Pour le dimanche 26.4.2020
Jean 20
Le pouvoir du pardon donné aux humains
Colossiens 3 : 12-15. Matthieu 9 : 1-8. Jean 20 : 19-23.
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Pour le dimanche 26.4.2020
Jean 20
Le pouvoir du pardon donné aux humains
Colossiens 3 : 12-15. Matthieu 9 : 1-8. Jean 20 : 19-23.
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Pour le dimanche 19 avril
Ezéchiel 34
Le bon berger
Ezéchiel 34:15-24. Jean 10:7-14a. 1 Pierre 5 : 1-5
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Chers frères et soeurs en Christ,
Avez-vous entendu ce qui se passe au sein du peuple d'Israël du temps d'Ezéchiel ?
"Pourquoi certains d'entre vous ne se contentent-ils pas de paître dans le meilleur des pâturages ? (...) Pourquoi troublez-vous ce que vous n'avez pas bu ? Le reste de mon troupeau est obligé de manger l'herbe que vous avez piétinée et de boire l'eau que vous avez troublée. C'est pourquoi moi, le Seigneur Dieu, je vous déclare ceci : Je vais être juge entre les bêtes maigres et les bêtes grasses de mon troupeau. Vous avez bousculé de l'épaule et du flanc les bêtes affaiblies, vous les avez repoussées à coups de corne jusqu'à ce que vous les ayez chassées du troupeau. Je viens donc à leur secours..." (Ez 34 18-22).
Ezéchiel dénonce ce qu'on appelle aujourd'hui une société à deux vitesses, où certains dominent et exploitent les ressources ne laissant aux autres que des miettes, où certains marchent sur les têtes des autres pour s'engraisser, s'enrichir. Aujourd'hui, une société où les pays du nord exploitent les peuples à faibles revenus, pillent les ressources de la planète et détruisent l'environnement et la biodiversité.
Une telle division du peuple d'Israël — entre bêtes grasses et bêtes maigres, les premières exploitant les secondes — ne peut laisser Dieu indifférent.
Dieu avertit qu'il va revêtir sa robe de juge pour mettre de l'ordre dans tout cela. Son intention est de prendre soin de son troupeau, de son troupeau tout entier, en allant rechercher la brebis qui s'est perdue ou qui a été écartée du troupeau et en demandant des comptes à ceux qui l'ont chassée du troupeau.
Dieu met sa robe de juge pour les uns, mais surtout il prend sa houlette de berger, car rassembler est plus important, pour lui, que juger. Et Ezéchiel nous parle d'une promesse messianique : Dieu va susciter un nouveau berger de la famille de David pour secourir son peuple.
Dans la situation d'alors du peuple d'Israël, Dieu veut planter un repère solide qui dit où est le droit et où est l'inadmissible, où est la justice et où est l'exploitation, où est la vie et où est la mort. Ce repère essentiel, c'est le Messie, l'envoyé de Dieu, celui qui est plus grand que tout prophète.
Lorsque Jésus dit : "Je suis le bon berger" (Jn 10:11), il endosse, il assume le rôle décrit par Ezéchiel, il est celui qui va faire le travail de juge, de tri dans le troupeau, celui qui va prendre le troupeau en main pour l'appeler à faire la volonté de son Père.
Le bon berger n'est pas un personnage mièvre et auréolé de carte postale jaunie. C'est un homme costaud, courageux, qui prend la défense du plus faible contre l'attaque du loup, contre les dents des requins dirions-nous aujourd'hui.C'est le militant qui interpelle la multinationale. Le bon berger, c'est celui qui est tellement attaché à ses brebis qu'il est prêt à risquer sa vie pour elles. Ce n'est pas un mercenaire, un salarié, un membre de conseil d'administration prêt à quitter le navire au moindre écueil.
Le bon berger est celui qui s'est mis au service du bien et de la prospérité du troupeau. Et Jésus mérite bien ce titre-là puisqu'il n'a pas hésité à aller jusqu'à la mort, la mort sur la croix, pour sauver son troupeau de la violence des loups. Jésus est le bon berger, attaché à donner le meilleur à son troupeau, à lui donner une vie abondante, même au prix de sa propre vie.
Les autres, tous les autres qui sont venus promettre le bonheur, la prospérité, un avenir radieux, ne sont que des voleurs, des escrocs, des arnaqueurs. Il suffit de lever les yeux sur les affiches qui tapissent nos rues. On nous promet le bonheur à l'achat des produits exposés. Mais qui peut croire que notre vie sera remplie si notre caddie est plein ? La seule chose qui se remplit, ce sont les tiroirs-caisses des marchands et les poches des actionnaires.
La publicité nous promet ce qu'elle ne peut nous offrir, Dieu nous offre ce qu'il nous promet : une vie riche et pleine.
"Je suis la porte de l'enclos", ajoute Jésus. C'est par lui qu'il faut passer pour avoir accès à cette vie pleine et riche, parce que c'est par un contact, une relation profondément humaine qu'on accède à ce qui fait la richesse de la vie. «C'est seulement dans la rencontre d'un être humain, grâce auquel nous trouvons notre nature profonde, que nous avons accès à Dieu.»* Jésus, en tant qu'homme, en tant qu'être humain, nous ouvre la voie vers Dieu, autrement inaccessible.
Cette tâche de berger, de conducteur vers Dieu, Jésus l'a confiée à ses disciples, pour l'assumer après lui. Souvenez-vous de ce dialogue entre le Christ ressuscité et Pierre : (Jean 21:15-19)
— Pierre m'aimes-tu ?
— Tu sais bien que je t'aime.
— Alors prends soin de mes brebis.
Et c'est dans l'épître de Pierre que cette recommandation est donnée aux Anciens :
Prenez soin, comme des bergers, du troupeau que Dieu vous a confié (...) Ne cherchez pas à dominer ceux qui ont été confiés à votre garde, mais soyez des modèles pour le troupeau" (1 P 5:2-3).
C'est à nous tous, membres de l'Eglise de Jésus-Christ, qu'il est demandé de ne pas chercher à dominer, c'est-à-dire dans les paroles d'Ezéchiel de ne pas soutenir le développement d'une société à deux vitesses et de laisser exploiter ceux qui sont sans défense. C'est contraire à la volonté de Dieu.
Le berger va au secours de la brebis la plus faible et la réintègre dans le troupeau. C'est la tâche qui nous est confiée. A notre tour, nous avons ce rôle à jouer, auprès des personnes que nous côtoyons. Souvenons-nous de notre maître, le bon berger, et avançons dans ses traces.
Amen
* Eugen Drewermann, Sermons pour le temps pascal, Paris, Albin Michel, 1994, p. 323.11
© Jean-Marie Thévoz, 2020
Pour le dimanche de Pâques, 12 avril 2020
1 Corinthiens 15
Comme Paul, s'inscrire dans la lignée des témoins de la résurrection
1 Corinthiens 15 : 1-11. Matthieu 28 : 1-10
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pour Vendredi-Saint
10.4.2020
Jean 18.
Tous coupables, tous acquittés
Esaïe 53:1-12. Jean 18:33-40. Jean 19:1-16
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Pour le dimanche des Rameaux (bénédiction des catéchumènes) du 5 avril
1 Rois 19
Dieu renonce à exercer sa toute-puissance
1 Rois 19 : 9-14. Philippiens 2 : 5-11
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Chers frères et soeurs en Christ, Chers catéchumènes,
Vous achevez maintenant la partie officielle de votre instruction religieuse, le catéchisme. Pendant ces quelques années vous avez été guidés, conduits sur des chemins tracés par d'autres. Vous avez dû suivre et passer là où on vous disait d'aller. Dès aujourd'hui, il n'y a plus de route toute tracée, vous êtes à un carrefour où vous pouvez choisir la direction que vous voulez prendre.
Face aux grandes questions de la vie — l'amour, l'argent, la mort, pour faire bref — c'est à vous de trouver et d'apporter votre réponse. Si c'est encore flou pour vous maintenant, c'est normal, les grandes questions de la vie nous interrogent tout au long de l'existence, on n'y échappe pas.
A votre âge aujourd'hui, mais aussi à l'âge de vos parents qui sont ici, de vos grand-parents, se pose la question "Qu'est-ce que je fais ici sur la terre ?" C'est la question que Dieu pose à Elie : "Pourquoi es-tu ici, Elie ?" (1 Rois 19 : 9,13)
Elie a marché environ 500 km pour venir à la montagne de l'Horeb dans le massif du Sinaï, à l'endroit où Moïse a vu le buisson ardent et où il est revenu avec le peuple hébreu recevoir les Tables de la Loi. Elie est revenu là, sur la montagne de Dieu, parce qu'il a besoin de comprendre qui est vraiment Dieu !
En effet, Elie vient de vivre une expérience traumatisante. Il y a eu une sorte de match entre prophètes (vous trouvez le récit de ce match dans 1 Rois 18), entre d'un côté les prophètes de Baal et de l'autre Elie, prophète de Dieu. Le match a été gagné par Elie et les perdants ont été mis à mort (cela se passait ainsi à cette époque !), avec pour résultat que le roi qui avait parié sur les prophètes de Baal est fâché et cherche à faire mourir Elie.
Donc Elie a gagné en théorie, mais il est en train de tout perdre parce que la situation dégénère dans la violence. Est-ce vraiment cela que Dieu voulait ? Elie voudrait le savoir.
Elie est dans la même situation que nous lorsque nous nous demandons pourquoi Dieu n'arrête pas les guerres, les massacres, les attentats ou les épidémies. Pourquoi Dieu ne nous empêche-t-il pas de faire le mal ? J'ai entendu plusieurs fois cette question et je comprends que ce soit pour vous un obstacle à croire en la bonté de Dieu.
Alors, Elie, sur la montagne, souhaite en savoir plus sur Dieu et son implication dans le monde. Et Dieu lui offre une réponse, qui est aussi une réponse qui nous est destinée !
"— Sors, lui dit le Seigneur; tu te tiendras sur la montagne, devant moi; je vais passer. Aussitôt un grand vent souffla, avec une violence telle qu'il fendait les montagnes et brisait les rochers devant le Seigneur, mais le Seigneur n'était pas présent dans ce vent. Après le vent, il y eut un tremblement de terre; mais le Seigneur n'était pas présent dans le tremblement de terre. Après le tremblement de terre, il y eut un feu; mais le Seigneur n'était pas présent dans le feu. Après le feu, il y eut le bruit d'un léger souffle. Dès qu'Elie l'entendit, il se couvrit le visage avec son manteau, il sortit de la caverne et se tint devant l'entrée." (1 Rois 19: 11-13)
Elie a reconnu la présence de Dieu dans le léger souffle ! Comment comprendre cela ? Et bien, Dieu refuse d'être présent dans tout ce qui représente une force menaçante pour l'être humain.
Dieu connaît les mécanismes, les ressorts, de la violence. Il sait que la violence s'alimente à la force qu'on lui oppose, il sait que la violence et son opposition conduisent à une escalade sans fin, à une spirale qui enfle jusqu'à tout détruire autour d'elle. Alors, Dieu a choisi de ne pas alimenter cette spirale de la violence par une intervention en force, il souhaite calmer le jeu par l'apaisement, en induisant une désescalade. Il refuse de s'imposer par force, car il ne veut de guerre ni pour lui ou en son nom, ni contre lui.
Il veut se montrer inoffensif — comme un agneau — il sort le "drapeau blanc" des négociations. Il pose sur la table, qu'il n'y aura pas de coups de sa part, pas de revanche, pas de punition pour celui qui reconnaît ses torts et souhaite repartir sur des bases nouvelles.
Y a-t-il un autre chemin ? Qui pourrait supporter un bras de fer avec Dieu ? La Bible nous laisse entendre que dans un passé très reculé, il y a eu un tel bras de fer. C'est le récit mythique du déluge, expliqué comme un ras-le-bol de Dieu face à la méchanceté des humains. Il aurait alors décidé d'anéantir le mal en noyant toute vie — enfin sauf Noé, sa famille et les animaux pour que la vie puisse reprendre.
Mais la méthode forte a échoué et Dieu s'est juré de ne pas recommencer, il a même donné l'arc-en-ciel comme signe de cette première alliance (voir Genèse 9).
Alors commence une autre voie, celle de l'invitation, celle de l'éducation. Et cette voie passe par le respect de la liberté de tout être humain, et par le renoncement de Dieu à exercer sa toute-puissance.
Et Dieu se présente à Elie dans un souffle léger. Dieu se présente à nous à travers la figure humaine de Jésus. Dieu ne veut pas s'imposer, il se propose : "Je t'aime, veux-tu m'aimer en retour ?" Pour que l'amour soit possible entre Dieu et les humains, entre les humains et Dieu, il faut abolir l'idée d'un pouvoir, l'idée d'une hiérarchie, l'idée d'un dominant et d'un dominé. Aussi Jésus a-t-il renoncé à toute prérogative divine, à tout pouvoir, à toute supériorité pour se faire homme, serviteur de tous, le plus humble, jusqu'à la mort, à la mort sur la croix.
La proposition de Dieu, son invitation — à vous catéchumènes, mais à vous aussi parents, parrains, marraines, familles — c'est de prendre exemple sur Jésus-Christ qui renonce à tout pouvoir, à toute préservation de ses intérêts et privilèges pour apporter la paix au monde.
Dieu nous invite à suivre l'exemple de son Fils, pour vivre dans la paix, en nous aimant les uns les autres. C'est le seul chemin qui y conduit. Tous les autres — autant le laisser-aller qu'un intervention céleste toute-puissante — passent par la violence et ne peuvent que conduire à davantage de malheurs.
Jésus nous invite à le suivre sur la voie de la paix par l'amour. Vous avez ce choix devant vous ! Vous savez quoi faire pour suivre l'invitation de Dieu. La question qui reste ouverte est : le ferez-vous ?
Amen
© Jean-Marie Thévoz, 2020