Osée 2
16.9.2012
Au lieu de punir, Dieu veut reconquérir son peuple
Osée 2 : 16-22 Matthieu 9 : 35-38
Téléchargez la prédication ici : P-2012-09-16.pdf
Chères paroissiennes, chers paroissiens,
En ce jour de Jeûne fédéral, nos autorités cantonales nous invitent à une journée de prière et de jeûne, une tradition vieille de presque 200 ans. La prière, nous savons ce que c'est et à quoi elle "sert" : à nous ouvrir à la dimension divine et à exprimer nos besoins.
Le jeûne, c'est plus difficile, surtout dans notre tradition réformée. Disons que celui qui s'essaie au jeûne peut s'en servir comme d'un révélateur. Révéler ce que c'est que ressentir la faim et se rapprocher de la moitié de l'humanité qui l'éprouve de manière forcée. Et révéler — de manière plus large — ce qui vient à nous manquer, c'est-à-dire nos dépendances : de quoi n'arrivons-nous pas à nous priver ? Qu'est-ce que nous considérons comme indispensable, incontournable, dont on ne peut pas se passer ?
Rejoignons maintenant le prophète Osée. Il vit dans une situation de troubles politiques considérables. L'empire d'Assyrie menace à tout moment d'envahir la terre d'Israël et le pouvoir royal est l'objet d'incessantes rivalités. La situation économique est mauvaise. Les prophètes voient dans cette situation une punition divine. L'idolâtrie des rois envers Astarté et Baal, qui entraîne celle du peuple, est dénoncée par les prophètes comme la cause de leurs malheurs.
Osée emboîte le pas, en dénonçant l'idolâtrie. Il compare Dieu à un mari et Israël à une épouse infidèle. Mais là où tous les autres prophètes appelleraient à punir l'épouse infidèle, Osée dévoile une autre stratégie : Dieu veut reconquérir sa femme, et rallumer sa flamme. Dieu se lance dans une offensive de séduction pour faire renaître l'amour de son peuple pour lui.
Tout n'est pas effacé. L'accusation d'idolâtrie est maintenue. Dieu ne ferme pas les yeux sur ce qui s'est passé, mais il veut repartir sur des bases nouvelles, créer une nouvelle relation. L'idolâtrie n'a plus cours aujourd'hui. On ne sait plus trop ce que cela représente. Il faut trouver des mots neufs pour exprimer cette réalité.
L'idolâtrie : c'est remplacer des vraies valeurs par du toc, l'essentiel par de l'apparence, du vrai par du faux. L'idolâtrie, ce sont des rapports faussés où l'accessoire remplace l'essentiel, ou l'immédiateté devient plus importante que le long terme. Là, on voit mieux le rapport à notre société. L'idolâtrie, c'est la distorsion qui fait que je ne vais pas rouler moins en auto, même si je sais que tous les ours polaires vont disparaître bientôt; mais je me sentirai très coupable si j'écrase un hérisson avec ma voiture.
Le Jeûne fédéral est une occasion de penser à ces distorsions — dont nous sommes rarement coupable individuellement (ce n'est pas moi tout seul qui suis responsable du réchauffement climatique) — mais dont nous sommes tous collectivement responsables. C'est penser à ces distorsions, à ces dépendances qui rendent le monde de moins en moins vivable, de moins en moins respirable ou sûr.
Les prophètes d'aujourd'hui renforcent ce sentiment de culpabilité par leurs discours en espérant que nous changerons de comportement. Le prophète Osée essaie une autre voie, en nous disant que Dieu ne veut pas nous punir, mais qu'il veut nous reconquérir. Il veut rallumer en nous le sentiment du beau, le sentiment de la joie d'être ensemble.
A la culpabilité écologique d'aujourd'hui, Osée opposerait l'appel à notre émerveillement face à la nature. Il ferait appel à notre amour de la nature. Ne trouvez-vous pas la nature si belle que cela vaut la peine de la ménager, de la préserver ?
Bon, Osée ne parle pas d'écologie, mais de relations, d'abord de la relation à Dieu, parce que quand la relation essentielle va, toutes les autres s'alignent et se mettre à aller bien. Osée affirme que Dieu veut à nouveau se fiancer à son peuple et voilà ce que Dieu dépose dans la corbeille de mariage : trois paquets-cadeau que nous allons déballer ensemble.
Dans le premier paquet, il y a l'éternité. Dieu veut avec nous une relation durable, solide, qui tienne dans le temps. Une relation sur laquelle on puisse se reposer.
Dans le deuxième paquet, il y a quatre choses : la justice et le droit; l'amour et la compassion. Le droit, c'est la liste de ce qui est interdit ou prescrit, ce qui permet de savoir à quoi s'en tenir. Le droit assure la sécurité et la confiance. La justice et le système judiciaire assurent que le droit est appliqué. Cela permet la vie ensemble. Là où le droit et la justice n'existent pas, c'est le règne des clans, des mafias et des dictateurs. C'est le règne de la violence et des plus forts. Dieu veut le respect du droit et de la justice pour que les petits et les faibles soient respectés.
L'amour et la compassion, c'est ce que Jésus est venu nous montrer en acte. C'est le visage du Père qu'il nous a révélé. C'est le ciment des relations interpersonnelles, c'est le remède aux relations faussées et distordues. Jésus est venu soigner et guérir ces relations faussées et distordues.
Enfin, dans le troisième paquet-cadeau, il y a la vérité, en hébreu le "amen", l'amen qu'on prononce à la fin de nos prières pour dire "c'est vrai, c'est solide, c'est la vérité."
Voilà les six valeurs que Dieu met dans la corbeille de mariage avec son peuple. Voilà les six valeurs que Dieu vient mettre comme base à sa relation avec lui. Et Osée termine ce message par cette conclusion : "Alors tu me connaîtras comme Seigneur." (Os 2:22)
Ces six valeurs dessinent le visage de Dieu, tel qu'il veut se révéler, tel qu'il veut se faire connaître. Et il nous invite — en ce jour de Jeûne fédéral — à lever les yeux vers lui pour le voir ainsi, et à nous laisser conquérir par ces valeurs, de manière à ce qu'elles prospèrent dans notre monde.
Amen
© Jean-Marie Thévoz, 2012
Commentaires
je suis émerveillée par cette prédication
Dieu nous aime d'un amour fou, il est près à tout sacrifice pour nous sauver.
Père que ton nom soit toujours glorifié sur la terre.