. Comment faire pour que les automobilistes respectent, par exemple, les limitations de vitesse ? On peut multiplier les contrôles, les amendes, etc... jusqu'à ce que chacun ait compris qu'il y a trop de risques de se faire prendre et punir. Ou alors... faire comprendre à chacun qu'il y va de sa propre vie (de son salut) et que la loi est là — non pour l'embêter — mais pour son avantage. Faire de l'automobiliste un être responsable, non par contrainte, mais par choix personnel.
Je reviens à la théologie. Avec la justification par la foi en Jésus-Christ, Dieu, qui représente la loi, offre à l'être humain de le regarder non pas comme celui qui contraint, mais comme celui qui sauve, celui qui nous est favorable. La foi est une conversion de notre regard sur Dieu. A travers Jésus-Christ, Dieu s'offre comme celui qui est toujours de notre côté, le Dieu amour et non pas le Dieu juge, accusateur. A travers le crucifié, Dieu nous montre qu'il n'est pas un maître, un chef ou un tyran, mais qu'en s'abaissant, il nous hisse à sa hauteur. C'est pourquoi nous ne sommes plus appelés ses serviteurs, mais ses amis (Jn 15:15).
Dieu a fondamentalement changé notre statut. La parabole du fils perdu et retrouvé (prodigue, Luc 15) l'exprime admirablement. Le fils se considère comme un misérable, lorsqu'il a perdu tout le bien reçu de son père. Il considère que son père ne peut le recevoir que comme un serviteur. Mais le regard du père est autre. Jamais le fils ne sera serviteur, il a toujours sa place d'héritier, quoi qu'il arrive !
Le serviteur est celui qui obéit, par crainte du maître. L'obéissance est une motivation externe, extérieure (comme la peur du gendarme pour l'automobiliste). Mais la motivation de l'employé change lorsqu'il devient un associé dans l'entreprise. Confiez des responsabilités à quelqu'un et il n'obéira plus parce qu'il le doit, mais parce qu'il le veut, parce qu'il a choisi d'assumer ces responsabilités. L'associé est mu par une motivation interne, il sait pourquoi, pour qui il travaille. Paul appelle cette motivation interne le Saint-Esprit. C'est lui qui nous meut lorsqu'il nous habite.
Dieu a donc fait de nous des partenaires, des associés, des amis, même ! Dieu donne à l'être humain les clés du Royaume (Mt 16:19), c'est-à-dire le pouvoir de pardonner. Ce statut et cette responsabilité sont donnés également à tous les chrétiens, c'est ce qu'on appelle le sacerdoce universel.
Pour évoquer ce changement de statut, Paul parle d'un passage de l'obscurité à la lumière :

"Vous étiez autrefois dans l'obscurité; mais maintenant, par votre union avec le Seigneur, vous êtes dans la lumière" (Eph 5:8).
Pourquoi ce changement est-il un passage à la lumière ? Parce qu'il y a une illumination à découvrir que Dieu n'est pas tel qu'on le pensait et à découvrir que nous sommes aussi autres que nous ne le pensions.
Dans la justification par Dieu de notre être et de notre place, il y a une véritable libération ! Nous sommes libérés du souci de nous-mêmes. Libérés du souci de gagner notre propre valeur. Libérés du souci d'affirmer notre être. Libérés du souci de défendre notre place. Notre valeur, notre être, notre place sont garantis par Dieu lui-même.
Alors, nous pouvons nous dé-préoccuper de nous-mêmes ! Nous pouvons abandonner toutes ces petites questions insidieuses qui reviennent sans cesse et nous taraudent : est-ce que j'en ai assez fait ? Suis-je assez bien ? Ne va-t-on pas découvrir qui je suis derrière les apparences que je me donne ? Tout cela est effacé, écarté. Que d'énergie libérée !
Dé-préoccupés de nous-mêmes, nous avons de l'énergie pour nous tourner vers les autres, pour prendre en mains les tâches que Dieu nous confie dans la gestion de son Royaume. Et cette fois, nous ne faisons pas cela pour... plaire à Dieu, pour me faire bien voir, mais parce que... j'ai été promu par Dieu au rang d'associé, d'ami, parce que je suis reconnaissant, parce que j'ai à coeur de faire découvrir cette libération à d'autres autour de moi qui plient sous les exigences du paraître, de la mode, de l'efficacité, etc..., tous nos esclavages modernes.
Comme Paul le dit (et on commence à comprendre mieux son vocabulaire) :

"Maintenant donc, il n'y a plus de condamnation pour ceux qui sont unis à Jésus-Christ. Car la loi de l'Esprit Saint, qui donne la vie par Jésus-Christ, t'a libéré de la loi du péché et de la mort. Dieu a accompli cela pour que les exigences de la loi soient réalisées en nous qui vivons non plus selon notre propre nature, mais selon l'Esprit Saint." (Rm 8:1-2+4)
Vivre selon l'Esprit Saint, c'est donc vivre avec la nouvelle image de Dieu que l'Esprit Saint nous révèle lorsque nous voyons le Christ sur la croix : un Dieu d'amour. C'est donc vivre libérés, dé-préoccupés de nous-mêmes. C'est donc vivre portés par l'amour de Dieu qui nous nourrit et nous réconcilie avec ceux qui nous entourent.
Amen
© Jean-Marie Thévoz, 2007

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