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Marc 10. Se mettre au service les uns des autres pour ajouter de la convivialité

Marc 10

15.6.2008
Se mettre au service les uns des autres pour ajouter de la convivialité
Marc 10 : 35-45
Chers membres de l'Abbaye des Laboureurs, chères paroissiennes, chers paroissiens,
J'aimerais tout de suite écarter un malentendu possible après le texte biblique que vous avez écouté. En relevant la parole de Jésus : "si l'un d'entre vous veut être important, il doit être votre serviteur et si l'un de vous veut être le premier, il doit être votre esclave" (Mc 10:26-27) je ne me prépare pas à tirer à boulets rouges contre votre compétition sportive, je ne me prépare pas à dénigrer la course aux lauriers des meilleurs tireurs de votre Abbaye.
Non, j'aimerais plutôt attirer votre attention sur une autre facette de votre fête, c'est-à-dire sur le fait que si vous pouvez prendre part à cette fête, c'est qu'elle a été organisée, mise sur pied par votre Comité et par une foule de bénévoles. Votre Abbé-président, vos membres de Comité, avec d'autres, n'ont pas hésité à passer des heures au service de votre Honorable Confrérie pour préparer cette fête pour que vous puissiez la vivre et faire participer tout le village à ces festivités.
Et certainement que ceux qui avaient les plus hautes fonctions ont passé le plus grand nombre d'heurs à travailler pour arriver à ce résultat. Ils se sont mis à votre service et pour cela nous pouvons tous leur en être reconnaissants.
Au cœur des Sociétés locales, des paroisses et des Associations, il y a des hommes et des femmes qui se dévouent, qui se mettent au service les uns des autres pour ajouter de la convivialité dans une société civile où les relations deviennent de plus en plus tendues, où les rapports de forces l'emportent souvent sur l'harmonie et l'amitié.
Ces hommes et ces femmes réalisent ainsi l'invitation du Christ de se mettre au service les uns des autres. J'en suis heureux, mais j'envisage cependant l'avenir avec une certaine crainte : aurons-nous encore — dans les prochaines années — des personnes de bonne volonté qui accepteront de se mettre au service les uns des autres ? Ne trouvez-vous pas que la société se durcit ? Ne constatez-vous pas un repli sur soi, ou un repli "dans son chez soi" ? N'est-il pas de plus en plus difficile de trouver des personnes d'accord de donner de leur temps pour une cause, pour une société, pour une paroisse ?
Mais peut-on imaginer une société sans bénévolat ? Vous imaginez-vous devoir salarier votre Comité, payer chacun des services "au prix du marché" ? Quel serait l'esprit d'un Comité devenu "Entreprise à créer des Events" ?
Lorsque Jésus propose d'inverser les valeurs en mettant le service envers les autres au-dessus du pouvoir, ce n'est pas pour embêter le peuple. C'est pour révéler, mettre au jour, une vérité fondamentale sur la vie humaine et le bonheur. C'est pour faire comprendre toutes les tensions qu'il y a dans nos aspirations toutes humaines et leurs réalisations.
Nous aspirons tous au bonheur et nous nous faisons tous une idée du chemin pour parvenir à ce bonheur, à notre bonheur. Le chemin le plus court vers notre bonheur semble être de s'occuper de soi-même. « Je vais faire mon bonheur ! »
Jésus nous invite à réaliser que notre bonheur ne peut s'obtenir en ligne droite, mais seulement par ricochet, en passant par le service des autres. John Fitzgerald Kennedy l'avait bien compris lorsqu'il a dit aux Américains : "Ne cherchez pas ce que l'Amérique peut faire pour vous, mais ce que vous pouvez faire pour l'Amérique."
Jésus propose un nouvel ordre des valeurs pour mieux retrouver la vraie valeur des choses. Le bonheur humain ne se trouve pas dans le pouvoir, l'importance ou la célébrité. Le bonheur humain se trouve dans l'action même, dépréoccupée du but, du résultat. Il n'y a pas de bonheur dans la quête individualiste, égoïste de la gloire.
Le rédacteur du récit biblique nous fait d'ailleurs un clin d'œil lorsqu'il parle du désir de Jacques et de Jean d'être à droite et à gauche de Jésus dans sa gloire, puisque ce sont deux brigands en croix qui se trouveront à droite et à gauche de Jésus à Golgotha !
La vraie valeur, le vrai bonheur se trouve dans la satisfaction qu'on peut trouver dans l'agir même, au moment d'agir, sans attendre d'autres récompenses. Pourquoi aller tirer, si tirer ne fait pas plaisir, une récompense n'ajoutera rien.
Jésus fait le pari qu'il y a plus de plaisir à servir les autres qu'à être servi. "Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir" (Ac 20:35). Jésus en a fait sa façon d'être avec les autres, sa façon d'entrer en contact, de rencontrer chacun. Il a choisi de servir plutôt que d'être servi.
En cela il devient pour nous un modèle. Non pas pour agir correctement et être bons, cela serait une autre manière d'essayer de gagner une récompense, d'être bien vu des autres ou de Dieu. Non, servir pour retirer la satisfaction de faire quelque chose de digne de notre existence humaine, faire quelque chose qui apporte de la lumière aux autres et par ricochet nous fasse du bien, rehausse notre estime de soi, renforce notre satisfaction intérieure, en d'autres mots nous rende heureux !
Dans cette société que nous sentons se durcir, apprenons à regarder autour de nous tous ceux qui sont au service — à commencer par ceux et celles qui feront le service à table à midi — et regardons les différemment : ces personnes sont importantes !
Regardons les personnes qui s'engagent dans les Sociétés locales, les paroisses, les Associations : elles sont importantes !
Et puis finalement, n'avons-nous pas aussi envie de devenir importants, de chercher un peu de bonheur ? Alors mettons-nous au service les uns des autres.
Amen
© Jean-Marie Thévoz, 2008

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