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Jésus se donne à nous comme Pain et comme Parole

Luc 2

25.12.2016

Jésus se donne à nous comme Pain et comme Parole

Jean 6 : 45-53      Luc 2 : 1-20

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Chers frères et sœurs en Christ,

Vous venez d'entendre le récit de Noël, de la naissance de Jésus, dans l'évangile de Luc. Combien de fois l'avez-vous déjà entendu ou lu vous-mêmes, entendu ou lu dans un Noël en famille ou à l'église ?

Comme pasteur, c'est souvent avec un peu d'appréhension qu'on reprend ces textes, ces textes souvent uniques qui fondent une fête, comme Noël, l'Ascension ou Pentecôte. Ces textes archi-connus, vais-je pouvoir en dire encore quelque chose qui parle au cœur de ceux qui vont m'écouter ? Peut-on en dire quelque chose de neuf, de piquant la curiosité de la communauté ?

Etrangement, la Bible souffre relativement peu d'une relecture (contrairement aux romans policiers par exemple). Ou si elle souffre d'avoir perdu sa prime nouveauté à la seconde lecture, relire sans cesse ses récits, ses prières, ses lettres et ses lois conduit à découvrir de nouvelles dimensions, des points de vues inédits, des éclairages encore jamais projetés.

Pourtant le texte ne change pas ! Alors, d'où cela vient-il ? Le texte ne change pas, mais je change. Le texte ne change pas, mais les circonstances que je vis se transforment et évoluent, alors le texte me parle différemment.

Voici, à ce sujet, ce que dit Daniel Marguerat, professeur de Nouveau Testament à la Faculté de Théologie de Lausanne (vous imaginez le temps que doit passer un professeur de Nouveau Testament à lire et relire les mêmes passages !) :

« Quand je lis le texte biblique, il arrive que je ne sache plus très bien qui lit l'autre. Est-ce moi qui me penche sur des pages de papier, attentif à les déchiffrer, à les comprendre ? ou est-ce le texte qui me lit, semblant connaître encore mieux que moi mes failles et mes questions ? Je crois que la Bible est un miroir. Je crois qu'elle nous est donnée pour que nous nous regardions.

Le danger, bien sûr, est qu'on ne retienne que les traits connus, ce qu'on sait déjà de Dieu et de soi, comme celui qui retrouve toujours et à chaque page, la même vérité qui lui tient tant à cœur. Mais là vient la seconde surprise : plus j'étudie le texte, en le replaçant dans ce monde d'il y a deux mille ou trois mille ans qui l'a fait naître, plus je réalise qu'il m'entraîne vers des paysages peu connus.

Le texte biblique dépayse. Il invite à faire un voyage en soi. Il est comme un gisant, venu du fond des âges, que la lecture éveille : ce qu'il dit est à la fois étrange et familier, car il parle de Dieu et de nous, mais pour ouvrir des horizons que l'on attendait pas.»*

Je ne peux deviner comment vous lisez ce récit de Luc, je ne peux deviner comment le texte parle à votre vie. Pour ce Noël, je me suis laissé aller au jeu des associations d'idées et des associations de textes bibliques. Partir d'un mot et laisser dériver son esprit au fil des associations qui surgissent.

Partons du signe annoncé aux bergers par l'ange : "Vous trouverez un bébé enveloppé de langes et couché dans une crèche." (Luc 2:12)

Ce mot « crèche » en est venu à désigner l'ensemble de la scène : l'étable, Marie, Joseph, le petit enfant, l'âne et le bœuf et tout l'environnement. Certains fabriquent des crèches (dans ce sens-là) qui rassemblent des centaines de personnages.

Cependant, le terme de crèche, au départ, désigne le lieu, le creux où l'on met le foin pour les animaux. La TOB (Traduction œcuménique de la Bible) l'a traduit par mangeoire, revenant au sens originel, mais peu apprécié.

Je passe donc de « crèche » à « mangeoire », « mangeoire » me conduit au verbe « manger » et à « nourriture ». Un crochet par l'Ancien Testament me fait penser à la « manne » et aux « cailles » cette « nourriture descendue du ciel » pour nourrir le peuple des hébreux au désert.

Qu'est-ce que ce nouveau-né emmailloté dans une crèche a à voir avec les hébreux au désert. Les hébreux sont les ancêtres des israélites, des juifs parmi lesquels Jésus naît, habite et vit. Ces contemporains sont ceux qui n'arrivent pas à recevoir Jésus, à l'accepter, à croire en lui.

C'est à eux que Jésus va dire : « Je suis le pain vivant descendu du ciel. » (Jn 6:51) Jésus s'offre à eux comme une nourriture divine, mais qu'ils ne vont pas accepter.

Il est impossible de savoir si Jean et Luc se sont connus, se sont rencontrés ou se sont lus l’un l’autre. Mais je vois un lien théologique entre Jean qui présente Jésus comme le pain de vie et Luc qui nous présente Jésus placé dans une mangeoire. Jésus venant dans le monde est la nourriture spirituelle dont tout être humain a besoin pour vivre, pour vivre vraiment, pour trouver sens à l'existence.

C'est en dévorant, en mastiquant, en mâchonnant sans relâche la Parole de Dieu, que du sens surgit à nouveau, dans nos vies, dans nos existences.

A Noël, la Parole de Dieu se donne à nous pour que nous l'incorporions à notre vie, pour qu'elle nous nourrisse de vérité, de liberté et d'amour.

A Noël, le Christ se laisse déjà recevoir dans le repas de la Cène, qu'il partagera avec ses disciples, que nous partageons aujourd'hui en mémoire de lui.  

A Noël, nous recevons Jésus comme une personne qui vient à notre rencontre, comme la Parole qui nous livre l'amour total de Dieu. Comme personne et comme Parole, Jésus se donne à nous comme nourriture pour notre vie, pour notre existence. Comme nourriture, comme Pain et comme Parole, Jésus se donne à nous à Noël.

Joyeux Noël, joyeux Noël à tous !

Amen

*Daniel Marguerat, J'habiterai chez toi, Ed. Ouvertures, 1985.  

© Jean-Marie Thévoz, 2016

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