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"Je suis la porte" dit Jésus

pour le dimanche 22.3.2020

Jean 10

"Je suis la porte" dit Jésus

Genèse 28 : 10-19.      Romains 5 : 1-5.    Jean 10 : 7-10

télécharger le texte : P-2020-03-22.pdf

 

Chers frères et soeurs en Christ,

L'évangile de Jean nous rapporte plusieurs paroles de Jésus où il dit qui il est d'une manière très imagée :

« Je suis le pain de vie » (Jn 6:35)

« Je suis la lumière du monde » (Jn 8:12)

« Je suis celui que je suis » (Jn 8:25 et 28) en écho à la révélation de Dieu à Moïse devant le buisson ardent (Ex 3:14).

« Je suis le bon berger » (Jn 10:11 et 14)

« Je suis la résurrection et la vie » (Jn 11:25) que Jésus dit à Marthe devant la tombe de son frère Lazare.

« Je suis le chemin, la vérité et la vie » (Jn 11:25)

« Je suis la vraie vigne » (Jn 15: 1 et 5)

Et voilà qu'il dit — dans le texte que nous avons entendu à l'instant —

« Je suis la porte de l'enclos des brebis » (Jn 10:7)

« Je suis la porte » Que devons-nous comprendre là ?

Une interprétation facile est de glisser tout de suite vers le "gardien de la porte", celui qui assure la sécurité de l'enclos en ne laissant entrer que les ayant-droits, une sorte de cerbère qui filtre les entrées comme à la porte d'une discothèque.

Mais Jésus n'est pas en train de dire que la vie — et la vie en abondance qu'il offre à tous (Jn 10:10) — c'est de vivre enfermé dans un enclos, même si l'on gagne en sécurité.

Jésus est la porte pour que l'on puisse entrer et sortir et trouver sa nourriture, sous-entendu : à l'extérieur de l'enclos. Il faut se représenter un peu l'image que Jésus utilise : le troupeau est rentré la nuit dans un enclos qui peut être un petit cabanon ou une grotte. Il y a peu de place, les moutons sont serrés les uns contre les autres, c'est noir et inconfortable, mais c'est le seul moyen d'en assurer la sécurité.

L'accent n'est donc pas mis sur l'enclos, mais sur cette possibilité d'aller et venir et de trouver une nourriture abondante. Jésus est la porte d'accès à une vie de liberté autant que de sécurité, à une vie que Dieu veut rendre belle et pleine.

Jésus se présente donc comme l'accès à cela. Il est le pont jeté entre deux mondes que tout sépare. Entre la vie terrestre, faite d'aléatoire, de succès comme de malheurs, de moments de bonne santé comme de maladies qui surgissent et blessent; entre cette vie terrestre et la vie que Dieu veut nous offrir : une richesse relationnelle qui permet de dire : "malgré les aléas tristes et injustes de l'existence, la vie vaut la peine d'être vécue".

Jacob, dans son rêve, avait eu la vision de cette possibilité, de cette réconciliation entre le monde terrestre et le monde céleste, lorsqu'il a vu cette échelle qui reliait le ciel et la terre. Une échelle, comme une passerelle, comme une porte ouverte entre le monde de Dieu et le monde des humains.

Et Jacob ne s'y est pas trompé lorsqu'il a nommé ce lieu où il s'était endormi : la maison de Dieu (Bethel) et qu'il a ajouté, c'est ici la "porte du ciel". Il a vu là ce que l'évangile de Jean nous dit maintenant : Jésus est la porte qui nous ouvre sur le monde de Dieu, il est la porte à travers laquelle nous pouvons passer pour avoir accès au monde divin.

« Je suis la porte » dit Jésus, il n'y en a pas d'autres qui ouvrent sur cette réalité divine. Aujourd'hui, pour les plus branchés (sur internet), on pourrait traduire : Jésus dit : « Je suis le portail » qui vous donne l'accès le plus rapide et le plus complet à tout ce qui concerne Dieu et le monde divin. Passez par moi pour accéder à Dieu, les autres ne sont que voleurs et brigands, des imposteurs qui vous baladent et vous dépouillent, mais ne vous apportent rien. Passez par moi pour assouvir votre quête de nourriture spirituelle et vous aurez la vie en abondance.

C'est vrai qu'aujourd'hui se pose pour chacun la question de savoir à quelle source il alimente sa vie intérieure. A quelles offres (publicitaires) alléchantes répondre ? Qui offre quelque chose de vraiment nourrissant et bon pour moi ? Qui offre encore quelque chose de manière désintéressée, dans notre monde qui ne loue plus que le profit ? Cela concerne ce qui nous est offert de l'extérieur à notre consommation en quelque sorte.

Mais à l'intérieur de nous-mêmes, quelle porte ouvrons-nous ? De qui écoutons-nous les messages, les voix qui s'expriment dans notre tête ? Nous laissons-nous empoisonner par des messages dévalorisants, hypercritiques, culpabilisants ? Ou bien ouvrons-nous la porte à la voix de Dieu qui nous dit son amour inconditionnel, sa confiance inébranlable en nous ? Cette voix qui nous dit : "Je suis venu pour que les humains aient la vie et l'aient en abondance." (Jn 10:10).

« Je suis la porte » dit Jésus, la porte de la vie et de la vie en abondance. Cette porte, ne la laissons pas fermée !

Amen

© Jean-Marie Thévoz, 2020

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