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  • Genèse 17. L'héritage d'Abraham, notre héritage.

    Genèse 17

    22.6.2008
    L'héritage d'Abraham, notre héritage.
    Gn 17 : 1-8    Rm 4 : 13-17a

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    J'ai choisi Abraham pour nous accompagner dans notre réflexion ce matin et parmi les épisodes de la vie d'Abraham que nous rapporte la Bible, ce rappel de l'alliance que Dieu conclut avec lui. Ce récit a plusieurs choses à nous dire aujourd'hui.
    D'abord, c'est Dieu qui interpelle Abraham. Dieu prend l'initiative de se faire connaître, de se révéler à Abraham. Dieu se rend disponible à nous, il nous appelle à lui répondre, à le suivre, à l'écouter. Et Dieu vient avec une offre, où Dieu ne vient pas d'abord demander, réclamer quelque chose de nous pour ensuite nous donner quelque chose, non, c'est le contraire : il donne d'abord et nous pouvons lui répondre ensuite.
    Dieu vient offrir à Abraham une alliance : "Je m'engage envers toi" dit Dieu à Abraham. A quoi Dieu s'engage-t-il ? A donner à Abraham un avenir ! A cet homme âgé, Dieu annonce un avenir, un futur, une descendance. Comme marque de cet avenir, Dieu change le nom d'Abraham : d'Abram (père très haut), il devient Abraham (père d'une multitude de peuples).
    Une alliance, le don d'un nouveau nom, dans notre terminologie chrétienne on parlerait d'un baptême : une promesse de vie donnée à une personne pour qu'elle marche sous le regard et sous la protection de Dieu.
    Cet avenir, pour Abraham, se décline de deux façons : il va devenir l'ancêtre d'une descendance nombreuse et le destinataire d'une terre, d'un pays. Ce destin, nous le voyons se dérouler dans l'histoire que la Bible nous raconte en suivant les personnages bibliques. Isaac, Jacob et Esaü, Joseph. Puis le peuple en Egypte libéré par Moïse et conduit dans le désert jusqu'au bord du Jourdain. Ensuite, Josué qui fait entrer le peuple hébreu dans le pays de Canaan, le pays de la promesse. Etablissement de la royauté avec Saül, David, Salomon et d'autres rois. Puis, histoire moins connue, les invasions, assyriennes qui prennent le royaume du Nord (Samarie) puis babyloniennes qui prennent le royaume de Juda.
    C'est l'Exil, la pays est perdu, l'élite, les prêtres, l'administration sont exilées à Babylone. Et c'est là, pendant cet exil, que sont reprises les traditions des patriarches, les récits, les annales royales pour tisser un récit qui rappelle au peuple juif ses racines et son histoire.
    Et notre texte — au sujet d'Abraham — est repris lui aussi dans ce contexte de l'Exil et de la perte du pays pour redonner espoir aux juifs de ce temps. Qu'en est-il — au bord des fleuves de Babylone (Ps 137:1) — de l'alliance et des promesses faites à Abraham ? Si le pays est perdu, que reste-t-il ?
    Le récit nous dit que l'alliance tient toujours, que Dieu est toujours présent auprès de son peuple. Il n'y a plus de Temple, mais il y a toujours la Torah, l'alliance, la loi qui permet d'être connecté à Dieu. Il n'y a plus de pays, mais il y a les enfants qui sont toujours porteurs de la promesse et de l'avenir.
    Les enfants sont un signe que l'alliance faite avec Abraham par Dieu est toujours valide. Les générations qui se succèdent sont le signe de la permanence de l'alliance de Dieu avec son peuple. La promesse persiste et persistera tant qu'on transmettra la Parole de Dieu de génération en génération.
    Nous sommes les descendants d'Abraham, nous sommes les récipiendaires de cette promesse et nous avons la responsabilité de la transmettre à notre tour. Si une génération s'arrête, tout s'arrête ! Nous avons une responsabilité : recevoir et transmettre le don que Dieu nous a fait, le transmettre à la génération suivante. Il n'y a plus de pays à transmettre, mais il y a un héritage bien plus important : la richesse d'une promesse d'avenir.
    La Bible, après Abraham, nous détaille cette richesse, ces valeurs qui se développent dans le don de la Loi qui rappelle l'exigence de respect et de justice dus à tous les êtres humains. Ensuite vient le don que Jésus fait de sa vie sur la croix, où il nous apprend la valeur du pardon, du don de soi et de l'amour suprême. Voilà notre héritage, celui que nous recevons d'Abraham, héritage bien plus précieux que n'importe quelle terre, n'importe quelle possession.
    Et puis j'aimerais faire un dernier lien avec notre texte, puis que ce dimanche et le dimanche des réfugiés. Ce récit rappelle qu'Abraham est étranger sur cette terre au moment où il reçoit cette alliance et cette promesse comme le peuple d'Israël qui relit ce récit alors qu'il est en exil à Babylone.
    Et pourtant, il nous est dit qu'Abraham est le père d'une multitude de peuples, autre façon de dire que — même en appartenant à des peuples différents — tous les êtres humains sont frères ou cousins aux yeux de Dieu. La provenance, l'origine géographique n'a pas d'importance aux yeux de Dieu. Il nous appelle à partager les valeurs que j'ai énumérées précédemment : le respect et la justice dus à tous les êtres humains, le pardon, le service et l'amour du prochain sans distinctions.
    Voilà nos valeurs, notre héritage, le fruit de l'alliance que Dieu conclut avec nous. Apprenons à partager ces fruits autour de nous.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2008

  • Marc 10. Se mettre au service les uns des autres pour ajouter de la convivialité

    Marc 10

    15.6.2008
    Se mettre au service les uns des autres pour ajouter de la convivialité
    Marc 10 : 35-45
    Chers membres de l'Abbaye des Laboureurs, chères paroissiennes, chers paroissiens,
    J'aimerais tout de suite écarter un malentendu possible après le texte biblique que vous avez écouté. En relevant la parole de Jésus : "si l'un d'entre vous veut être important, il doit être votre serviteur et si l'un de vous veut être le premier, il doit être votre esclave" (Mc 10:26-27) je ne me prépare pas à tirer à boulets rouges contre votre compétition sportive, je ne me prépare pas à dénigrer la course aux lauriers des meilleurs tireurs de votre Abbaye.
    Non, j'aimerais plutôt attirer votre attention sur une autre facette de votre fête, c'est-à-dire sur le fait que si vous pouvez prendre part à cette fête, c'est qu'elle a été organisée, mise sur pied par votre Comité et par une foule de bénévoles. Votre Abbé-président, vos membres de Comité, avec d'autres, n'ont pas hésité à passer des heures au service de votre Honorable Confrérie pour préparer cette fête pour que vous puissiez la vivre et faire participer tout le village à ces festivités.
    Et certainement que ceux qui avaient les plus hautes fonctions ont passé le plus grand nombre d'heurs à travailler pour arriver à ce résultat. Ils se sont mis à votre service et pour cela nous pouvons tous leur en être reconnaissants.
    Au cœur des Sociétés locales, des paroisses et des Associations, il y a des hommes et des femmes qui se dévouent, qui se mettent au service les uns des autres pour ajouter de la convivialité dans une société civile où les relations deviennent de plus en plus tendues, où les rapports de forces l'emportent souvent sur l'harmonie et l'amitié.
    Ces hommes et ces femmes réalisent ainsi l'invitation du Christ de se mettre au service les uns des autres. J'en suis heureux, mais j'envisage cependant l'avenir avec une certaine crainte : aurons-nous encore — dans les prochaines années — des personnes de bonne volonté qui accepteront de se mettre au service les uns des autres ? Ne trouvez-vous pas que la société se durcit ? Ne constatez-vous pas un repli sur soi, ou un repli "dans son chez soi" ? N'est-il pas de plus en plus difficile de trouver des personnes d'accord de donner de leur temps pour une cause, pour une société, pour une paroisse ?
    Mais peut-on imaginer une société sans bénévolat ? Vous imaginez-vous devoir salarier votre Comité, payer chacun des services "au prix du marché" ? Quel serait l'esprit d'un Comité devenu "Entreprise à créer des Events" ?
    Lorsque Jésus propose d'inverser les valeurs en mettant le service envers les autres au-dessus du pouvoir, ce n'est pas pour embêter le peuple. C'est pour révéler, mettre au jour, une vérité fondamentale sur la vie humaine et le bonheur. C'est pour faire comprendre toutes les tensions qu'il y a dans nos aspirations toutes humaines et leurs réalisations.
    Nous aspirons tous au bonheur et nous nous faisons tous une idée du chemin pour parvenir à ce bonheur, à notre bonheur. Le chemin le plus court vers notre bonheur semble être de s'occuper de soi-même. « Je vais faire mon bonheur ! »
    Jésus nous invite à réaliser que notre bonheur ne peut s'obtenir en ligne droite, mais seulement par ricochet, en passant par le service des autres. John Fitzgerald Kennedy l'avait bien compris lorsqu'il a dit aux Américains : "Ne cherchez pas ce que l'Amérique peut faire pour vous, mais ce que vous pouvez faire pour l'Amérique."
    Jésus propose un nouvel ordre des valeurs pour mieux retrouver la vraie valeur des choses. Le bonheur humain ne se trouve pas dans le pouvoir, l'importance ou la célébrité. Le bonheur humain se trouve dans l'action même, dépréoccupée du but, du résultat. Il n'y a pas de bonheur dans la quête individualiste, égoïste de la gloire.
    Le rédacteur du récit biblique nous fait d'ailleurs un clin d'œil lorsqu'il parle du désir de Jacques et de Jean d'être à droite et à gauche de Jésus dans sa gloire, puisque ce sont deux brigands en croix qui se trouveront à droite et à gauche de Jésus à Golgotha !
    La vraie valeur, le vrai bonheur se trouve dans la satisfaction qu'on peut trouver dans l'agir même, au moment d'agir, sans attendre d'autres récompenses. Pourquoi aller tirer, si tirer ne fait pas plaisir, une récompense n'ajoutera rien.
    Jésus fait le pari qu'il y a plus de plaisir à servir les autres qu'à être servi. "Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir" (Ac 20:35). Jésus en a fait sa façon d'être avec les autres, sa façon d'entrer en contact, de rencontrer chacun. Il a choisi de servir plutôt que d'être servi.
    En cela il devient pour nous un modèle. Non pas pour agir correctement et être bons, cela serait une autre manière d'essayer de gagner une récompense, d'être bien vu des autres ou de Dieu. Non, servir pour retirer la satisfaction de faire quelque chose de digne de notre existence humaine, faire quelque chose qui apporte de la lumière aux autres et par ricochet nous fasse du bien, rehausse notre estime de soi, renforce notre satisfaction intérieure, en d'autres mots nous rende heureux !
    Dans cette société que nous sentons se durcir, apprenons à regarder autour de nous tous ceux qui sont au service — à commencer par ceux et celles qui feront le service à table à midi — et regardons les différemment : ces personnes sont importantes !
    Regardons les personnes qui s'engagent dans les Sociétés locales, les paroisses, les Associations : elles sont importantes !
    Et puis finalement, n'avons-nous pas aussi envie de devenir importants, de chercher un peu de bonheur ? Alors mettons-nous au service les uns des autres.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2008