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  • Luc 4. Directives pour une Eglise dynamique

    Luc 4

    25.5.2008
    Une prédication de Martin Luther King
    Luc 4 : 16-21    Mt 11 : 28-30

    Directives pour une Eglise dynamique.
    Prédication prononcée par Martin Luther King en l'église baptise d'Ebenezer à Atlanta, le 5 juin 1966.

    J'aimerais ce matin vous soumettre l'hypothèse que nous, disciples de Jésus-Christ et responsables de la vie de son Eglise, avons aussi quelques directives de base à suivre. Quelque part, derrière le mince voile d'éternité, Dieu présente ses directives. Et à travers ses prophètes et plus encore par son fils Jésus-Christ, il déclare : « Il y a des choses que mon Eglise doit accomplir. Il y a des directives que mon Eglise doit suivre. » Et si nous, dans l'Eglise ne voulons pas que les crédits de grâces du trésor divin soient coupés, nous devons suivre ces directives. Elles nous sont clairement données dans les mots prononcés par notre Seigneur et Maître, un jour lors de sa venue au Temple, alors qu'il cite Esaïe : « L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il ma conféré l'onction pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres, il m'a envoyé guérir ceux qui ont le cœur brisé, proclamer aux captifs la libération et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer les opprimés en liberté, proclamer une année d'accueil par le Seigneur. » (Lc 4:6-22) Ce sont les directives.

    L'Eglise, voyez-vous, n'est pas un club social (…). L'Eglise n'est pas un centre de divertissement (…)
    En dernière analyse, l'Eglise a un but. L'Eglise se bat avec ce qui compte le plus pour l'homme. Et par conséquent elle doit suivre certaines directives. (…)

    Commençons par réfléchir au fait que si l'Eglise veut suivre ces directives, elle doit guérir ceux qui ont le cœur brisé. Il n'y a probablement pas de situation plus tourmentée que d'avoir le cœur brisé. Voyez-vous le fait d'avoir le cœur brisé ne traduit pas une condition physique, mais une condition d'épuisement spirituel. Et qui d'entre vous n'a jamais éprouvé cela ? Je dirais même qu'une telle condition est le fruit de la désillusion. Et je ne crois pas que beaucoup de mes auditeurs ce matin n'aient jamais éprouvé cela.

    (…)MLK donne 3 exemples :  Un jeune qui ne peut faire les études qu'il espérait faire, un couple qui voit se briser le rêve de leur mariage et une famille qui lutte pour élever ses enfants mais les voit emprunter une mauvaise voie. Il reprend…

    Et c'est ainsi que grandit la tragédie ultime de la vie, ce quelque chose qui brise le cœur. Qui ce matin n'en a jamais fait l'expérience ? Lorsque le cercueil passe dans l'allée centrale. Cette expérience que l'on appelle la mort, l'irréductible dénominateur commun entre tous les hommes. Et personne ne peut perdre un bien-aimé, une mère, un père, une sœur, un frère, un enfant, sans en avoir le cœur brisé. Avoir le cœur brisé est une réalité de la vie.
    Et dimanche après dimanche, semaine après semaine, des gens se rendent à l'église de Dieu avec le cœur brisé. Ils ont besoin de paroles d'espérance. Et l'Eglise a une réponse — si elle n'en a pas, ce n'est pas une Eglise. L'Eglise doit dire en substance qu'avoir le cœur brisé est un fait de la vie. Qu'il ne s'agit pas de fuir lorsque vous en faites l'expérience. Ni de réprimer. Ni de traiter avec cynisme. Ne devenez pas méchants lorsque cela vous arrive. L'Eglise doit proclamer aux hommes et aux femmes que le vendredi saint est un fait de la vie, que l'échec fait partie de la vie. Certains ne dépendent que de leurs succès, que de ce qu'ils accomplissent. Aussi, lorsque surviennent les difficultés et les fardeaux de la vie, il ne peuvent les assumer.
    Mais l'Eglise doit dire à ces hommes que le vendredi saint fait autant partie de la vie que Pâques, l'échec autant que la réussite, la désillusion autant que l'accomplissement. Et l'Eglise doit dire aux gens de prendre en charge leur fardeau, leur peine, les inciter à y être attentifs, à ne pas les fuir. Dites-vous, c'est ma peine et je dois la porter. Examinez-la sérieusement et interrogez-vous : “Comment puis-je transformer ce handicap en avantage ?"
    C'est le pouvoir que Dieu vous donne. Il ne dit pas que vous n'aurez pas de tension, que nous n'éprouverez pas de désillusion, que vous échapperez aux ennuis et aux difficultés. Mais ce que dit la religion, c'est ceci : Si vous avez foi en Dieu, Dieu a le pouvoir de vous donner un équilibre intérieur au travers même de votre peine. Aussi ne laissez pas votre cœur se troubler. « Si vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi » (Jn 14:1) Une autre voix résonne : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés. » (Mt 11:28) Comme pour dire : Venez à moi, vous tous qui êtes écrasés. Venez à moi, vous tous qui êtes frustrés. Venez à moi, vous tous dont les esprits sont assombris par les nuages de l'anxiété. Venez à moi, vous qui n'en pouvez plus. Venez à moi, vous tous qui avez le cœur brisé. « Venez à moi, vous tous qui êtes chargés de lourds fardeaux, et je vous donnerai le repos. » (Mt 11:28) Et le repos que donne Dieu est un repos qui dépasse toute compréhension. Le monde ne comprend pas ce genre de repos, car c'est un repos qui vous rend capables de tenir au milieu de la tempête et de vous maintenir dans un calme intérieur. Si l'Eglise suit ses directives, elle guérit ceux qui ont le cœur brisé. 

    Deuxièmement, quand l'Eglise suit ses directives, elle proclame la libération des captifs. C'est le rôle de l'Eglise : libérer les gens. Cela signifie simplement libérer ceux qui sont esclaves. Cependant, notez-le, certaines Eglises ne lisent jamais cette partie. Certaines Eglises ne s'estiment pas concernées par la libération de quiconque. (…) Ensuite vous avez un autre groupe, assis, qui aimerait bien faire quelque chose à propos de l'injustice raciale, mais qui craint les représailles sociales, politiques ou économiques, d'où son silence. (…)
    L'Eglise est appelée à libérer ceux qui sont captifs, libérer ceux qui sont victimes de l'esclavage de la ségrégation et de la discrimination, ceux qui sont pris dans l'esclavage de la peur et du préjugé.

    Et l'Eglise [3e], si elle agit en conformité avec ses directives, doit prêcher l'année de la faveur du Seigneur. Vous savez, l'année de la faveur du Seigneur, c'est une année de faveur aux yeux de Dieu parce qu'elle remplit les exigences de son Royaume. Quelques-uns en lisant ce passage estiment qu'il évoque une période au-delà de l'histoire, mais je vous le dis ce matin, l'année de la faveur du Seigneur peut se réaliser cette année. Et l'Eglise doit le prêcher.
    L'année de la faveur du Seigneur, c'est n'importe quelle année où l'homme décide de bien agir.
    L'année de la faveur du Seigneur, c'est n'importe quelle année où l'homme cessera de lyncher et de tricher. (…)
    L'année de la faveur du Seigneur, c'est cette année où les hommes apprendront à vivre fraternellement ensemble.
    L'année de la faveur du Seigneur, c'est cette année où les hommes hisseront leur théologie à la hauteur de leur technologie. (…)
    L'année de la faveur du Seigneur, c'est cette année où les hommes hisseront leur moralité à la hauteur de leur mentalité.
    L'année de la faveur du Seigneur, c'est cette année où les dirigeant du monde s'assiéront à la table de négociation et comprendront que [comme le disait Kennedy] à moins que le genre humain ne mette un terme à la guerre, c'est la guerre qui mettra un terme au genre humain.
    L'année de la faveur du Seigneur, c'est cette année où les hommes martèleront leurs épées pour en faire des socs de charrue, et leurs lances des serpes.; où les nations ne se lèveront plus les unes contre les autres et n'apprendront plus à faire la guerre. (Es 2:4) (…)
    L'année de la faveur du Seigneur, c'est cette année où les hommes feront pour les autres ce qu'ils voudraient qu'ils leur fissent à eux-mêmes.
    L'année de la faveur du Seigneur, c'est cette année où les hommes aimeront leurs ennemis, béniront ceux qui les maudissent et prieront pour ceux qui les calomnient.
    L'année de la faveur du Seigneur, c'est cette année où les hommes découvriront que Dieu les a tous créés d'un seul sang pour peupler la surface de la terre (Ac 17:26).

    Ce sont les directives, et si seulement nous les suivons, nous serons prêts pour le Royaume de Dieu, accomplissant ce que l'Eglise de Dieu est appelée à faire. Nous ne serons pas un club social. Nous ne serons pas un petit centre de divertissement. Mais nous serons concernés par quelque chose de sérieux, apporter le Royaume de Dieu sur terre.
    Il me semble entendre le Dieu de l'univers s'adresser à l'Eglise en souriant : « Tu es une grande Eglise, car j'ai eu faim et tu m'as donné à manger. Tu es une grande Eglise, car j'étais nu et tu m'as vêtu. Tu es une grande Eglise, car j'étais malade et tu m'as visité. Tu es une grande Eglise, car j'étais en prison et tu m'as apporté consolation en venant à moi. » (Mt 25:35-36) Et c'est cette Eglise-là qui va sauver le monde.
    « L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a conféré l'onction pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour proclamer aux captifs la libération et pour prêcher l'année de la faveur du Seigneur. » (Es 61:1-2)

    © Extraits tirés du livre : Martin Luther King, Minuit, quelqu'un frappe à la porte, Les grands sermons de Martin Luther King, Paris, Bayard, 2000, pp. 119-127 (traduction de l'américain par Serge Molla).

  • Ezéchiel 36. La Pentecôte, aboutissement et commencement.

    Ezéchiel 38

    11.5.2008
    La Pentecôte, aboutissement et commencement.
    Ez 36 : 24-28    Actes 2 : 1-13   

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Nous vivons le dimanche de Pentecôte, l'aboutissement, la dernière étape du calendrier de l'Eglise, dernière étape qui marque l'accomplissement de la mission de Jésus et de l'œuvre de Dieu.
    Le calendrier de l'Eglise chrétienne commence en décembre avec les dimanches de l'Avent et la fête de Noël. Il continue avec le temps de la Passion, marqué par la semaine sainte : jeudi la dernière Cène, vendredi la crucifixion et dimanche de Pâques, la résurrection. Ensuite se passe le temps de la présence du Christ ressuscité auprès de ses disciples — 40 jours jusqu'à l'Ascension. Puis, 10 jours après, vient la Pentecôte où l'Esprit saint est donné aux disciples pour qu'ils puissent remplir leur mission de témoignage et d'annonce de l'évangile. 
    A partir de Pentecôte commence le temps de l'Eglise, de l'annonce de l'évangile au monde entier. Ce calendrier de l'Eglise, nous le parcourons ainsi chaque année, pour nous souvenir de l'œuvre du Christ et nous mettre en marche pour en témoigner autour de nous.
    Pentecôte est encore l'aboutissement d'un projet plus grand. Le projet d'histoire du salut que Dieu a commencé dès la création du monde et dont toute la Bible témoigne. Il ne va pas de soi, ni que Dieu se révèle aux humains, ni surtout que les humains puissent recevoir cette révélation de Dieu. Aussi Dieu a-t-il procédé par étapes. Et la Bible nous décrit les étapes qui ont été reconnues.
    Le début de la Genèse nous montre la création et comment Dieu fait alliance avec l'humanité toute entière, à travers Adam et Eve, Caïn et Abel, Noé et sa famille. Dieu témoigne de sa bienveillance et de sa volonté en faveur de la vie humaine, sans attente de retour, de reconnaissance ou de foi. C'est un geste unilatéral de Dieu en faveur du monde.
    Ensuite, Dieu choisit de se faire connaître à un homme, Abraham, et à sa famille, sur plusieurs générations. De la famille on passe à une peuplade, les hébreux, à qui Dieu donne sa Loi à travers Moïse. La peuplade nomade devient un peuple avec des institutions, un roi, un temple, un pays.
    A travers l'Exil, ce peuple vivra en même temps une dispersion géographique et la découverte de son identité, toute entière reliée à Dieu au travers du livre qui recueille sa parole; c'est l'expansion du judaïsme. Dans l'Empire romain, le judaïsme est répandu et bien considéré, mais reste une religion "ethnique", liée à l'appartenance physique au peuple d'Israël. 
    Pour que le message de Dieu dépasse le peuple d'Israël et s'ouvre au monde entier, il faut encore une étape. Celle-ci se développe au travers de Jésus. Même si Jésus s'est adressé prioritairement aux juifs d'Israël, son message — d'un amour divin offert à tous, sans barrière, sans restriction, sans condition — est de portée universelle.
    Ainsi la Pentecôte est aussi l'aboutissement du projet de Dieu de se faire connaître au monde entier. Avec le don de l'Esprit saint — qui dans le récit de Luc permet aux disciples de parler toutes les langues du monde connu — Dieu se donne à tous, sans frontière. Le message de l'amour de Dieu est clairement ouvert au monde entier et va parcourir le monde, en commençant par le réseau existant de synagogues parsemées dans tout l'Empire romain.
    Pentecôte, aboutissement et bien sûr commencement. Pentecôte est pour chacun aussi accomplissement et commencement.
    La Pentecôte — à côté de son aspect universel — a aussi un côté personnel et intérieur. La révolution de la Pentecôte n'est pas seulement que la Parole est offerte au monde, c'est aussi que chaque personne reçoit en soi-même la présence même de Dieu.
    Comme l'exprimait déjà le prophète Ezéchiel sous forme de promesse :
    "Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. J'enlèverai votre cœur de pierre et je le remplacerai par un cœur de chair." (Ez 36:26).
    Pentecôte, c'est la promesse d'un accomplissement spirituel : Dieu nous équipe directement. Il nous restaure, nous régénère, nous redonne la vie. Là où l'existence nous a blessée, a meurtri notre cœur, nous a poussé à nous blinder, à nous enfermer dans des carapaces, à nous pétrifier, Dieu agit.
    Il nous soigne, il nous remplace notre cœur insensible comme une pierre par un cœur sensible, un cœur à nouveau capable de ressentir, de se mettre en empathie, capable de compassion, d'affection, capable d'amour. Dieu nous transforme pour être à son image, c'est-à-dire capables d'amour, d'en ressentir et d'en donner. 
    Pentecôte, c'est un accomplissement qui nous permet des recommencements. C'est un accomplissement qui nous permet de vivre en accord avec Dieu et les uns avec les autres. C'est un accomplissement qui nous permet de témoigner des bienfaits de Dieu envers nous.
    Pentecôte, c'est un commencement, c'est un nouveau départ, c'est un renouvellement de nos forces, de nos capacités d'aimer.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2008