Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Des signes pour comprendre qui vient de naître

Luc 2
25.12.2015

Des signes pour comprendre qui vient de naître

Jérémie 23 : 1-5        Luc 2 : 1-20

Télécharger la prédication : P-2015-12-25.pdf


Chères paroissiennes, chers paroissiens,
C’est Noël et nous retrouvons le traditionnel récit de Noël tel que l’évangéliste Luc nous le raconte. Ce récit est construit pour nous ouvrir au mystère de la venue de Jésus, au mystère de cette naissance. Ce récit est construit, moins pour nous raconter exactement ce qui s’est passé au moment de la naissance de Jésus, que pour nous dire qui est celui qui naît et ce qu’il va devenir.
C’est plus un récit théologique qu’un récit historique. Chaque phrase, chaque mot est choisi pour que nous puissions nous approcher du mystère de cette naissance, et surtout découvrir qui est en train de venir au monde.
Il y a des éléments directs et factuels, des noms de lieux et des noms de personnes. Et il y a un discours indirect, allusif, comme des mots-valises qui — de manière très résumée  — doivent nous emporter vers d’autres récits et d’autres pensées.
Dans un cours pour apprendre à raconter des contes, la conteuse nous encourageait à renoncer à dire directement ce que ressentait le héros : « Il est triste » ou « il est joyeux. » Elle nous apprenait à décrire ce qu’on aurait pu voir comme signes sur le héros pour déduire qu’il était triste ou joyeux. Le récit était plus riche si l’auditeur pouvait découvrir par lui-même, grâce à ces signes, ce que ressentait le héros.
En posant quelques signes indirects, on ouvre tout un univers dans l’esprit de l’auditeur, un univers plus riche que les quelques mots utilisés. Ainsi si la conteuse parle d’odeur de cannelle et de coriandre et du chant des grillons, on est tout de suite emmené quelque part en Orient, et on peut soi-même placer dans le récit la tente du bédouin et les chameaux.
Il en est de même dans ce récit de la naissance de Jésus, ou la mangeoire mentionnée nous fait placer immédiatement l’âne et le bœuf, les moutons et les dromadaires, même si ceux-ci ne sont pas présents dans le récit.
C’est comme cela qu’on peut entendre ce récit et découvrir ce qu’il nous dit de ce petit enfant qui vient de naître. Évidemment, nous devons faire un petit effort — puisque nous connaissons la suite de l’Évangile — pour ne pas tenir compte de ce qui suit et nous en tenir à ce récit seulement.
A. Ce récit — grâce à l’artifice du recensement — nous informe que Jésus est un descendant de David. Cette mention du roi David fait revivre en nous quelques pages de l’Ancien Testament et la promesse d’un Messie descendant de David. Mais bon, tous les descendants de David n’ont pas été le Messie attendu. Donc il faut attendre d’autres indices pour confirmer cette messianité.
B. Marie et Joseph n’ont pas eu accès à la salle de l’hôtellerie et doivent se contenter d’une étable. Cela nous informe sur le statut économique de la famille. Jésus va être élevé et évoluer dans la pauvreté. Cela contredit plutôt la messianité de Jésus, ou bien cela va nous aiguiller vers un autre type de messianité, celle décrite dans le livre d’Esaïe (voir prédication du 4.12.2011), sous la forme de la figure du Serviteur souffrant. Un Messie qui ne vient pas dans la gloire, qui n’exerce pas son autorité par la force, mais qui porte les souffrances de son peuple.
C. Ensuite vient l’annonce faite au berger par les anges. C’est l’irruption du divin qui vient apporter un message pour comprendre la naissance de Jésus. On comprend ici qu’il y a un lien tout particulier entre Dieu et ce nouveau-né. Le message est clair, lumineux, transparent. Cet enfant est béni par Dieu, il naît sous sa protection, de par sa volonté. Il reçoit par là au moins une caution divine, si ce n’est un caractère divin.
Si je résume, on a reçu trois signes concernant ce nouveau-né : il est le fils de David, Messie potentiel ; il est proche de la figure du Serviteur souffrant ; et il est confirmé dans ses titres par la voix des anges.
C’est clair que c’est déjà suffisant pour faire de Jésus un être important et décisif dans le plan de Dieu. Mais je pense que le récit nous met sur la piste d’une quatrième identité pour Jésus. Jusque-là les trois premiers titres étaient affirmés en clair, le quatrième titre est donné indirectement à Jésus. Le récit nous y faire penser, sans le dire explicitement. Le récit, en effet, travaille en miroir : ce qu’on voit ailleurs va se réaliser avec Jésus. Je crois que c’est cela qui explique que la révélation des anges s’adresse à des bergers qui passent la nuit dans les champs.
Le récit nous met, indirectement, sur la piste du souvenir de ce qui est dit des bergers et du troupeau dans l’Ancien Testament. Souvenez-vous des paroles entendues dans le livre de Jérémie : Dieu dit « Il y a de mauvais bergers qui laissent mon troupeau dépérir. Eh bien, je vais rassembler moi-même les survivants de mon troupeau. Je les ramènerai à leurs pâturages et je les ferai prospérer. » 
(Jér. 23:1-5)
Le récit de Luc introduit ici des bergers, des bergers qui reçoivent une révélation divine et qui l’écoutent, qui agissent en fonction de cette voix divine. Ce sont des bergers fidèles : ils se rendent à l’étable et découvrent la véracité de la parole qu’ils ont entendue. Et après avoir vu et cru, ils vont répandre la bonne nouvelle.
Cette action des bergers nous invite à voir en avance que Jésus va être lui-même le nouveau berger d’Israël, le nouveau berger du troupeau de Dieu, le nouveau berger de tous les égarés, de tous ceux qui se sentent perdus, délaissés, abandonnés.
Jésus va prendre cette place de guide, de lumière pour guider chacun dans ce monde de nuit et de frayeur. Voici la bonne nouvelle, depuis cette naissance, nous ne sommes plus seuls, nous avons un guide, un berger pour nous conduire avec sécurité dans ces temps d’incertitude.
Jésus vient, Jésus est là. Joyeux Noël !
Amen

© Jean-Marie Thévoz, 2016

Les commentaires sont fermés.