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Jean 3. Jésus est venu dans le monde pour révéler la deuxième dimension de la vie.

Jean 3
2.9.2012
Jésus est venu dans le monde pour révéler la deuxième dimension de la vie.
Marc 1 : 9-11     Jean 3 : 1-9

Téléchargez la prédication ici : P-2012-09-02.pdf

Chères paroissiennes, chers paroissiens, chère famille,
Nous découvrons aujourd'hui le personnage de Nicodème, dans sa rencontre avec Jésus. Le récit nous dit qu'il appartient au parti des Pharisiens, qu'il est un des chefs des juifs — il fait partie du Conseil appelé le Sanhédrin — et il dit lui-même qu'il est âgé.
Les Pharisiens sont un groupe de gens très religieux, qui cherchent à se rapprocher de Dieu au travers de leur pratique, de leur stricte obéissance de la Loi de Moïse. Ils l'ont détaillée en une longue liste de commandements. Les Pharisiens ne se contentent pas d'observer et de pratiquer ces commandements, ils surveillent aussi les autres pour que chacun observe également ces commandements.
Jésus est souvent confronté à leurs critiques. Il ne manque pas non plus de dénoncer leur hypocrisie, les accusant de filtrer le moucheron, mais d'avaler le chameau (Mt 23:24).
Cette nuit-là, Nicodème vient secrètement rencontrer Jésus. Nicodème perçoit quelque chose d'exceptionnel chez Jésus, il croit reconnaître une origine divine aux paroles et aux actes de Jésus. Avant même que Nicodème ne pose une question à Jésus, Jésus lui dit ce qui lui manque : "Personne ne peut voir le Royaume de Dieu s'il ne naît pas de nouveau, ou s'il ne naît pas d'en haut" (Jn 3:3) (le mot grec signifie en même temps de nouveau et d'en haut). Jésus perçoit que Nicodème est en recherche, en quête du Royaume de Dieu, dans une quête spirituelle.
Suit une sorte de dialogue de sourd où Nicodème oppose l'impossibilité pour un adulte ou une personne âgée de naître de nouveau de sa mère. Nicodème reste dans le terre-à-terre. Il reste dans les possibilités matérielles : personne ne peut retourner dans le ventre de sa mère pour naître une deuxième fois. C'est que Nicodème n'a pas vu la deuxième signification de ce "renaître." En fait, de manière générale, Nicodème ne voit pas la deuxième dimension de l'existence. Et Jésus est justement venu dans le monde pour révéler cette deuxième dimension de la vie, celle qui vient d'en haut.
Nous naissons tous une fois dans ce monde, et nous avons besoin de ce corps pour y vivre, et nous avons besoin de nourrir ce corps, d'en prendre soin, de le faire grandir… pas de problème. Mais la vie ne se limite pas à cette dimension. Nous ne nous nourrissons pas seulement de lait maternel ou de pain. Nous avons besoin du regard de nos parents, nous avons besoin de recevoir de l'amour, nous avons besoin de relations.
La vie humaine ne se réduit pas à la vie matérielle. Nous avons besoin d'être nommés. Nous avons tous besoin d'être appelés, nous avons tous besoin d'être adoptés.
C'est ce que nous voyons dans le baptême de Jésus. Il y a la part matérielle avec l'eau du baptême pour le corps, mais ensuite il y a cet esprit qui vient d'en haut — visualisé par la colombe — et il y a cette parole d'amour et d'adoption : "Tu es mon fils bien-aimé en qui je mets toute mon affection." (Mc 1:11).
C'est cette parole qui nous fait vivre, bien plus que ce que nous mangeons. Ce sont ces paroles d'amour et ces gestes d'affection qui affermissent notre confiance dans la vie, dans la valeur de notre existence. Peu importe l'ADN partagé ou non, c'est l'amour que nous recevons qui nous constitue comme être humain, aimé, engendré d'en haut.
Nous sommes faits de cette double dimension, le charnel et le spirituel. Nous sommes boiteux si nous oublions une de ces dimensions. Et c'est ce que fait Nicodème. Comme Pharisien, il était tellement dans le contrôle de l'obéissance pratique aux commandements qu'il en oubliait la raison, le but ou la provenance : en haut.
C'est pourquoi Jésus lui rappelle tout de suite l'essentiel : "Il faut naître à la vie d'en haut" et Jésus ajoute que cet "en haut" relève de l'eau et de l'esprit, l'esprit qui est comme le vent. Ce que Jésus veut dire, c'est que la vie d'en haut, cette deuxième dimension de l'existence ne peut pas se laisser enfermer dans un catalogue de prescriptions. Cette deuxième dimension de l'existence et de l'ordre de la liberté, de la danse, de la joie. Cette deuxième dimension, c'est ce qui donne du relief à l'existence, ce qui donne de la vie à la vie.
Dans chaque moment de la vie, on peut saisir ces deux dimensions. Quand je fais la vaisselle, je peux penser à la corvée que cela représente, mais je peux aussi penser que je rends service à mon conjoint, à ma famille et plus encore, je peux anticiper le plaisir d'une belle table avec ses invités.  Quand je travaille, je peux penser au salaire qui tombera à la fin du mois et à la sueur que cela me demande, mais je peux aussi me réjouir de ce que mon travail apporte aux autres, comment il leur facilite la vie, comment ce que je fais contribue au bien commun. Quand je vois un coucher de soleil, je peux penser qu'il ne s'agit que de la réfraction d'ondes lumineuses au travers des couches de l'atmosphère, ou bien je peux m'émerveiller et me réjouir du jeu des couleurs et avoir envie de partager cette joie avec ceux que j'aime.
Jésus appelle Nicodème à lever les yeux du guidon, à voir au-delà du factuel et du matériel. Nous sommes appelés à voir le monde, à voir ceux qui nous entourent avec un autre regard. Quitter le terre-à-terre pour un regard illuminé d'une lumière qui vient d'en haut.
Nous sommes invités à aller au-delà des explications matérielles qui ne nous nourrissent pas, pour recevoir ou inventer une réponse poétique qui enchante nos sens; une réponse qui nous entraîne dans un pas de danse sur les ailes du vent.
Amen

©Jean-Marie Thévoz, 2012

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