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Jésus accepte toutes les facettes de son humanité

30.10.2016

Jean 4

Jésus accepte toutes les facettes de son humanité 

Mat 3 : 13-17       Jean 4 : 1-10

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Chères frères et sœurs en Christ,

Vous avez entendu le récit du baptême de Jésus —selon l'évangéliste Matthieu — et le début de la rencontre de Jésus avec la femme samaritaine — dans l'évangile de Jean. Ces deux récits sont bien différents, puisqu'ils racontent des événements et des rencontres dissemblables, mais deux choses les réunissent : ils ont l'eau en commun et chaque écrit tourne autour d'une demande de Jésus.

- Jésus demande à Jean Baptiste de le baptiser et

- Jésus demande à la femme samaritaine de lui donner à boire.

Cela paraît évident que, dans la vie, on demande certains services, certaines choses. Cela va de soi ! Pourtant, ici, cela ne va pas de soi, puisque les deux fois, Jésus rencontre une résistance.

Jean Baptiste s'oppose. Il ne veut pas baptiser Jésus, il trouverait plus normal d'être baptisé par Jésus ! Jean Baptiste voudrait donc inverser les rôles. En disant cela, Jean Baptiste reconnaît, confesse en Jésus un être supérieur à lui, plus proche de Dieu, un être auquel il n'a rien à donner, mais tout à recevoir. Pourtant, Jésus demande ce baptême à Jean Baptiste, même si "théoriquement" Jésus n'a pas à être purifié, pardonné. (Mais les évangiles ne nous présentent pas un Jésus "théorique"). Mais Jésus — bien que Fils de Dieu, comme la voix dans le ciel le proclame lors de son baptême — ne veut pas être élevé au-dessus de sa condition d'être humain, en tout cas pas avant sa mort sur la croix.

C'est ce que nous retrouvons sous la plume de l'évangéliste Jean dans la rencontre avec la Samaritaine : un Jésus tout humain.

- Il est en voyage, en marche de la Judée vers la Galilée.

- Il est midi, il a envoyé ses disciples acheter des provisions au village.

- Il est fatigué, comme un homme qui a marché toute la matinée sous un soleil de plus en plus chaud. Il s'est assis sur la margelle du puits de Jacob.

- Il a soif. (Notez que c’est aussi la parole de Jésus sur la croix que l’évangéliste Jean relève dans son Evangile, donnant ainsi à cette rencontre et à cette demande une importance particulière.)

Jésus a soif, comme tout homme qui a marché longtemps sous le soleil. Jésus est montré comme ayant des besoins humains, il vit une vie d'homme avec tout ce que cela représente de finitude, de soif et de faim à calmer, de fatigue à compenser, de repos à trouver. Et lorsque Jésus a soif, il demande à boire, et il le demande à la personne qui se trouve là, en l'occurrence une femme, une étrangère de surcroît.

En lui adressant la parole, Jésus brise deux tabous : celui d'un homme qui s'adresse à une femme et celui d'un juif qui s'adresse à un samaritain. Mais Jésus n'a rien à faire de ces tabous, ce qui est important, c'est qu'il manifeste qu'il n'est pas autosuffisant, qu'il ne vit pas de manière autarcique. Jésus manifeste que — comme tout être humain — il a besoin des autres. Pas seulement de ses amis, de ses disciples, qu'il a envoyé chercher à manger. Non, Jésus a besoin de chacun, même des inconnus et il n'a pas peur de le faire savoir. Il demande comme un enfant demande, en toute innocence, en toute confiance.

Il demande comme nous ne savons souvent pas demander. Je ne sais pas si vous réalisez comme on a peur de demander dans ce Canton, tellement on a peur de déranger, tellement on a appris qu'il fallait y arriver tout seul, par ses propres moyens.

Il y a souvent de la honte à demander de l'aide.

- Combien de personnes ici à Lausanne ou dans le Canton se passent d'aide sociale ou de prestations complémentaires d'AVS, parce qu'il faut les demander !

- Combien sommes-nous à éviter de déranger notre voisine pour lui demander un œuf ou du sucre et à préférer prendre sa voiture pour aller à la station-service pour en acheter le soir ou le dimanche ?

Cela me rappelle une rencontre que j’ai faite à l’EMS, une ancienne infirmière, qui me disait combien elle trouvait gênant, voir humiliant de devoir demander de l’aider pour se lever, pour sa toilette, pour s’habiller. Elle qui avait consacré sa vie à faire cela pour les autres, qui avait dû trouver valorisant d’exercer ce métier d’aide et de soutien, elle ne supportait pas de se trouver de l’autre côté !

Demander, c’est difficile, c'est dévoiler un manque, une vulnérabilité, une imprévoyance, voire une faiblesse. C'est avouer : "je ne suis pas autosuffisant", "je ne suis pas parfait, parce que je n'ai pas prévu d'avoir assez de sucre ou d'œuf." “Je ne suis plus autonome.” Ah ! comme c'est plus facile de proposer de l'aide que d'en demander !

Eh bien, voilà que Jésus se présente avec ses demandes, avec ses limites d'être humain, pour nous dire : "Il n'y a pas de honte à être humain, à être imparfait, à être vulnérable, à dépendre d'autrui." Dans la demande même, Jésus nous fait cadeau de son humanité, de son acceptation paisible de toutes les limites humaines. Non, nous n'avons pas à être des surhommes, ou des super-women, à être partout à la fois, à faire trois choses à la fois, à être parfait(e)s. Accepter d'avoir besoin des autres, c'est aussi un cadeau que nous leur faisons.

Regardez ces petits enfants qui attendent tout de leurs parents, ne sont-ils pas des cadeaux dans leur façon ingénue de demander ? Ne nous apprennent-ils pas la vraie vie ? Jésus a dit une fois "Le Royaume des cieux appartient à ceux qui leur ressemblent" (Mt 19:14) Le Royaume de Dieu n'est pas pour ceux qui pensent avoir accompli la perfection dans leur vie, mais pour ceux qui ont soif, pour ceux qui se savent fatigués, limités et s'offrent aux autres avec leurs demandes et leurs possibilités.

Jésus a demandé le baptême à Jean Baptiste parce qu'il savait qu'une vie d'être humain a besoin du soutien, de l'aide de Dieu et des autres. Il savait que chaque être humain a besoin de la grâce et de l'amour de Dieu pour avancer et qu'il en avait besoin lui aussi. C'est ce qui nous est offert chaque jour par la présence de Dieu dans votre vie. Il suffit de le demander !

Amen  

© Jean-Marie Thévoz 2016

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